Corruption dans le tennis : maintenant, place aux arbitres

Après l’athlétisme et le football, c’est le tennis qui est à son tour frappé par la corruption.  Après les révélations faites le mois dernier sur de possibles cas de tricheries de la part de joueurs dans le tennis, c’est maintenant au tour des arbitres.

 

                                              

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                                                                                              Credit Photo : Afp le 09 /02 /2016 

 

The Guardian  a révélé mardi 9 février que deux arbitres avaient été suspendus l’année dernière par la Fédération internationale de tennis (ITF), après avoir été impliqués dans une vaste affaire de paris truqués. Cette affaire intervient moins d’un mois après le soupçon pesant sur 16 joueurs pour corruption et trucage de leurs matchs. Cette fois-ci, c’est au tour des arbitres d’être accusés. Pourquoi les affaires de corruption dans le monde du tennis font-elles si peu de bruit ? Y avait-il des affaires similaires auparavant, passées sous silence ?

Complicité pour validation de points

Le Kazakh Kirill Parfenov et le Croate Denis Pitner ont été suspendus après avoir manipulé des résultats de matchs et fait du parrainage sur des sites de paris sportifs. Le premier a été suspendu à vie en février 2015, et le deuxième suspendu d’un an en août dernier après avoir notamment transmis à un entraîneur une information sur la santé d’un joueur et parié sur certaines rencontres. Selon The Guardian, « ces personnes avaient volontairement tardé à valider les points sur leurs tablettes lors de matchs sous leur supervision pour permettre à des parieurs de placer leur mise en sachant déjà ce qu’il s’était passé. Certains auraient même directement prévenu des complices entre le point et sa validation. » Depuis un accord passé en 2012 entre l’ITF et la société Sportradar, il est désormais possible de parier en live sur des rencontres mineures du circuit.

La réaction tardive de la Fédération international de tennis

La sanction était discrète et l’ITF ne l’a pas rendue public. Mais après l’enquête dévoilée par le quotidien anglais sur ces sanctions, la Fédération internationale de tennis a expliqué que « précédemment, le code de conduite de l’ITF pour les arbitres ne permettait pas de rendre publiques les sanctions concernant les officiels. Ce code a été amendé en décembre 2015 afin de pouvoir le rendre public. »

Pour rappel, en janvier dernier, BuzzFeed et la BBC ont dévoilé une vaste affaire de matchs truqués lors de la décennie écoulée. Parmi eux, 16 joueurs du top 50 mondial ont été signalés au comité éthique du tennis.

                                                                                       

Le tennis est t-il un sport victime du parrainage ?

Plusieurs tennismen se sont exprimés sur ce sujet et la plupart d’entre eux affirment que les matchs truqués sont plus graves que les affaires de dopage. Dans le monde du tennis, on trouve des sportifs de seconde classe qui jouent dans des tournois de secondes zones. Mais très vite, ils sont victimes de leur choix étant donné que la plupart d’entre eux ne font pas partie du top 100 mondial, ce qui les conduit à aller vers les sites de parrainage. Un simple clic, quelques contacts avec des arbitres plus ou moins connus, voilà qui fait de l’argent facile et qui encourage plusieurs tennismen à prendre ce risque. Cette méthode (légale) permet à ces tennismen de seconde classe de payer leurs déplacements (entre 2 et 3 fois par mois), leurs hôtels et leur entraîneur.  Par contre la vie d’un tennisman peut basculer d’un moment à l’autre s’il intègre les grandes tournois de grands Chelem, où les salaires et les récompenses sont meilleurs. Un simple exemple : les trois meilleurs joueurs de tennis du monde Federer, Djokovic ou Nadal gagnent entre 30 et 60 millions d’euro par an. 

Wassim Sabri Alem

Conférence santé: les médecins dénoncent une mascarade

Ce jeudi 11 février, le Conseil économique, social et environnemental accueille la grande conférence de santé. Voulue par la ministre de la Santé Marisol Touraine, elle doit compléter la loi santé promulguée en janvier. Les principaux syndicats de médecins libéraux, eux, n’iront pas et dénoncent une « mascarade ».

