Contamination, symptômes, traitement…tout ce qu’il faut savoir sur le botulisme alimentaire

Cinq personnes sont en réanimation en Indre-et-Loire après avoir consommé du pesto artisanal, un cas qui rappelle l’intoxication de dix personnes à Bordeaux en 2018 et qui avait fait un mort. Le botulisme, grave mais rare, peut pourtant être évité par des gestes simples.

Terrine de porc, sardines en conserve, pâté… et récemment pesto : les produits artisanaux peuvent conduire leurs consommateurs aux urgences s’ils n’ont pas été bien préparés. Après une mauvaise stérilisation, un aliment peut être contaminé par la bactérie Clostridium botulinum, responsable de la maladie du botulisme alimentaire. La bactérie produit des toxines neuro-toxiques, qui risquent d’entraîner une paralysie respiratoire et musculaire.

Le botulisme alimentaire peut être grave mais reste rare en France. Santé publique France recense en moyenne 14 cas déclarés chaque année. La maladie, due aux toxines crées par la bactérie de Clostridium botulinum, se distingue du botulisme infantile, causé par l’ingestion directe de la bactérie par les nourrissons. Dans tous les cas, le botulisme ne se transmet pas entre individus.

Quels sont les aliments concernés ?

Le botulisme se contracte par la consommation d’aliments qui n’ont pas été bien transformés : les produits fabriqués de manière artisanale sont donc plus susceptibles de contenir la bactérie. Le développement de la toxine botulique est due à un défaut de maîtrise du procédé de stérilisation, de salaison, et/ou à une rupture de la chaîne du froid.

Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale), les aliments les plus souvent impliqués sont les salaisons sèches (jambon cru), les conserves de végétaux (asperges, haricots verts, carottes et jus de carotte, poivrons, olives à la grecque, potiron, tapenade…), la viande (terrine, pâté), les plats cuisinés et le poisson salé et séché emballé sous vide.

Quels sont les symptômes ?

Le temps d’incubation de la maladie est généralement compris entre 12 et 48 heures, mais peut durer jusqu’à huit jours. Les symptômes, eux, peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois. Leur gravité varie selon la quantité de toxines botuliques absorbée. Les premiers à apparaître sont souvent une fatigue marquée, des faiblesses (notamment dans la nuque et les bras) et des vertiges.

Il n’y a ni fièvre ni perte de conscience, mais les symptômes possibles sont nombreux :  troubles digestifs (vomissements, diarrhées, constipation), atteinte oculaire (vision floue ou double, dilatement des pupilles), sécheresse dans la bouche avec des difficultés à déglutir ou à parler, et pour les formes les plus graves, une paralysie progressive des membres et des muscles respiratoires. Ces cas peuvent entraîner la mort par insuffisance respiratoire, dans moins de 5% des cas en France.

Comment soigner le botulisme ?

La lenteur du diagnostic rend le soin compliqué. En effet, l’anti-toxine botulique est un traitement efficace s’il est administré dans les 24 heures suivant les premiers symptômes. Mais la maladie étant rare, la suspicion et le diagnostic de botulisme sont souvent tardifs. Les cinq personnes suspectées de botulisme en Indre-et-Loire ne sont d’ailleurs pas encore diagnostiquées à l’heure actuelle. Les faiblesses musculaires générées par l’intoxication peuvent aussi faire penser à un AVC, un syndrome de Guillain-Barré (faiblesse musculaire) ou une myasthénie grave.

La prise en charge consiste donc principalement à traiter les symptômes. La guérison intervient sans séquelles dans la plupart des cas, mais la durée de traitement et de convalescence peut durer plusieurs mois. Une assistance respiratoire est parfois nécessaire pour les cas les plus graves. Les antibiotiques sont inutiles en cas de botulisme alimentaire car ils n’agissent pas sur les toxines.

Comment éviter la contamination ?

Il existe des bons gestes à adopter pour limiter le risque de contracter le botulisme. La vigilance est de mise car une négligence peut être lourde de conséquences.

Une hygiène irréprochable est essentielle lors de l’abattage des animaux à la ferme et lors de la préparation des viandes. Lors de la mise en conserve des aliments, il faut bien nettoyer les végétaux et utiliser des récipients et des emballages propres.

Températures, temps, nombres d’unités limitées par stérilisateur…les consignes de stérilisation doivent être appliquées à la lettre, car les spores de la bactérie résistent à l’eau bouillante.

