Près de 2 000 propriétaires de voitures Renault, Dacia et Nissan vont porter leur grief contre Renault Group et Nissan, ce lundi 5 juin au tribunal correctionnel de Nanterre. Leur plainte sera déposée pour « tromperie, mise en danger de la vie d’autrui, escroquerie et pratiques commerciales trompeuses ».
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait déjà lancé l’alerte en 2019. Des voitures équipées de moteurs à essence 1.2 TCE ou DIG-T, fabriqués par Renault entre octobre 2012 et juin 2016, sont victimes d’une surconsommation d’huile. Elle peut mener à une casse moteur entre 40 000 et 60 000 kilomètres, souvent sur l’autoroute, créant un effet de surprise, selon l’avocat des plaignants. En tout, 133 050 véhicules en ont été équipés en France, selon Renault.
Renault et son usine de Cléon (Seine-Maritime) ont été condamnées à 300 000 euros d’amende pour la mort d’un technicien sur le site de l’usine, écrasé par le caisson d’une machine à laver industrielle en 2016.
L’entreprise automobile Renault et son usine de Cléon (Seine-Maritime) ont été condamnées le 31 mai à 300 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Rouen pour l’homicide involontaire d’un technicien en 2016.
Jérôme Deschamps est décédé le 17 mars 2016 à la suite d’un accident survenu sur le site de Cléon. Il avait été écrasé par le caisson d’un compartiment de séchage d’une machine à laver industrielle.
« Un cumul de fautes de la part de l’employeur »
Renault et son usine ont été reconnues responsable de la mort de l’employé qui visiblement n’avait « pas été formé au fonctionnement de cette machine ». De plus, il n’y avait visiblement pas eu « d’évaluation préalable des risques » d’après la magistrate du parquet. La vice-procureure de la République avait quant à elle relevé « un cumul de fautes de la part de l’employeur » avec un lien de cause à effet sur la mort de l’employé.
« Il faut que Renault accepte le jugement et en tire des conséquences pour les salariés qui travaillent encore sur le site » Avocat de la famille de Jérôme Deschamps
« Nous sommes soulagés par ce jugement » a expliqué l’avocat de la famille de la victime, interrogé par l’AFP. « Renault est responsable de la mort de Jérôme Deschamps. Il faut que Renault accepte le jugement et en tire des conséquences pour les salariés qui travaillent encore sur le site », a-t-il ajouté.
« Une faute d’inattention » selon le directeur de l’usine
A la barre, l’ancien directeur de l’usine Paul Carvalho avait estimé que « l’entreprise et les procédures n’étaient pas en cause. C’est une faute d’inattention ». « C’est un accident dramatique, un traumatisme pour moi aujourd’hui encore », avait-il ajouté.
L’entreprise Renault a été condamnée à 200 000 euros d’amende – la somme requise par le tribunal de Rouen en 2019 – et son usine de Cléon devra payer les 100 000 euros supplémentaires. Renault et le parquet ont dix jours pour faire appel.
Nissan va vivre la pire année de la décennie. Il y a quelques jours, le constructeur a annoncé que ses bénéfices nets avaient plongé de 57% en 2018, pour atteindre 318 milliards de yens (2,5 milliards d’euros). Loin de son objectif initial de 500 milliards de yens. Ce mardi, Nissan a annoncé prévoir une chute de 27,7 % de ses profits sur l’année en cours, malgré la stabilisation des ventes à 5,5 millions de véhicules.
Alors que Nissan parvenait encore à dégager une marge opérationnelle de 6.9 % il y a trois ans, cet indicateur de rentabilité est désormais à 2%. C’est l’un des pires de toute l’industrie automobile. « Nous allons toucher le fond », a concédé Hiroto Saikawa, le PDG du constructeur, qui a succédé à Carlos Ghosn il y a tout juste deux ans.
