Semaine du goût : des étudiants apprennent à bien manger avec un petit budget

Tout au long de cette semaine du goût, des chefs sensibilisent les plus jeunes à manger sainement. Sur le campus de l’université Pierre et Marie Curie dans le 5ème arrondissement de Paris, Gérard Cagna et Mathilde Orio ont cuisiné ce mardi midi devant les étudiants.

 

Les étudiants ont goûté l'omelette ratatouille préparée en quinze minutes. Le coût pour la recette : 5 euros. Crédits : Lou Portelli
Les étudiants ont goûté l’omelette ratatouille préparée en quinze minutes. Le coût pour la recette : 5 euros.
Crédits : Lou Portelli

 

Chapeau de cow-boy sur la tête et foulard noué autour du cou, Gérard Cagna est à l’aise derrière les fourneaux. Mais ce mardi midi, c’est dans un tout autre univers que le chef s’affaire en cuisine. Pour la semaine du goût, il prépare une recette devant des étudiants, dans un espace restreint, avec des produits simples.  Le but : montrer qu’on peut bien manger dans une kitchenette avec un petit budget.« On cuisine quelque chose d’ordinaire, qu’on va sublimer » explique Gérard Cagna, spatule à la main. Et d’ajouter : « C’est rustique ici ! »

Il prépare avec Mathilde Orio de l’Atelier des Chefs une omelette ratatouille devant les étudiants de l’université Pierre et Marie Curie. En dessert, une verrine de fromage blanc agrémenté de confiture et de spéculoos. Le repas est complet : protéines, féculents, légumes et des produits laitiers. Le tout faisable sur une seule plaque de cuisson.

5 euros et 15 minutes de préparation

Sur le plan de travail, les étudiants reconnaissent les produits : pommes de terre, œufs, herbes, légumes en conserve, sel et poivre… « Tous les ingrédients et ustensiles utilisés s’achètent au supermarché » rassure Gérard Cagna. « Pour cette recette, il faut environ cinq euros et seulement quinze minutes de préparation » ajoute Mathilde Orio. Elle partage aussi ses astuces pour gagner du temps : « pour cuire vos pommes de terre, il suffit de les déposer dans un saladier, de mettre un film plastique et de chauffer le tout six minutes au micro-ondes. »

Des conseils que Rachel , étudiante en informatique, compte bien noter. « Quand je vivais en studio, je ne mangeais pas très bien. La nourriture était l’une de mes plus grosses dépenses, entre 100 et 200 euros par mois. C’est facile d’acheter des surgelés et de manger des plats préparés ! » raconte la jeune femme. Rachel regarde les chefs cuisiner entre deux bouchées d’omelette. « Quand j’étais stressée, je zappais les repas du soir. Apparemment, ce n’est pas très bien » avoue-t-elle. Elle a raison. « Une des règles d’or est de ne pas sauter les repas, surtout pendant les examens. Si vous mangez bien, ça va nourrir votre corps et votre cerveau » préconise le chef.

 

Charlotte Dekkers, étudiante en communication, écoute attentivement le déroulé de la recette. « Je vis dans un 13m2, je n’ai qu’une plaque et un frigo. J’ai pris huit kilos mes premières années d’étude, confie-t-elle. Quand on est étudiant, on pense plus à sortir et à manger rapidement qu’à faire du sport. Je mangeais des pâtes, des plats préparés et des chips. Aujourd’hui je fais plus attention, j’achète des légumes de saison. C’est sûr, avec un budget d’étudiant, on ne peut pas prendre tout ce qu’on veut. Mais on peut se nourrir correctement. »

Beaucoup d’autres sont venus par curiosité, surtout pour profiter de la cuisine des chefs. Si tous ne vivent pas en studio, ils ont pris conscience, le temps d’un repas, qu’étudier n’empêche pas forcément de bien manger.

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Lou Portelli

Le Mont Saint Michel veut avoir Internet

Un collectif s’est créé dans la Baie du Mont-Saint-Michel (Manche) pour dénoncer les problèmes de réseau téléphonique. Des habitants et des commerçants sont prêts à bloquer l’A84 pour trouver une solution.

Le Mont Saint Michel est une zone blanche pour le réseau téléphonique et internet. Crédit : JacLou
Le Mont Saint Michel est une zone blanche pour le réseau téléphonique et Internet. Crédit : JacLou

Pas de réseau et encore moins de 4G, recevoir un coup de téléphone est un véritable parcours du combattant dans la Baie du Mont-Saint-Michel. Le monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco accueille 2,5 millions de visiteurs par an et les touristes ne peuvent pas partager immédiatement leurs souvenirs sur les réseaux sociaux. Certains endroits de la Baie sont en zone blanche.

