7ème circonscription des Hauts-de-Seine : léger avantage à droite

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La mairie de Rueil-Malmaison/Crédit : Joanne Saade

Depuis 1988, la septième circonscription des Hauts-de-Seine (Garches, Saint-Cloud, Rueil-Malmaison) est largement acquise à la droite. Jamais un candidat de droite n’est passé sous la barre des 60% au second tour. Cependant, La République en Marche compte bien faire bouger les choses.

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Législatives : Suresnes-Nanterre, l’éclatement du bastion de gauche

carte 4e circo La quatrième circonscription des Haus-de-Seine comprend Suresne et Nanterre.
(Crédit : Google image)

Longtemps inscrite très à gauche, la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine pourrait perdre sa couleur historique rouge lors des prochaines législatives (11 et 18 juin). Le départ imprévu de Jacqueline Fraysse, députée sortante, provoque un morcellement des candidatures.

« Le problème à Nanterre c’est que la gauche est morcelée« . Depuis vingt ans, la députation est entre les mains de Jacqueline Fraysse, représentante du Front de Gauche pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine, regroupant Suresnes et Nanterre. Mais aujourd’hui, le bastion de gauche est éclaté. Pour Christelle François, qui soutient la France insoumise, le constat est amère. « Nanterre est très populaire et métissée mais la gauche est désunie. À cause de cela, nous risquons de perdre la place de député « , déplore la Nanterrienne depuis 1997.

Une relève difficile à assurer

« Grande dame » ou encore « maire courage » – comme on l’a surnommée en 2002 lors de la tragédie de Nanterre – Jacqueline Fraysse sera difficilement remplaçable. La députée depuis deux décennies a marqué sa circonscription par son engagement à l’Assemblée nationale : « Elle a combattu dès qu’elle l’a pu les décisions ultra-libérales« , poursuit Christelle François, plutôt satisfaite des mandats de l’élue. Mais aujourd’hui la gauche bat de l’aile. Difficile de trouver un nom aussi connu que celui de la députée sortante. D’autant que les partis se multiplient : Lutte Ouvrière, Parti communiste ou encore France insoumise. Les électeurs de gauche ont de quoi être désorientés.

Même constat au sein des partis. Zahra Boudjemaï a été choisie par les communistes de Nanterre lors d’une assemblée générale le 1er février, avec le maire de la ville comme suppléant (63/66 voix). Mais deux semaines plus tard, la France insoumise a désigné une autre candidate, Rossana Morain. « Il s’est passé quelque chose de mystérieux », dénonce Zahra Boudjemaï. « Au début, je pensais qu’ils s’étaient trompés. A mon avis, certaines personnes influentes sont intervenues sans passer par l’investiture« . « C’est dommage que ces partis de gauche n’aient pas réussi à trouver d’entente« , regrette Christelle François.

Christelle François, elle votera pour la France insoumise aux prochaines législatives

Nanterre_-_Place_Gabriel_Péri_-_2Centre-ville historique de Nanterre. La ville compte 92 227 habitants.
(Crédit : Google Image)

Cet éclatement de la gauche profite à ceux qui espéraient voir la droite représenter leur circonscription depuis de longues années. C’est le cas d’Yvette P., 76 ans, habitante de Nanterre depuis plus de trente ans. « J’aimerais que la ville change de couleur politique. Ce serait bien que les Républicains passent cette année, Camille Bedin me plaît pas mal« , déclare-t-elle en promenant son chien. La candidate LR-UDI de 31 ans est élue municipale. Engagée depuis ses 19 ans à l’UMP puis aux Républicains, elle se présente pour la première fois aux élections législatives. Candidate de l’opposition, elle compte bien faire basculer la circonscription vers la droite.

1200px-Mairie_Nanterre_Immeuble_PyramideL’Hôtel de ville a été construit en 1973.
(Crédit : Google image)

Ce basculement serait bien vu par Yvette P. même si la retraitée regrette le manque d’intérêt des politiques pour les retraités : « Quand on demande des actions pour les personnes âgées, on obtient rarement satisfaction« . Si certains, comme la septuagénaire, ont encore espoir que la politique change avec de nouveaux candidats, d’autres sont totalement désabusés et font le choix de ne pas participer à ces élections. « La politique ne m’intéresse pas car c’est basé sur le mensonge« , lance Lucie C., 58 ans, qui n’a pas voté depuis l’âge de 18 ans. « Je ne doute pas de la bonne foi des hommes mais les mandats sont mal faits. Ils n’ont pas le temps d’appliquer de réels changements dans la société« , poursuit-elle en regardant son petit-fils courir dans l’aire de jeux du parc des Anciennes Mairies.

