Match retour pour Booba et Kaaris (Sabrina)

Le feuilleton de l’été connaît de nouveaux rebondissements. Booba annonce un combat contre Kaaris le 5 avril prochain à Bruxelles.

Alors que les méandres judiciaires touchent à leur fin, les rappeurs Booba et Kaaris remettent leurs différends sur le devant de la scène. Cette fois, il s’agit d’un combat de MMA (mixed martial arts) organisé. Ce sera l’occasion pour chacun des deux hommes de prendre sa revanche après la bagarre générale qu’ils ont déclenchée l’été dernier.

Les faits remontent au 1er août à l’aéroport d’Orly près de Paris. Booba, accompagné de ses amis, prévoit de se rendre à Barcelone où il doit donner un concert. Il y rencontre par hasard, Kaaris et sa bande, en partance pour la même destination : le rappeur doit également se produire dans une boîte de nuit de la ville.

A l’origine, Kaaris, de son vrai nom Okou Armand Gnakouri est le protégé d’Elie Yaffa alias Booba (accès abonnés). Alors qu’ils multiplient les collaborations, ils mettent un point final à leur relation et deviennent ennemis. Ils ne se voient plus mais s’attaquent régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux à coups de clashs et de messages provocateurs.

 

Premier round du combat

Leur rencontre à Orly est l’occasion pour eux de régler leurs comptes. Les insultes fusent, les coups partent et les flacons de parfum volent. Les boutiques duty-free se transforment en champ de bataille. C’est la panique parmi les passagers-spectateurs. Certains fuient, d’autres essuient des coups, pendant que les plus audacieux filment la scène pour la diffuser en direct sur Snapchat, Facebook ou Instagram.

La rixe prend fin au commissariat avec neuf arrestations et la mise en garde-à-vue des rappeurs. Trois plaintes sont déposées contre Booba et Kaaris. Ils sont jugés en comparution immédiate. Voici le verdict:

  • Booba et Kaaris passent trois semaines en détention provisoire.
  • Ils sont condamnés à une peine de 18 mois de prison avec sursis par le Tribunal de Créteil.
  • Ils sont redevables d’une amende de 50.000 euros chacun.
  • Leurs proches écopent de peines de prison allant jusqu’à douze mois.

Un match de MMA pour marquer le coup

En décembre, Kaaris provoque Booba sur Instagram, qui saisit l’opportunité de prendre sa revanche.

Les échanges ne passent pas inaperçus. Les posts – fake ou vrais – envahissent les réseaux sociaux. Les internautes jubilent et parient sur l’issue de l’affrontement. Ils y voient le remake version française du « combat du siècle » entre l’Américain Floyd Mayweather et l’Irlandais Conor McGregor qui a eu lieu en août 2017. Un combat mythique dans le milieu de ce sport dont les deux rappeurs français sont adeptes. C’est à l’instar de cette rencontre que Booba souhaite défier Kaaris. Le MMA est une discipline sans limite et très dangereuse, d’où son interdiction en France. C’est pourquoi la confrontation est prévue en Belgique où ce sport est autorisé. Le 10 janvier, Booba officialise l’événement en postant une vidéo sur son compte Twitter dans laquelle il mentionne un contrat envoyé à son adversaire ainsi qu’une prime de 300.000 euros versée au vainqueur.

Coup de sang ou coup de pub ?

Booba jouit d’une grande notoriété en France et l’étranger. Avec cette affaire, Kaaris s’est fait connaître du grand public. Financièrement, aucun d’eux ne compte sur ce combat pour améliorer sa situation déjà confortable. S’ils créent le buzz c’est avant tout pour raviver la tradition du clash dans le rap. En effet, c’est l’essence même du genre musical venu des Etats-Unis. Les rappeurs s’affrontent au micro avec des attaques plus ou moins frontales, le meilleur remportant l’ovation du public. Mais les susceptibilités sont grandes et les rivalités continuent souvent dans la rue. Aux USA, de nombreux artistes sont victimes de leurs adversaires artistiques.
En France, la lutte entre rappeurs existe aussi et Booba n’en est pas exclu. Il en est venu aux mains à plusieurs reprises, notamment avec ses deux ennemis historiques Rhoff et La Fouine. Avec le combat du 5 avril il compte avant tout assoir sa place de numéro 1 et son rang de « DUC » comme il se fait appeler. Le monde du rap répond aux mêmes lois que la jungle : pour rester au sommet il faut se battre en permanence.
D’après le dernier post Instagram de Kaaris celui-ci aurait accepté l’invitation à condition de signer un nouveau contrat d’un million d’euros. Booba acceptera-t-il cette contre-proposition? A suivre sur les réseaux sociaux.

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J’ai revu pour vous… « Aladdin » de Disney (Sébastien)

Revoir un film qui vous a marqué plus jeune, avec vos yeux d’adultes… quand #MeToo, #OscarSoWhite et #LoveWins sont passés par là, ça vous dit ? Aujourd’hui, on détruit ce rêve bleu !


