L’Affaire Taha Bouhafs résumée en quatre points

Alors que Taha Bouhafs comparaît ce vendredi au Tribunal judiciaire de Paris, suite à une plainte pour diffamation publique envers la police, déposée en 2019 par Christophe Castaner, retour sur les grandes lignes de cette affaire.

Procès © sergeitokmakov via Pixabay

En 2019, deux jeunes décèdent dans un accident de la route à Grenoble alors qu’une interpellation par la police était en cours. À l’époque, Taha Bouhafs pointe du doigt la responsabilité des forces de l’ordre dans ce drame.

Qui est qui ?

Taha Bouhafs – l’accusé: journaliste et militant français originaire d’Echirolles, une ville proche de Grenoble. Il s’est fait connaître pour son activisme sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, où il partage des commentaires politiques et des vidéos en direct lors de manifestations. Il est notamment connu grâce à sa vidéo d’Alexandre Benalla, responsable de sécurité et agent public contractuel français, en train de molester un manifestant place de la Constrescarpe à Paris.

Christophe Castaner – le plaignant : homme politique français, il a occupé plusieurs postes de La République en Marche (LREM), dont celui de porte-parole et secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques. En 2017, il est nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’Édouard Philippe, sous la présidence d’Emmanuel Macron. 

Que s’est-il passé la nuit du 2 mars 2019 à Grenoble ?  

Le samedi 2 mars 2019 à Grenoble, deux jeunes âgés de 17 et 19 ans ont perdu la vie. Ils circulaient à scooter lorsque, peu avant 22h30, quand ils ont percuté un car appartenant à un club de football amateur. Le car sortait de l’autoroute A480 et circulait dans la même direction sur le pont de Catane. Les deux jeunes gens, originaire du quartier Mistral, tentaient d’échapper à la police.

Suite à l’accident, les forces de l’ordre présentes sur les lieux ont dû faire face à des jets de cocktails Molotov. Le soir-même, Taha Bouhafs publiait sur sa page Tweeter:  » Ils ne se sont pas « tués » seuls, c’est la police qui a causé leur mort », il concluait son tweet avec le #LaPoliceAssasine

Que risque Taha Bouhafs ?

Taha Bouhafs risque une amende, puisque la diffamation publique contre un policier est passible de 45 000 euros d’amende.

 

Aliénor de Matos



Mars Argo est de retour !

Est-ce qu’un projet artistique peut être vu comme une usurpation d’identité ? C’est la question que soulève le procès qui a opposé Mars Argo, à Poppy et Titanic Sinclair en 2018. Cinq ans plus tard, Mars Argo est de retour avec un nouveau projet musical, qui fait écho à son combat. Retour sur un scandale qui a secoué le monde de la musique.

Crédit : Mars Argo

En 2018, Britanny Sheets, plus connue sous le nom de Mars Argo, accuse la chanteuse en vogue Poppy et son manager Titanic Sinclair d’avoir volé son identité. Après une absence de près de 10 ans, Mars Argo a fait son retour musical en mai. Son single intitulé « I can only Be Me » connaît un succès retentissant auprès de ses fans. Ses paroles, « Try to take my identity, And I’ll just create a new one » (« Tente de prendre mon identité, et j’en créerai une nouvelle« ) sont largement interprétées comme une référence directe à son tumultueux passé avec Titanic Sinclair, son ex-petit ami, et ancien membre de Mars Argo.

Mais qui est Mars Argo ?

En 2009, Brittany Sheets et Titanic Sinclair (de son vrai nom Corey Mixter), font une entrée remarquée sur la scène musicale avec leur groupe Mars Argo. Ensemble, ils publient un album intitulé « Technology is a Dead Bird », suivi d’un EP, « Linden Place ».

Mis à part ses deux nouveaux singles sortis en mai dernier, Using You, est l’une des seules chansons réalisées par Mars Argo encore disponible sur Youtube.

Le groupe indépendant suscite un engouement réel et des magazines comme Vice les élèvent au statut de nouvel espoir de la scène indie. Grocerybagtv, leur chaîne Youtube, est également très suivie, notamment grâce à leur série intitulée Computer Show, diffusée de 2009 à 2014. Cette série, qui se présente comme une satire de la pop culture et des réseaux sociaux, met en scène Mars Argo et Titanic dans un décor minimaliste avec un fond blanc, abordant divers sujets.

