Déconfinement : six Français sur dix ne font pas confiance au gouvernement

Le baromètre politique Odoxa-CGI du mois d’avril sonne l’alarme pour le gouvernement : 62 % des Français n’ont pas confiance en l’exécutif pour réussir le déconfinement prévu le 11 mai prochain.

Selon le baromètre politique Odoxa-CGI, 6 Français sur 10 ne font pas confiance à l’exécutif pour le déconfinement. © Flickr / Philippe Wojazer

C’est probablement l’une des interventions de l’exécutif la plus attendue : le Premier ministre Edouard Philippe s’exprimera ce mardi à 15 heures devant l’Assemblée nationale pour présenter les grandes lignes du plan de déconfinement. Une stratégie censée mettre fin de manière progressive au confinement instauré en France depuis le 17 mars, pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

Si le gouvernement devra convaincre les députés qui tiendront un débat, puis un vote, à la suite de sa prise de parole, il faudra aussi se pencher sur l’état d’esprit des Français, pour lesquels la défiance reste de mise.

Selon le baromètre politique Odoxa-CGI, réalisé pour France Inter, l’Express et la Presse Régionale, et publié ce mardi, 62 % des Français n’ont pas confiance en l’exécutif pour réussir le déconfinement prévu le 11 mai prochain. À cela s’ajoutent 65 % d’entre eux qui estiment que le gouvernement n’est pas à la hauteur de la situation depuis le début de la crise.

Un constat nuancé

Emmanuel Macron voit quant à lui sa cote de popularité augmenter avec un bond de neuf points depuis le début de la crise sanitaire, dont quatre uniquement sur le mois d’avril. Un gain que le président doit majoritairement aux partisans PS (+ 9 points ce mois-ci) et LR (+ 17 points).

Le rebond reste toutefois à nuancer puisque 58 % des Français estiment qu’Emmanuel Macron est un « mauvais président ».

Le Premier ministre s’en sort légèrement mieux avec un gain de 11 points depuis le début de la crise. 46 % des Français le considèrent comme populaire, contre 53 % qui le désignent comme « pas bon » dans son rôle.

C’est donc un bilan dressé pour le mois d’avril en demi-teinte sur l’impact de la situation actuelle sur la popularité de l’exécutif, dans l’attente de l’annonce du plan de déconfinement par le Premier ministre.

Dinah Cohen

Hommage national aux deux militaires morts au Burkina Faso

Un hommage national a été rendu ce mardi matin aux deux militaires Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello dans la Cour d’Honneur des Invalides. Les deux hommes, membres du commando Hubert, ont été tués lors d’une opération qui a permis la libération de quatre otages, dont deux Français, au nord du Burkina Faso.
Les trois corps de l’armées étaient présents pour rendre hommage aux deux militaires. / Crédits : Ecole Polytechnique

Avant l’entrée du cortège dans l’enceinte des Invalides, entre applaudissements et fredonnements de la Marseillaise, des centaines d’anonymes se sont retrouvés ce matin pour rendre hommage aux deux « héros » sur le Pont Alexandre III lors du passage des cercueils de Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello.

 

Dans la Cour d’Honneur des Invalides, des milliers d’invités étaient réunis dans un silence solennel. Tous les membres du gouvernement ainsi que des représentants de toutes les classes politiques étaient rassemblés pour soutenir les familles des deux militaires morts au combat.

Avant de faire son allocution, Emmanuel Macron qui présidait la cérémonie également en tant que chef des armées, s’est entretenu longuement avec les familles, en larmes, des deux militaires.

 

Les membres,  au visage couvert pour conserver leur anonymat, du commando marine Hubert dont faisaient partis les deux militaires, ont unis les cercueils par une corde. La « sangle de vie », utilisée par les commandos marins relie les nageurs de combat et leur permet de mieux résister face aux courants contraires.

 « Ils sont morts en héros »

Dans son discours, Emmanuel Macron est revenu sur les conditions de l’opération qui a mené à la mort de Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, une mission « difficile » mais « nécessaire« . Il a ensuite rappelé que la lutte « contre le terrorisme, au Sahel, au Levant et sur notre territoire » n’était pas terminée en évoquant Sophie Pétronin, une travailleuse humanitaire française, retenue au Mali depuis trois ans.

Emmanuel Macron a salué la « bravoure inouïe » dont avaient fait preuve les deux soldats « morts parce que pour eux, rien n’était plus important que la vie des otages« .

 

En s’adressant directement à Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, le Président a souhaité revenir sur ce qu’un engagement envers la France pouvait représenter pour les militaires. « La mort ne vous faisait pas peur parce que vous aviez ancré en vous, dans le mystère insondable de vos âmes, la volonté de servir les autres au prix de votre propre vie« .

A la fin de son discours et avant une minute de silence et le retentissement de la Marseillaise, Emmanuel Macron a élevé Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello au rang de Chevalier de la Légion d’honneur.

Les membres du commando Hubert sont revenus pour emporter leurs frères d’armes suivis par les familles des deux militaires. Au passage des cercueils, tous les corps d’armées présents se sont unis pour chanter la chanson militaire « Loin de chez nous en Afrique ».

 

Les obsèques privées de Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello se dérouleront dans la semaine dans le Morbihan et en Haute-Savoie.