Dans le premier épisode de son podcast « Mansplaining », le journaliste Thomas Messias se livre à un périlleux exercice : revoir Buffalo’66 de Vincent Gallo, un film qui l’a marqué dans sa jeunesse, avec une attention toute particulière pour les rapports femme-homme. L’épisode se termine sur une invitation à faire de même. Profitant des fêtes de fin d’années, j’ai revu pour vous « Aladdin », des studios Disney (1992) avec un regard féministe, post-colonial et queer. La suite va vous étonner… ou pas.

Jasmine, seule contre tous

C’est bien simple : Jasmine est l’unique personnage féminin nommé qui parle dans ce film. Au début du film, on peut voir trois autres femmes :
  • deux anonymes pendant la chanson « Je vole » qui introduit le personnage d’Aladdin. L’une d’elle a une réplique, l’autre non.
  • une enfant muette à laquelle le héros donne un morceau de pain, juste après le morceau.
Jasmine apparait pour la première fois à 12 min du début, ce qui veut dire que pendant les 78min restantes, plus aucun personnage féminin ne sera ni présent ni même mentionné. Je ne compte pas les choristes et les danseuses, toujours érotisées et peu vêtues, qui apparaissent dans les chansons « Je suis ton ami » et « Prince Ali ». Autant dire que le film ne passe pas le test de Bechdel, qui veut qu’un film contienne au moins deux femmes nommées, douées de la parole, et qui discutent entre elles d’autre chose que d’hommes.

Pourtant, Jasmine est présentée comme ayant du caractère : avant même d’être apparue à l’écran, elle éconduit ses prétendants l’un après l’autre. Elle est généreuse, courageuse et déterminée, et n’a pas besoin d’Aladdin pour sauter entre deux toits (passion saut à la perche). Lorsqu’elle surprend son père le sultan, Jafar et Aladdin qui se disputent son avenir, elle leur rétorque : « Je ne suis pas le premier prix d’une tombola » (oui, j’ai un faible pour la VF même si tout le monde ne partage pas cet avis). C’est une séquence très parlante, car elle montre autant la bonne volonté de Disney à proposer une princesse indépendante et déterminée, mais désespérément seule face aux trois hommes qui composent le reste du casting.


En effet, Jasmine souffre du syndrome de Trinity, définit par la journaliste Tasha Robinson (cf l’héroïne de « Matrix ») : bien qu’étant parfaitement capable de se défendre, elle a besoin d’Aladdin pour s’accomplir et ne s’oppose pas à Jafar lorsque celui-ci prend le pouvoir. Tout comme Nala dans « Le Roi lion » ou Hermione Granger dans la saga Harry Potter, sa vie ne trouve de sens que par la présence et les actions d’un personnage masculin. Pour conclure sur la perspective féministe, notons que le film a été réalisé par deux hommes, John Musker et Ron Clements, qui ont co-écrit le scénario avec deux autres hommes. Étonnant ? Non.

Une touche d’ethnocentrisme… et pas mal de clichés

« Aladdin » est sorti à la charnière des années 1980/90. Disney cherche alors à se renouveler et à diversifier ses sources d’inspiration en renonçant aux contes d’Europe occidentale, pour aller puiser dans des mythologies ailleurs dans le monde. Viendront ensuite notamment « Le Roi Lion » en 1994, « Pocahontas » en 1995, « Hercule » en 1997 et « Mulan » en 1998. Malgré la bonne volonté du studio, le film donne une vision caricaturale d’un Orient fantasmé comme en témoigne le chant lexical du morceau d’ouverture « Nuits d’Arabie », bel exemple d’exotisation : « envoûtant », « magie », « folies », « insomnie d’amour » ou encore « parfum de velours ».

Autre exemple problématique : à plusieurs reprises, le Génie adopte des accents lorsqu’il incarne des personnages, principalement pendant ses deux chansons. Pourquoi s’adresse-t-il avec un accent antillais à chaque fois qu’il s’adresse au tapis volant ? De même, la totalité des personnages secondaires (le marchand ambulant de la scène d’ouverture, les marchands du souk, les gardes aux ordres de Jafar, le voleur Ghazim du début) s’expriment avec des accents « arabisants », lorsque les personnages principaux parlent dans un français considéré comme « plat », c’est-à-dire parisien. L’ensemble tente d’installer une complicité avec un public imaginé comme principalement blanc, qui sera amusé des facéties du génie et les personnages secondaires comme nécessairement « autres ».

