Disparition de Jean Rochefort, un des acteurs préférés des Français

Icône du cinéma français populaire, l’acteur Jean Rochefort est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 9 octobre à 87 ans. Il était hospitalisé depuis août pour des douleurs abdominales. 

« Au fond, je ne me prends pas du tout au sérieux. Ni moi, ni mon ‘art’. Monter sur une scène, faire le fou avec une bande de copains suffit à mon bonheur », confiait Jean Rochefort à Télérama en 1994. Un bonheur partagé. En environ 60 ans de carrière, il est devenu l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français et une figure incontournable de la comédie.

Jean Rochefort laisse derrière lui plus de 150 films. S’il commence sa carrière au cinéma dans les années 50, c’est au début des années 70 qu’il connait le succès grâce au registre qui restera sa prédilection : la comédie. D’abord abonné aux seconds rôles, il tient pour la première fois le haut de l’affiche en 1972 dans Les Feux de la Chandeleur de Serge Korber. Affublé de sa célèbre moustache qu’il ne quittera plus, il devient le comédien fétiche d’Yves Robert, chantre du cinéma populaire, qui le fera tourner dans Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972). C’est avec le rôle d’Etienne dans Un éléphant, ça trompe énormément et sa suite, Nous irons tous au paradis qu’il devient une figure familière du grand public.

Un acteur aux trois Césars

Plébiscité par les Français comme comédien populaire, c’est par ses rôles dans des films dramatiques qu’il obtient la reconnaissance de ses pairs. En 1976, il remporte le César du meilleur second rôle pour Que la fête commence (1975), réalisé Bertrand Tavernier. Il enchaine ensuite sur Le Crabe tambour (1977), drame de Pierre Schoendoerffer. Pour ce rôle, il rafle le César du meilleur acteur. Couronnement de son importante carrière, il obtient un César d’honneur en 1999.

L’acteur a construit sa filmographie librement, alternant entre films grand public et longs métrages plus confidentiels.  « Je me suis toujours foutu de mon image de marque« , racontait-il à Télérama. Jean Rochefort était aussi présent là où on ne l’attendait pas. Le réalisateur surréaliste Luis Bunuel le fait tourner dans Le Fantôme de la liberté en 1974. Le comédien n’a jamais hésité à accepter des films de la part de réalisateurs débutants. Il joue dans L’Horloger de Saint-Paul, le premier long-métrage de Bertrand Tavernier en 1973, un de ses films qui l’a le plus marqué.

Jean Rochefort a également été un acteur de théâtre. Il a débuté sa carrière sur les planches et a fait partie de la bande du Conservatoire aux côtés de, entre autres, Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo et Claude Rich.

Présent presque continuellement sur les écrans, petit comme grand, le comédien avait ralenti le rythme depuis quelques années. Sa dernière apparition au cinéma remonte à 2015 dans Floride de Philippe Le Guay. Les plus jeunes avaient découvert son humour dans « le boloss des belles lettres ».

Dans son autobiographie, Ce genre de choses (éd. Stock), publiée en 2013, il s’inquiétait : « Je ne voudrais pas claquer tout de suite parce que j’ai encore plein de choses à faire. »

 

Anaïs Robert

Le comédien français Jean Rochefort est décédé

Jean Rochefort, lors de la cérémonie des Césars en février 2014. crédit : Georges Biard
Jean Rochefort, lors de la cérémonie des Césars en février 2014.
(Crédit : Georges Biard)

 

Le comédien français Jean Rochefort est décédé dans la nuit de dimanche à lundi. L’acteur avait 87 ans.

L’acteur français Jean Rochefort était l’une des figures populaire du cinéma français. Il est mort dans la nuit de dimanche à lundi. C’est sa fille Clémence qui a annoncé lundi en fin de matinée son décès dans un hôpital parisien.

Le comédien avait été hospitalisé en août dernier pour une intervention chirurgicale. Il avait 87 ans.

Dans les années soixante-dix, il s’était spécialisé dans le registre comique. Sa dernière apparition sur le grand écran datait de 2015, avec le film Floride, dans lequel il jouait le père de Carole, incarné par Sandrine Kiberlain, atteint de la maladie d’Alzheimer.

Dans une interview au Journal Du Dimanche datée du 9 août 2015, il avait déclaré « Je ne rêve pas de mourir sur scène. » Quand on lui demande s’il a peur de la mort, il répond alors : « Je la sens venir, et il y a des moments où je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande, et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres. »

Les éloges viennent de toutes parts, notamment sur les réseaux sociaux.

Des hommages qui permettent de voir ou de revoir ses apparitions les plus remarquables.

 

Louise Boutard

Un arc-en-ciel sur la Croisette

La Queer Palm a rejoint la liste des récompenses du festival de Cannes en 2010. Elle a été créée par le journaliste Franck Finance-Madureira pour  que les films aux thématiques LGBT gagnent en visibilité et en reconnaissance.

