VIDEO. «On n’est pas couché»: Christine Angot en colère, Sandrine Rousseau en larmes, un «naufrage télévisuel» (Sophie)

MALAISE Un clash entre Sandrine Rousseau et Christine Angot, tronqué au montage, incompréhensible pour le téléspectateur… Anne Demoulin

Malaise sur le plateau d’On n’est pas couché. Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie-Les Verts, était venue présenter sur le plateau de Laurent Ruquier son nouveau livre. dans cet ouvrage intitulé Parler, elle raconte avoir été la victime de Denis Baupin, qui l’aurait agressé sexuellement et invite les femmes victimes de violences sexuelles à briser « la loi du silence ». Un passage particulièrement attendu puisque L’Express avait dévoilé que Christine Angot avait quitté le plateau lors de l’enregistrement de l’émission en jetant ses fiches et son verre d’eau, bruyamment huée et que la production avait informé 20 Minutes que le départ de Christine Angot du plateau ne serait pas diffusé pour « faire preuve d’élégance ». Au final ? La séquence tronquée, diffusée ce samedi sur France 2, était juste gênante. Explications.

« Moi je retourne dans ma loge », l’incompréhensible colère de Christine Angot

Pour les deux femmes mises face à face sur le plateau, la question des violences sexuelles est très sensible. Christine Angot a été violée par son père durant son enfance. Un traumatisme qu’elle a raconté dans le livre L’Inceste. Dans la séquence diffusée, le ton entre les deux femmes monte (à partir de 6’ 30” dans la vidéo ci-dessus) alors que Sandrine Rousseau explique avoir mis en place une cellule d’écoute contre le harcèlement. « Les victimes peuvent appeler les personnes qui ont été formées pour accueillir la parole », a-t-elle ajouté. « Former pour accueillir la parole ?, réplique immédiatement Christine Angot, visiblement consternée et en colère. Mais qu’est-ce que j’entends ? Arrêtez de dire des trucs comme ça ! Attendez, moi je retourne dans ma loge, je ne peux pas entendre des trucs comme ça. C’est un bla bla ». Le montage ne permet pas de comprendre correctement la colère de Christine Angot.

Au plan suivant, on découvre Sandrine Rousseau, les larmes aux yeux. Christine Angot, furieuse, lui lance : « On ne traite pas dans un parti politique la question des agressions sexuelles, enfin ! ». Les sanglots dans la voix, Sandrine Rousseau souligne qu’au sein d’EELV, « personne ne l’a écoutée », devant une Christine Angot plus remontée que jamais. « Évidemment, il n’y a personne pour écouter ce message. On se débrouille ! C’est comme ça ! »

« J’ai écrit mon histoire ! », pleure Sandrine Rousseau

La tension monte encore d’un cran quand Yann Moix lance que le livre tient plus du discours politique que du témoignage. « Ce livre parle d’un problème sociétal. Mais doit-on tenir des discours ou plutôt livrer une parole ? (…) Les hommes politiques sont dans un autre univers, dans un autre cosmos que celui du discours ». Une remarque qui fait bondir Sandrine Rousseau. « Je ne peux pas l’entendre. J’ai écrit mon histoire ! », hurle-t-elle, en sanglots.

S’ensuit un débat sur la féminisation des mots. « Les mots sont beaucoup plus importants que les procédures, explique la chroniqueuse du talk-show. En fait, vous voulez agir sur les mots mais, vous ne voulez pas que les mots agissent sur vous. Or c’est les mots qui agissent sur nous », défend Christine Angot, qui refuse la féminisation du mot « écrivain ».

Comme prévu, le départ du plateau de Christine Angot sous les sifflets du public n’est pas apparu à l’écran. « Éditioralement, ce bref passage n’apporte rien sur le fond. À l’heure où plus rien ne s’efface, la production a en effet préféré ne pas diffuser cette séquence et faire preuve d’élégance », expliquait vendredi à 20 Minutes Tout sur l’écran, la société qui produit l’émission de France 2.

In fine, en regardant la séquence diffusée sur la chaîne publique : on ne comprend pas la colère de Christine Angot. Ce qui dessert la chroniqueuse.

Pire encore, Sandrine Rousseau, qui, initialement venait inciter les femmes victimes de violences sexuelles à briser « la loi du silence », apparaît en larmes ou au bord des larmes dans la quasi-totalité du passage. A l’écran, donc, les téléspectateurs ont perçu « l’hystérie » de Christine Angot et une invitée « poussée à bout », « comme si elle était coupable d’avoir parlé ».

La cause des femmes victimes de violences sexuelles n’est pas sortie particulièrement grandi par la diffusion de cet échange tronqué. Peut-être que « l’élégance » aurait été tout simplement de couper l’intégralité de la séquence ?

La justice portugaise demande l’expertise « psy » d’un mort (Sophie)

Pour résoudre une affaire de gros sous, un tribunal portugais s’est lancé dans l’expertise psychiatrique d’un homme décédé depuis 2 ans.

