Second tour de la présidentielle : à Sciences Po, Les Républicains fidèles à leur candidat

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Dans la prestigieuse école de Sciences politiques de Paris, la campagne présidentielle ne laisse pas les étudiants indifférents. L’association politique comptant le plus d’adhérents est celle des Républicains Sciences Po. Ses membres sont souvent déçus du résultat du premier tour, mais les représentants fraîchement élus appellent à suivre les indications de l’ancien candidat LR François Fillon en votant pour Emmanuel Macron.

La rue Saint-Guillaume, située dans le septième arrondissement de Paris, est une petite rue tranquille où l’on n’entend peu le bruit des voitures. La plupart des passants sont des étudiants, qui arrivent à pied, en fouillant dans leur sac pour trouver leur carte, passe-droit les autorisant à entrer dans l’une des écoles les plus prestigieuse du pays.

Il est presque dix heures en ce mercredi matin devant l’Institut des études politiques (IEP) de Paris, la fameuse Sciences Po. Sous un léger crachin printanier, et malgré la semaine d’examen, plusieurs étudiants sortent régulièrement le temps d’un café ou d’une cigarette. Seul signe du tumulte de l’entre-deux tours présidentiel la librairie de l’école, sur le trottoir d’en face, met en avant les livres sur les deux candidats.

Parmi les étudiants interrogés, la plupart compte voter pour Emmanuel Macron. « Pour faire barrage au Front national », confie par exemple Quentin, étudiant blond aux lunettes carrées. « C’est un bien triste choix qu’il nous reste pour ce deuxième tour. Je ne voudrais pas que Macron pense que les électeurs adhèrent à son programme », ajoute-t-il.

Les Républicains, très bien représentés à Sciences Po

Le 24 avril, Quentin avait choisi François Fillon, par fidélité aux Républicains. « J’avais voté pour Alain Juppé aux deux tours de la primaire de la droite, mais c’est François Fillon qui a gagné. J’ai respecté les règles du jeu en votant pour lui, mais je pense que son programme était trop clivant, trop à droite. Même sans les ‘affaires’, il aurait eu du mal à rassembler », explique-t-il.

Quentin n’est pas seul à défendre les idées des Républicains dans son école. Le jeune homme est d’ailleurs adhérent de l’association Les Républicains de Sciences Po, le plus important rassemblement politique de l’école. Le tout nouveau président du bureau a été élu mardi. Omar Ben Abderhman est aussi le plus jeune délégué de France, élu aux côtés de Laurent Wauquiez en Haute-Loire, sa région d’origine. De petite taille, le jeune homme se tient droit et parle fièrement de son association : « Nous représentons Les Républicains au sein de l’école, mais nous sommes indépendants du parti national LR. C’est une association étudiante avant tout. Le but est de se rassembler pour parler de politique : économie, société… Nous abordons tous les sujets lors de café-discussions ou d’événements. »

Une association active

L’association compte 170 adhérents sur 13 000 étudiants. Au fil des ans, elle a acquis une certaine influence et la reconnaissance d’élus. La marraine de l’association est la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. « Les élus nous connaissent. Cela nous permet d’inviter des gens intéressant, pas seulement des Républicains », raconte son président.

Lors de la dernière conférence qui s’est tenue le 18 avril, organisée conjointement par Les Républicains Sciences Po et La Péniche, le journal de l’école, plusieurs journalistes s’étaient déplacés pour évoquer le rôle des médias dans la présidentielle. Parmi eux, la journaliste Audrey Pulvar, le directeur de Valeurs Actuelles Yves de Kerdrel et Remy Buisine, journaliste à « Brut », un média publiant exclusivement sur les réseaux sociaux. « L’an prochain nous souhaitons développer un maximum de partenariats« , explique Omar Ben Abderahmen.