Les boîtes de conserve bombées, déformées ou avec une odeur suspecte sont à jeter sans hésitation. De même, un bruit doit être entendu lors de l’ouverture de bocaux en verre. En l’absence d’appel d’air, le produit doit être jeté.

Pour les jambons, une bonne concentration en sel de la saumure et le respect du temps de saumurage permet d’inhiber le développement de la bactérie. La chaîne du froid est indispensable.

Pour les produits du commerce, les consignes de conservation et les dates limites de consommation doivent être suivies. Enfin, les nourrissons de moins de douze mois ne doivent pas consommer de miel, car le produit peut être contaminé par des spores de Clostridium botulinum.

 

Domitille Robert

Le nouveau traitement contre la bronchiolite suscite l’attente

Cette maladie est souvent une source d’inquiétude chez les jeunes parents. La bronchiolite, une infection virale très contagieuse qui concerne les nourrissons, dispose du « Beyfortus », depuis ce vendredi 15 septembre. Disponible dans les établissements de santé et, sur commande en pharmacie, ce nouveau traitement préventif est attendu par beaucoup de parents.

À Levallois-Perret, Ilana Moatti vient de récupérer ses deux enfants. Arrivée à sa voiture, la maman installe sa fille de deux ans et demi à l’arrière avant de déposer son fils de sept mois sur le siège passager. La jeune femme âgée de 26 ans espère que son fils pourra bénéficier de ce nouveau traitement contre la bronchiolite, le « Beyfortus », qui vient d’être autorisé : « J’en ai entendu parler grâce à mon cousin, il est pharmacien, explique-t-elle, il faut que j’aille voir ma pédiatre mais je pense le faire », déclare la jeune femme sans hésiter. Ilana Moatti souhaite que son fils âgé d’à peine sept mois ne contracte pas de « formes graves » de la maladie : « Ma fille de deux ans et demi n’était pas gardée donc il n’y avait pas de problème mais mon dernier va aller à la crèche donc il y a plus de risques de l’attraper » conclut-elle en hochant la tête.

Pourtant, d’autres parents sont moins certains. Près de la terrasse du Riva Café, Sofia hésite encore en ce qui concerne ses jumeaux, tout juste âgés de quatre mois : « Ma pédiatre m’en a parlé hier mais je ne sais pas trop ». La maman de 31 ans pointe un manque de recul sur le vaccin avant de hausser les épaules : « Apparemment, il est en phase de test depuis plusieurs années, se résigne-t-elle, donc oui, je pense que je vais le faire. » Tout comme Sofia, de nombreux jeunes parents ont été informés de ce nouveau traitement par le biais de leur pédiatre comme l’explique cette pharmacienne qui constate déjà une certaine attente : « On a déjà pas mal de demande. Les pédiatres transmettent l’information, donc des parents viennent nous voir », souligne Octavie de l’Atrium Pharmacie Métro Louise Michel qui rappelle que la plateforme pour obtenir le traitement est ouverte depuis hier : « On les a commandés mais on ne les a pas encore reçus. » 

Un traitement, pas un vaccin

Les bébés qui attrapent la bronchiolite ont souvent du mal à respirer et subissent des toux fréquentes difficiles à supporter. Dans certains cas, les formes sévères peuvent conduire à une hospitalisation, ce qui concerne 2 à 3% de nourrissons chaque hiver. Ce traitement préventif proposé gratuitement concerne les bébés nés depuis le 6 février 2023 et âgés de moins d’un an. Le nirsévimab est la molécule à l’origine du traitement commercialisé sous le nom de « Beyfortus » par le géant pharmaceutique Sanofi. Il permet de lutter contre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la majorité des bronchiolites chez les nouveau-nés. Cyril Schweitzer, professeur de pédiatrie à l’Hôpital d’Enfants de Nancy, rappelle que ce n’est pas un vaccin : « Ce traitement permet d’injecter des immunoglobulines, clarifie-t-il, c’est-à-dire qu’on donne les anticorps VRS, qui sont pathogènes, pour permettre une immunisation passive à la maladie. »