Seulement voilà, malgré son succès, le groupe se sépare brusquement en 2014, et la quasi-totalité de leur musique est supprimée. Titanic, lui, revient la même année avec le projet « Poppy », qu’il forme avec Moriah Rose Pereira. Dans un format similaire au Computer Show, ils réalisent une série de vidéos abstraites sur une chaîne YouTube intitulée à l’origine « thatPoppyTV ». Ces dernières regorgent de références à Mars Argo. Les fans se mettent à spéculer sur les intentions du projet et demandent à Poppy et Titanic : Where’s Mars Argo ?

Britanny Sheets, elle, reste silencieuse… Jusqu’en avril 2018 où elle dépose une plainte de 44 pages contre Titanic et Poppy pour violation du droit d’auteur et harcèlement. Elle accuse également Titanic de violences physiques.

Des déclarations fracassantes 

Les déclarations de Britanny Sheets dans sa plainte révèlent une histoire troublante. Elle affirme d’une part avoir été victime de « graves abus et manipulations émotionnelles et psychologiques » de la part de Titanic Sinclair (Corey Mixter). Ses allégations font état d’une relation toxique et d’une exploitation de l’artiste avec des conséquences dévastatrices sur sa santé mentale et émotionnelle.

« M. Mixter a commencé à harceler, traquer, menacer et maltraiter à plusieurs reprises Mme Sheets, y compris – mais sans s’y limiter – en menaçant de se suicider, en se présentant à plusieurs reprises à l’improviste à la porte de Mme Sheets, en pénétrant par effraction dans son appartement, en la traquant à chaque mouvement. sur les réseaux sociaux, la dénigrant auprès d’amis communs, de connaissances ou d’autres personnes du secteur, et même l’agressant physiquement. […] À peu près au même moment où M. Mixter harcelait activement Mme Sheets, en novembre 2014, M. Mixter a transformé par une autre femme, Moriah Rose Pereira – connue sous le nom de scène « ThatPoppy » en une contrefaçon de Mars Argo » _ Extrait de la plainte

Selon elle, le duo aurait copié ses chansons, allant même jusqu’à adopter une apparence rappelant étrangement la sienne. Bien que Moriah Pereira ait naturellement les cheveux bruns, après avoir rencontré Titanic, elle aurait teint ses cheveux en blond platine et, en tant que personnage de Poppy, adopté une voix plus aiguë pour imiter la voix de Mars Argo.

Plusieurs comparaisons lors du procès

Crédit : Mars Argo

En réponse aux accusations, Poppy publie une déclaration trois semaines après le dépôt de la plainte. Elle se dit « surprise » par ces accusations, qu’elle qualifie de « campagne publicitaire ».

« Il semblerait que Mme Sheets ait l’intention de lancer une campagne publicitaire autour de son dépôt de plainte et n’était pas intéressée par le fait que nos avocats aient d’abord une discussion sérieuse sur le bien-fondé de ses réclamations » _ Communiqué de Poppy 

Pereira répondra également aux accusation par le biais de son personnage dans une vidéo intitulée Drama. Elle y sous entend que le procès intenté à son égard est une manière pour Britanny Sheets de « devenir célèbre ». « Les gens déménagent à Hollywood pour devenir célèbre. Certains deviennent célèbres mais la plupart ne le deviennent pas. J’aime Hollywood. J’aime être célèbre« .

Finalement, le 14 septembre 2018, le verdict tombe. Le procès a été rejeté après avoir été réglé à l’amiable, et Britanny Sheets obtient une ordonnance restrictive contre Titanic Sinclair. Elle annonce via un post sur Instagram que tous les droits de la marque Mars Argo lui appartiennent désormais.

En décembre 2019, Pereira se sépare officiellement de Titanic. Elle révèlera ensuite avoir été victime de « modèles manipulateurs » de sa part.

Adèle Guilluy

[VIDEO] Quel enjeu diplomatique pour l’Arabie Saoudite au Soudan ?

Au Soudan, où la guerre sévit depuis plus de six semaines, l’Arabie saoudite s’est positionnée en tant que médiateur, aux côtés des Etats-Unis. Déjà présente ces derniers mois sur la scène régionale et même mondial, quel est l’intérêt du royaume Al Saoud dans ce conflit ?

