Intelligence artificielle : Microsoft se met au service du devoir mémoriel

L’intelligence artificielle s’empare de l’héritage mémoriel : alors que les vétérans de guerre se font de plus en plus rares et que le patrimoine se dégrade, des entreprises comme Microsoft misent maintenant sur l’IA générative et la réalité augmentée pour transmettre le souvenir.

Quelque soixante vétérans participent aujourd’hui aux commémorations du 6 juin 1944. Ils sont les derniers sur plusieurs milliers de soldats débarqués ce jour-là sur les plages de Normandie. Au fil des années, les témoins de la guerre se font rares, et avec eux, les témoignages et les souvenirs de la guerre. L’intelligence artificielle pourrait-elle changer la donne ? C’est en tout cas le projet de Microsoft, avec le Fil de la mémoire, une exposition immersive sur le débarquement en Normandie, développée en partenariat avec La Mission Libération et Iconem, start-up spécialisée dans la numérisation 3D de sites du patrimoine.

 

Une expérience immersive

Installée au Pôle Hippique du Haras national de Saint-Lô (Manche), mais également accessible en ligne, l’exposition propose une expérience immersive dans laquelle l’intelligence artificielle « aide le passé à prendre vie ». À base d’animations de photos d’archives, enrichies d’effets sonores 3D, Microsoft entend proposer une visite grandeur nature et ludique. Les visiteurs peuvent aussi formuler leur demande à l’intelligence artificielle, qui propose une variété d’archives et de documents pour guider la visite. Une carte interactive qui permet de superposer les différents lieux géographiques actuels à ce qu’ils étaient il y a 80 ans est également accessible. Derrière, la start-up Iconem, qui grâce à l’intelligence artificielle de Microsoft, peut assembler des milliers de photos en modèles pour reconstituer les monuments et les sites historiques du débarquement.

Au-delà de participer à la préservation du patrimoine, Microsoft ambitionne également de mettre la puissance de calcul de son intelligence artificielle au service de la recherche et des historiens : grâce à une capacité d’analyse des images et des données fournies par les archives, l’intelligence artificielle peut enrichir les légendes des photos exposées.

L’intelligence artificielle à grande échelle

En position privilégiée depuis son investissement dans Open AI, Microsoft tente à présent de maintenir son avance dans la course à l’intelligence artificielle. Et ce, en déployant l’intelligence artificielle à toutes les échelles du quotidien,à l’image du Fil de la mémoire : « Nous sommes passés des discours sur l’IA à une application de cette technologie à grande échelle », soulignait Satya Nadella, PDG de Microsoft, en début d’année.

« En intégrant l’IA à tous les niveaux de notre pile technologique, nous avons gagné de nouveaux clients, en même temps que nous contribuons à générer de nouveaux avantages et des gains de productivité dans tous les secteurs. ». Une stratégie qui a porté ses fruits depuis l’investissement de Microsoft dans l’intelligence artificielle en 2023 : au dernier trimestre de l’année dernière, Microsoft a déclaré un chiffre d’affaires de 62 milliards de dollars – une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente.

Noa Jacquet

Le D-Day en première ligne du tourisme mémoriel

Pour les 80 ans du débarquement, la Normandie s’attend à un déferlement de touristes, venus visiter les lieux de mémoire emblématiques de la Seconde guerre mondiale. Un secteur lucratif, que la région ne manque pas de développer.

Chaque année, ils sont 5,5 millions de touristes – dont 42% d’étrangers – à visiter les sites emblématiques de la mémoire : le mémorial de Caen, le cimetière américain ou encore les plages du débarquement. Ce chiffre ne fait qu’augmenter. Depuis une vingtaine d’années, la région Normandie mise sur le développement du tourisme mémoriel et investit massivement, soutenue par le gouvernement.

Les 78 millions d’euros mis sur la table ces dix dernières années par les acteurs du patrimoine ont permis de réaménager et rénover de nombreux lieux de mémoire : parcours fléchés, mémorial de Caen (600 000 visiteurs par an), construction du mémorial de Ver-sur-Mer. Tous les lieux de mémoire français sont regroupés sur le site « Les Chemins de la mémoire ».

