Mort d’Henri Weber : la gauche rend hommage à une « grande et belle » figure et à un ami

L’ancien sénateur socialiste de Seine-Maritime et député européen Henri Weber est mort du coronavirus à l’âge de 75 ans. Ce lundi 27 avril 2020, au lendemain de sa disparition, sa famille politique lui a rendu hommage. 

Henri Weber est mort du coronavirus à l’âge de 75 ans dimanche 26 avril 2020. Flickr

Figure de Mai 68 puis du trotskisme des années 1960 et 1970, Henri Weber a été membre de la direction du Parti socialiste pendant près de trente ans. Dimanche 26 avril avril 2020, il est mort « des suites du Covid-19, entouré de sa femme, la productrice de cinéma Fabienne Servan-Schreiber, et de leurs filles », a annoncé sa famille dans un communiqué.

De François Hollande à Raphaël Glucksmann en passant par Olivier Faure, Anne Hidalgo ou Martine Aubry, les hommages se sont succédé à gauche.

A l’image de François Hollande, qui a salué dans un communiqué : « Une belle figure de la gauche » qui « ajoutait à son érudition une clarté d’analyse, un goût de l’action et une fraîcheur militante avec un humour joyeux qui enchantait jusqu’à ses contradicteurs. »

Un Fabusien converti

« Henri a été pour moi un ami merveilleux, un compagnon joyeux, courageux et précieux. Attentif, profond, drôle, séduisant, ouvert, érudit, infatigable bretteur et militant, ce rebelle chaleureux et réfléchi aura fréquenté tous les honneurs sans être prisonnier d’aucun », s’est quant à lui ému Laurent Fabius.

Successivement membre du premier cercle de l’actuel président du Conseil constitutionnel lors de son passage à Matignon (1984-1986) puis conseiller technique à la présidence de l’Assemblée nationale lorsqu’il a occupé le perchoir (1988-1992), Henri Weber en était particulièrement proche. Après avoir intégré le PS, en 1986, l’ancien trotskiste a animé le courant fabusien aux côtés de personnalités telles que Claude Bartolone.

« Un métronome »

L’ancien candidat socialiste à l’élection présidentielle Benoît Hamon lui a aussi fait part de sa tristesse sur Twitter évoquant « un métronome ou une plume respectés. »

Un hommage personnel, à l’instar de celui que lui a rendu Manuel Valls sur le même réseau social :

« Quelle tristesse ce matin..Henri Weber le camarade, le militant, l’intellectuel est parti. Sa personnalité, ses écrits, sa voix unique, sa silhouette, sa gentillesse..vont terriblement nous manquer. Je me rappelle de son bonheur l’été en Provence. Adieu Henri. »

Fils de juifs polonais né en 1944 dans un camps de travail soviétique, Henri Weber était docteur et enseignant en philosophie politique. Il a cofondé les Jeunesses communistes révolutionnaires, en 1965, puis la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en 1969.

 

Clémentine Piriou

 

 

Plan de déconfinement : la polémique autour du vote des députés en quatre questions

Deux votes distincts – l’un sur le projet d’application StopCovid, l’autre sur le plan de déconfinement – devaient initialement avoir lieu. Des députés issus de l’opposition comme de la majorité demandaient un délai de 24h pour prendre connaissance des propositions du gouvernement avant de voter. Ces deux options ont été écartées.

Il n’y aura finalement qu’un seul débat et un seul vote sur le plan de déconfinement du gouvernement dans sa globalité, ce mardi 28 avril 2020. Flickr

Réouverture des écoles, port du masque de protection, application de traçage… Autant de sujets que devrait aborder Edouard Philippe, ce mardi 28 avril 2020. A 15h, le Premier ministre présentera le plan de déconfinement du gouvernement aux députés à mettre en place le 11 mai.

Si sa déclaration sera finalement suivie non seulement d’un débat mais aussi d’un vote de l’Assemblée nationale, ce programme parlementaire fait débat.

1. Quel était le programme parlementaire initial ?

Lors de son allocution télévisée du 13 avril dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, a exprimé son souhait qu’un débat ait lieu au Parlement sur les techniques de traçage des données de téléphone pour lutter contre le Covid-19.