Moonlight, de Barry Jenkins, Oscar 2017 du meilleur film (image libre de droits)
Moonlight, de Barry Jenkins, Oscar 2017 du meilleur film (image libre de droits)

Le film 120 battements par minute de Robin Campillo, a créé la sensation au début de la 70ème édition du festival de Cannes. Ce long-métrage retrace l’histoire de la lutte militante d’Act-Up au moment de la progression mortifère du SIDA dans les années 90. Ce film est en compétition officielle mais a également été sélectionné pour la Queer Palm. Cette récompense a été créée en 2010 par le journaliste Franck Finance-Madureira. “En créant cette palme, nous voulions dire aux gens qui en sont pas concernés de près par ces sujets, que ce sont des bons films”, explique le fondateur de la Queer Palm. La sélection des films est faite à partir des autres catégories de films et le simple fait de choisir certains films plutôt que d’autres implique l’existence d’une spécificité queer : “Les caractéristiques principales qui nous permettent de sélectionner les films, c’est d’aborder un des sujets de la sphère LGBT et de casser les codes de genre”.
Depuis une dizaine d’années, les films queer gagnent en visibilité, notamment en France avec L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie et La vie d’Adèle d’Abellatif Kechiche (2013). Mais Franck Finance-Madureira considère qu’il y a encore des efforts à faire :  “Ces films arrivent à être un peu plus visibles parce que les mentalités évoluent. Par exemple, Carol de Todd Haynes a eu du succès mais n’a pas eu d’Oscar majeur. Moonlight de Barry Jenkins a faire mentir l’adage en recevant l’Oscar du meilleur film”.
Dans ses “Notes on Camp”, en 1964, Susan Sontag écrivait : “Les homosexuels ont fondé leur intégration dans la société sur la mise en valeur de leur sensibilité artistique”. L’existence de la Queer Palm confirme plus que jamais cette réflexion.

Anaëlle De Araujo & Jean-Gabriel Fernandez

« Tunnel », un thriller haletant, dernier né du cinéma sud-coréen

Combien vaut la vie d’un seul homme ? C’est toute la question soulevée par Tunnel, dernier long-métrage du réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun, sorti ce mercredi en salles.

Tunnel

Après un passage remarqué au Festival de Cannes pour Hard day, en 2014 le réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun revient avec Tunnel, un film catastrophe spectaculaire, avec, en filigrane une critique acerbe de la société sud-coréenne.

Jung-soo (interprété par Ha Jung-woo aussi vu dans Mademoiselle) est un jeune cadre sud-coréen prospère. Alors qu’il s’apprête à rejoindre femme et enfant pour fêter un anniversaire, il se retrouve piégé six pieds sous terre suite à l’effondrement d’un tunnel, dans lequel il était a priori seul à rouler. Il comprend rapidement qu’il va falloir s’armer de patience avant que les sauveteurs ne parviennent à l’extirper de la montagne de décombres. Avec pour seul soutien un Smartphone au stock de batterie limité, Jung-soo devient un homme en sursis, pris au piège.

 

Véritable succès en Corée, le film a réuni plus de 7 millions de spectateurs, se plaçant directement à la deuxième place du box office, une preuve de plus que le cinéma sud-coréen a le vent en poupe. C’est en effet l’un des seuls à parvenir à concurrencer le cinéma américain sur son propre territoire.

Un film de genres

Tunnel s’inscrit avant tout dans la catégorie du film catastrophe. L’effondrement du tunnel survient dès les premières minutes du film. Moins radical que Buried de Rodrigo Cortès, Tunnel reprend néanmoins le motif anxiogène de « l’enterré vivant. » Mais contrairement à Buried, le film de Seong-hun, n’est pas entièrement en huis clos. Le spectateur prend des bouffées d’air frais grâce aux séquences à la surface où le réalisateur met en scène l’hystérie des secours et des médias. C’est l’un des tours de force du film : proposer deux visions de l’événement. Le spectateur vit alors le drame tantôt du côté de la victime, tantôt du côté des secours.

Mais Tunnel ne s’en tient pas à son statut de film catastrophe. Mélanger avec brio les films de genres est d’ailleurs une grande spécialité du cinéma sud-coréen. Aussi, Kim Seong-hun parvient à faire cohabiter séquences irrespirables et passages frisant le burlesque.

Le réalisateur a également porté un soin tout particulier à la composition de ses personnages. Aussi, le spectateur s’identifie très vite à Jung-soo, homme ordinaire dont le véritable caractère se révèle au gré des coups du sort. Si c’est le personnage principal qui porte le film, Kim Seong-hun n’a pas pour autant négligé ses seconds rôles. La performance de l’acteur Oh Dal-Su en policier exemplaire est particulièrement convaincante, et vient renforcer le sentiment que les responsables politiques sont corrompus et négligents.

Une critique du gouvernement et des médias

Ce film vient faire écho à une successions de faits divers qui ont couté la vie à plus d’un millier de Coréens : effondrement d’un centre commercial, d’un pont ou plus récemment naufrage d’un ferry. Tunnel est aussi l’occasion pour le réalisateur de filmer l’engrenage d’un système défaillant pris dans une course effrénée à la rentabilité. L’accident est ici causé par la négligence des dirigeants politiques et des entreprises du bâtiment qui ont préféré faire des économies plutôt que de s’assurer de la solidité de la construction. Alors que le fait divers relaté par le film prend une ampleur nationale, les médias se révèlent également particulièrement perfides, prêts à tout pour une exclusivité.

Authenticité du décor, justesse des acteurs, rebondissements propices et effets spéciaux convaincants, le film parvient à tenir le spectateur en haleine pendant les deux heures de spectacle. Jung-soo verra-t-il finalement le bout du tunnel ?

 

Clothilde Bru