 

French Health Minister Marisol Touraine (L) and French Finance Minister Michel Sapin leave the Elysee palace following the weekly cabinet meeting on February 10, 2016. AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP / STEPHANE DE SAKUTIN
AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN

 

Annoncée en mars après la manifestation qui avait réuni entre 19 000 et 40 000 professionnels de santé dans les rues de la capitale, la conférence de santé qui s’ouvre ce jeudi va réunir  plus de 300 représentants de médecins hospitaliers, d’organisations étudiantes, d’infirmiers, de paramédicaux ou de pharmaciens dans les locaux du Conseil économique et social et environnemental (CESE), à Paris. 

Face à des professionnels de santé échaudés par l’adoption en décembre de la loi santé et de sa mesure phare, le tiers payant généralisé, le premier ministre Manuel Valls devrait au contraire annoncer des mesures « consensuelles » destinées à répondre à diverses revendications syndicales en matière de formation ou d’amélioration des conditions d’exercice.

Qu’il s’agisse de l’amélioration de la protection sociale des médecins installés en secteur 1 ou d’une modulation régionale du numerus clausus pour mieux réduire les disparités d’implantation des médecins, ces petits gestes pourraient se montrer insuffisants pour répondre à la colère de médecins libéraux qui avaient été brutalement contraints d’interrompre leur mouvement de protestation contre le tiers payant après les attaques terroristes du 13 novembre.

Preuve de ce mécontentement, seul le syndicat MG France a répondu présent à l’appel du gouvernement. Les autres ont décidé de boycotter la réunion et tenir des assises de la médecine libérale dans un hôtel parisien.  À défaut des médecins libéraux, les représentants des professions paramédicales, des hospitaliers, des jeunes médecins et des patients seront eux présents. Chacun venant avec ses propres doléances. Au total, une vingtaine de propositions devraient être présentées par le Premier ministre ce soir. 

 

ADM avec AFP

 

Running : les courses fun gagnent du terrain

­­S’amuser en courant, c’est le principe du sportainment – contraction de sport et « entertainment ». Ce dimanche pour la Saint-Valentin, Paris accueillera la deuxième édition de la Love Run, une course en duo de huit kilomètres. A l’image de la Color Run ou du Mud Day, ces courses à la fois ludiques et sportives attirent de plus en plus de sportifs dans une ambiance festive.

Color Run à Paris, le 19 avril 2015 / AFP / JOEL SAGET
Color Run à Paris, le 19 avril 2015 / AFP / JOEL SAGET

Elles font passer l’amusement avant l’aspect sportif. Mud Day, Color Run, Spartan Race, Gotballs, Somad ou encore Frappadingue, depuis quelques années, ces nouvelles courses ont fait leur apparition. La dernière née, la Love Run, est organisée ce dimanche dans le bois de Boulogne à Paris. Le principe : courir en couple, attaché par le poignet, sur 8 kilomètres. Décalées et ludiques, ces courses fun mêlant sport et divertissement font florès.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lancé en septembre 2013, The Mud Day – une course de 13 kilomètres de type militaire parsemée d’obstacles -, a accueilli 13 000 participants pour sa première édition. L’année suivante, elle recevait 57 500 participants et plus de 80 000 en 2015. En seulement quatre jours, la Color Run – 5 kilomètres pendants lesquels les coureurs sont aspergés de poudre colorée – a enregistré 12 500 inscriptions lors de son lancement en avril 2014. L’édition 2015 a attiré 23 500 coureurs et 30 000 participants sont attendus pour 2016, indique Alexandre Aldebert, responsable commercial de la Color Run.

Nouvelles courses, nouveaux profils

Les courses fun attirent un public bien différent de celui des courses classiques de type marathon ou semi-marathon. La moyenne d’âge des participants – en majorité des coureurs occasionnels – oscille entre 25 et 35 ans. « Il n’y a pas de compétition, pas de vainqueur. On peut marcher si on estime que c’est trop difficile », indique Ruthy Atlan, organisatrice de la Love Run. « L’objectif est de courir pour s’amuser sans aucune notion de performance, il n’y a pas de chronomètre par exemple », explique Alexandre Aldebert.

