Des pesticides au domicile de 75 % des Français

Trois Français sur quatre ont utilisé au moins un pesticide chez eux, au cours des douze derniers mois, selon une enquête publiée lundi 7 octobre par l’Anses. L’agence de santé alerte sur les potentiels dangers de ces produits, dont les conditions d’utilisation ne sont généralement pas respectées.

Utiliser des pesticides au moins une fois au cours de l’année, c’est le cas pour près de 75 % des Français, d’après les révélations de l’enquête Pesti’home, publiée, ce lundi 7 octobre, par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). L’agence sanitaire alerte sur les dangers liés à l’utilisation de ces produits potentiellement toxiques. Une habitude qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé des Français.

 

C: Pixabay

– Quels pesticides utilisent les français ?

Insecticides, vermifuges, solutions contre les poux … Dans les intérieurs métropolitains, les pesticides s’utilisent donc principalement dans deux secteurs : pour jardiner et pour protéger les habitations des rongeurs, insectes et autres animaux indésirables. Les bombes insecticides sont entrées dans les habitudes de 40 % des Français et 61 % des propriétaires d’animaux domestiques les traitent contre les puces ou les tiques.

– Quels sont les risques sanitaires ?

Le risque principal provient de la mauvaise utilisation de ces produits chimiques. Si les Français sont globalement attentifs au mode d’emploi des pesticides utilisés pour jardiner, ils n’ont pas la même rigueur pour ceux utilisés en intérieur. Les précautions à prendre sont pourtant écrites sur les emballages, « en lettres un petit peu petites » souligne le rapport. Se laver les mains après utilisation, sortir de la pièce et l’aérer après pulvérisation, porter des gants pendant l’utilisation, il est important de respecter les protocoles d’utilisation.

Pourtant, environ un ménage sur trois ne lit jamais les instructions des emballages d’anti-acariens et anti-rongeurs et un quart d’entre eux ne les lit jamais pour les produits contre les insectes volants et rampants.

L’Anses insiste sur le caractère potentiellement cancérigène de ces pesticides et rappelle qu’il s’agit, bien souvent, des mêmes molécules que pour les produits utilisés en extérieur, dont se méfie pourtant plus les français.

– Que recommande l’Anses ?

Globalement, c’est une vigilance accrue que préconise l’Anses, à commencer par une lecture attentive des notices d’utilisation. Les femmes enceintes et les enfants doC: Pixabayivent faire encore plus attention, par exemple, ils doivent éviter de dormir avec leur animal de compagnie après qu’il ait été traité avec une pipette antiparasite

L’enquête soulève également un autre point problématique : un quart des ménages a toujours dans ses placards des pesticides prohibés, acquis avant leur interdiction légale. On peut supposer que cette proportion de produits illicites est désormais plus élevé, avec l’interdiction de l’utilisation de produits phytosanitaires chimiques en jardinage pour les particuliers au 1e janvier dernier, après le déroulé de l’enquête en 2014.

Les Français doivent donc se débarrasser de ces pesticides mais attention, certains d’entre eux n’ont pas leur place dans les poubelles classiques. Selon l’enquête, 60 % des métropolitains y jettent leurs produits chimiques périmés ou les vident dans leur évier, alors que ceux-ci devraient être apportés en déchèterie. Une pratique détrimentale sur le plan sanitaire et environnemental.

Ce que l’Europe change dans notre vie quotidienne

Manque de clarté, technocratiques, déconnectées des réalités, les décisions de l’Union européenne apparaissent souvent abstraites pour les citoyens. Pourtant de nombreuses mesures régissent notre quotidien. Petit tour d’horizon à six jours du scrutin européen.
Monnaie unique, Erasmus, traçabilité des aliments, l’Europe intervient dans de nombreux pans de notre quotidien. / Crédits: Pixabay
  • Économie

C’est le symbole le plus fort de l’intégration européenne dans la vie quotidienne. L’euro, monnaie unique, est mise en service le 31 janvier 2001. Si tous les pays membres de l’Union européenne ne l’ont pas adopté, plus de la moitié des pays de l’Union – 19 au total – font partie de la zone euro. Cette monnaie est un vrai atout lors des voyages. Passer quelques jours en Angleterre revient souvent à plus cher que dans un pays de la zone euro. Nécessité de convertir le prix des produits de la livre sterling à l’euro, taxes au moment des paiements en cartes bleues, ces dépenses se font vite sentir.

  • Mobilité

Passer de la Belgique à la France en un pas est le quotidien de bon nombre de Français aujourd’hui. Mais sans l’Union européenne ces allers-retours ne seraient pas possible. L’espace Schengen, dont nous fêterons les 20 ans en 2020, permet une libre-circulation au sein des 26 pays de l’Union européenne et quatre Etats associés: la Suisse, la Norvège, l’Islande et le  Liechtenstein. Grâce à cet accord, tout citoyen de ces pays peut passer librement d’un pays à l’autre sans contrôle. Pas besoin de passeport donc pour passer de l’Allemagne à la France. Pas besoin de visa non plus pour les travailleurs ou les étudiants.