Poutchie Gonzales

Pour Emmanuel Macron, le monde culturel doit s’unir face aux géants américains et chinois

Emmanuel Macron a appelé lundi les acteurs du monde culturel et audiovisuel à « travailler et à s’engager collectivement » avec le soutien de l’Etat pour « ne pas perdre la bataille » face aux géants américains et chinois comme Netflix.
Emmanuel Macron confirme sa promesse de campagne de créer un fond d’investissement pour la culture. / Crédit photo : Wikipédia

Au cours d’un déjeuner à l’Elysée avec 130 responsables des industries culturelles et récréatives, le chef de l’Etat a annoncé la création d’un fonds d’investissement dédié de 225 millions d’euros pour aider les entreprises du secteur à se développer, comme il s’y était engagé durant la campagne présidentielle. Mais il a surtout exhorté les auteurs et patrons réunis à l’Elysée, souvent concurrents, à élaborer « un plan de bataille commun » pour s’adapter au nouveau paysage mondial, en plein bouleversement avec les offres de Netflix, Disney ou Apple, et la montée en puissance des acteurs chinois. « Je suis fort d’une conviction, c’est que si nous n’arrivons pas à nous organiser, nous Français, la bataille est perdue. Face aux défis du numérique, c’est d’un engagement collectif que nous avons besoin », a résumé Emmanuel Macron, à la veille du festival de Cannes.

Assis à la table du Président, le réalisateur Claude Lelouch a insisté sur la nécessité de « protéger le cinéma d’auteur » qui « est vraiment en danger ». Le musicien Jean-Michel Jarre a pour sa part souhaité qu’Emmanuel Macron défende la culture en devenant un « François 1er 2:0 » et que soit organisé en France « un Davos de la Culture » pour établir une réponse internationale. Prédisant que les chaînes de télévision allaient « être très fortement secouées » par les offensives attendues d’Apple ou de Disney, le patron de TF1 Gilles Pélisson a quant à lui appelé « à la réinvention du monde du cinéma » et à une refonte des régulations obsolètes pour la télévision, qui « datent de 30 ans ».

« Nous vivons une crise de financement du cinéma et de l’audiovisuel majeure »

Le fonds d’investissement de 225 millions, qui sera géré par l’organisme public d’investissement BPIFrance, est l’une des propositions faites par le rapport commandé il y a un an au producteur Dominique Boutonnat par le ministère de la Culture. « Nous vivons une crise de financement du cinéma et de l’audiovisuel majeure, qui s’accélère et qui est une crise du système », a-t-il expliqué. Rendu public lundi, ce rapport estime que la France « a tous les atouts pour remporter » la « bataille de demain » qui sera celle des « contenus », pour lesquels la demande mondiale « se fait de plus en plus forte ».

« Pour mettre en oeuvre les recommandations de Dominique Boutonnat », le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) organisera « un premier échange vendredi au Festival de Cannes, avec les professionnels du cinéma, de l’audiovisuel et du secteur financier ». Un plan d’action pour l’industrie culturelle sera établi, en concertation avec les acteurs du secteur, d’ici la fin de l’année par le ministre de la Culture Franck Riester.

 

Alice Ancelin avec AFP

Fonction publique : éternelle pomme de discorde

Les parlementaires examinent lundi le projet de loi de la réforme de la fonction publique. Emmanuel Macron entend supprimer 120 000 postes d’ici 2022. Retour sur les réformes précédemment engagées, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron.
Manifestation de la fonction publique le 9 mai à Paris. / Crédit : Jeanne Menjoulet

Depuis le mandat de Mitterrand, le nombre d’employés de la fonction publique n’a cessé d’augmenter. La France serait le pays où l’on compte le plus de fonctionnaires de l’Etat. Mais pour des raisons d’économie, la fonction publique est, depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, sous le feu des critiques.

  • Une baisse drastique sous Nicolas Sarkozy

Le nombre de fonctionnaires entre 2012 et 2015 augmente de 140 000. C’est en réaction à cette augmentation et aux coûts liés à la fonction publique que Nicolas Sarkozy a mis la réduction des dépenses publiques, et donc du personnel de l’Etat, au centre de sa politique. Le gouvernement Fillon a alors mis en place la « règle du non-remplacement »: un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé. Le gouvernement a ainsi supprimé près de 150 000 postes sur la période 2007-2012. Mais pendant la même période, d’autres postes ont été créés. Nicolas Sarkozy a bien mené une politique de réduction budgétaire de la fonction publique, mais a, au total, supprimé 85 000 postes. Le 29 janvier 2009, entre 1 et 2,5 millions de personnes s’étaient mobilisées pour contester la politique mise en place par Nicolas Sarkozy. Au sein de la fonction publique, plus de 23%  étaient grévistes, dont 29,5% dans la fonction publique d’Etat, 21,3% dans les hôpitaux, 15% à la fonction publique territoriale.

  • Hollande, défenseur de la fonction publique?

Face à la baisse drastique du nombre de fonctionnaires suite au quinquennat de Nicolas Sarkozy, le président socialiste arrive au pouvoir en 2012 et annonce la création de 60 000 postes dans l’Education nationale. Il rompt également avec la « règle de non-remplacement », mise en place par son prédécesseur. Les effectifs ont bien augmenté, mais cette augmentation est un trompe-l’œil. La création de certains postes a été compensée par des suppressions de postes aux ministères des Finances ou de l’Ecologie. Entre 2012 et 2016, seuls 43 000 postes, des 60 000 annoncés, ont bien été créés.

  • Sous Macron, la fonction publique à la « start-up nation »?

Dès 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, envisage une refonte de la fonction publique. Deux ans après son élection à la présidence de la République, son gouvernement annonçait lundi une « grande réforme plus agile, plus ouverte et plus attractive« , qui concerne  5,5 millions d’agents (fonctions d’État, hospitalière et territoriale). Autour de cinq axes, le texte de réforme met l’accent sur « l’efficacité ». Les syndicats  accusent le gouvernement de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents publics, avec la suppression de l’ENA. La journée de mobilisation des fonctionnaires a rassemblé jeudi dernier entre 108 900 (chiffres du ministère de l’Intérieur) et 250 000 (chiffres de la CGT) manifestants.

Camille Kauffmann