Le tourisme mémoriel, un fer de lance de l’économie normande

Au-delà de faire perdurer la mémoire d’un héritage français douloureux, le tourisme mémoriel est au cœur des investissements de la région Normandie. Les investissements et les campagnes massives de publicité faites depuis les années 2000 rapportent environ 3 milliards d’euros par an à la France. Le gros des recettes se concentre en Normandie qui concentre 40% du tourisme mémoriel dans le pays.

Ainsi, les revenus sont fructueux, avoisinant les 700 millions d’euros en 2022 pour la région Normandie. Et si certains dénoncent la capitalisation sur une mémoire collective douloureuse et une marchandisation de l’histoire, ce tourisme est essentiel pour la région Normandie. De fait, 80% des visiteurs de la région s’y rendent pour visiter un lieu de mémoire. Le tourisme mémoriel nourrit également le secteur de l’emploi, avec 8500 emplois directs et indirects qui découlent de ce secteur.

Un secteur en développement

Au fur et à mesure que les années passent, le tourisme augmente. Une cinquantaine de sites ouverts ont été aménagés pour l’occasion, les produits dérivés abondent et tout cela contribue à faire vivre l’économie de la région. Cette mercantilisation du D-Day n’est pas près de s’arrêter et certains la déplorent, notamment des locaux et des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. D’ici 2026, la facture s’allongera de 100 millions d’euros pour la construction du Normandy Memory, une reconstitution immersive de la bataille de Normandie.

Et le tourisme mémoriel ne se cantonne par seulement à la Normandie. Il s’empare largement de l’Hexagone. Sur le champ de bataille de Verdun, ce sont 500 000 curieux qui affluent chaque année. À Saint-Nazaire, la Base sous-marine a été rénovée spécialement pour accueillir l’office du tourisme en plus des visiteurs.

De gros chiffres attendus pour les 80 ans

Cette année, les chiffres attendus seront conséquents : les recettes liées au tourisme mémoriel devraient dépasser les 3 milliards d’euros habituels, avec un effet « anniversaire » particulièrement sensible : déjà pour les 75 ans du débarquement, la région avait accueilli 6 millions de touristes au lieu des 2 millions habituels. Avec l’effervescence des 80 ans du débarquement et la visite de plusieurs chefs d’Etat, les hôtels et les campings ont été pris d’assaut. Dans un périmètre de 50 kilomètres autour des plages du débarquement, 95% des logements sont déjà réservés pour la première quinzaine de juin.

Eléonore Claude

La Banque centrale européenne augmente ses taux d’intérêt directeurs

Siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort. (Photo by Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)

La Banque centrale européenne (BCE) relève à nouveau ce jeudi 14 septembre son principal taux directeur, qui est désormais fixé à 4,5 %. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, doit justifier ces choix devant la presse. 

La BCE a décidé de poursuivre sa lutte contre l’inflation. L’institution de Francfort a relevé jeudi 14 septembre de 0,25 point de pourcentage ses taux directeurs. C’est la dixième hausse successive dans le cadre de cette politique monétaire visant à combattre l’inflation dans la zone euro.

 

« L’inflation continue de ralentir mais devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période« , a indiqué l’institution dans un communiqué. Le taux de dépôt, qui fait référence, est porté à un niveau jamais jamais atteint depuis le lancement de la monnaie unique en 1999. Christine Lagarde, présidente de la BCE doit s’exprimer pour justifier ces décisions, considérant selon les premières déclarations que « nous ne pouvons pas dire que nous avons atteint le pic des taux« . La BCE fait face à un dilemme, rendant sa décision plus incertaine que jamais, car l’activité économique de la zone euro affiche de véritables signes de contraction.

Un niveau inédit depuis 1999

Ce relèvement de taux, d’une ampleur inédite, vise à faire revenir l’inflation mesurée en zone euro à des valeurs plus faibles alors que les prévisions d’inflation pour les années 2023 et 2024 ont été revues à la hausse, en raison de l’impact des prix de l’énergie. Les nouvelles projections macroéconomiques de l’institution prévoient une hausse des prix de 5,6% en 2023, puis 3,2% en 2024 et 2,1% en 2025, se rapprochant de l’objectif à moyen terme de 2,0%.

