Crise des sous-marins : la situation s’apaise entre les Etats-Unis et la France

Joe Biden et Emmanuel Macron se sont entretenus par téléphone, mercredi, pour calmer la crise diplomatique entre les Etats-Unis et la France et renouer le dialogue, après la rupture du contrat du siècle avec l’Australie.

Après la crise, l’apaisement. Suite à un entretien téléphonique d’une trentaine de minutes, le 22 septembre, le président américain, Joe Biden, et son homologue français, Emmanuel Macron ont dévoilé des engagements pour rétablir la confiance brisée entre les deux pays. Le 16 septembre, la rupture d’un contrat de vente de douze sous-marins à l’Australie avait provoqué un séisme diplomatique entre la France et les Etats-Unis. « Des consultations ouvertes entres alliés » auraient « permis d’éviter cette situation », précise un communiqué commun, publié par l’Elysée et Washington, à l’issu de l’entretien téléphonique. Joe Biden a reconnu un défaut de communication et espère un « retour à la normale ».

Pour rétablir le dialogue, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères français va rencontrer le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, ce jeudi, à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette étape de l’apaisement sera suivie d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Joe Biden en Europe, à la fin du mois d’octobre. D’ici cette rencontre, les deux présidents ont également annoncé dans un communiqué le lancement d’ « un processus de consultations approfondies visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance », qui acte le retour de l’ambassadeur français, Philippe Etienne, à Washington, la semaine prochaine.

Une crise diplomatique sans précédent

Philippe Etienne avait été rappelé en France, le 17 septembre. Paris avait ainsi manifesté son mécontentement à cause la signature du pacte de sécurité, Aukus, entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume. Dans le cadre de cette alliance, l’Australie avait rompu le « contrat du siècle », convenu avec la France en 2016 et, ce, sans prévenir l’Hexagone. « Un coup dans le dos », pour Jean-Yves Le Drian. L’Australie n’achètera donc pas douze sous-marins à propulsion conventionnelle à la France et a opté pour des sous-marins à propulsion nucléaire américains. Il s’agit de la pire crise diplomatique entre les Etats-Unis et la France depuis que l’Hexagone a refusé d’épauler son allié dans la guerre d’Irak en 2003.

Malgré le renouement du dialogue, la relation avec les Etats-Unis a été remise en cause par cette crise. Ce jeudi, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a affirmé sur Franceinfo que l’Union européenne ne peut « plus compter » sur les Etats-Unis pour sa protection et appelle à « construire son indépendance stratégique ».

Michèle Bargiel

Guadeloupe: Retour des cours en présentiel dès le 27 septembre

Alors que le confinement s’allège depuis ce mercredi en Guadeloupe, les élèves de primaire et une partie du collège reprennent le tout présentiel dès le 27 septembre.

Retour sur le chemin de l’école ce lundi en Guadeloupe. Après une semaine de rentrée scolaire échelonnée, à l’organisation complexe, les élèves du Premier cycle reprennent les cours en présentiels.

Après que le département a durement été touché cet été par l’épidémie de coronavirus, les écoles primaires, classes de petite section comprises, ainsi que les 6e et 5e, pourront maintenant reprendre un rythme scolaire normal. Les 4e et 3e, ainsi que les lycéens, devront eux respecter un jauge de 50% des élèves par classe, suivant un format de cours hybride mi présentiel, mi-distanciel.


Désinfection des tables et surfaces fréquemment touchées, aération et lavage des mains toujours obligatoire… Malgré l’illusion d’un retour à la vie d’avant le Covid-19, les mesures sanitaires se renforcent dans ces écoles. Le personnel et les élèves devront garder le masque en intérieur et extérieur, dès le CP.  Et si les activités sportives, seulement en extérieur, sont autorisées et la restauration assurée, le brassage des élèves sera étroitement surveillé et limité. Au premier cas positif de Covid-19, la classe ferme, avec une mesure d’isolement de sept jours pour tous les élèves

Jusqu’alors, les écoliers n’ont suivi qu’une semaine de cours par groupe de cinq, avec une demi-journée de présentiel par jour. En Guadeloupe, 41% des plus de 18 ans sont vaccinés.