C’est surtout handicapant pour les habitants et les commerçants. Un collectif a été lancé pour mettre fin à cette fracture numérique : les Oubliés du Val Saint Père. Ces oubliés sont même prêts à bloquer d’ici quelques semaines l’autoroute A84 pour trouver une solution.

Le syndicat mixte Manche Numérique, un rassemblement de collectivités territoriales, travaille sur la réduction de la fracture numérique. Mais aucune solution immédiate n’est trouvée pour le moment. Quant à la fibre optique, elle est prévue… pour 2020.

 

Alice Pattyn

La mannequin de la publicité Dove ne considère pas être une victime

Une publicité de Dove a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Certains l’accusent de racisme. Une femme noire retirant son tee-shirt laisse apparaître une femme de peau plus claire. La mannequin qui apparaît dans la publicité, Lola Ogunyemi, ne trouve pas que la publicité est raciste.

Lola Ogunyemi, mannequin, s’est confiée au Guardian à propos de l’indignation des réseaux sociaux concernant la publicité Dove dans laquelle elle joue. Elle y enlève son t-shirt et laisse apparaître une femme de peau plus claire. Le gel douche nettoierait les peaux noires pour les rendre plus claires.  L’interprétation est confuse et, sur les réseaux sociaux, la marque est accusée de racisme. « J’ai grandi en ayant conscience de l’opinion de la société qui pense que les personnes à la peau foncée, en particulier les femmes, auraient une meilleure apparence si leur peau était plus claire. » Lola Ogunyemi dit avoir bien conscience qu’être une femme noire n’est pas facile tous les jours. Mais elle ne pensait pas que le rôle qu’elle joue dans la publicité Dove serait associé au racisme. « Si j’avais eu le moindre doute que cette publicité me ferait passer pour inférieure, j’aurais été la première à dire « non ». J’aurais (mal)heureusement marché tout droit vers la sortie et claqué la porte. C’est quelque chose qui va à l’encontre de tout ce que je représente. » 

Lola Ogunyemi dit avoir découvert que la publicité Dove, initialement de treize secondes, n’en faisait plus que trois sur les réseaux sociaux. La mannequin apparaît une seconde fois dans le clip publicitaire pour la télévision. Cela n’induirait donc pas que le gel douche « nettoie » sa peau. Selon la mannequin, la publicité valoriserait toutes les couleurs de peau et non le nettoyage de la peau foncée.

Mauvaise utilisation du spot publicitaire

Lola Ogunyemi n’excuse pas la marque, mais trouve qu’il y a une mauvaise utilisation du spot publicitaire. « Il y a certainement quelque chose à dire ici sur la façon dont les annonceurs doivent regarder ce qui se trouve derrière les images et tenir compte de l’impact qu’elles peuvent avoir, en particulier quand il s’agit de groupes de femmes marginalisées. » Elle aurait aussi voulu que la marque assume le choix artistique de ce spot publicitaire : « Bien que je sois d’accord avec la réponse de Dove pour s’excuser sans équivoque de toute infraction, ils auraient pu également défendre leur vision créative et leur choix de m’inclure, une femme noire sans équivoque, à la peau noire. » 

Alice Pattyn

Enfants et pornographie : des pratiques sexuelles futures malsaines

De plus en plus jeunes, les enfants sont confrontés à des images pornographiques sur Internet. Plusieurs enquêtes ont été menées ces dernières années : dès 11 ans, 95 % des enfants ont eu accès à ces images. Quelles sont les conséquences sur la construction de ces futurs adultes ?

 

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Dès 11 ans, 95% des enfants ont déjà été exposés à des images pornographiques, indique Israël Nisand, dans une interview donnée à France Info. Selon une enquête réalisée en 2013 par la société d’antivirus Bitfender, réalisée sur 17.000 adultes et enfants du monde entier, certains enfants ont seulement six ans lorsqu’ils visionnent des images pornographiques pour la première fois. Si certains commencent très jeunes, l’âge moyen du premier visionnage est à 14 ans : une précocité due aux réseaux sociaux ; dès qu’ils ont accès à Internet, le risque est présent.

  • Des images dangereuses pour l’enfant ?

