









Le lab des étudiants en journalisme du CELSA
Le prix Nobel de littérature alternatif a été décerné à l’écrivaine guadeloupéenne, ce vendredi, à la bibliothèque de Stockholm.
« La nouvelle académie », spécialement constituée après l’annulation du Prix Nobel de littérature 2018 a récompensé Maryse Condé du « nouveau prix de littérature ». Plusieurs fois citée pour le Prix Nobel, Maryse Condé « décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme, avec un langage précis dans ses œuvres » a félicité l’institution. Née en février 1937 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), l’écrivaine a publié une trentaine de romans ainsi que des essais et des pièces de théâtre portant notamment sur l’esclavage et l’Afrique.
«Je suis très heureuse et très fière d’avoir ce prix mais permettez-moi de le partager avec ma famille, avec mes amis et surtout avec tous les gens de la Guadeloupe […] qui seront émus et heureux de me voir récompensée», a-t-elle réagi dans une vidéo, peu après l’annonce.
Contrairement au lauréat du Prix Nobel, choisi par les 18 membres de l’académie, le «Nouveau prix» se veut le fruit d’un processus populaire. Une liste est d’abord établie par des bibliothécaires suédois, puis ramenée à quelques noms par un vote populaire. Les organisateurs indiquent avoir reçu près de 33 000 contributions. Sur la liste finale apparaissaient les noms du Britannique Neil Gaiman, de la Canadienne d’origine vietnamienne Kim Thúy et de Maryse Condé. Le japonais Haruki Murakami, faisait également partie de la dernière sélection, mais a préféré se désister. Il a précisé vouloir «se concentrer sur son écriture et rester à l’écart de l’attention médiatique» sur son mur Facebook.
La récompense équivaut à 97 000 euros soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats du Prix Nobel. Une somme qui a été collecté par le biais du financement participatif et du mécénat. Maryse Condé recevra son prix à Stockholm le 9 décembre prochain.
Audrey Abraham
C’est un secret de Polichinelle. Sans faire de candidature officielle, Gaspard Gantzer l’a annoncé haut et fort devant environ 800 personnes lors de la soirée de lancement de son mouvement « Parisiennes, Parisiens » jeudi, dans le 18e arrondissement de Paris : « Je ne sais pas où ça va nous conduire, où l’on sera en 2020, mais on a l’énergie pour reprendre les clés de l’Hôtel de ville ».
L’annonce avait été faite en avril dernier. Gaspard Gantzer revient en politique, avec son « mouvement progressiste qui veut redonner à Paris sa vitalité et son rayonnement ». Un mouvement politique d’abord citoyen, ni de gauche, ni de droite. Avec en tête d’affiche, un jeune énarque de 39 ans, passé par l’Elysée. Comme une sensation de déjà vu.
Selon Baptiste Ménard, vice-président du « Think Tank Different » et président du Groupe Socialiste Universitaire (GSU) de Lille, c’est « parce que les partis politiques traditionnels sont décriés qu’il y a une tentation chez les acteurs de faire de la politique autrement. Beaucoup de personnes, des citoyens lambda, se disent : ‘pourquoi pas moi ?' ».
Un effet Macron
Doit-on y voir un effet Macron ? A peine lancé, ce mouvement ravive des réminiscences qui ne sont pas si lointaines. « En 2007, il y avait déjà cette ambition d’intégrer les citoyens à la politique. Je pense notamment à Désir d’Avenir de Ségolène Royal, poursuit Baptiste Ménard. Mais cette logique s’est affirmée avec le mouvement d’Emmanuel Macron et surtout avec son élection ».
Jeudi soir, c’est la salle de spectacle Elysée Montmartre, dans le 18e arrondissement de la capitale, qui a été choisie par l’ancien conseiller de François Hollande pour ce premier meeting. Un arrondissement « symbolique de Paris, parce qu’il y a la plus grande mixité de quartiers », a-t-il justifié, avant de préciser qu’il s’agissait aussi de l’ancien fief « de Bertrand Delanoë, Alain Juppé et Georges Clemenceau ».
Celui qui se définit comme un « titi parisien » et qui se targue de connaître « Paris comme [sa] poche » ne peut pas le renier. Il veut revenir en politique. Et même s’il est « trop tôt » pour affirmer qu’il brigue la mairie de Paris, ses faits et gestes sont assimilés à ceux d’un homme politique en campagne.