Autre spécificité : la présence, plus importante que sur les courses classiques, des femmes. En moyenne, le marathon de Paris compte 25% de participantes. Le Mud Day en attire 30%, contre 50% pour la Love Run et 67% pour la Color Run. « Mise à part la Parisienne, il n’y avait pas beaucoup de courses pour les femmes avant les courses fun », observe Alexandre Aldebert. Pour Aurélie Bargat de Mud Day, l’engouement s’explique aussi par les valeurs véhiculées par ces nouvelles courses : « Les participants viennent relever un défi, mais contrairement aux courses classiques, ils recherchent aussi un esprit de solidarité, de partage et de convivialité ».

Nouveau business ?

Courir tout en s’amusant, ce n’est pas gratuit. L’inscription coûte plusieurs dizaine d’euros : comptez par exemple 30€ pour la Love Run, 40€ pour la Color Run et entre 45 et 78€ pour le Mud Day. Aucun responsable de ces trois courses n’a souhaité nous communiquer le chiffre d’affaire réalisé par ces événements. Toutefois, dans un article publié en 2014, Challenges estimait à 1,5 million d’euros le chiffre d’affaires réalisé par Amaury Sport Organisation, responsable du Mud Day, et à 500 000€, le chiffre d’affaires de la première Color Run.

« Le budget moyen pour organiser la Color Run varie entre 200 000 et 500 000€. En tant qu’organisateur, on ne gagne pas beaucoup d’argent. Contrairement aux idées reçues, le chiffre d’affaires n’est pas énorme », se défend Alexandre Aldebert. « C’est encore tout nouveau, nous sommes davantage sur de l’investissement que sur de la rentabilité », concède Ruthy Atlan, responsable de la Love Run.

 

Léo Pierrard

« Les innocentes », la tragédie secrète de nonnes polonaises

Le dernier film d’Anne Fontaine, « Les innocentes », raconte le viol d’un couvent au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Dans une atmosphère pesante et austère, ce drame historique questionne la foi et rappelle que le viol est aussi une arme de guerre. Critique.

Pologne, 1945. Dans un couvent reculé au cœur de terres enneigées, des nonnes vivent sous le poids du secret et de la honte. Pour elles, la fin de la guerre a marqué le début des atrocités. Enceintes et sur le point d’accoucher, une dizaine de ces sœurs portent en elles le fruit de viols collectifs et répétés, commis par des soldats russes en route pour Berlin. Mathilde Beaulieu, une jeune aide-soignante française ayant arrêté ses études pour s’engager dans la Croix-Rouge, va leur venir en aide, jusqu’à ce que la vie renaisse.

Comment ne pas perdre sa foi face à la violence de l’homme ? C’est la question que pose ce film basé sur des faits réels. D’une esthétique travaillée à la beauté froide et austère, il dénonce ces crimes de guerres oubliés. Pour préserver l’honneur de son couvent, la Mère ira jusqu’à mettre en danger la vie des sœurs et de leurs enfants.

Lou de Laâge, magistrale

Dans son dernier long-métrage, la réalisatrice Anne Fontaine met en scène la rencontre de deux univers que tout oppose, celui de l’aide-soignante, non croyante, farouche et indépendante, et celui du couvent. Mathilde Beaulieu, cette jeune femme de 25 ans, va progressivement gagner la confiance des sœurs au quotidien rythmé par les prières et le silence. Peu à peu, une relation va s’établir, une complicité apparaître. Déjà saluée dans « Respire » de Mélanie Laurent, Lou de Laâge livre ici une performance magistrale, pleine de justesse et de retenue, confirmant ainsi son statut de jeune espoir du cinéma français.

« Les innocentes » nous confronte à la barbarie de l’homme. Il est pourtant empli d’humanité. « On dénonce plus quand on fait ressentir les choses de l’intérieur », confiait récemment la réalisatrice Anne Fontaine à Allociné. L’effet est réussi. Le spectateur est confronté à une violence indicible, presque exclusivement suggérée, ce qui accentue encore sa brutalité.

Laura Daniel