« Tinder » électoral, playlist Spotify : les dispositifs pour faire voter les jeunes

Les élections européennes n’attirent pas les électeurs, et encore moins les jeunes de 18 à 24 ans. A chaque scrutin, ils sont de moins en moins à aller voter. Alors de nombreuses initiatives tentent d’inciter les jeunes à se rendre aux urnes. Présentation de quelques unes d’entre elles.

 

Lors des dernières élections européennes en 2014, 74% des 18-25 ans s’étaient abstenus / Crédit : Wikipédia

 

A chaque élection, c’est le même constat : le taux d’abstention bat des records, les jeunes en première ligne. Lors des dernières élections européennes en 2014, 74% des 18-25 ans ne s’étaient pas rendus aux urnes. Selon un dernier sondage Ifop, près de 77% des jeunes électeurs prévoient de s’abstenir le 26 mai prochain. « Moins d’un jeune sur quatre prévoit d’aller voter. C’est une situation désolante mais pas surprenante », estime Hervé Moritz, président des Jeunes Européens-France, interrogé par France 24. « L’enquête explique notamment que cette abstention découle d’une méconnaissance de l’idée européenne et d’une défiance à l’égard de la capacité de l’Union européenne à répondre à leurs préoccupations et aux grands enjeux mondiaux. Ils estiment que leur participation européenne ne va pas changer la société. »

Pour mobiliser les jeunes, quelques dispositifs inédits ont été mis en place. L’objectif étant de dépoussiérer l’image vieillotte et austère de l’Union Européenne, et la rendre plus attractive. Principales plateformes ciblées par ce genre d’actions : les réseaux sociaux, et les applications smartphones.

 

  • La playlist « Get Vocal, Europe ! » de Spotify

Le 9 mai dernier, le géant du streaming musical Spotify a lancé sa playlist spéciale européennes. Intitulée « Get Vocal, Europe ! », elle regroupe 28 chansons, chacune interprétée par un chanteur membre des pays de l’Union européenne. La Belgique est donc représentée par Angèle avec Balance ton quoi, et les Pays-Bas, le récent gagnant de l’Eurovision, Duncan Laurence, avec Arcade. En France, c’est le tube Djadja de la chanteuse Aya Nakamura qui a été choisi. Petit plus informationnel : la description de la playlist redirige les utilisateurs vers le site officiel des élections européennes pour savoir, entre autres, comment et où voter.

Avec cette initiative, la plateforme suédoise espère inciter les jeunes à se rendre dans les bureaux de vote. « Nous croyons fermement que l’une des meilleures façons de faire entendre votre voix est de voter », a-t-elle expliqué dans la présentation de son projet. Au total, cette playlist inédite regroupe environ 61 600 abonnés. A savoir aussi que la moitié des 100 millions d’abonnés à Spotify Premium ont moins de 30 ans.

 

https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DXaCKdTrq9uHk

 

  • Les nouvelles fonctionnalités de Snapchat

L’application de messagerie a lancé jeudi 16 mai une série de fonctionnalités spéciales élections, fruit d’une collaboration avec le Parlement européen. Les Snapchatters disposent donc de filtres et autocollants conçus pour l’occasion. Le jour de l’élection, un message viendra même alerter les utilisateurs que le scrutin est en cours, avec un lien pour les aider à trouver plus d’informations. Aussi, la fonction « Explorer » de la Snap Map – une carte permettant d’identifier où se trouve les contacts de l’utilisateur en temps réel – affichera la localisation des bureaux de vote. Une fois le bulletin déposé dans l’urne, l’utilisateur pourra ensuite afficher la mention « a voté » sur son Bitmoji, un genre d’avatar électronique.

En réponse à cette nouvelle opération le réseau social a déclaré vouloir « aider les Snapchatters à faire des choix éclairés, à faire tomber les barrières pour qu’ils remplissent leurs devoirs civiques et fassent entendre leur voix ».

 

 

Ce n’est pas la première fois que Snapchat use de son réseau pour inciter les jeunes à aller voter. Lors de l’élection présidentielle de 2017, l’application avait réalisé des mini-interviews vidéos de quatre candidats – Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Marine Le Pen, et François Fillon, attirant plus de quatre millions d’utilisateurs.

Même chose aux États-Unis en novembre dernier pour les élections de mi-mandat. « La plateforme a permis à 1,4 million de personnes de trouver leur lieu de scrutin via un partenaire à but non lucratif, Get To The Polls », précise Snapchat dans un communiqué.

De part son rôle fédérateur auprès des jeunes, Snapchat semble vouloir de plus en plus s’investir dans le domaine politique.