La justice portugaise serait-elle malade ? Mardi, un tribunal du sud du Portugal a officiellement demandé à un hôpital l’expertise psychiatrique d’un homme décédé depuis deux ans dans le but de résoudre une affaire d’héritage, a-t-on appris auprès de cet établissement. Ana Matos Pires, la directrice du service de psychiatrie du centre hospitalier de Beja (sud) témoigne :

« A la mi-janvier, quand j’ai reçu la notification pour effectuer l’expertise, c’était tellement ridicule, en 25 ans de carrière je n’avais jamais vu ça! »

Manque de moyens

Ne disposant que de trois instituts autorisés à réaliser ce genre d’examen, les magistrats portugais mettent souvent à contribution les services de psychiatrie des hôpitaux publics pour répondre à l’afflux de demandes de la justice. Face à cette requête, la directrice a simplement répondu qu’elle était dans l’impossibilité de réaliser l’expertise.

Au Portugal, les expertises psychiatriques coûtent 400 euros. « J’aurais pu être cynique, aller devant la tombe de cet homme, poser quelques questions et envoyer mon rapport, mais j’ai voulu épargner le ministère de la Justice de cette dépense », a confié en riant la psychiatre.

 

Au rayon jeunesse, Martine s’éloigne lentement de sa cuisine

Quels clichés transmet-on aux enfants par la lecture ? / crédit : Louise Boutard
Quels clichés transmet-on aux enfants par la lecture ? / crédit : Louise Boutard

Dans les albums jeunesse, les rôles de l’homme et de la femme sont souvent répartis de façon traditionnelle. De même, les qualités que garçons et filles sont encouragés à développer développent les clichés de chaque genre. Pourtant, quelques maisons d’édition s’attaquent à ces clichés.

Une jeune princesse dans sa jolie robe blanche. Emue, dans son château, à l’idée d’épouser bientôt son prince charmant. Mais un jour, un dragon apparaît. Il attrape le beau prince charmant par la peau des fesses et d’un jet de flammes, il brûle la jolie robe. La belle, désormais en guenilles, part alors à la recherche de son dulciné afin de botter le derrière du vilain dragon.

La Princesse et le dragon, est l’un des contes peu ordinaires que l’on peut lire aux éditions Talents Hauts. La maison d’édition est spécialisée depuis sa création (entre autre) dans le militantisme féministe. Son catalogue comprend désormais 44 albums jeunesse, mais également des ouvrages pour les adolescents.

Son combat s’étend désormais à d’autres discriminations, afin de diversifier le contenu et de garder un lectorat. « Talents Hauts propose des albums et des romans antisexistes qui sont tout aussi beaux, drôles, poétiques, etc. que les autres livres, mais qui ne laissent pas de place au sexisme, explique Justine Haré. Nous recevons plus de 1.500 manuscrits par an et chaque semaine, des illustrateurs proposent leurs books… Cette littérature parle à beaucoup de monde. » raconte Justine Haré, éditrice chez Talents Hauts. Mais la petite maison d’édition indépendante, n’est pas la seule à résister encore et toujours.

Un mouvement « lent et silencieux »

Les albums « anticlichés » ont vu le jour dans les années 1960. Ils initient un mouvement lent et discret vers une déconstruction des clichés. En France, Adela Turin est l’une des figures militantes de ce mouvement. Son album le plus connu, paru en 1975, est iconique. Rose bonbon raconte l’histoire d’une jeune éléphante différente : elle est grise comme les mâles, et non rose comme les autres jeunes femelles. De plus, elle refuse de porter des collerettes et de vivre dans un enclos. Bientôt, les autres éléphantes l’imitent et viennent s’amuser librement. « Les éditeurs et les auteurs  indépendants et militants ont été les premiers à proposer des modèles différents », raconte Doriane Montmasson, chercheuse en sociologie, spécialiste de la réception de la littérature jeunesse.

Désormais, il semblerait que les tabous soient de moins en moins présents, notamment dans la représentation des parents. Quelques collections mettent en lumière cette évolution. C’est le cas de « T’choupi » qui existe depuis 1997. En 2012, son père s’est mis à la cuisine, et l’on voit sa mère revenir de l’extérieur. Des détails hautement symboliques.

Les livres jeunesse féministes sont arrivés... et les garçons ?/crédit : Louise Boutard
Les livres jeunesse féministes sont arrivés… mais pour quel succès ?/crédit : Louise Boutard

Les clichés ont la peau dure

L’offre jeunesse est l’une des plus prolifiques. Les publications sont nombreuses et variées. Pourtant, il suffit d’entrer dans n’importe quel rayon jeunesse pour constater que les ouvrages reproduisant les stéréotypes de genre sont les plus nombreux. Certaines collections divisent même leur public avec une partie destinée aux garçons et l’autre aux filles.