Mais alors que la circonscription était présentée à l’automne dernier comme prenable par la droite républicaine, Camille Bedin aura aussi face à elle Isabelle Florennes, maire-adjointe centriste de Suresnes, investie par La République en marche et qui veut croire à une victoire. Emmanuel Macron est arrivé en tête à Suresnes au premier tour de la présidentielle (34%), cinq points devant François Fillon, et second à Nanterre (28%) derrière Jean-Luc Mélenchon (33%).

Face aux divisions, de nouveaux mouvements émergent

Autre difficulté pour les partis installés, l’arrivée de nouveaux mouvements transpartisans comme « Allons Enfants« . Il met à l’honneur les jeunes avec ses candidats âgés de 18 à 25 ans. « C’est une opportunité pour les jeunes de s’impliquer dans la vie politique et de ne pas être que des faire-valoir comme par exemple les Jeunes avec Marine ou avec Juppé », explique Joey Robin, 20 ans, candidat d’Allons Enfants pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine. Leur programme mise sur quatre points principaux : l’écologie, l’éducation, le numérique et l’Europe. « On met l’accent sur les énergies renouvelables, la revalorisation de l’enseignement professionnel et le développement de l’identité européenne. Et pour nous le numérique c’est l’avenir, notre génération baigne dedans depuis toujours », poursuit le jeune homme. Il estime que les jeunes apportent à la politique un regard neuf : « On nous accuse de faire du jeunisme mais c’est faux. Notre politique est faite par les jeunes mais elle s’adresse à tout le monde. » A l’image du programme très axé sur les nouvelles technologies, le mouvement est présent sur les réseaux sociaux pour attirer les plus jeunes.

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Lou Portelli, Blanche Vathonne et Ambre Lepoivre

2ème circonscription : En Marche face au problème du parachutage

Crédit: Gaël FLaugère
Adrien Taquet partage l’affiche avec Emmanuel Macron.

Malgré la moiteur de cette fin de mois de mai à Asnières-Gennevilliers, une quarantaine de sympathisant ou militants de la République En Marche s’étaient déplacés dans un bar de la ville pour échanger avec leur candidat, Adrien Taquet dans la deuxième circonscription des Hauts-de-Seine. Il s’agissait du tout premier  “Café Taquet” organisé par le mouvement désormais parti politique. Un événement “très En Marche”, souligne le candidat, pour son côté informel où le tutoiement est encouragé. La boisson en question est prise au bar La Rotonde à Asnières, bien loin de la brasserie du même nom appréciée par Emmanuel Macron et située dans le sixième arrondissement de Paris, mais la coïncidence prête à sourire.

Pour introduire la soirée, Adrien Taquet met les pieds dans le plat : “Je vais vous raconter pourquoi je suis là, et vous expliquer pourquoi Asnières et Colombes-sud.” C’est en effet l’ombre qui plane au dessus de la campagne du quarantenaire proche du président : celle du “parachute”. Cette expression qu’on utilise pour stigmatiser un candidat qui se présente à la députation sans attaches avec le territoire qu’il compte représenter à l’Assemblée. Face à cette accusation, Adrien Taquet offre quatres réponses :

  • L’élection législative est nationale : “un député incarne l’intérêt général et non pas l’intérêt particulier”, un statut renforcé depuis la suppression du cumul des mandats qui interdit à un maire d’être aussi député. De plus, il est cohérent de donner une majorité au président élu pour lui permettre de gouverner.
  • La compétence face aux problématiques du territoire: Il reconnaît être « parachuté », mais a tout de même vécu 25 ans dans les Haut-de-seine » Les problématiques que rencontrent le territoire ne sont pas très différentes des problématiques auxquelles j’ai pu être confronté par le passé en tant qu’entrepreneur et salarié. “Quand on est dans un territoire très agricole où le député est le seul lien avec Paris, ça peut poser des problèmes, mais ici nous sommes prêt de Paris” explique-t-il.
  • Le renouvellement des visages et l’intérêt d’ouvrir un territoire à de nouveaux regards sur les problématiques.
  • Les problématiques du territoire peuvent trouver des réponses dans le programme d’Emmanuel Macron. Et Adrien Taquet d’éggrainer la suppression du Régime Social des Indépendants (RSI), les emplois francs, la suppression de la taxe d’habitation, l’éducation, la sécurité…
Crédit: Gaël Flaugère
Adrien Taquet justifie sa candidature auprès des sympathisants de la circonscription.

Mais l’argumentaire peine à convaincre les militants. Confrontés sur le terrain à ce manque d’ancrage local de leur candidat, ils ont du mal à rassembler autour de sa candidature. Lorsqu’arrivent les questions, Jérôme Chicheportiche, 47 ans, lunettes carrées, bouc grisonnant et veste en cuir, prend la parole pour aborder cette problématique. Deux autres personnes feront part, elles-aussi de leurs inquiétudes au candidat vis à vis de ce sujet.