 

  • Un « Tinder » électoral

L’association Vote&Vous, en partenariat avec l’OFAJ et Prodemos, a lancé jeudi 16 mai un quiz pour aider les électeurs à trouver leur vote. L’originalité de celui-ci se tient dans son nom : le « Tinder des élections européennes ». 30 questions y sont posées, sur des sujets divers et variés : écologie, immigration, exportation d’armes, PMA,  aides sociales, religion… Pour répondre, trois choix s’offrent à l’utilisateur : « d’accord », « indifférent », ou « pas d’accord ».  Une fois cette partie du test terminée, il doit ensuite choisir les sujets primordiaux à ses yeux, avant que l’algorithme ne compare les réponses données aux programmes des différents partis. Le quiz donne enfin à l’utilisateur les trois partis avec qui ça « matche », soit les trois se rapprochant le plus de son opinion politique.

En utilisant le nom « Tinder », l’association entend mobiliser les plus jeunes adeptes de cette application de rencontres. Le message et la problématique sont en tout cas les mêmes : choisissez bien avec qui vous voulez passer les prochaines années…

 

  • Hugo Décrypte, le jeune youtubeur spécialisé dans la politique française

A quelques jours du scrutin, une vidéo traduite en 16 langues cartonne en ce moment sur YouTube : « L’Union européenne est-elle vraiment démocratique ? ». A l’origine de ce projet : la chaîne YouTube « Kurzgesagt » – « en bref » en allemand – de la chaîne de télévision allemande Funk. Kurzgesagt s’affirme comme une chaîne de vulgarisation de l’actualité et de la politique.

Une belle opération qui a embarqué des youtubeurs de tous les pays d’Europe. En France c’est Hugo Décrypte qui s’y est collé, avec une vidéo qui cumule aujourd’hui près de 75.000 vues.

Le jeune youtubeur de 21 ans ne s’est pas arrêté à cette collaboration. Depuis quelques mois, Hugo Décrypte a sorti des vidéos décryptage de certains programmes pour les élections européennes – LREM et Rassemblement national notamment, ainsi qu’une vidéo live de près de 2h dans laquelle il reçoit la candidate de La France insoumise, Manon Aubry. Un autre live du même genre est programmé pour le mercredi 22 mai, à 18h30, avec Nathalie Loiseau, tête de liste LREM, en invitée principale. Toutes ces vidéos cumulent près de 500.000 vues.

 

  • Les dessins-animés de « Rock the Eurovote »

L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) et l’association Européens sans frontières ont quant à eux misé sur une dizaine de dessins-animés de 30 secondes pour expliquer les enjeux de l’Europe aux jeunes, lancés en février dernier. A l’origine du projet : une dizaine de jeunes talents volontaires âgés de 18 à 30 ans, rassemblés autour d’un atelier d’écriture de courts-métrages en septembre dernier à Paris. Les 10 mini dessins-animés ont par la suite été posté sur YouTube, et projeté au studio Canal+ en février.

Les thèmes de ces réalisations sont encore une fois très variés : l’Erasmus, la protection des données, ou encore les questions écologiques. Des problématiques susceptibles de mobiliser l’opinion des jeunes Européens aux élections de samedi.

 

Alice Ancelin

L’écologie, thème central des élections européennes

A l’approche des élections, qui auront lieu en France le dimanche 26 mai, nous avons étudié les propositions des 34 listes en matière d’écologie et d’environnement. Alors que l’Europe a épuisé vendredi 10 mai toutes les ressources que la nature peut lui offrir en une année, tous les partis – ou presque – ont fait de ce thème une priorité.
La campagne pour les élections européennes a été lancée lundi. / Crédit : Flickr

Réchauffement climatique, pollution de l’air et des océans, émissions de CO2, dégradation de la biodiversité… La planète va mal et les scientifiques s’en inquiètent. En septembre 2018, plusieurs d’entre eux ont lancé un appel à agir rapidement pour préserver l’environnement. Dans le cadre des élections européennes, nous avons épluché les propositions des 34 listes en matière d’écologie. Voici les principales mesures que nous avons retenues.

  • Bannir le plastique

C’est un véritable fléau pour la planète. Le continent plastique, situé dans le Pacifique, comporte 80 000 tonnes de déchets et fait trois fois la taille de la France. Les partis politiques en sont conscients et prévoient une série de mesures pour ne plus avoir recours à cette matière  de plus en plus décriée. L’Union des démocrates et indépendants (UDI) veut lancer une « croisade verte » contre le plastique, en proposant un traité international pour fixer des règles et pour que l’Union européenne recycle 70% du plastique qu’elle produit d’ici 2030. La République en Marche (LREM) veut interdire le plastique non recyclable d’ici 2025, et l’arrêt des sacs à usage unique est défendu par l’Union des démocrates musulmans français. Quant à Europe-Écologie-Les-Verts (EELV), ils prônent le zéro plastique, sans toutefois donner de calendrier.

