Prix Goncourt : comment gagner, en 4 points

Le 3 novembre prochain, l’Académie Goncourt attribuera son 114ème prix littéraire à l’un des huit écrivains francophones déjà sélectionnés. Mais en plongeant dans les archives de l’un des prix les plus convoités du pays, nous nous sommes aperçus que gagner ne dépend finalement pas de grand chose. Quatre critères, tout au plus.

Huit candidats, huit prétendants. Cette année, six hommes et deux femmes peuvent gagner le prix Goncourt. Si certains critiques tentent de deviner le futur vainqueur, il ne s’agit souvent que de conjectures que trop peu fiables. Pourtant, c’est simple comme bonjour : pour avoir une chance, en premier lieu, il suffit d’être un homme. Cette année, Catherine Cusset et Leïla Slimani partent donc avec un temps de retard, et ça n’a rien à voir avec leurs romans respectifs.

Lorsque l’on passe en revue les profils des cent-treize précédents gagnants, une caractéristique commune se distingue : la très grande (très très) majorité des lauréats est blanche. Un bon point pour la représentativité de la population francophone!

Un homme blanc, d’accord, mais si il a entre 30 et 50 ans, c’est mieux. Dans l’édition 2016 du Goncourt, seuls Gaël Faye, Leïla Slimani et Jean-Baptiste Del Amo ont l’âge requis.

Enfin, et ça a son importance : l’éditeur. Être publié chez Gallimard ou chez La Plume, ça change pas mal de choses dans les résultats finaux. Depuis 1903, date du premier prix Goncourt, 31% des lauréats avaient Gallimard pour éditeur.

 

Et en cette année 2016, parmi les prétendants…

 

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…Nous avons un vainqueur

 

 

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Harry Potter : Quand le succès des livres dépasse celui des films

Le sorcier le plus célèbre de notre temps fait son retour en libraire. Harry Potter et l’enfant maudit sera disponible dès demain, pour le plus grand bonheur de ses fans. Le huitième volet écrit sous forme de pièce de théâtre sera-t-il, comme les précédents, adapté au cinéma ? Si l’on parle en terme de recettes, c’est fort probable puisque les huit opus cinématographiques ont rapporté plus de 7 milliards d’euros au box-office, soit une moyenne de 900 millions de dollars par film ! Mais contrairement à ce que l’on peut penser, ce sont les livres qui génèrent le plus de bénéfice : Harry Potter c’est 450 millions d’exemplaires vendus à travers le monde pour plus de 14 milliards de dollars de recettes.

Le premier tome, publié initialement à 5000 exemplaires, s’est écoulé à 120 millions d’exemplaires à travers le monde, générant plus de 2 milliards de dollars de recettes. Le film sorti en 1999 a fait quant à lui un peu moins d’un milliard de dollars de recettes. La tendance reste la même pour les six opus. Quant aux huitième volet paru en version originale le 31 juillet 2016, il s’est déjà écoulé à plus de 2 millions d’exemplaires en Amérique du Nord et 40 000 dans l’hexagone, quelques semaines seulement après sa sortie.

En France, cette tendance se vérifie mais elle est toutefois beaucoup moins contrastée. En effet, le septième livre d’Harry Potter a généré 63 millions d’euros de recettes, contre plus de 61 millions pour le film.

 

Valentine Leboeuf et Alexis Perché

Méthodologie :

Nous avons trouvé les chiffres :
des recettes des films dans le monde entier et du nombre d’entrées en France sur CBO Box office

du nombre d’exemplaires vendus dans le monde sur l’AFP nous avons contacté l’édition Gallimard jeunesse (Edwige Pasquet) pour avoir le nombre d’exemplaires vendus en France par tome.

Pour que tout soit en dollars et ait la même valeur :

nous avons multiplié le nombre de livres vendus par le prix moyen d’un livre à sa sortie soit 19,3 dollars et 21 euros (calculé à partir des prix de la Fnac, Amazon, Cdiscount et Ebay).
Le calcul n’a pas été possible pour le 7e volet puisque le chiffre des ventes disponible ne s’applique qu’à l’année 2008, soit un an après la sortie du livre.

pour calculer la recette des places vendues dans les cinémas français, nous avons multiplié le nombre d’entrées par le prix moyen d’une place de cinéma soit 9,50 euros (calculé à partir des prix normaux au CGR, MK2 et Gaumont Pathé).

Nous avons effectué deux graphiques qui comparent les recettes des entrées au cinéma de chaque film et les recettes des ventes de chaque livre en France et dans le monde entier.

Prix Nobel de Littérature : qui sont les lauréats depuis sa création ?

Bob Dylan est le prix Nobel de littérature pour 2016. Son nom s’ajoute à la longue liste des écrivains primés par la célèbre académie suédoise. L’occasion de revenir sur le profil des lauréats depuis la création du prix, en 1901. Le constat est sans appel : le Nobel est souvent un homme issu d’un pays européen.

Alors, sexiste le prix Nobel? En tout cas, les femmes sont très minoritaires. Seulement 8% des lauréats sont des lauréates. En France, sur les 15 écrivains primés par l’Académie des Nobel depuis 1905, il n’y a tout simplement aucune femme.

Le Nobel reste très centré sur la littérature occidentale. Les Nobel viennent majoritairement du Vieux Continent : 75% des lauréats sont européens. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède font partie du peloton de tête. Seuls les États-Unis parviennent à les concurrencer : ils sont deuxième au classement des pays les plus primés.