“Je suis un petit soldat d’ En Marche! depuis pas mal de temps, et on va se parler franchement. Tu n’existais pas (sur la circonscription) pendant qu’on faisait la campagne d’Emmanuel Macron. Et quand on tracte sur les marchés on nous demande : mais qui est Adrien Taquet ? Sur le terrain, on n’arrête pas de se prendre des “c’est un parachuté, il ne vient pas d’Asnières.”

Rapidement, les sympathisants commencent à débattre. Il y a là un point éminemment stratégique à discuter. Car cet argument est utilisé par les adversaires du candidat de la majorité présidentielle contre leur candidat, notamment du côté des Républicains où la campagne est menée par  Marie-Dominique Aeschliman dont la famille est largement connue des habitants de la circonscription. Un des slogans de sa campagne, “agir pour Asnières” trouve un écho parmi la population, au grand damne des militants En Marche ! “On ne peut pas lutter sur le côté parachutage face à la famille Aeschlimann qui, comme des Bernicles, sont collés à leur rocher” plaisante Jérôme Chicheportiche. “On ne va pas changer la culture des gens comme ça” se désole un autre militant.

Là est pourtant le défi auquel sont confrontés les militants. Faire changer une culture du vote qui donne la primeur au “local” lors de l’élection législative. Pas un amour, juste une “habitude propre aux petites cités” explique Jerôme qui a pensé à une solution : “Il faut faire du côté parachuté une force. Le parachuté, ça peut être aussi l’étranger qui vient nous sauver la vie”. Le militant de conclure : “Ce sera compliqué, c’est sûr, mais je ne serai pas là si ce n’était pas jouable. Par contre, il faut vraiment s’activer maintenant.”

Gaël Flaugère

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Clichy-Levallois : les deux visages d’une même circonscription

 Malgré leur histoire commune et le fait que Levallois-Perret était un quartier de Clichy jusqu’en 1867, les deux villes ont connu des évolutions différentes ces dernières années. Tandis que Levallois-Perret est devenue une ville aisée aux infrastructures publiques très développées, Clichy peine à rattraper sa fausse jumelle.

Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clotilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

« La 5ème circonscription est clivée. Levallois a besoin de plus d’autonomie et Clichy de plus de protection », considère la candidate de La République en Marche ! (LREM), Céline Calvez. Le clivage entre les revenus médians de la population des deux communes est assez évocateur. Alors qu’il est d’environ 38 000 euros par an pour les Levalloisiens, celui des Clichois atteint seulement 26 000 euros.

La fracture se ressent également au niveau politique : Levallois-Perret plutôt à droite et Clichy à gauche. La vie quotidienne des habitants de Levallois a été rythmée depuis 1983 par la succession quasi ininterrompue des mandats de maire et de député de Patrick Balkany (Les Républicains). Lors du premier tour de la présidentielle, François Fillon a obtenu 40,69 % à Levallois, contre 14,64 % à Clichy, alors que Jean-Luc Mélenchon a obtenu près de 30 % de suffrages. Au premier tour de 2012, Nicolas Sarkozy récoltait près de 48 % et 20 % à Clichy. Néanmoins, cet ancrage à gauche de la ville de Clichy a été interrompu par l’élection de Rémi Muzeau (LR) aux élections municipales partielles de juin 2015.

Au niveau géographique, la séparation entre les deux villes est symbolisée par la gare de Clichy-Levallois et le passage se fait en empruntant un tunnel qui passe sous les rails. Cette frontière marque aussi une rupture dans l’aménagement urbain. Les bâtiments abandonnés que l’on peut trouver au nord-est de Clichy sont inexistants à Levallois. Le centre commercial So Ouest, les banques et les entreprises comme LVMH ou L’Oréal participent de manière importante à la vitalité économique du fief de Patrick Balkany. 

Un clivage qui n’est pas toujours pris en compte

Bâtiment du nord-est de Clichy (crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Bâtiment du nord-est de Clichy
(crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

François-Xavier Bieuville, proche de Patrick Balkany et candidat de droite non-investi par le parti Les Républicains tente de tempérer ces différences : « Il y a une histoire commune entre Clichy et Levallois. Le découpage de cette circonscription est légitime. D’ailleurs, je suis le seul candidat à parler aux maires des deux communes à la fois. » En même temps, il n’est pas sûr que le maire de Levallois, Patrick Balkany, accepte de parler à des candidats qui n’appartiennent pas à sa famille politique.

Céline Calvez prend en compte cette fracture : « Je ne remets pas en cause la qualité de vie des Levalloisiens. Levallois est une vie qui rayonne à l’intérieur mais pas à l’extérieur. C‘est une circonscription clivée mais, étrangement, quand il y a des magouilles, les élus parviennent à s’entendre. »

Alice Pattyn, Clothilde Bru et Anaëlle De Araujo

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