C’est une première puisqu’avant, le seul traitement préventif concernait les bébés à risque et nécessitait plusieurs injections. Le « Beyfortus » est, lui, administré en une fois et permet à l’enfant d’être protégé pendant cinq mois durant la période hivernale : « C’est ce qui le rend intéressant. Avant, celui donné aux enfants à risques devait être administré tous les mois » assure Cyril Schweitzer. Quant aux doutes concernant le traitement, le spécialiste rappelle que des études sont menées depuis « deux ou trois ans et que des tests cliniques ont été réalisés en milieux hospitaliers et pédiatriques. »  L’hiver dernier, l’épidémie la plus virulente de bronchiolite depuis dix ans avait provoqué la saturation des services pédiatriques en France et avait été particulièrement intense. Cyril Schweitzer rappelle que la bronchiolite touche près de 30% des nouveau-nés (soit 480 000 nourrissons) chaque année :  « Il faut bien comprendre qu’en ce qui concerne les enfants hospitalisés par cette maladie, ce n’est que la face immergée de l’iceberg. »

Julie Zulian

L’Inde affronte le dangereux virus Nipah, mortel entre 40% et 75%

Les autorités indiennes ont annoncé cette semaine qu’elles s’efforçaient de contenir une épidémie de Nipah, un virus rare transmis des animaux aux humains et qui provoque notamment une forte fièvre avec un taux de mortalité élevé.

Qu’est-ce que le virus Nipah ?

La première épidémie de Nipah a été enregistrée en 1998 après que le virus s’est répandu parmi les éleveurs de porcs en Malaisie. Le virus porte le nom du village de ce pays d’asie du Sud-Est où il a été découvert.

Les épidémies de ce virus sont rares, mais Nipah a été répertorié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – aux côtés d’Ebola, Zika et Covid-19 – comme l’une des nombreuses maladies méritant une recherche prioritaire en raison de leur potentiel à provoquer une épidémie mondiale. Nipah se transmet généralement aux humains par les animaux ou par des aliments contaminés, mais il peut également se transmettre directement entre humains.

Les chauves-souris frugivores sont les porteuses naturelles du virus et ont été identifiées comme la cause la plus probable des épidémies suivantes. Les symptômes comprennent une fièvre intense, des vomissements et une infection respiratoire, mais les cas graves peuvent se caractériser par des convulsions et une inflammation cérébrale entraînant un coma.

Il n’existe pas de vaccin contre le virus Nipah. Les patients connaissent un taux de mortalité compris entre 40% et 75%, selon l’OMS.

Quid des précédentes épidémies ?

La première épidémie de Nipah a tué plus de 100 personnes en Malaisie et entraîné l’abattage d’un million de porcs dans le but de contenir le virus. Elle s’est également propagée à Singapour, avec 11 cas et un décès parmi les travailleurs des abattoirs entrés en contact avec des porcs importés de Malaisie.

Depuis lors, la maladie a été principalement signalée au Bangladesh et en Inde, ces deux pays enregistrant leurs premières épidémies en 2001. Le Bangladesh a été le plus durement touché ces dernières années, avec plus de 100 personnes décédées du Nipah depuis 2001.

Deux épidémies en Inde ont tué plus de 50 personnes avant d’être placées sous contrôle. L’État du Kerala, dans le sud du pays, a enregistré deux décès dus à Nipah et quatre autres cas confirmés depuis le mois dernier. Les autorités ont fermé certaines écoles et fait de larges campagnes de tests.

Cette dernière épidémie de Nipah représente la quatrième vague au Kerala en cinq ans. Le virus a tué 17 personnes lors d’une première apparition en 2018.

Les zoonoses sont-elles plus fréquentes ?

Apparues il y a des milliers d’années, les zoonoses – maladies transmissibles des animaux aux humains – se sont multipliées au cours des 20 à 30 dernières années.

Le développement des voyages internationaux leur a permis de se propager plus rapidement. En occupant des zones de plus en plus larges sur la planète, les humains contribuent également à la perturbation des écosystèmes et augmentent la probabilité de mutations virales aléatoires transmissibles aux humains, soulignent les experts.

L’agriculture industrielle augmente le risque de propagation d’agents pathogènes entre animaux tandis que la déforestation augmente les contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les humains.

En se mélangeant davantage, les espèces transmettront davantage leurs virus, ce qui favorisera l’émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l’homme. Le changement climatique va pousser de nombreux animaux à fuir leurs écosystèmes vers des terres plus habitables, prévenait une étude publiée par la revue scientifique Nature en 2022.

Selon les estimations publiées dans la revue Science en 2018, il existerait 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux, dont 540.000 à 850.000 auraient la capacité d’infecter les humains.

 

Avec AFP