Hiroto Saikawa se donne trois ans pour redresser Nissan
Saikawa a pointé du doigt la stratégie de course au volume de son prédécesseur, ayant consisté à vendre le plus de véhicules aux dépens de la rentabilité. « En Amérique, nous avons acheté nos parts de marché avec de gros rabais », a-t-il martelé, au point d’effondrer la profitabilité du groupe sur ce marché prioritaire ainsi que son image de marque. « Nous allons agir chirurgicalement pour nous redresser », a promis le dirigeant, qui semble se donner trois ans à la tête de la société avant de transférer un groupe en meilleure santé à un éventuel successeur. Cette restructuration va impliquer une réduction des moyens de production dans plusieurs pays, dont le Mexique, l’Angleterre et l’Espagne. La suppression de 4 800 postes est déjà enclenchée.
Véhicules électriques, renouvellement des franchises
Et pour relancer les ventes, Nissan promet de lancer vingt nouveaux modèles d’ici au printemps 2023 et de notamment proposer de nouvelles déclinaisons de toutes ses franchises vedettes, selon Les Echos. D’ici trois ans, 30 % de ses véhicules vendus dans le monde devraient être électrifiés. « Cela prend du temps d’atteindre cette voie royale des profits sains et soutenables », a commenté Hiroto Saikawa, avant de s’offusquer des commentaires comparant les déboires actuels de Nissan à ceux de 1999, qui avaient précédé le sauvetage par Renault.
« Notre situation financière est bonne actuellement et nous disposons de solides piliers économiques en Chine et au Japon », a martelé le patron. Le groupe assure que ses ventes sur le premier marché asiatique devraient encore croître de 9 % cette année, à 1,7 million d’unités, alors que la plupart des constructeurs redoutent une stagnation des commandes.
Nissan rejette toute fusion avec Renault
Si Hiroto Saikawa a expliqué qu’il pourrait, en partie, s’appuyer sur son partenariat industriel avec Renault pour organiser le redressement, il a essentiellement laissé entendre que le groupe japonais comptait, avant tout, sur ses propres forces pour rebondir et qu’une éventuelle révision des liens capitalistiques avec le groupe français n’était d’aucune utilité durant cette phase de restructuration. Il a redit qu’il « portait un regard négatif sur l’idée d’une fusion avec Renault », voulue par le constructeur français dont l’Etat est actionnaire.
Maintenant installée dans le secteur de la mobilité, la société Symbio a fait le pari de la complémentarité entre hydrogène et électricité pour augmenter l’autonomie des véhicules non polluants. Son produit phare : la Renault Kangoo électrique, agrémentée d’une pile à combustible et vendue à 30.000 euros. Aujourd’hui, plus de 150 de ces véhicules circulent à travers l’Europe et en mai, l’entreprise a reçu une commande de 50 nouvelles voitures.
L’exemple de Symbio est révélateur du développement de la filière hydrogène. En 2010, c’était une activité « de Géo-trouve-tout », plaisante Bertrand Joubert, Directeur général adjoint de Symbio. Rapidement, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est venu leur apporter son aide en matière de recherche. Quatre ans plus tard, Michelin entre au capital de l’entreprise, apportant son assise industrielle et les économies qui vont avec. Dernière entrée au capital, Engie, en 2016, illustrant la mobilisation récente des grands acteurs de l’énergie.
« Nous sommes encore en mode start-up », explique Bertrand Joubert. L’entreprise n’est pas encore rentable. Mais l’appui des géants qui se sont penchés sur son berceau laisse entrevoir une rentabilité future. Les technologies évoluent et le coût de fabrication se rapproche de plus en plus du prix de vente des voitures. « L’horizon de la rentabilité se rapproche extrêmement vite » confirme le directeur.
Alors que manque-t-il pour que tout le monde roule à l’hydrogène ? « Nous sommes entrés dans une logique économique, c’est désormais une question de zéros sur le chéquier pour franchir le pas industriel. »