La Russie accuse les USA de « faire semblant » de lutter contre l’EI

L’armée russe, qui intervient en Syrie en appui des forces gouvernementales du pays, a accusé mardi les Etats-Unis de « faire semblant » de combattre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) afin de « compliquer » l’avancée des troupes du régime.

Selon le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, la coalition internationale menée par Washington a réduit ses opérations en Irak pour permettre aux combattants de l’EI de se replier dans l’est de la Syrie, où l’armée de Bachar al-Assad progresse dans la région de Deir Ezzor, la dernière aux mains des jihadistes.

« Tout le monde voit que la coalition menée par les Etats-Unis fait semblant de combattre l’Etat islamique, spécialement en Irak, mais continue de soi-disant combattre activement l’EI en Syrie« , a-t-il déclaré dans un communiqué. Depuis le début de l’intervention militaire russe en Syrie en septembre 2015, Moscou a à plusieurs reprises accusé les Etats-Unis de soutenir l’EI ou la branche syrienne d’Al-Qaïda, l’ancien Front Al-Nosra et actuel Front Fateh al-Cham, et appelé Washington à « arrêter de faire des avances aux terroristes« .

Clément Dubrul

Russie : peine confirmée pour l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny

Un tribunal russe a confirmé mercredi la condamnation à cinq ans avec sursis pour détournement de fonds de l’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny. Déterminé à se présenter à l’élection présidentielle prévue en 2018, le blogueur anticorruption pourrait voir ses projets mis à mal par la confirmation de sa peine.

En février, Navalny a été reconnu coupable du détournement de 400 000 euros au détriment d’une société publique d’exploitation forestière alors qu’il était consultant du gouverneur libéral de la région. La cour régionale de Kirov a rejeté ce mercredi l’appel du blogueur.

Alexeï Navalny, considéré comme le principal opposant au Kremlin, dénonce un procès monté de toutes pièces par le gouvernement russe pour l’éloigner de la scène politique.

Malgo Nieziolek

Pourquoi la Tchétchénie traque-t-elle les homosexuels ?

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Début avril, le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a révélé que la Tchétchénie mène une purge à grande échelle envers les homosexuels : plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées de manière arbitraire et torturées, trois seraient mortes. Cinq ministres européens ont écrit mercredi au ministre russe Sergueï Lavrov pour faire part de leur « profonde inquiétude ». Les autorités elles démentent. Comment expliquer cette traque ? Explication en trois points.

Emprisonnés et torturés parce qu’ils sont homosexuels. En Tchétchénie, société conservatrice, en majorité musulmane, le gouvernement organise depuis la fin du mois de mars une vaste purge, destinée à éliminer les homosexuels de la société, a révélé début avril le journal Novaïa Gazeta, un des derniers organes d’opposition au gouvernement russe. Mercredi, cinq chefs de la diplomatie de pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont écrit à leur homologue russe Sergueï Lavrov pour exprimer leur « profonde inquiétude » concernant le sort des homosexuels en Tchétchénie.

Passages à tabac, privations, humiliations, soumissions à des chocs électriques, c’est ce qu’ont raconté ceux qui ont été relâchés des prisons secrètes, non loin de Grozny, la capitale du pays. Le but des tortures : que les prisonniers avouent connaître d’autres homosexuels, pour que ceux-ci soient arrêtés à leur tour. Cette répression ferait suite à des démarches entreprises début mars par des membres de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et trans) en vue de l’organisation de Gay Prides dans des villes du Caucase du Nord. Après la révélation des arrestations et des tortures, le gouvernement tchétchène et son dirigeant, Ramzan Kadyrov, ont réagi par le biais du porte-parole, Alvi Karimov, qui a déclaré qu’ « il était impossible de détenir et de persécuter des personnes qui n’existent simplement pas dans la République ».

Qu’est-ce qui rend une telle situation possible dans ce petit Etat du Caucase, administré par la Russie ? Comment expliquer cette chasse à l’homme orchestrée par les dirigeants au pouvoir ? Explication en trois points.

1. Tchétchénie – Russie : les liens de la violence

Si l’histoire ne suffit pas à tout expliquer, elle est néanmoins nécessaire pour comprendre comment la Tchétchénie s’est développée, notamment dans ses relations avec sa voisine et ex-meilleure ennemie, la Russie. Celle-ci administre le territoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale entre les deux pays (1999-2000). La présence russe sur le territoire, elle, remonte à bien plus loin, dès le XVIème siècle.

Carte : La Tchétchénie

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Aude Merlin, spécialiste du Caucase du Nord de l’Université libre de Bruxelles, rappelle l’attitude de la Russie vis-à-vis de l’homosexualité : « Les pratiques judiciaires, policières et politiques, largement empreintes du passé soviétique en la matière, sont très répressives en Russie et ont poussé de nombreux homosexuels à quitter le pays ». Ainsi, avec une telle politique de répression mise à l’œuvre en Russie-même, il est peu étonnant que le jeu d’influence politique, judiciaire et culturel conduise à une reproduction des actes dans les Etats de la Fédération.