Erasmus justement. Depuis son lancement en 1987, neuf millions d’étudiants, de 13 à 30 ans, ont pu partir étudier dans une université ou école d’un pays de l’Union européenne. Apprendre une langue étrangère ou partir découvrir une nouvelle culture, les motivations sont nombreuses mais les moyens financiers ne suivent pas toujours. Grâce au renforcement du programme en 2013 avec Eramus +, et quinze milliards d’euros de budget alloués jusqu’à 2020, les étudiants bénéficient de prêts, à des conditions favorables, allant de 12 000 euros pour un semestre à 18 000 pour deux.

Toujours pour faciliter la mobilité des citoyens européens, en bannissant les restrictions tarifaires l’Europe a permis de voir émerger des compagnies lowcost permettant de voyager à bas coût. Et en cas de surréservation, ces compagnies, petites comme grosses, sont engagées au niveau européen à verser des compensations financières de 250 à 600 euros au voyageurs mécontents.

 

  • Consommation

Mais pas besoin d’aller bien loin pour se rendre compte de l’impact de l’Europe dans notre quotidien. Direction le marché ou le rayon fruits et légumes du supermarché. Les ardoises qui nous indiquent le prix des aliments et sont aussi là pour nous informer sur l’origine du produit. Fruits, légumes mais aussi poissons et viandes, l’Union européenne impose la traçabilité de ce que nous mangeons. Les industriels ne sont pas  laissés de côté. Des normes strictes encadrent les colorants, conservateurs et antixyodants tandis que les additifs sont soumis à une réglementation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments.

 

A l’heure du numérique, des mesures sont également prises pour garantir les droits des internautes. L’Union européenne permet de commander des produits sans droits de douane ni taxes supplémentaires. Elle protège également les consommateurs en leur permettant de renvoyer un produit acheté, sans justification, dans un délai de 14 jours. Et pour les appareils électriques, c’est bien deux ans de garantie mais seulement en cas de défaut de conformité.

 

  • Numérique et téléphonie

C’est l’un des plus grand chantier numérique de l’Europe. Entré en vigueur le 25 mai 2018, le RGPD ( Règlement général pour la protection des données) encadre la récolte, l’exploitation et la protection des données des internautes, avec en particulier une obligation de « consentement éclairé » pour le recueil des données. Les amendes peuvent s’élever jusqu’à 20 millions d’euros ou 4% du chiffre d’affaires annuel mondial des entreprises. Concrètement comment cela s’exprime ?  Pour nous, européens, contrairement aux Etats-Unis, il est interdit aux sites de récupérer nos données personnelles à des fins commerciales.

Grande nouveauté aussi depuis deux ans, des dispositions légales ont été prises à échelle européenne pour ne pas avoir à payer de frais supplémentaires, les fameux « frais d’itinérance » ou « roaming » lorsque l’on voyage d’un pays européen à l’autre.

  • Justice

La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a pour mission est d’assurer le respect des engagements souscrits par les États signataires de la Convention européenne des droits de l’homme. La compétence de la Cour s’étend donc à toutes les questions concernant l’interprétation et l’application de la Convention et de ses protocoles additionnels . La Cour peut être saisie d’une requête par un État ou « par toute personne physique, toute organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui s’estime victime d’une violation » de ses droits ou libertés, garantis par la Convention. Elle a par exemple été saisie récemment par les parents de Vincent Lambert qui s’opposaient à un arrêt des soins. En rejetant leur demande, le lundi 20 mai, elle a enterré tout autre possibilité de rappel.

 

  • Environnement

Près de 26 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année à travers l’Union européenne. La Commission a adopté une loi afin de lutter contre la pollution plastique. Cette stratégie vise à assurer que chaque emballage plastique puisse être réutilisé ou recyclé d’ici 2030 et à réduire la consommation de produits plastiques à usage unique à partir de 2020. En attendant, l’Union européenne a déjà interdit depuis 2016 les sacs plastiques à usage unique dans les supermarchés.

 

 

 

Clara Gilles et Anne-Cécile Kirry

 

 

 

L’écologie, thème central des élections européennes

A l’approche des élections, qui auront lieu en France le dimanche 26 mai, nous avons étudié les propositions des 34 listes en matière d’écologie et d’environnement. Alors que l’Europe a épuisé vendredi 10 mai toutes les ressources que la nature peut lui offrir en une année, tous les partis – ou presque – ont fait de ce thème une priorité.
La campagne pour les élections européennes a été lancée lundi. / Crédit : Flickr

Réchauffement climatique, pollution de l’air et des océans, émissions de CO2, dégradation de la biodiversité… La planète va mal et les scientifiques s’en inquiètent. En septembre 2018, plusieurs d’entre eux ont lancé un appel à agir rapidement pour préserver l’environnement. Dans le cadre des élections européennes, nous avons épluché les propositions des 34 listes en matière d’écologie. Voici les principales mesures que nous avons retenues.