Ces derniers mois, l’Arabie saoudite s’est illustrée diplomatiquement sur la scène internationale : normalisation de ses relations avec l’Iran, tentative de sortie de conflit au Yémen et, plus récemment, l’organisation du sommet de la Ligue arabe durant laquelle la Syrie a fait son retour. Au Soudan, le royaume de la famille Al Saoud joue le rôle de médiateur, aux côtés des Etats-Unis, et multiplie les tentatives de cessez-le-feu entre les deux camps, sans réel succès pour l’instant.

Pour David Rigoulet-Roze, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS, l’Arabie saoudite tend à être un « point d’équilibre » au Moyen-Orient, une force capable de tempérer la région. Cette volonté n’est pas anodine, l’Arabie saoudite ayant besoin d’une certaine stabilité autour d’elle afin de développer son projet économique : Vision 2030.

@celsamasterQuel rôle joue l’Arabie Saoudite dans le conflit au Soudan ?♬ son original – celsamaster

Titouan Allain

Titouan allain

Au procès du Mediator, Axa affronte son ancien client

Ce jeudi, loin de la chaleur écrasante qui enveloppe les alentours du Tribunal de Paris, dans une salle aux bancs ivoires, le président annonce les plaidoiries pour les prévenus dans le dossier du Mediator. Depuis janvier, la responsabilité des laboratoires Servier est de nouveau à l’étude pour déterminer si le groupe a tardé à retirer de la circulation ce médicament anti-diabétique. Il a été prescrit depuis la fin des années 1970 jusqu’en 2009 comme « coupe-faim » et a entraîné de graves pathologies chez les patients, mais aussi la mort de plusieurs centaines d’entre eux.

L’audience s’ouvre sur des bancs clairsemés, du côté du public comme du côté des avocats. « Je me permets de les qualifier d’intermittents de l’audience », lance la défense en préambule, avant d’être reprise par le président. « Le terme « intermittent » signifierait qu’ils sont venus aux moins quelques fois », reprend-il, amusé. « Un scandale sanitaire jugé en appel 14 ans après la suspension du Mediator, et 7 ans après l’ordonnance de renvoi », rappelle l’avocate de la défense, qui défend les salariés des laboratoires Servier. Mais ce jeudi 1er juin, c’est l’ancien assureur Axa qui est au cœur des enjeux. Le groupe d’assurance s’est constitué partie civile, et accuse Servier de ne pas l’avoir informé des risques de détournement des usages du médicament, notamment en raison de son caractère anorexigène. « Oui, le Mediator benfluorex [le nom de la molécule NDLR] a largement été prescrit comme un anorexigène. Pourquoi ? Parce qu’il fonctionnait de manière incroyable ! », ironise l’avocate de l’accusation.

« Nous n’avons pas été informés des risques pourtant répertoriés dès 1997 », affirme la défense

L’alerte sur la déviation de son usage est claire depuis 1997 et en 1998, l’agence européenne du médicament demande une réévaluation des risques. Or, « entre 1989 et 2005, on observe un record de prescriptions ! », tempête-t-elle. Axa invoque également une clause qui ne couvrait pas le laboratoire si le médicament provoquait des troubles. Pour Servier, le benfluorex a seulement été « assimilé à un anorexigène », sans pourtant être un produit défini comme tel. « Rien dans la police d’assurance ne définit ce qu’est un produit anorexigène », affirme la défense. « Je pense à mes confrères », reprend l’accusation. « C’est quand même compliqué de défendre qu’entre 1984 et 2011, on ne soit pas capable d’étayer ce qu’on a dit à son assureur ! Nous n’avons pas été informés des risques pourtant répertoriés dès 1997. »

Pour le laboratoire, Axa fait preuve de déloyauté. « On connaît tous cette assurance qui encaisse des primes et qui invoque telle clause, de tel paragraphe… C’est un classique, les assurances ne veulent pas payer ! », assène-t-elle, avant d’assurer que ces différents n’influent en rien sur les indemnisations aux victimes.

La semaine dernière, l’accusation a requis une amende à hauteur de 200 millions d’euros, dont 182 millions pour « la confiscation du bénéfice », contre le laboratoire Servier. Le délibéré est attendu le 20 décembre prochain.

Lise Tavelet