Sur les réseaux sociaux – dont il connait tous les rouages après les avoir alimentés pour le Président François Hollande – il détaille ses mesures. Ou son programme ?
Ce n’est pas à l’Etat de décider de l’avenir du Grand PARIS. Ce sont Grandes Parisiennes et les Grands Parisiens qui choisiront, en 2020 ✊🏻✊🏻✊🏻
Vers un enterrement de première classe du grand paris ? – Le Parisien https://t.co/rpfd9CEFvL
— Gaspard Gantzer (@gaspardgantzer) 12 octobre 2018
Certains Parisiens le voient déjà en campagne. Gaspard Gantzer obtient 5% des voix dans les sondages. Et le bientôt quadragénaire, à la tête de la boîte de conseil en communication « 2017 », est déjà critique face à ses adversaires. En avril dernier, il condamnait le parti au pouvoir, La République en marche (LREM), et son organisation « très verticale ». « On dirait le PS ! », se moquait-il.
Car celui qui a été militant au Parti socialiste, qui a soutenu Désir d’Avenir de Ségolène Royal après avoir été le porte-parole de Bertrand Delanoë de mai 2012 à janvier 2013, a aussi été séduit par la promesse de démocratie participative de LREM. Une promesse qu’il fait désormais sienne.
« Du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes »
Sur France Inter, en avril dernier, il déclarait : « Je ne réfléchis plus avec des étiquettes politiques, […] il ne faut pas réfléchir à partir des appareils politiques ». Gaspard Gantzer veut se détacher de la vieille politique, à tel point qu’il ne reprend pas la carte du PS, qu’il avait depuis 2002. Au Figaro, il se confie : « Moi, je veux du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes. Pas des élus qui ont cumulé des mandats nationaux ou locaux depuis 10 ou 20 ans. »
Car pour voir « Paris en grand », l’énarque mise sur le renouveau. Comme pour effacer les traces du PS et celles d’Anne Hidalgo, critiquée sur plusieurs dossiers, de l’hébergement des migrants aux Autolib’, en passant par la question de la propreté. Mais Baptiste Ménard reste prudent. « Il y a un risque d’émiettement dans les mouvements politiques. Le mieux est l’ennemi du bien, et à force de créer plusieurs mouvements, on perd en clarté. Dans quelle mesure le citoyen peut-il s’y retrouver ? Personnellement, je crois aux partis politiques et à leur rôle structurant dans la démocratie ».
Du renouveau, pour faire le ménage en haut en partant du bas. De la société. « Le Parti socialiste, quant à lui, est retourné vers ses vieux réflexes : congrès qui ne tranche rien, courants qui servent d’écuries pour les ambitieux, croyance dans l’alternance automatique qui dispense de réfléchir. […] Pour Paris, quittons la vieille politique », écrit d’ailleurs dans une tribune au Parisien – Aujourd’hui en France, Benjamin Djiane, adjoint au maire PS du IIIe arrondissement de Paris et ancien conseiller de Manuel Valls, qui a rejoint le mouvement « Parisiennes, Parisiens ».
Moi, je veux du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes. Pas des élus qui ont cumulé des mandats nationaux ou locaux depuis 10 ou 20 ans. »
– Gaspard Gantzer
A croire que pour réussir dans le monde de la politique, il ne faut pas en venir. L’effet Macron et son ambition de mettre la société civile dans la haute sphère politique ne s’essoufflent pas. Les mouvements citoyens se multiplient. A Paris et en Province. A Besançon (Doubs), le « Mouvement Franche-Comté », régionaliste, suit l’exemple. Dans son appel à candidature, le président Jean-Philippe Allenbach a précisé que sa liste « comportera au maximum 25% de fonctionnaires et au maximum 25% de politiques, tous ses autres membres étant issus de la société civile ou du secteur économique ». En 2001, il s’était déjà présenté aux municipales. Sous l’étiquette du Parti fédéraliste. Etiquette qu’il a laissé tomber. Du côté de Lorient, en Bretagne, même principe. Menée par Fabrice Loher, « L’Union pour Lorient », jusqu’alors associative, s’est déclarée comme mouvement politique le 1er janvier pour les prochaines municipales. Issue des Républicains et de l’UDI, elle s’est élargie à la société civile… non étiquetée.
Noémie Gobron
Maximilien a fait son choix. Ce vendredi, c’est école buissonnière. « Je sèche jamais mais là c’est obligé », confesse ce collégien de 14 ans. Sur le boulevard Voltaire à Paris, l’adolescent rondouillet profite de l’instant, il tient fermement dans sa main le jeu qu’il attendait depuis des mois, sourire aux lèvres : « Toute la journée ce sera Call of ».