Charlotte de Frémont

La France, dommage collatéral du « sous-marin gate » australien

La France essuie depuis une semaine un véritable camouflet diplomatique, de la part des Etats-Unis, de l’Australie et du Royaume-Uni. Retour sur la crise des sous-marins australiens.

C’est le septième jour d’un imbroglio diplomatique sans précédent au XXIe siècle. Pour certains experts, le dernier en date remonterait à la crise du Canal de Suez en 1956. Avec pour enjeux, encore une fois, la puissance diplomatique de la France.

Jeudi dernier, la nouvelle provoque un séisme sur la scène politique et diplomatique internationale. Ce sont douze sous-marins et 56 milliards perdus pour l’Hexagone, au profit de l’AUKUS, le nouvel accord stratégique entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Unis. Un  « coup dans le dos » d’après le Ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian, dont les services français paraissent tout juste découvrir l’existence des tractations.

Alors que les présidents de France et des Etats Unis Emmanuel Macron et Joe Biden s’entretiennent ce mercredi 22 septembre, explications sur la « crise des sous-marins ».

Pourquoi est-ce vécu comme un « coup dans le dos » par la France?

La nouvelle fait l’effet d’une bombe. L’Australie rompt le 15 septembre, apparemment sans préavis, le « contrat du siècle » signé en 2019 avec la France, au profit de sous-marins nucléaires fournis par les Etats-Unis. Une « décision unilatérale, brutale, imprévisible » qui « ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump », selon Jean-Yves Le Drian sur France Info. Mais surtout, la diplomatie française semble découvrir « brutalement » la perte du contrat et l’existence de l’AUKUS « par une déclaration du Président Biden », toujours d’après le ministre.

Selon Alexis Pichard, spécialiste des Etats-Unis et enseignant-chercheur à l’Université de Nanterre, ce « coup dans le dos » est révélateur des ressemblances entre Biden et Donald Trump, malgré le ton conflictuel entre les deux candidats lors de la campagne présidentielle de 2020. « La seule chose qui a changé dans la politique étrangère entre ces deux présidents, c’est l’emballage », analyse l’universitaire, qui poursuit : « La tonalité est moins virulente, le côté humain davantage mis en avant avec Biden. Mais le fond reste le même : la mise en avant des intérêts américains et la guerre commerciale, notamment avec la Chine, » au détriment des puissances moyennes, comme la France.

Est-il possible que la France n’ait pas été au courant des tractations de l’AUKUS ?

« Compliqué à dire », pour Alexis Pichard. « Certaines informations avaient fuité dans les médias australiens il y a quelques temps ». Malgré l’indignation de Jean-Yves Le Drian, « la trahison du siècle » aurait pourtant commencé il y a dix-huit mois, dans l’hémisphère sud. En mars 2020, le Premier Ministre australien Scott Morrison aurait secrètement lancé l’idée d’une alternative au projet français, en privilégiant le marché américain. L’objectif: être davantage dissuasifs auprès de la Chine, de plus en plus agressive dans le Pacifique.

Pour se défendre, « l’Australie a tout intérêt à avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis, grande puissance internationale, plutôt que la France » décrypte Alexis Pichard. « Et pour les Etats-Unis, c’est une manière de cadenasser la Chine dans les eaux territoriales. » Un an plus tard, le premier ministre britannique, Boris Johnson, est recruté. Une occasion pour le Royaume-Uni de se ménager une ouverture stratégique dans la zone Indopacifique, suite au Brexit et au rafraîchissement des relations avec l’Europe. L’AUKUS est finalement discuté discrètement entre Boris Johnson, Joe Biden et Scott Morrisson, en marge du sommet du G7 de juin dernier en Cornouailles.

Comment est jugée la réaction de la France par les Etats-Unis ?

