Abbé Pierre: l’Eglise va ouvrir sans délai ses archives aux chercheurs

La Conférence des évêques de France a annoncé réduire les délais habituels de 75 ans suivant la mort d’un religieux au vu des accusations d’agressions sexuelles visant le créateur de la Fondation abbé Pierre décédé il y a 17 ans.

Nouveau développement dans l’affaire abbé Pierre. La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé ouvrir sans délai, et sans attendre les 75 ans habituels, ses archives aux chercheurs. Ceux mandatés par Emmaüs pour enquêter sur les accusations d’agressions sexuelles visant l’ecclésiastique sont notamment concernés.

« Cette durée est usuellement de minimum 75 ans après la mort du prêtre ou du religieux, selon le règlement des archives de la CEF », a ainsi indiqué l’institution dans un communiqué. Il s’agit des archives de l’Eglise de France conservées à Issy-les Moulineaux, distinctes de celles des diocèses.

Ces archives montrent que certains ecclésiastiques savaient

Concernant l’abbé Pierre, elles contiennent « un dossier assez mince » avec « quelques lettres » qui montrent que le Bureau central des cardinaux de l’époque « a pris connaissance du comportement » du prêtre, a déclaré Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF sur RCF et radio Notre-Dame.

« Il y a un élément sur le fait qu’il est parti en Suisse » dans les années 50, mais sans « aucun détail sur ce qui s’y passe », et « c’est à peu près tout », a ajouté le responsable de la CEF. Pour rappel, 24 femmes accusent l’abbé de violences sexuelles, dont certaines étaient mineures au moment des faits présumés. Ces agressions qui auraient duré plus de 50 ans, étaient connues par Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre, ont révélé les deux organisations dans un rapport d’enquête.

Crédit photo : Georges BENDRIHEM / AFP

Croyance en Dieu : l’Eglise ne convainc plus, l’Islam oui

Plus de 51% des Français ne croient plus en Dieu selon un sondage publié ce jeudi par l’Association des journalistes d’information sur les religions (AJIR). Entre société matérialiste, scandales de l’Eglise et nouvelles problématiques sociales, les explications sont multiples. 

 

Qu’on l’appelle Dieu ou Allah, la moitié des Français ne croient plus en lui. Selon un sondage publié ce jeudi par l’Association des journalistes d’information sur les religions (AJIR), plus de 51% des Français ne croient plus en Dieu. Seuls 48% des jeunes y croient encore, contre 68% chez les plus de 65 ans.

Premières mises en causes : les institutions, selon Geneviève Delrue, présidente de l’AJIR. Elles sont selon elle devenues impuissantes face à une technique aujourd’hui omniprésente qui a façonné notre relation à l’inexplicable et donc à la religion : «La technique éloigne ce qu’on ne savait pas expliquer avant, à l’époque où on disait : « C’est Dieu qui l’a voulu ! »»

Pour autant, la spiritualité demeure : «Il n’y a pas de rejet du mystère, la question métaphysique demeure. Le problème, c’est plutôt l’image du dieu véhiculé par les institutions», raconte Geneviève Delrue.

L’Eglise, en particulier, ne convainc plus. Elle manque d’audace et de simplicité selon le père Emmanuel Péteul : «Elle gagnerait à oser dire ce qu’on vit, qui on est et comment notre foi nous aide. Dire que nous sommes heureux dans notre religion.»

 

La croyance, un sujet tabou

«Les Français n’ont plus besoin de Dieu», affirme le prêtre, prêtre de la paroisse Sainte Jeanne d’Arc à Versailles. Pour lui, la raison réside dans une société française à la fois riche et matérialiste, mais aussi une certaine gène qui s’est installée au sein des foyers: «Parler de sa foi, c’est devenu aussi compliqué que de parler de sa sexualité.»

Les personnes interrogées dans le sondage discutent effectivement de moins en moins de religion en famille. Un sujet devenu tabou donc, mais qui fait aussi face à de nouvelles problématiques .

« Les gens sont mal à l’aise parce que le christianisme est mis en péril par les théories du genre ou de sexualité. Si votre fille est homosexuelle, ce n’est pas facile de le concilier avec votre foi. On a peur de perdre ses enfants, alors on finit par se détourner de ce que dit l’Eglise », explique le père Emmanuel Péteul.

Des scandales sexuels à répétition

Et si cette crise de l’Eglise influence autant le taux de croyance en Dieu, c’est parce que la France, longtemps surnommée la fille aînée de l’Eglise, s’est historiquement construite sur cette religion.

«La république s’est fondée contre l’Eglise depuis la révolution française», selon Virginie Larousse, journaliste spécialiste des religions. Plus récemment, ce sont les scandales sexuels «qui contribué à l’éloigner des Français».

Des jeunes en quête de spiritualité

Une crise institutionnelle que ne connaissent pas les autres grandes religions de France comme l’Islam et le judaïsme. «Au contraire, il y a dans ces religions une croyance en Dieu beaucoup plus forte. Les jeunes musulmans ont par exemple un taux de pratique beaucoup plus important», raconte Virginie Larousse.

En France, 97% des musulmans croient en Dieu, contre seulement 62% des catholiques selon le sondage publié par l’AJIR. Bien qu’encore minoritaire en France, la religion musulmane rassemble tout de même 5.43 milliards de fidèles en 2020.

De plus, même si plus de la moitié des Français ne croient aujourd’hui pas en Dieu, la religion n’a pas dit son dernier mot. La question spirituelle connait un rebond chez les plus jeunes, selon la journaliste : «Ils sont en quête de connaissances. La croyance n’est pas amenée à disparaître.»

Lise Cloix

 

 

 

 

 

 

GPA, PMA : Emmanuel Macron veut rassurer les catholiques

Le président de la République s’est exprimé lundi soir devant la conférence des évêques de France. Il s’est montré rassurant sur la GPA et la PMA, affirmant qu’il n’y avait pas d’ »agenda caché ».

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Emmanuel Macron lors de la conférence des évêques, lundi 9 avril

La polémique enfle autour des propos d’Emmanuel Macron devant la conférence des évêques de France lundi soir. Alors que le souhait exprimé par le président de « réparer le lien » avec l’Eglise a été vu comme une atteinte à la laïcité pour certains et a retenu la majorité de l’attention, Emmanuel Macron a également abordé la question de la PMA (procréation médicalement assisté) et de la GPA (gestation pour autrui). Deux sujets polémiques sur lesquels il a tenté de rassurer les catholiques.

Le chef de l’Etat a démenti « tout agenda caché » à un mois de la fin des Etats généraux de la bioéthique. Il a réaffirmé son hostilité à la légalisation de la GPA, qui pose selon lui « une question sur la dignité du corps de la femme ». Sur la PMA, il a rappelé l’avis « insuffisant » du Comité consultatif national d’éthique (CCNE).

Rétablir le dialogue

Le quinquennat Hollande a été marqué par un conflit ouvert avec une partie des catholiques. Après l’adoption du mariage pour tous et d’une loi sur la fin de vie instaurant un droit à la « sédation profonde et continue », Emmanuel Macron a tenté de rétablir le dialogue. Le président de la République a tout de même estimé que « la voix de l’Eglise ne peut être injonctive« .

Camille Sarazin