  • Favoriser le bio

L’agriculture biologique est souvent mentionnée dans les programmes des candidats. Le parti qui apporte le plus de réponses précises sur cette question est Génération.s. Le mouvement de Benoît Hamon propose de créer un bouclier bio « pour sauver notre alimentation et nos agriculteurs« . Une nouvelle politique agricole commune (PAC) qui serait financée par la taxation des importations hors UE de produits alimentaires non biologiques. Les autres mesures consistent à soutenir la diversification des installations agricoles et les petits producteurs à travers un régime d’aide redistributif. La France insoumise (LFI) indique vouloir atteindre 100% d’alimentation bio, mais ne précise pas comment ni quand. Les écologistes de EELV veulent une agriculture 100% bio mais de manière graduelle, avec une première échéance à 30% en 2025. Le parti des moins de 30 ans, Allons enfants, prévoit 50% d’alimentation durable labellisée bio dans les restaurants collectifs.

  • Interdire les perturbateurs endocriniens

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un perturbateur endocrinien est une substance qui altère les fonctions du système endocrinien, et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de sous-populations. En d’autres termes, c’est une molécule qui mime, bloque ou modifie l’action d’une hormone et perturbe le fonctionnement normal d’un organisme. Génération.s veut  »réduire les émissions de polluants dans l’air et nos assiettes ». Ces émissions entraînent des maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Il souhaite donc interdire les perturbateurs endocriniens car ils empoisonnent les corps, l’eau et les aliments. L’Union des démocrates musulmans français préconise un principe de précaution et veut ficher les substances suspectées, présumées ou avérées.

  • Favoriser les circuits courts

Le libéralisme est remis en question par plusieurs candidats, qui estiment que ce modèle économique accentue la dégradation de l’environnement. C’est pourquoi Les Patriotes ou le Rassemblement national (RN) proposent de favoriser le local, les circuits courts, et de mettre fin aux accords de libre-échange du type TAFTA ou CETA. Génération.s voudrait arrêter les traités de libre-échange. « Nous refusons que les produits importés en Europe détruisent l’environnement au nom du moindre coût« , peut-on lire dans leur profession de foi. L’UDI ne veut pas de deals commerciaux « avec ceux qui ne respectent pas l’Accord de Paris« . En outre, ils voudraient mettre en place un règlement européen qui empêche l’importation d’aliments traités avec des molécules interdites en Europe. Le Rassemblement national veut quant à lui surtaxer  »les importations mondialisées anti-écologiques », et instaurer le  »juste échange » pour stopper  »la concurrence déloyale ».

  • Développer les énergies renouvelables

Les plans d’investissement sont nombreux pour passer aux énergies renouvelables. Génération.s propose par exemple un Green New Deal, un plan de 500 milliards par an. Objectif : libérer l’Europe des énergies fossiles et nucléaires, et atteindre le zéro carbone en 2050. L’UDI voudrait mettre en place un livret E environnemental pour financer les grands projets d’avenir et faire de l’Europe un leader mondial des transports à l’hydrogène, notamment pour les bateaux et les avions. La recherche doit permettre de trouver des produits de substitution au glyphosate et au cuivre. La liste LREM veut faire de l’Union européenne « une puissance verte » en déboursant 1000 milliards d’euros d’ici 2024. La France insoumise a promis 100% d’énergies renouvelables en 2050. Allons enfants souhaite réduire la dépendance au nucléaire, et le Parti fédéraliste européen a pour ambition de déployer les énergies à basse émission de carbone. Enfin, l’UDMF souhaite développer les panneaux solaires, l’isolation des constructions, la gratuité des transports et l’abandon du diesel.

Pour mieux comprendre, voici notre infographie interactive :

Alexandre Cool et Bertille Van Elslande

Européennes : Marine Le Pen a proposé à Eric Zemmour la 3e place de la liste RN

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L’essayiste a été approché par Marine Le Pen pour les européennes. / Flickr

Marine Le Pen a répondu lundi à L’Express qui affirmait que la présidente du Rassemblement national avait proposé à Eric Zemmour la tête de liste aux élections européennes. Elle dément l’information mais précise lui avoir proposé la troisième place.

L’Express dévoilait récemment qu’à l’occasion d’un déjeuner en novembre 2018, Marine Le Pen avait demandé à Eric Zemmour de conduire sa liste aux élections européennes du 26 mai. Quelque semaine plus tard, elle se serait ravisée et l’aurait informé que la liste du RN serait finalement Jordan Bardella.  La présidente du Rassemblement national a tenu à répondre à l’hebdomadaire.

« Non je n’ai pas proposé à Éric d’être tête de liste mais 3e. Il pourra vous le confirmer, » a tweeté la cheffe du RN.

Une proposition que le polémiste a déclinée. « Tête de liste, j’aurais davantage réfléchi », a-t-il déclaré à L’Express. Il confirme néanmoins à l’AFP que les proches de Marine Le Pen « (lui) avaient proposé la tête de liste ».

L’essayiste habitué des polémiques a également été approché par le président du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. Celui-ci, lui avait également proposé le troisième place de sa liste qui a « refusé », selon l’ancien allié de Marine Le Pen à la présidentielle.

Sylvia Bouhadra