C’est historique. Une cour d’appel suisse a confirmé ce jeudi la condamnation à 20 ans de prison d’Alieu Kosiah, ancien chef de guerre libérien. Elle retient pour la première fois l’accusation de crimes contre l’humanité.
La défense, qui conteste tous les griefs, demandait l’acquittement. Alieu Kosiah avait été jugé coupable en juin 2021, par le Tribunal pénal fédéral, de multiples atrocités commises durant la première des deux guerres civiles successives du Liberia. Entre autres, meurtres, viol, exploitation d’enfants, pillages et traitements cruels.
L’homme de 48 ans s’était installé en Suisse en 1998 et y avait été arrêté en 2014. C’est la première fois que des crimes contre l’humanité sont jugés dans ce pays, où l’inculpation de ce chef d’accusation n’a été rendue possible que par un changement de loi en 2011. Au Libéria, seule une poignée de personnes ont été condamnées jusqu’à présent pour leur participation à la guerre civile.
C’est un nouveau record. Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint les 71 828 personnes incarcérées au 1er avril, selon les statistiques mensuelles de l’administration pénitentiaire publiées mardi par le ministère de la Justice.
Le précédent record avait été établi au 1er décembre 2018, avec 71 061 prisonniers. Les prisons françaises souffrent d’une surpopulation chronique depuis des années, une situation que le gouvernement tente de résoudre avec la création de 7000 nouvelles places d’ici 2022,ainsi qu’une redéfinition de l’échelle des peines.
Un attentat a été déjoué à la prison de Fresnes, en région parisienne.
Crédit : Lionel Allorge
Deux détenus soupçonnés d’avoir envisagé un projet d’attentat depuis leur cellule à la prison de Fresnes ont été mis en examen vendredi 6 octobre. La ministre de la Justice pointe « l’urgence » de la situation.
Le problème de la radicalisation en prison relève de « l’urgence », a déclaré ce mardi la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur Europe 1. Un projet d’attentat mené par deux détenus depuis leurs cellules de Fresnes a été déjoué.
Les deux détenus, un Camerounais de 28 ans et un Français de 22 ans, étaient connus pour leur radicalisation en prison et sur le point d’être libérés. Ils ont été placés en examen vendredi, a-t-on appris ce lundi. Au cours de leur garde à vue, les suspects auraient évoqués « différentes cibles », comme des surveillants pénitentiaires ou des policiers, et différents modes d’action : une prise d’otage ou encore un mitraillage.
« Nous faisons un effort considérable sur le renseignement pénitentiaire avec des créations d’emplois. C’est grâce à ces techniques de renseignement qu’on a pu s’apercevoir de ce qui a été préparé », a rappelé Nicole Belloubet, soulignant également « le travail avec les surveillants puisque ce sont les premiers agents de la lutte contre la radicalisation ».
Trois prisons en France, dont Fresnes, sont actuellement dotées d’un « quartier d’évaluation de la radicalisation » (QER). « Quand un détenu arrive, on passe quatre mois à évaluer son degré de dangerosité. En fonction de cela, il sera placé soit à l’isolement, soit en quartier de très haute sécurité, soit mis en cellule normale mais individuelle toujours », a-t-elle détaillé.
Ce mardi, les juges de la 23ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris statuaient sur des cas de comparution immédiate. Entre vol aggravé, recel et trafic de drogue, le box des prévenus affichait complet. Focus sur une affaire de détention et tentative de vente de crack sanctionnée par quatre mois de prison ferme.
Détention et tentative de vente de crack. C’est un des dossiers, impliquant un jeune Sénégalais, sur lequel la 23e chambre correctionnelle du TGI de Paris délibère ce mardi après-midi.
« Vous refusez de décliner votre réelle identité et dites vous appeler “Modou“. C’est étonnant lorsqu’on sait que “Modou“ est le surnom donné aux dealers de crack », lâche la procureure au Sénégalais, debout dans le box des prévenus. Intimidé, ce dernier n’ose pas lever les yeux vers les juges. La tête baissée, il murmure à son interprète : « Je n’ai jamais vendu de drogue, je le jure ».
Il recrache 17 cailloux de crack
Isabelle Goanvic, la présidente, ne se laisse pas émouvoir et rappelle mécaniquement les faits. Samedi 29 avril, place Stalingrad, à Paris. Il est 23h40. « Modou » est entouré d’un groupe d’individus, il a deux cailloux de crack en main. Des policiers en patrouille passent devant lui et entendent : « C’est combien ? ». Les officiers suspectent un trafic de drogue et interpellent le Sénégalais. Celui-ci « devient nerveux », selon les procès verbaux, et tente de prendre la fuite. Il est rattrapé quelques mètres plus loin et immobilisé.
« Le policier rapporte que vous sembliez avoir du mal à respirer. Il vous a alors fait un léger massage cardiaque et vous avez recraché 17 cailloux de crack », détaille la présidente en portant un regard accusateur sur « Modou ». Les bras croisés, emmitouflé dans une chemise en jean trop grande pour lui, le jeune homme confie sa réponse à la traductrice : « Je ne savais pas ce que contenaient ces sachets. Les gens qui étaient autour de moi vendaient des cigarettes, moi je ne vendais rien, je faisais la manche. J’ai eu du mal à respirer parce que le policier m’a serré à la gorge, je n’avais pas de drogue dans la bouche ».
« Vous vendez la mort »
Des arguments qui ne semblent pas convaincre Isabelle Goanvic. Elle rebondit sur les 166 euros trouvés sur le prévenu au moment de son interpellation. Perdu, il murmure des mots que son interprète ne parvient pas à traduire. Pour lâcher finalement : « C’est une amie qui me les a donnés ». L’hypothèse est rapidement anéantie par la procureure. D’une voix forte, d’un ton sévère elle énonce : « Monsieur était place Stalingrad pour vendre du crack, cela ne fait aucun doute. D’où la somme d’argent en sa possession ». Elle insiste sur les ravages de cette drogue dure et requiert six mois de prison ferme avec une interdiction de territoire pendant dix ans. « Vous vendez la mort Monsieur », conclut-elle, le regard noir.
Au tour de l’avocate de la défense. Les examens sanguins révèlent que son client ne se drogue pas, l’analyse de son téléphone portable ne laisse pas présumer de l’existence d’un réseau de trafic de stupéfiants auquel il pourrait participer. Elle a beau invoquer le « manque de preuve pour constituer l’infraction », le verdict tombe. La cour a tranché. Quatre mois de prison ferme pour « détention d’une quantité de drogue toxique qui mérite d’être punie ».