Mais si les associations de promotion des droits des personnes LGBT et de défense des droits de l’Homme dénoncent depuis un certains temps le traitement fait aux personnes homosexuelles en Russie, cela n’est jamais dans des proportions mises en place en Tchétchénie. C’est bien le régime en place qui appelle à l’élimination pure et simple des individus et qui organise les purges.

2. Ramzan Kadyrov, dictateur sans limite

Le président Tchétchène Ramzan Kadyrov

« La Tchétchénie est un  » État dans l’État « , où les lois russes ne sont pas appliquées (…) Ramzan Kadyrov a reçu un blanc-seing total de la part de Moscou en terme d’exercice de la coercition et de la violence (…) », affirme Aude Merlin. Fils d’un mufti, d’abord nommé Premier ministre par intérim par Vladimir Poutine après l’accident de voiture de celui de l’époque, il devient pleinement Premier ministre et accède ensuite à la fonction de président. Il est l’un des plus fervents soutiens de Vladimir Poutine, qui lui laisse en échange les rênes du pays pour gouverner comme bon lui semble.

– à voir : reportage d’Envoyé Spécial (France 2) :  » Tchétchénie, vitrine et arrière-boutique  » : ce reportage montre combien le culte de la personnalité du président est intense. lien : https://youtu.be/abQwCU2tI1Y

Comme son idole Vladimir Poutine, Ramzan Kadyrov est extrêmement attaché aux valeurs morales conservatrices et à l’imagerie guerrière et virile héritée de l’époque soviétique.

Un député britannique et ministre d’État au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, sir Alan Duncan, a récemment déclaré devant le Parlement britannique détenir des informations sur les persécutions des homosexuels. Selon ce député, Ramzan Kadyrov « « veut que la communauté gay soit éliminée d’ici le début du Ramadan« , (soit le 26 mai)» afin de purifier la Tchétchénie de ces « sous-hommes ».

3. Les coutumes tchétchènes

La société tchétchène est en elle-même largement intolérante avec les personnes LGBT. Dans ce pays où l’islam sunnite est la religion de 86% des habitants et où le chef de l’Etat promeut un retour aux pratiques les plus traditionnelles, l’homosexualité n’est pas la bienvenue. Les coutumes familiales exercent une pression très lourde sur les personnes, car si un individu faute, c’est toute sa famille qui est précipitée avec lui dans la honte.

Les crimes d’honneur sont encore très nombreux, comme l’explique un jeune homosexuel qui a été torturé par le régime tchétchène interrogé par France 2 : « Si les membres de ma famille venaient à apprendre que je suis homosexuel, ils me tuerait. Sans hésitation. parce que c’est une honte pour nous, les Tchétchènes, une honte qui ne peut être lavée que dans le sang ». Un autre, questionné par France 24, confirme : « Ils disent aux parents de tuer leurs enfants. Ils appellent ça laver l’honneur par le sang ».

Cette société machiste, homophobe et patriarcale fait également peser son poids sur les femmes, souvent réduites au rôle de mère et de femme au foyer. Entièrement dépendantes de leurs maris, elles subissent de nombreuses injustices, comme la perte de leurs enfants sans condition en cas de divorce, ou encore la polygamie, interdite par la Russie mais pourtant répandue en Tchétchénie. Une affaire datant de 2015 a défrayé la chronique, celle de Louisa Goïlabieva, jeune fille de 17 ans mariée de force à un proche de Kadyrov de trente ans de plus qu’elle et déjà marié. La jeune fille a été contrainte d’accepter sous la menace de représailles, ce que dément fermement le gouvernement.

Asmaa Boussaha

 

Trois nouveaux athlètes russes reconnaissent s’être dopés

Trois athlètes russes, dont Yuliya Chermoshanskaya, championne olympique du relais 4×100 mètres aux Jeux olympiques en 2008, viennent d’avouer s’être dopés après une nouvelle analyse de leurs échantillons sanguins prélevés entre 2008 et 2013. Yuliya Chermoshanskaya était déjà suspendue depuis août dernier suite à la découverte de stanozolol et de turinabol (stéroïdes) dans ses échantillons. Les lanceurs de poids Anna Omarova et Soslan Tsirikhov ont également reconnu avoir pris des produits dopants, après un contrôle positif.

Ces aveux font suite à ceux de cinq athlètes russes qui avaient reconnu le mois dernier s’être dopés suite aux nouvelles analyses de leurs échantillons sanguins prélevés pendant les Jeux olympiques de Londres en 2012 et les Championnats du monde en 2013.

 

Chloé Tixier