Certains continents sont très peu représentés : l’Afrique ne compte par exemple que 4 lauréats, dont deux sont des sud-africains blancs (J.M.Coetzee et Nadine Gordimer).  L’Asie n’en a que 6, alors que ce continent abrite près de 60% de la population mondiale. La Chine, malgré ses 1,5 milliard d’habitant, ne compte qu’un seul Nobel : Mo Yan, primé en 2012.

 

Quant aux langues, on constate sans surprise la domination de l’anglais : 26 lauréats écrivent dans cette langue. Suivent le français et l’allemand.

Le quotidien à Saint-Denis : ni terreur permanente, ni harmonie parfaite

“Molenbeek sur Seine”, “prosélytisme”, “intégrisme”. Les mot utilisés par la reporter Nadjet Cherigui dans son enquête sur Saint-Denis (93) parue dans le Figaro Magazine ont choqué certains résidents de la ville. Des dizaines d’entre eux ont publié une tribune dans Libération, Médiapart et l’Humanité nommée “Notre fierté de vivre à Saint-Denis”. Artistes, journalistes, militants associatifs y décrivent une commune “où se croisent les mondes, où la vie culturelle foisonne”. Dans les rues de la ville, Blancs, Noirs, Arabes, étudiants, travailleurs ou retraités décrivent un quotidien plus nuancé.

Au marché de Saint-Denis, la plupart des passants n’ont pas entendu parler de l’article du Figaro Magazine. Quand on leur demande ce qui caractérise leur vie ici, les mots qui reviennent ne sont pas “islam” et “communautarisme”, mais plutôt “saleté”, “trafics”, “insécurité”. Ici, beaucoup de femmes sont voilées, mais elles sont loin d’être majoritaires. Des marchands de tapis côtoient des coiffeuses afro. Des hommes en chéchia (chapeau traditionnel musulman) et djellaba font la quête pour une mosquée et des femmes distribuent des tracts de l’Église évangélique.

Sous la halle du marché de Saint Denis
Sous la halle du marché de Saint Denis
Une boutique de beauté africaine rue de la République
Une boutique de beauté africaine rue de la République

Aucun des Dionysiens rencontrés dans les allées du marché ne cite la propagation de l’islam radical comme le premier problème qui impacte le quotidien. “Je n’ai pas d’ennuis, je blague avec les gens de toutes les couleurs quand je vais au marché”, raconte Gérard Potvin, un ambulancier à la retraite. “Mais ça m’embête que ça soit aussi sale, qu’il y ait toute cette contrebande, de cigarettes, de téléphones, de bijoux…”.

 

“Je ne fais pas l’amalgame, pas encore…”

Tous ne considèrent pas que les différentes communautés vivent en parfaite harmonie. “Les questions religieuses, je m’en fiche.”, précise d’abord une retraitée qui préfère rester anonyme. “Mais j’ai l’impression que les autorités locales nient la réalité. Il y a de l’insécurité. Je me suis faite agresser deux fois par des bandes, tabasser, voler mon sac. Des jeunes inconnus m’ont insultée parce que je suis Blanche. Je ne fais pas l’amalgame, pas encore, mais c’est dur.” 

Mounir Othman, comédien et membre d’un collectif de parents d’élèves du Nord de la ville, a quant à lui signé la tribune pour défendre l’image de Saint-Denis dans les médias. “C’est une ville-monde, et ça c’est une vraie richesse. Dire qu’il y a du communautarisme, c’est faux. Je suis de culture musulmane, mais ma famille est athée et il n’y a aucune pression sur nous. C’est même pas un sujet pour les habitants de mon quartier.” Là-bas, d’autres thèmes font débat : “Dans les écoles, les professeurs ne sont pas remplacés, la poste est surchargée, les bus ne passent jamais. Mais ça, c’est moins vendeur pour les journaux que le danger de l’islam.” Laura Belhadjer, une étudiante de 22 ans, décrit une ville “colorée”, et évoque sa bande d’amis “de cultures très différentes, reliés par les études, les problèmes quotidiens, et pas par une religion ou une origine”. Elle porte le voile, et se dit “dégoûtée” par la une du Figaro Magazine, qui “stigmatise”.

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La file d’attente à la charcuterie du marché de Saint-Denis

 

La diversité, un défi mais pas un problème

Le prêtre Jean Courtaudière, qui travaille à Saint-Denis depuis treize ans, a été cité dans l’article Figaro Magazine. Il juge l’article “plutôt équilibré” mais regrette le choix des photos et des titres : “c’est de la manipulation de l’opinion. Le photographe a dû se balader longtemps pour trouver les jeunes femmes portant un voile intégral. Il n’y en a nulle part ici”. Cet homme au ton chaleureux est responsable du dialogue entre la religion chrétienne et les autres religions dans le 93. “Oui, il y a beaucoup de musulmans ici, parce qu’il y a beaucoup de populations issues de l’immigration. Est-ce un mal ? Non ! Mais c’est vrai qu’il y a des courants salafistes qui essayent d’influencer les musulmans de Saint-Denis”. Selon lui, preuve en est le nombre croissant de femmes voilées dans les rues : “des  croyantes défendent le voile avant la conviction religieuse, cet affichage peut être vu comme un signe de radicalisation.” 

Pour lui, la diversité est un défi mais pas un problème. “Ce mélange, c’est extraordinaire, mais ça demande des efforts, il faut apprendre à accepter les différences de croyances, de culture.”  Si la religion musulmane se fait plus visible, qu’elle se développe dans l’espace public, ça n’est pas pour autant que les gens ne vivent pas ensemble : “à l’école, au travail, au sport, les gens se mélangent, sans se poser la question des origines, des religions.”

 

Célia Laborie