Lors de l’élection présidentielle, un tel bureau est évidemment particulièrement sollicité. Pour le second tour, les étudiants ont suivi la directive de leur candidat. L’ancien bureau avait fait une circulaire pour appeler à battre Marine Le Pen après le premier tour. « Je sais que certains vont s’abstenir ou voter blanc. On ne les juge pas. On donne juste notre avis », explique le jeune président avant de rappeler : « Nous sommes avant tout une association étudiante. »

Louise Boutard

Russie : peine confirmée pour l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny

Un tribunal russe a confirmé mercredi la condamnation à cinq ans avec sursis pour détournement de fonds de l’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny. Déterminé à se présenter à l’élection présidentielle prévue en 2018, le blogueur anticorruption pourrait voir ses projets mis à mal par la confirmation de sa peine.

En février, Navalny a été reconnu coupable du détournement de 400 000 euros au détriment d’une société publique d’exploitation forestière alors qu’il était consultant du gouverneur libéral de la région. La cour régionale de Kirov a rejeté ce mercredi l’appel du blogueur.

Alexeï Navalny, considéré comme le principal opposant au Kremlin, dénonce un procès monté de toutes pièces par le gouvernement russe pour l’éloigner de la scène politique.

Malgo Nieziolek

Un centaine de cinéastes français se positionnent contre le Front national

La Cinéaste française fait parti des signataires de cette pétition anti-FN @CreativeCommons
La Cinéaste française fait parti des signataires de cette pétition anti-FN @CreativeCommons

Une centaine de cinéastes français se sont mobilisés dans une tribune parue mardi contre le Front national dont l’arrivée au pouvoir serait, pour eux, « une épouvante et une désolation » avec « la censure érigée comme principe » pour la culture.

La mobilisation du monde de la culture a été tardive. Parmi les signataires de cette tribune parue sur le site du Huffington Post, figurent des grands noms du cinéma français comme Costa-Gavras, Bertrand Tavernier,Agnès Varda, Cédric Klapisch, Jacques Audiard ou encore Pascale Ferran. « L’arrivée du Front national au pouvoir serait une épouvante et une désolation », écrivent-ils, dénonçant aussi la politique culturelle de l’extrême droite qui cherche « à faire interdire la diffusion de certaines oeuvres ».

« C’est aussi cela le Front national: la censure érigée comme principe, la mise sous tutelle de la presse, la disparition de certains livres dans les bibliothèques, de certaines oeuvres d’art dans les expositions, de pièces de théâtre ou de films dans les salles », dénoncent les signataires.

Leurs craintes portent également sur les risques de stigmatisation et de violence que pourrait engendrer une victoire de Marine Le Pen (FN) à la présidentielle. Selon les signataires, l’arrivée de Marine le Pen au pouvoir « libérerait le nuage d’énergies toxiques qui plane déjà au-dessus de nos têtes. Et la haine d’une fraction (ou d’une faction) de ses électeurs envers les étrangers, les homosexuels, les juifs, les arabes, les noirs ». (…) « Le risque est grand que la violence verbale, déjà à l’oeuvre sur les réseaux sociaux de la part de la fachosphère, se transforme en actes envers tout ou partie de ceux-là », pointent-ils.

Mardi soir, un millier de représentants du monde de la culture, dont le pianiste Alexandre Tharaud et l’humoriste Christophe Alévêque, ont participé en présence de la ministre Audrey Azoulay à un rassemblement contre le FN à Paris, à l’appel d’une soixantaine d’organisations notamment syndicales.

Gaël Flaugère (avec AFP) 

 

Venezuela : la proposition d’une nouvelle Constitution attise le feu de la contestation

La dernière annonce du président vénézuélien Maduro lundi de créer une nouvelle Constitution a fait monter d’un cran le mécontentement populaire qui se manifeste depuis des semaines. Les opposants organisent ce mercredi à une « méga-manifestation » contre ce projet, dénonçant une manoeuvre pour repousser les élections et s’accrocher au pouvoir.