« Rupture de confiance entre alliés », « Crise grave » : Pourtant habituellement réputé sur la réserve, Jean Yves Le Drian s’éloigne drastiquement depuis une semaine des codes diplomatiques. Retrait des ambassadeurs français à Washington et Canberra, annulation d’un gala dans la capitale américaine… « La France ne peut faire autrement que montrer une forte intransigeance diplomatique », explique Alexis Pichard, « Elle n’a pas d’autres moyens de pression, elle reste dépendante des Etats Unis, notamment à travers l’OTAN »

Mais les américains ne se sont pas émus des mots du chef de la diplomatie française : aucune réaction publique du Président Joe Biden, et seule la chaîne américaine MSNBC a consacré un certain temps d’antenne à la crise. «Et durant l’appel prévu ce mercredi entre Biden et Macron, on imagine mal le Président français montrer les muscles : Il n’y a rien à montrer, » assène Alexis Pichard. Pour certains observateurs américains, l’Hexagone est même vu « comme un enfant faisant son caprice, et qui reviendra de toute façon dans le droit chemin. »

A LIRE AUSSI – Aukus: Pour l’Australie, la dissuasion vaut bien une brouille avec la France 

La France est-elle isolée sur ce nouvel échiquier international ?

Après ce camouflet diplomatique, la France doit se positionner dans le nouvel ordre géopolitique défini par l’AUKUS. Alexis Pichard le rappelle : elle reste à la tête de l’Union Européenne, dont elle prend la présidence en janvier 2022. « Elle est aussi présente dans plusieurs endroits stratégiques du monde, notamment par ces DOM-TOM », détaille l’universitaire. Ce lundi, en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell ainsi que les ministres des affaires étrangères européens, ont exprimé leur solidarité envers la France. Pour eux, l’AUKUS affecte toute l’Union Européenne « par ses implications stratégiques. » Mais si elle garde une certaine puissance, l’aura diplomatique française aurait fortement diminué. « La France est maintenant partenaire des relations internationales, elle n’est plus actrice», conclut Alexis Pichard.

Charlotte de Frémont

Covid-19 : l’épargne des Français bat des records

Depuis le début de la pandémie, les Français ont épargné 140 milliards d’euros de plus que d’habitude. Un enjeu majeur pour le gouvernement qui compte sur un réinvestissement de ce tas d’or dans l’économie au cours des prochains mois. 

L’épargne des ménages français a bondi de 20% en 2020. Une manne pour la reprise économique. ©Konstantin Evdokimov/Unsplash

142 milliards d’euros. C’est le surplus d’argent épargné par les Français depuis le début de la crise du Covid-19 par rapport aux années précédentes. La majeure partie de cette épargne a été stockée durant les mois de confinement, notamment en mars, avril et mai 2020 puis en novembre et décembre de la même année, d’après les conclusions de la Banque de France parues le 1er juin. L’institution précise que l’accumulation de cette épargne s’est « poursuivie au premier trimestre 2021 ».

Pourquoi les Français ont-ils tant épargné ?

Ce surplus de 142 milliards d’euros représente la quantité d’argent qui n’aurait probablement pas été épargnée sans la crise sanitaire.

Les dépôts sur les comptes à vue et sur les Livrets A ont bondi pendant la pandémie à des niveaux record notamment du fait de la fermeture des commerces non-essentiels durant de longs mois. Les Français ont aussi eu la volonté d’épargner pour se prémunir des risques économiques éventuels liés à l’incertitude du contexte.

Que faire de cette épargne massive ? 

L’épargne des Français est un enjeu important aux yeux du gouvernement : elle représente une des sources de la reprise économique pour l’année 2021. Les ménages ayant mis de côté, les autorités espèrent voir cet argent participer à la reprise économique tant attendue. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, déclarait le 31 mai espérer une croissance de 5 % sur l’année, qui pourrait être soutenue par cette épargne massive.

Cette hausse est-elle si impressionnante ?  

En 2020, les Français ont épargné plus de 300 milliards d’euros sur l’année, soit une hausse de 20% par rapport à l’année précédente, d’après la Banque de France. En moyenne, les ménages ont épargné 21 % de leurs revenus disponibles. Un niveau comparable à celui de 1975, qui constituait le dernier record.

Joséphine Boone