  • Bannir le plastique

C’est un véritable fléau pour la planète. Le continent plastique, situé dans le Pacifique, comporte 80 000 tonnes de déchets et fait trois fois la taille de la France. Les partis politiques en sont conscients et prévoient une série de mesures pour ne plus avoir recours à cette matière  de plus en plus décriée. L’Union des démocrates et indépendants (UDI) veut lancer une « croisade verte » contre le plastique, en proposant un traité international pour fixer des règles et pour que l’Union européenne recycle 70% du plastique qu’elle produit d’ici 2030. La République en Marche (LREM) veut interdire le plastique non recyclable d’ici 2025, et l’arrêt des sacs à usage unique est défendu par l’Union des démocrates musulmans français. Quant à Europe-Écologie-Les-Verts (EELV), ils prônent le zéro plastique, sans toutefois donner de calendrier.

  • Favoriser le bio

L’agriculture biologique est souvent mentionnée dans les programmes des candidats. Le parti qui apporte le plus de réponses précises sur cette question est Génération.s. Le mouvement de Benoît Hamon propose de créer un bouclier bio « pour sauver notre alimentation et nos agriculteurs« . Une nouvelle politique agricole commune (PAC) qui serait financée par la taxation des importations hors UE de produits alimentaires non biologiques. Les autres mesures consistent à soutenir la diversification des installations agricoles et les petits producteurs à travers un régime d’aide redistributif. La France insoumise (LFI) indique vouloir atteindre 100% d’alimentation bio, mais ne précise pas comment ni quand. Les écologistes de EELV veulent une agriculture 100% bio mais de manière graduelle, avec une première échéance à 30% en 2025. Le parti des moins de 30 ans, Allons enfants, prévoit 50% d’alimentation durable labellisée bio dans les restaurants collectifs.

  • Interdire les perturbateurs endocriniens

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un perturbateur endocrinien est une substance qui altère les fonctions du système endocrinien, et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de sous-populations. En d’autres termes, c’est une molécule qui mime, bloque ou modifie l’action d’une hormone et perturbe le fonctionnement normal d’un organisme. Génération.s veut  »réduire les émissions de polluants dans l’air et nos assiettes ». Ces émissions entraînent des maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Il souhaite donc interdire les perturbateurs endocriniens car ils empoisonnent les corps, l’eau et les aliments. L’Union des démocrates musulmans français préconise un principe de précaution et veut ficher les substances suspectées, présumées ou avérées.

  • Favoriser les circuits courts

Le libéralisme est remis en question par plusieurs candidats, qui estiment que ce modèle économique accentue la dégradation de l’environnement. C’est pourquoi Les Patriotes ou le Rassemblement national (RN) proposent de favoriser le local, les circuits courts, et de mettre fin aux accords de libre-échange du type TAFTA ou CETA. Génération.s voudrait arrêter les traités de libre-échange. « Nous refusons que les produits importés en Europe détruisent l’environnement au nom du moindre coût« , peut-on lire dans leur profession de foi. L’UDI ne veut pas de deals commerciaux « avec ceux qui ne respectent pas l’Accord de Paris« . En outre, ils voudraient mettre en place un règlement européen qui empêche l’importation d’aliments traités avec des molécules interdites en Europe. Le Rassemblement national veut quant à lui surtaxer  »les importations mondialisées anti-écologiques », et instaurer le  »juste échange » pour stopper  »la concurrence déloyale ».

  • Développer les énergies renouvelables

Les plans d’investissement sont nombreux pour passer aux énergies renouvelables. Génération.s propose par exemple un Green New Deal, un plan de 500 milliards par an. Objectif : libérer l’Europe des énergies fossiles et nucléaires, et atteindre le zéro carbone en 2050. L’UDI voudrait mettre en place un livret E environnemental pour financer les grands projets d’avenir et faire de l’Europe un leader mondial des transports à l’hydrogène, notamment pour les bateaux et les avions. La recherche doit permettre de trouver des produits de substitution au glyphosate et au cuivre. La liste LREM veut faire de l’Union européenne « une puissance verte » en déboursant 1000 milliards d’euros d’ici 2024. La France insoumise a promis 100% d’énergies renouvelables en 2050. Allons enfants souhaite réduire la dépendance au nucléaire, et le Parti fédéraliste européen a pour ambition de déployer les énergies à basse émission de carbone. Enfin, l’UDMF souhaite développer les panneaux solaires, l’isolation des constructions, la gratuité des transports et l’abandon du diesel.

Pour mieux comprendre, voici notre infographie interactive :

Alexandre Cool et Bertille Van Elslande