Initialement, un débat spécifique portant sur le projet d’application StopCovid était prévu en accord avec cette déclaration. Dans un premier temps, il ne devait pas être suivi de vote. Face aux critiques des oppositions de tous bords, le gouvernement a finalement accepté d’en organiser un.

Contrairement au Sénat, à l’Assemblée nationale, deux débats suivis de votes devaient donc avoir lieu. Le 28 avril, les députés devaient s’intéresser à la question du traçage numérique, et en particulier à l’application StopCovid. Ils ne devaient se pencher sur le plan de déconfinement du gouvernement que dans un second temps, le 5 mai.

2. Quel est le nouveau programme de ce mardi 28 avril ?

Dans la soirée de samedi 25 avril, à trois jours du premier débat, le gouvernement est revenu sur ce programme : au lieu des deux débats et des deux votes distincts initialement prévus, il a annoncé la tenue d’un seul débat et d’un unique vote portant sur le plan de déconfinement dans sa globalité, traçage compris.

Quant au vote, l’opposition réclamait qu’il soit organisé dans un délai de 24h après la tenue du débat, afin de bénéficier d’un délai de réflexion. Dans la matinée de lundi 27 avril, la conférence des présidents de groupe de l’Assemblée nationale en a décidé autrement : le vote aura lieu mardi 28 avril, dans la foulée du débat.

Objectif affiché : que les Français soient informés le plus rapidement possible des mesures qui vont s’appliquer.

3. Pourquoi ce programme fait-il polémique ?

La polémique est résumée en ces termes par le député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, anciennement affilié LREM, sur son site internet : « Les députés ne pourront se prononcer que pour ou contre l’ensemble des mesures de la stratégie de déconfinement et ce, seulement quelques minutes après les avoir découvertes. »

Le programme parlementaire fait polémique pour deux raisons. Il est d’abord reproché au gouvernement d’avoir supprimé le débat spécifique relatif au projet d’application StopCovid. Depuis plusieurs semaines, ce dernier a rencontré l’opposition de certains élus LREM (La République en marche), à l’image du député des Deux-Sèvres Guillaume Chiche. Si bien que les détracteurs du gouvernement le soupçonnent de chercher à cacher les divisions qu’un deuxième débat aurait révélé au sein de la majorité.

« L’ordre du jour AN est bouleversé in extremis. Ce sera un vote unique sur le déconfinement, tracking inclus. Silence exigé dans les rangs LREM! », a par exemple raillé le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure.

Un soupçon partagé par Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une « mise en quarantaine politique » destinée à « faire taire les députés LREM frondeurs » sur Twitter.

Lundi 27 avril, quelques élus de la majorité se sont également joints à ceux de l’opposition pour déplorer que le vote ait lieu dans la foulée du débat.

C’est le cas d’Aurélien Taché qui a dit sur Twitter comprendre « que certains parlementaires demandent le report du vote sur la plan de déconfinement pour prendre connaissance de l’ensemble des mesures qui seront annoncées » alors que « des mesures inédites sont en jeu comme le traçage numérique ».

Le député LRM du Val d’Oise s’est notamment joint au président des députés Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale. Damien Abad a dénoncé « déni de démocratie ».

4. Le gouvernement pouvait-il modifier le programme initial ?

Débat et vote sont organisés sur la base de l’article 50-1 de la Constitution. Cette procédure, introduite en 2008, permet au gouvernement d’associer le Parlement à des choix importants de sa propre initiative. Il peut organiser un débat, et choisir de le conclure par un vote.

Concrètement, à 15h, le Premier ministre fera une déclaration devant l’assemblée. Cette déclaration sera suivie par un débat et un vote symboliques des députés – celui des sénateurs interviendra le 5 mai prochain. Si son report à 24h après le débat ne relevait pas de sa compétence mais de celle de la conférence des présidents de groupe, le gouvernement était parfaitement libre de choisir de n’organiser qu’un vote.

Il ne sera même pas obligé de suivre son résultat, pas plus qu’il n’engagera sa responsabilité – il ne sera pas contraint de démissionner si les députés ne soutiennent pas sa position.

 

Clémentine Piriou

 

Transports, économie, éducation… ce que l’on sait à la veille de l’annonce du plan de déconfinement

Après plusieurs semaines de concertation, le gouvernement s’apprête à présenter son plan de déconfinement mardi devant les députés.  L’occasion de revenir sur les mesures déjà annoncées par l’exécutif sur le sujet.