« Call of », le diminutif du jeu vidéo « Call of Duty », l’une des plus grosses licences de l’industrie vidéoludique. Le nouveau volet de la saga est aujourd’hui disponible en magasins et sur Internet. Dans certaines boutiques du quartier République, le jeu est même en rayon depuis quelques jours, mais certains vendeurs ne prennent pas ce risque. « On ne vend qu’à partir du jour J, ça évite les ennuis avec les éditeurs… » confie Alexandre qui travaille à la boutique Retrogameplay. Malgré son nom trompeur, le magasin propose lui aussi les dernières sorties jeux vidéo, « Le Spiderman et le dernier Assassin’s Creed se vendent bien… et maintenant on propose le dernier Call of Duty. »
Le vendeur assure que pour ces produits, sa clientèle est plutôt adulte : « C’est très rarement des jeunes tout seul qui viennent acheter ces jeux-là. Ils sont accompagnés de leurs parents ou alors ils nous les passent au téléphone. Il nous faut leur accord. Ça nous rassure car vu le contenu, drogues, braquages et prostitution qu’il y a dans ces jeux-là, on se dit que c’est moralement pas possible de le vendre comme ça à des enfants. »
Sur chaque jaquette de jeu vidéo, on distingue une petite signalétique en vert, orange ou rouge : « PEGI » ou Pan European Game Information. Un pictogramme qui permet la classification d’un jeu vidéo selon le degré de violence qu’il contient. 3: c’est pour toute la famille. 12: à ne pas mettre entre les mains des plus jeunes. 18 : le jeu contient des scènes explicites de sexe et/ou de violence.
Pour cette fin d’année, presque tous les jeux « AAA » (à très gros budget), sont classés PEGI 18. Call of Duty, Red Dead Redemption II, Battlefield V… Des expériences vidéoludiques où l’on incarne le plus souvent un héros ou un soldat qui n’hésite pas à faire usage d’armes létales. La violence y est bien souvent omniprésente. Sauf que la classification PEGI n’a qu’un caractère informatif et n’est en rien contraignante. Résultat : de nombreux adolescents peuvent sans grande difficulté acheter des jeux qui leur sont pourtant déconseillés.
À 15 ans, Hector a déjà joué à de nombreux jeux au contenu inadapté à son âge : « Mon grand frère et moi on joue aux mêmes jeux donc je n’en achète pas beaucoup. J’ai acheté FIFA il y a quelques semaines, mais je sais que je n’aurai aucun problème à acheter Call of Duty ou n’importe quel autre jeu violent en grande surface. »
Le lycéen affirme n’avoir jamais été interrogé sur son âge pour acheter un jeu : « Ils ne vérifient ni en magasin ni sur Internet. Quand je vais à la Fnac, je m’achète des cartes prépayées que j’utilise ensuite sur mon ordinateur pour m’acheter les jeux qui me plaisent. Il n’y a aucun contrôle. »
Fnac, Micromania, Auchan… Les principaux vendeurs de jeux en magasins font preuve de trop de laxisme. « J’ai acheté un ancien Call of Duty en magasin en 2015, j’avais 12 ans et personne ne m’a posé de question à la caisse. Pareil pour mon pote qui s’est offert GTA », raconte Hector. Le secteur du jeu vidéo profite de l’absence d’interdiction. En France, l’industrie vidéoludique représentait 4,3 milliards d’euros en 2017 selon le S.E.L.L (le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) . Un chiffre en constante augmentation et qui fait du jeu vidéo, selon Le Parisien, le premier produit culturel en France, devant le livre, le cinéma et la musique.
Mais résumer les jeux vidéo à du contenu violent serait malhonnête. Depuis quelques années, le rétro-gaming et les jeux conviviaux ont le vent en poupe : « Le dernier Mario Party marche bien et en décembre il y a Super Smash Bros qui sort et ça va cartonner. Ce sont des jeux familiaux et plutôt bon enfant mais c’est ce que recherchent aussi les joueurs. Qu’ils soient jeunes ou plus âgés », explique Alexandre. Le jeu vidéo familial, c’est la marque de fabrique de Nintendo. Le constructeur nippon a sorti en 2017 la Switch qui connaît un franc succès partout dans le monde avec plus de 20 millions d’unités vendues. Preuve que les jeux vidéo non violents rapportent eux aussi énormément d’argent.
H.G.