 

Des objectifs qui sont loin d’être aussi positif que pour le niveau de croissance. La croissance du PIB (Produit intérieur brut) devrait atteindre 0,7% en 2023, contre 0,9% auparavant, puis 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025.

Adrien-Guillaume Padovan avec AFP

Pétrole : une pénurie aux conséquences incertaines

L’AIE prévoit une «importante pénurie de l’offre» de pétrole au 4e trimestre 2023. Getty – Kirill Gorskov / EyeEm

L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) prévoit une importante pénurie de l’offre d’hydrocarbure dans son rapport mensuel. Cette annonce intervient alors que le directeur de cette organisation a annoncé au Financial Times le déclin de la demande mondiale de pétrole d’ici à la fin de la décennie.

L’addition à la pompe risque encore d’être salée. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une « importante pénurie de l’offre » de pétrole sur les trois derniers mois de l’année 2023 dans son nouveau rapport. Elle entrainerait un déficit de la ressource, déjà au plus haut avec un baril au-dessus des 88 $, pouvant amener à une hausse des prix dans les stations essences.

L’annonce de l’AIE a fait flamber lundi les cours sur les marchés : en séance, les deux références de l’or noir ont atteint un niveau inédit depuis la mi-novembre 2022. « Avant avec la pandémie, on avait eu un temps où la chute des prix avait conduit à un prix historiquement bas. Désormais, les pays producteurs, notamment l’Arabie Saoudite veulent trouver un juste prix, leur convenant ainsi qu’aux Occidentaux », souligne Paul Tourret, économiste.

Ajustement durable du marché

Pour cela, l’Arabie saoudite, la Russie, ainsi qu’une partie des pays producteurs ont décidé de continuer de limiter leurs productions. Cette restriction de la demande devrait mécaniquement amener les prix à la pompe à la hausse, déterminés par les ressources disponibles dans les sols mais aussi les taxes et les marges des distributeurs. « Le prix du pétrole est poussé à la hausse par la persistance d’une offre insuffisante sur le marché au cours des troisième et quatrième trimestres », expliquent les analystes de DNB à l’AFP.

« Ceux à quoi nous assisons, c’est un véritable ajustement du marché »

Paul Tourret, économiste à l’Inserm

Pour autant, cette décision ne devrait pas résorber l’offre mondiale en 2023 qui augmentera de 1,5 million de barils par jour grâce aux États-Unis, à l’Iran et au Brésil. « En 2024, la demande mondiale de pétrole devrait croître de 2,2 millions de barils par jour », annonce l’Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son propre rapport, sans changement par rapport à son estimation précédent. Une évolution globale qui est loin d’être un épiphénomène. « Ceux à quoi nous assisons, c’est un véritable ajustement du marché, qu’on aurait dû avoir il y a près de 30 ans. La seule chose qui nous sauve par rapport au choc pétrolier de 1973, c’est la productivité, qui croit contrairement à l’époque », analyse Paul Tourret.

Une pénurie durable ?

Cette annonce intervient alors que pour la première fois, l’AIE entrevoit une baisse durable de la demande pour l’ensemble des énergies fossiles « dans les prochaines années » selon le directeur exécutif de l’institution de l’OCDE, Fatih Birol dans les colonnes du Financial Times. Ce qui est loin de faire consensus parmi les économistes.

AIE : les réactions négatives signifient que la demande de pétrole et de gaz pourrait ne pas atteindre son pic si tôt

 

Déjà en juillet 2008 en pleine crise économique, tous les experts et économistes étaient convaincus que le pic du pétrole, moment où la production va commencer à décliner par rapport à la demande, était atteint, après la poussée de fièvre qui avait fait grimper le prix du baril jusqu’à 150 dollars. Le lien de cause à effet entre cette pénurie et cet effondrement de la demande n’est pas avéré. « L’avantage si on prend ce pic pétrolier et même ce pic de décroissance pétrolière, il va nous permettre d’accélérer  la transition énergétique grâce à un prix élevé. Ce n’est pas encore pour aujourd’hui », conclut Paul Tourret.

Adrien-Guillaume Padovan