Frontispice de l’Assemblée nationale à Paris(MomentaryShutter/Flickr)

Le lundi 13 avril, le président de la République avait promis qu’un plan de déconfinement serait présenté à l’Assemblée nationale « d’ici quinze jours ». Deux semaines jour pour jour après cette déclaration, Édouard Philippe et Jean Castex, le « M. Déconfinement » du gouvernement, vont présenter la « stratégie nationale » qui devrait permettre aux Français de sortir progressivement de chez eux à partir du 11 mai et de lutter contre l’épidémie de coronavirus. Les mesures serviront à uniformiser les annonces faites ces dernières semaines par les membres du gouvernement. Petit bilan pour s’y retrouver.

  • Transports 

C’est un casse-tête que doit résoudre Élisabeth Borne : comment faire respecter la distanciation sociale dans les transports en commun ? Le déconfinement devrait passer par une augmentation du trafic, fortement réduit depuis la mise en place du confinement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. « On est entre 10 % et 30 % de l’offre normale de transports en Île-de-France et en région », affirme la ministre de la Transition écologique. En ajoutant « qu’il faut remonter au maximum » tout en s’assurant « qu’il n’y ait pas trop d’affluence dans les transports ». Pour essayer de résoudre ce dilemme, la ministre propose de maintenir le télétravail quand cela est possible et de privilégier le vélo. L’objectif est d’éviter la surcharge de passagers aux heures de pointe.

Élisabeth Borne est aussi revenue sur l’aide de 7 milliards d’euros accordée par l’État à Air France. « Ce n’est pas un chèque en blanc », a t-elle prévenu. La ministre souhaite que la compagnie aérienne réduise « les émissions de CO2 par passager, de 50% les émissions de CO2 sur les vols domestiques d’ici 2024, via l’utilisation de biocarburant ». Six semaines après le début du confinement, 95% du trafic de l’entreprise est à l’arrêt laissant craindre des plans de départs chez les salariés.

  • Économie

En plus d’un prêt à Air France, le gouvernement à débloqué 5 milliards d’euros pour soutenir le constructeur automobile Renault. Le prêt sera « garanti par l’État » a confirmé Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie a aussi déclaré que qu’une décision concernant les bars et les restaurants ne serait pas prise avant « fin mai« . L’accès au fonds de soutien mis en place par le gouvernement sera élargi aux entreprises employant jusqu’à 20 salariés et réalisant jusqu’à deux millions d’euros de chiffre d’affaires dans l’hôtellerie et la restauration, fermées en raison du Covid-19, a annoncé également Bruno Le Maire. En outre le montant de l’aide sera doublé à 10 000 euros pour « l’ensemble de ces entreprises ». Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a aussi annoncé la suspension des charges pour ces secteurs entre mars et juin. « C’est une annonce importante pour un secteur qui souffre«  a ajouté le ministre.

Les députés et le sénateurs ont par ailleurs adopté un nouveau plan de soutien à l’économie pour surmonter la crise. Jeudi 23 avril, le Parlement a définitivement adopté le deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté par l’exécutif en un mois. Le texte a plus que doublé l’enveloppe du plan de soutien à l’économie, à 110 milliards d’euros – dont plus de 40 milliards de dépenses publiques, le reste consistant en des reports de charges et garanties de prêts. Le gouvernement n’exclut pas un troisième plan en fonction de l’évolution de la crise.

  • Éducation

La réouverture des écoles le 11 mai s’accompagne d’une certaine cacophonie. Jean-Michel Blanquer avait déclaré que « tout le monde ne rentrera pas au même moment », anticipant une rentrée en décalée selon les classes. Le ministre de l’Education nationale a également indiqué que les classes devraient se faire à partir du 11 mai par petit groupe de 15 élèves au maximum. L’Élysée a précisé dans la foulée que la rentrée se ferait sur la base du volontariat, un véritable casse-tête pour les élus locaux.

Les épreuves du brevet et du baccalauréat ne pourront avoir lieu. Pour le brevet, la moyenne des notes obtenues pendant les trois trimestres sera retenue, à l’exception des notes obtenues pendant la période de confinement. Concernant le bac toutes les épreuves sont suspendues au profit du contrôle continu à l’exception des oraux de français pour les élèves de première.  Les candidats libres et les élèves du privé hors contrat, eux, pourront se présenter à la session de septembre. Il y aura un rattrapage courant juillet pour les élèves entre 8 et 10 de moyenne.

