JUL, Bon Jovi… Les sorties musicales de la semaine

Chaque vendredi, c’est un rituel pour les maisons de disques : tous les plus gros albums sortent à ce moment de la semaine. Tour d’horizon des projets musicaux les plus en vogue depuis ce matin.

JUL – Mise à Jour : « l’ovni » lance son été

Avant de partir en vacances, les fans de l’incontournable rappeur marseillais ont déjà la bande son de leurs trajets cet été. Avec vingt-deux titres, sept collaborations dont le rappeur SDM ou l’artiste espagnol Morad, JUL livre un album complet, sept mois après la sortie de son dernier opus. Avec vingt disques de platines au compteur — au point de concurrencer Johnny Hallyday (trente) – JUL s’est rapidement imposé comme un habitué du top album, jusqu’à devenir l’artiste français le plus écouté en 2020. Avec Mise à Jour, il célèbre ses dix ans de carrière au gré d’une tracklist explosive. Au fil des morceaux, le rappeur marseillais aborde des thèmes variés comme la trahison ou la solitude dans le succès, et prend du recul sur une carrière pleine de rebondissements. Son premier single filmé sur la pelouse du Stade Vélodrome en compagnie des joueurs de l’OM, J’ai pris le mic, cumule déjà pas loin de 6 millions d’écoutes sur les plateformes.

Bon Jovi – Forever : le retour d’un groupe inoxydable

Avec 130 millions d’albums vendus, des milliers de concerts dans plus de 50 pays, le groupe de rock américain s’est rapidement hissé comme un emblème des années 80. Après deux ans de flottement suite au décès du guitariste et membre fondateur Alec John Such, Bon Jovi et son chanteur iconique reviennent avec Forever, un projet habillé d’un style pop-rock jouissif pour célébrer 40 ans de carrière à vive allure.

Charlie XCX – Brat : une artiste en rupture avec les codes de la Pop mainstream

Pour la sortie de son sixième album, la pop-star Charlie XCX voulait proposer quelque chose de différent. Avec Brat, la chanteuse londonienne oscille entre les codes de la pop traditionnelle et un style électro ultra dynamique pour donner un coup d’accélérateur aux morceaux. Certes conçu pour danser, Brat reste un album pertinent dans l’écriture, abordant la position des artistes féminines dans l’industrie musicale sur des rythmiques fortes et sans compromis. Le clip du morceau 360 illustre bien ce parti pris d’une artiste qui trace sa route et se fiche du regard des autres.

Kaytranada – Timeless : une armée de collaborations pour un album très attendu

C’est l’un des artistes les plus discrets de la scène électro nord américaine. Il avait d’ailleurs annoncé la sortie de son nouvel opus sur X, sans faire de campagne de promo. Avec Timeless, Kaytranada invite une brochette impressionnante d’artistes à poser leurs voix sur des trames musicales éclectiques. Parmi les invités de marque, on retrouve notamment SiR, icône d’un R&B moderne vaporeux et subtile, ou encore le batteur et chanteur Anderson Paak pour apporter un boost d’énergie au projet. En bref, un album en dix-sept titres, à la fois dansant et relax pour emmener votre été vers plusieurs nuances de groove.

Marin Tézenas du Montcel

Quatre questions à Jewell Usain, rappeur en quête de revanche

Entre la sortie de son premier album, et une tournée dans toute la France, le rappeur Jewell Usain n’a pas eu le temps de souffler. Après de nombreuses années de travail sans véritable reconnaissance, le natif d’Argenteuil a attendu de souffler sa trente-quatrième bougie pour réellement goûter à la vie d’artiste. Rencontre avec une pomme tardive du rap français, l’occasion pour lui de faire un premier bilan après « l’année la plus riche de sa carrière ».

En fin d’année dernière, tu sortais « Où les garçons grandissent », ton premier album en dix-sept titres. Aujourd’hui, à tête reposée, es-tu satisfait du projet ?

Jewell Usain : Oui, je crois. C’était vraiment ce que je voulais, un projet pur-rap, complet et sans concessions. Avant de sortir mon album, toute mon équipe avait peur qu’il soit trop long, et que les gens n’accrochent pas à la direction artistique du projet. Il faut dire qu’aujourd’hui, peu de rappeurs sortent des albums aussi longs. Généralement, au lieu de dix-sept titres, ils en sortent quatorze, grand maximum. Mais les gens ont adhéré à mon parti-pris, celui de mettre en avant l’écriture avant le reste, et de ne pas tomber dans la fainéantise du rap mainstream. En ce sens d’ailleurs, le public a aimé ce parti-pris de ne pas collaborer avec des artistes qui « vendent », mais bien avec artistes que j’apprécie et qui correspondent à mon travail, comme Tuerie ou Prince Waly. Je pense qu’il y a toujours un public lorsque le travail est bien fait.

En parlant de public, tu l’as enfin rencontré en tournée dans toute la France. Ça s’est bien passé ?

J. U. : J’avais déjà fait des concerts par le passé, mais c’est la première fois que j’ai eu l’impression de défendre un vrai projet. C’était vraiment un gros défi, mais un beau défi. Quand on organise une tournée, il faut faire des choix, des concessions qui t’amènent à faire un bénéfice à la fin. Dans mon cas, j’ai surtout privilégié la musique avant le profit. Sur scène, je fais venir un batteur, un claviériste, un bassiste, un trompettiste et mon backeur. D’habitude, les rappeurs sont presque seuls sur scène avec un DJ, et nous on voulait défendre le projet comme celui d’un groupe. Les gens ont vraiment eu l’air d’apprécier, car cela correspondait vraiment à la direction artistique du projet, et à cette envie de se détacher un peu des codes de l’industrie rap pour faire ce qu’on aimait vraiment faire.

Qu’est-ce que tu retiens en premier de cette année à grande vitesse ?

J. U. : Le véritable enseignement de ces derniers mois, c’est que je n’ai jamais aussi bien marché que lorsque j’ai enfin réussi à proposer un projet vraiment proche de moi. En racontant mon quotidien, en partageant ces choses que je ne dis jamais à voix haute avec un rap très introspectif, cela a plus aux gens. Au départ, la musique, c’était pour moi et pour personnes d’autres. Avec cet album, les gens ont appris à me connaître, à ne pas me ranger dans une case. Ils ont compris que les artistes de rue faisaient la même chose que les peintres, au fond. J’ai tenté de faire de mon premier album une toile authentique, sans peindre avec les mots des autres.

Même si le grand public te connaît depuis peu de temps, cela fait douze ans que tu fais de la musique. Qu’est-ce qui a vraiment changé depuis tes débuts ?

J. U. : En deux mots ? Mon équipe. On l’évoquait tout à l’heure, cela fait douze ans que je suis dans le rap, mais j’ai jamais été aussi bien entouré que maintenant. Entre mes amis, mes enfants, le label et les artistes présents sur scène avec moi ou qui m’aident à composer, j’ai vraiment l’impression de construire mes projets avec tout ce beau monde. Ce sont eux qui m’ont aidé à prendre ma revanche sur cette industrie qui n’a pas voulu me laisser une chance pendant longtemps. Leurs yeux, c’est le reflet de ce que je fais, c’est le recul que je n’ai pas toujours. Sans eux, t’arrives à que dalle.

Pour découvrir le premier album de Jewell Usain, Où les garçons grandissent : cliquez ici

Marin Tézenas du Montcel