Serait-ce la mesure de trop ? L’annonce faite lundi par le président vénézuélien Nicolas Maduro de créer une nouvelle Constitution, destinée à remplacer celle de 1999 instaurée par son prédécesseur et mentor Hugo Chavez, a enflammé l’opposition. Les contestations ne se sont pas fait attendre, dans un climat déjà très tendu, alors que les manifestations appelant à la destitution du président sont quasiment quotidiennes depuis un mois.

Les anti-Maduro ont rapidement dénoncé une « tentative de coup d’état » et une « tactique trompeuse » maquillant, derrière la perspective d’une sollicitation citoyenne et populaire, une « manoeuvre politicienne ». Ces critiques visaient notamment un décret signé par le président, destiné à convoquer une assemblée constituante « populaire » chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Les 500 membres qui la composeraient ne représenteraient « pas une Constituante des partis ni des élites », a déclaré le chef de l’Etat, mais « une Constituante ouvrière, communale, paysanne, une Constituante féministe, de la jeunesse, des étudiants, une Constituante indigène, mais surtout, mes frères, une Constituante profondément ouvrière, profondément communale », a-t-il poursuivi.

Dans une déclaration, les parlementaires ont dénoncé la perspective d’une « Assemblée constituante sélectionnée frauduleusement » qui permettrait au gouvernement d’obtenir « le contrôle de tous les pouvoirs ». La nouvelle Constitution serait surtout, selon les opposants du chef de l’Etat, un moyen de gagner du temps, alors que le président Maduro, rejeté par 70% de l’opinion, n’a jamais été aussi impopulaire.

Crise économique et politique

Il faut dire que la confiance envers le gouvernement est au plus bas depuis le 30 mars, jour où la Cour Suprême, favorable à Nicolas Maduro, a levé l’immunité parlementaire. Elle s’est également octroyée les pouvoirs du Parlement, seul organe où l’opposition est majoritaire. La mesure, revenant dans les faits à concentrer les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires dans les mains du président, avait soulevé la colère des opposants au régime et de nombreuses critiques sur la scène internationale. Finalement abandonnée 48 heures plus tard, cette tentative n’a pas été oubliée par les anti-Maduro, qui y voient la preuve d’une dérive dictatoriale.

Ces derniers événements n’ont fait qu’accélérer la grave crise politique que traverse le Vénézuela depuis l’accession de M. Maduro au pouvoir en 2013. Après avoir connu une période prospère sous Hugo Chavez grâce à ses ressources pétrolières, le pays connaît actuellement une grave crise économique avec la chute des cours du brut. L’inflation vénézuélienne est la plus forte au monde, et les pénuries en denrées de bases et en médicaments empoisonnent la vie des habitants.

Une « méga manifestation »

Pour manifester leur colère, les opposants à Maduro ont appelé à descendre dans la rue. « Cette pantomime que [M. Maduro] veut organiser ne peut pas nous enlever notre plus grande force, celle du peuple dans la rue », a déclaré Freddy Guevara, vice-président du Parlement.

Dès lundi, des barricades fabriquées avec des déchets et des poubelles ont été érigées pour bloquer des rues de Caracas. Ce mercredi, les anti-Maduro doivent se rassembler lors d’une « méga-manifestation » sur une autoroute de l’est de la ville sous le mot d’ordre « Contre la fraude constituante ».

Le recours à la rue tourne à l’insurrection depuis le 1er avril. De violents affrontements éclatent fréquemment entre les forces de l’ordre et les manifestants. Lancés de pierre, grenades de gaz lacrymogène ou cocktails Molotov se répondent d’un camp à l’autre, dans des défilés émaillés de heurts et de pillages. En un mois, 29 personnes ont trouvé la mort dans ces affrontements et plusieurs centaines ont été blessées. Reste à savoir si les manifestants obtiendront gain de cause, soit la destitution de M. Maduro et la mise en place d’élections anticipées.

Emilie Salabelle