Etienne Bianchi

Des politiques discrets lors de la manifestation anti-PMA

La manifestation anti-procréation médicalement assistée de dimanche à Paris a peiné à rassembler les responsables politiques. Pourquoi la PMA a-t-elle mobilisée moins d’élus qu’en 2013, quand certains s’affichaient (fièrement) derrière des banderoles contre le mariage pour tous ?

La manifestation anti-PMA a rassemblé plus de 70.000 personnes ce dimanche 6 octobre dans les rues de Paris (AFP)

74.500 personnes étaient dans la rue ce dimanche à Paris, selon un comptage Occurence commandé par le compte d’un collectif de médias. Une mobilisation beaucoup plus faible qu’en 2013, où 300.000 personnes (selon la police) et 1.400.000 (selon les organisateurs) s’étaient mobilisées lorsqu’il s’agissait de manifester contre le mariage pour tous. Les politiques aussi étaient moins présents ce dimanche.

Selon un sondage Ifop publié mi-septembre, c’est chez les sympathisants Les Républicains que le soutien à la PMA est le plus faible, à seulement 40 %. Il est également minoritaire chez les sympathisants du Rassemblement national (47 %) alors qu’il est majoritaire chez les sympathisants des Insoumis, d’Europe Ecologie-les Verts, de La République en Marche. 

La démobilisation… un choix stratégique ?

Marine Le Pen n’est pas sortie. Seuls Nicolas Bay et Marion Maréchal Le Pen représentaient le RN dimanche après-midi. Même constat du côté des Républicains, très mobilisés en 2013 mais presque absents du cortège anti-PMA ce dimanche 6 octobre. A l’époque, on trouvait notamment en tête de cortège parmi les députés UMP, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, Thierry Mariani, Laurent Wauquiez, Christine Boutin. Seuls François-Xavier Bellamy et Julien Aubert étaient présents dimanche dernier.

Pourquoi les élus LR ont-ils boudés la manifestation ? « Le contexte n’est pas du tout le même qu’au moment des manifestations anti mariage pour tous», affirme Bruno Cautrès, politologue au CEVIPOF. « En 2013, le fait d’avoir un président de gauche a particulièrement mobilisé la droite. La droite cherchait, après la défaite de Nicolas Sarkozy, un sujet fortement mobilisateur pour montrer que la droite sarkozyste était toujours là », poursuit-il. Pour ce politologue, le parti LR est toujours en convalescence et a du mal à se réinventer « Il y a une dimension stratégique, la droite veut davantage investir les thématiques économiques plutôt que d’enfourcher tous les combats conservateurs. »

Un cas emblématique de cette discrétion stratégique est celui de Christian Jacob, favori à la succession de la présidence du parti les Républicains. En déplacement dans l’Ain, il a fait savoir qu’il ne serait de toute façon pas allé manifester. Pour Bruno Cautrès, le député LR reste volontairement en retrait : « Il est en campagne et reste donc en retrait sur ces thématiques. Il fait passer le message de “je me tiens à l’écart de la politique politicienne mais je suis sur le terrain.” »

« Nous les attendons lors des prochains rassemblements »

Claire Avalle, responsable de la communication des Associations catholiques de France ne se dit pas déçue par la faible participation des élus « Il y a quand même eu certains maires, quelques représentants, mais ils sont là à titre personnels. Nous souhaiterions plutôt qu’ils prennent conscience des risques que comportent cette loi. Notre but n’est pas de mobiliser un maximum d’élus aux manifestations mais de les empêcher de voter la loi bioéthique. » Claire Avalle rappelle pourtant que les élus n’avaient été nombreux en 2013 que lors des deuxième et troisième mobilisations, elle conclut « ça n’était que notre premier rassemblement, nous les attendons lors des prochains »

Les associations ont annoncé dimanche soir les cinq prochaines dates des rassemblements pour contester la loi Bioéthique. Il faut donc peut-être attendre le 1er décembre avant de confirmer que les élus de droite ne s’affichent pas dans les rassemblements anti-PMA, pour des raisons personnelles ou stratégiques.

Camille Kauffmann