C’est le cas de la collection « Petit Ange parfait » et « Petite Princesse parfaite ». « Ces doubles collections auraient pu être une bonne idée, estime la sociologue Doriane Montmasson, on a une histoire semblable dans laquelle chacun peut s’identifier au héros/à l’héroïne. Sauf qu’on ne renvoie pas les mêmes normes. La petite fille est culpabilisée, on lui apprend à ne pas trop manger. En revanche le garçon a le droit d’être gourmand car il part se dépenser en jouant dehors. »

Ce type d’album se vend très bien. Il est le reflet d’une autre forme de militantisme, inverse à la volonté de Talent Hauts. Un courant prônant le retour aux valeurs genrées traditionnelles. Les maison d’édition telles que Talent Hauts en subissent des conséquences en magasin, mais aussi dans leur quotidien.

« Nos livres sont régulièrement la cible d’associations type Salon beige (blog catholique d’actualité NDLR) ou « Manif pour tous »… raconte Justine Haré, de Talents Hauts. Nous avons reçu notre lot de mails haineux ou de courriers mal intentionnés, mais globalement, ils ne vont pas au-delà. » Malgré ces clivages, les différents acteurs du milieux affirment que les albums visant la parité sont de plus en plus nombreux.

Une question de point de vente

Pour les éditeurs, il existe une réelle rupture en fonction des lieux où sont achetés les livres. Les librairies indépendantes promeuvent régulièrement les ouvrages luttant contre les stéréotypes.

Dans les grandes surfaces, les livres sont moins chers. Pour les éditeurs, la « chasse aux clichés » prend du temps en discussion du moindre détail à la fois avec l’auteur et l’illustrateur. Les éditeurs de masse prennent rarement de telles précautions. Ce clivage entre ventes de masse et indépendants, montre que selon leur milieu social, les enfants ne lisent pas les mêmes livres.

« C’est un reflet du clivage social, constate Isabelle Péhourticq, éditrice chez Actes Sud Junior. Certains parents n’osent pas entrer dans une librairie. Mais heureusement, les bibliothèques et l’école sont là pour montrer des ouvrages différents à tous les enfants. Leur rôle est très important. »

Le banal comme idéal

La variété des représentations de genre dans la littérature jeunesse est d’autant plus importante qu’elle s’adresse aux citoyens de demain. Au cours de son étude, Doriane Montmasson a comparé la réception de différents ouvrages auprès d’enfants : « Les 4-5 ans comprennent les livres au regard de ce qui se passe chez eux. Vers 7-8 ans en revanche, les enfants sont prêts à accepter des modèles différents. »

Les albums luttant contre les stéréotypes ne sont donc pas uniquement ceux dont l’histoire est centrée sur la déconstruction des clichés. D’autres montrent simplement des situations où ces clichés ne sont pas présents. Sans pointer du doigt cette absence.

Cette « banalisation » de la parité est tout aussi importante. C’est la ligne choisie par Actes Sud Junior. « Nous ne voulons pas raconter uniquement des histoires sur ce sujet, déclare Isabelle Péhourticq, mais nous refusons toutes les propositions de livres trop stéréotypés. C’est aussi du politiquement correct, il faut rester en accord avec nos principes. »

Les princes et les chevaliers d’abord !

Dans les albums, « les héros masculins sont toujours deux fois plus nombreux. Les personnages secondaires en revanche, sont majoritairement féminins », affirme la chercheuse Doriane Montmasson. L’une des explications serait que le personnage créé pour être « neutre », devient le plus souvent un homme.

« Il est vrai que nos collections ont des héros masculins, admet Isabelle Péhourticq. Nous faisons des livres « neutres », mais si l’héroïne est une princesse -féministe ou pas-, on sait qu’il sera surtout lu par des filles. » Le blocage viendrait en grande partie des parents, acceptant difficilement que leur fils lise un livre dont le héros est une héroïne.

La lutte contre les stéréotypes a commencé avec un mouvement féministe. Les femmes souhaitaient être mieux représentées dans la littérature. Mais les garçons souffrent également des clichés actuels. Et bien souvent, les efforts des auteurs et éditeurs pour que les héros portent du rose et ne prônent pas la virilité comme seule vertu sont encore moins bien acceptés que les réclamations féministes. Un argument expliquant que l’on parle de livres anti-clichés plutôt que d’ouvrages féministes.

Les albums jeunesse sont avant tout un moyen de partage. À la fois arme et miroir de la société, ils aident à faire évoluer les mentalités et à transmettre des valeurs. Mais ils ne peuvent rien faire sans un mouvement plus général. Il faudra donc continuer de surveiller Martine et T’choupi, mais aussi leurs parents.

Louise Boutard

Profession : Bookeur

Bookeur, agent ou chasseur de tête, il est l’homme de l’ombre des agences de mannequins. C’est lui qui fait le lien entre les modèles et le client. Sa Mission : découvrir de futurs mannequins. Objectif : leur décrocher des contrats et gérer leur carrière. Un bon bookeur se doit, en plus d’aimer la mode, de comprendre les tendances actuelles et déceler ce petit truc chez une personne qui fait d’elle un mannequin potentiel.

Quand ce ne sont pas les mannequins qui viennent directement vers lui, le bookeur sort trouver de nouvelles « proies ». Cette technique s’appelle le scouting. Berix Enesa, bookeur depuis six ans à l’agence Bananas Models à Paris, spécialisée chez les hommes, explique les tenants du scouting :

 

 

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