C’est d’abord au niveau du cerveau que les images pornographiques peuvent être dangereuses pour l’enfant. Lors d’un congrès international interdisciplinaire sur les dangers sexuels le 6 octobre dernier à Rome, le neuro-chirurgien américain Donald Hilton a évoqué les ravages provoqués sur de jeunes cerveaux par les films pornographiques violents.  Selon le neuro-chirurgien, « de nombreuses recherches scientifiques démontrent que la pornographie sur Internet peut entraîner une dépendance« . Il explique d’ailleurs que sous un état de dépendance, les connaissances qu’acquiert le cerveau deviennent malsaines. De plus, le cerveau réclame toujours de la nouveauté, du changement. Les enfants peuvent surfer pendant des heures à la recherche du film parfait pour se masturber. Ils seront peut-être effrayés par les images, mais la fascination supplantera la peur.

Certaines images peuvent d’ailleurs leur paraître anodines : un enfant de 10 ans pourra difficilement visualiser ce qui est bien et ce qui est mal dans ces pratiques sexuelles montrées dans les films pornographiques. Comme l’indique France Info, la sexualité n’est pas inscrite dans les gênes mais se construit au fil de l’éducation de l’enfant, puis de l’adolescent. Les images que peut voir l’enfant « provoquent en lui des sensations, tout se passe comme s’il participait à ces films« . Si ces films violent la sensibilité de l’enfant, ils peuvent également influer sur sa sexualité future, puisque « la sexualité qui lui est présentée est une sexualité sans échange, et sans respect de l’autre ». L’enfant peut alors penser que c’est l’unique sexualité possible.

 

Israël Nisand, président du collège national des gynécologues et obstétriciens, confirme à CelsaLab : « un enfant ne peut pas comprendre les images. Un jour, un enfant m’a demandé : « comment ça se fait que les femmes aiment sucer les pénis de chiens? ». Ce à quoi j’ai répondu : « c’est complètement faux, aucune femme n’aime ça ». Le petit garçon était persuadé que c’était vrai, car une image, pour lui, c’est la réalité. Aucun parent n’aimerait que son enfant soit éduqué comme cela”.

 

  • Des conséquences sur leurs futurs comportements sexuels 
©Pixnio
©Pixnio

En plus d’avoir une vision biaisée sur la sexualité « réelle », le visionnage d’images pornographiques peut avoir d’autres conséquences très graves sur les enfants. « C’est simple, cela modifie leur sexualité, les angoisse terriblement, et ils ont une vision détestable de la femme », indique le professeur Nisand. Mais cela touche aussi les filles : « certaines adolescentes me demandent une chirurgie vaginale, parce qu’elles pensent que leur vagin est anormal par rapport à celui qu’elles ont vu sur les actrices porno. Parfois elles demandent même à leurs petits copains de leur faire des choses graves, car elles l’ont vu dans les films, et qu’elles ont l’impression que c’est comme ça qu’une relation sexuelle se déroule« .

De plus, certains peuvent arriver au stade où les vraies femmes sont synonymes de « mauvais » porno et devenir plus intéressés par de la pornographie filmée.

 

  • Des solutions ?

Plusieurs solutions sont proposées pour empêcher aux enfant d’être au contact de ces images. Et cela passe d’abord par l’éducation parentale. La société Bitdefender recommande aux parents de placer l’ordinateur de façon à ce que l’écran soit facilement visible. Bien entendu, il s’agit également de mettre un contrôle parental sur l’ordinateur mais aussi de fixer des règles avec l’enfant.

Arrive donc le deuxième conseil, il faut en parler. Dans une interview donnée à France Info, Marion Haza, psychologue et présidente de l’Association en recherche clinique sur l’adolescence (ARCAD), indique qu’il faut parler de sexualité avec ses enfants/adolescents : « l’adolescent doit trouver des adultes capables de répondre à ses questions« . Et si l’enfant a eu accès à des images pornographiques, cela doit faire l’objet d’une discussion parent-enfant.

Mais l’État a aussi son rôle à jouer. Israël Nisand s’indigne : « la loi sur la protection des mineurs n’est pas respectée, car les sites pornographiques rapportent des milliards ». Dans sa lutte contre l’accès des moins de 10 ans aux sites pornographiques, il propose d’ailleurs « d’imposer aux fournisseurs d’accès le numéro de carte bleue avant la demande de première image. Si le fournisseur d’accès ne respecte pas, la première infraction lui coûtera 50 millions, et la deuxième 500 millions d’euros. Cela pourrait leur faire changer d’avis, non ?« . Un enfant pourrait tout de même voler la carte de ses parents. « Certes, mais cela pourra au moins limiter certains enfants à avoir accès à internet, et donc à ces images, pendant 3 heures, gratuitement« . Selon lui, le gouvernement ne s’y intéresse pas assez : « lorsque l’on voit la littérature sociologique au Canada, qui montre que ces enfants auront, pour beaucoup, des penchants pédo-pornographiques, on se rend bien compte qu’on n’en parle pas assez en France »

 

Léa Broquerie