« Jafar, ma grande ! »

Jafar s’inscrit dans une longue liste de personnages jouant sur les ambiguïtés de genre, quand il ne sont pas pas carrément de gros clichés : le Capitaine Crochet, Shere Khan, le Prince Jean de « Robin des Bois », Scar ou encore Hadès. Obsessionnels et précieux, ils sont volontiers maquillés et soignent leur apparence. Ursula, la méchante de la « Petite Sirène » réussit le tour de force d’être à la fois un archétype de lesbienne butch (masculine) et une allusion à la drag queen Divine.

Dans « Aladdin », le Génie est à plusieurs reprises maniéré, notamment lorsqu’il joue le serveur dans « Je suis ton ami » et lorsqu’il habille Aladdin en Prince Ali. Car c’est bien connu, tous les serveurs et les tailleurs sont gays. Et que dire de la relation qui unit Jafar et Iago ? Le perroquet s’émeut devant une photo les montrant tous les deux, et appelle son maître « Ma grande » lorsqu’il s’imagine félicité d’avoir dérobé la lampe (notons qu’en anglais, il dit plus humblement « I am blushing »). Ici, c’est carrément l’ambiance de vestiaires qui frôle l’homophobie…

C’est ce qui s’appelle le queer coding, un reste des années 1930 à 68 où le Code Hayes régentait ce qui était montrable à Hollywood. Les personnages LGBT étant interdits, scénaristes et réalisateurs plaçaient des clins d’œil que seul.e.s les publics concerné.e.s identifieraient. Le phénomène chez Disney a été largement traité et, plus récemment, on a parlé également de queerbaiting : lorsque, dans un accès de bonne volonté, les studios de productions ajoutent une couche LGBT-friendly à leurs personnages ou à leur histoire. On souvient notamment de la révélation de l’homosexualité d’Albus Dumbledore par sa créatrice J.K. Rowling, aspect de son identité pourtant absent du deuxième épisode des Animaux fantastiques ; ou encore à Lando Calrissian, dont la pansexualité dans « Han Solo », derniers opus de la galaxie Star Warsn’a pas convaincu.

Pour conclure…

Que l’exercice vous ait plu ou que vous soyez triste que j’ai détruit ce rêve bleu, je vous invite à faire de même de votre côté : revoyez un film qui vous a marqué, qu’il s’agisse du « Le Guépard », des « Goonies » ou du « Silence des Agneaux ». Soyez attentif.ve aux rapports de pouvoir et au traitement des femmes, des personnes non-blanches, LGBTQ ou encore handicapées. Vous verrez, c’est un nouveau monde en couleurs…

Tintin a 90 ans : 5 choses à savoir sur le héros de Hergé (Léa)

Il est sûrement le personnage de bande dessinée le plus connu des Français. Malgré son succès retentissant, il réserve encore quelques secrets pour les amateurs de bandes dessinées.

Mille milliards de mille sabords… C’est l’anniversaire de Tintin ! Le personnage connu pour sa houpette et son fameux pull bleu a fêté ses 90 ans, ce jeudi 10 janvier. Plus de trente ans après la mort de son auteur, Tintin continue à se vendre au rythme de 4 millions d’albums par an. Un succès phénoménal marqué par des aventures riches et inoubliables qui ont bercé plusieurs générations.

Êtes-vous incollable sur les aventures de Tintin ? A l’occasion de son 90e anniversaire, (re)découvrez cinq anecdotes sur le célèbre reporter :

  • Un prénom aux origines floues

Si Hergé a fait de nombreuses confidences sur son héros, il n’a jamais révélé d’où lui était venu l’idée du prénom Tintin. Dans ses mémoires, il a toutefois avoué l’avoir choisi dans l’urgence. Pourtant, ce prénom, pour le moins original, ne lui est pas venu par hasard. En effet, il a été fortement influencé par le travail de Benjamin Rabier. Ce dernier a notamment créé le personnage Tintin-Lutin. Le héros d’une jolie histoire qui a bercé l’enfance d’Hervé. Tout s’explique…

  • Un reporter qui n’écrit (presque) jamais

A l’exception de la première bande-dessiné, on constate que Tintin ne rédige quasiment pas. Ce qui est plutôt surprenant pour un reporter toujours à la recherche d’un nouveau scoop. Visiblement, le personnage préfère raconter des histoires plutôt que de les mettre sur papier. Et ce n’est pas pour déplaire à ses nombreux fans qui raffolent de ses anecdotes croustillantes.

  • Un héros très critiqué

Alors que Tintin a toujours rencontré un franc succès, il a aussi été critiqué. Ses aventures ont suscité de nombreuses polémiques. Accusé de racisme et d’antisémitisme pour certains de ces albums, Hergé a été dans l’obligation de s’expliquer à plusieurs reprises. Il a notamment reconnu qu’il n’avais pas été capable d’échapper à certains préjugés à cause de ses origines sociales modestes. « Si j’avais à les refaire, je les referais tout autrement, c’est sûr », a-t-il confié à Numa Sadoul dans Tintin et moi, publié en 1975.

A lire aussi : « Tintin au pays des Soviets », l’album mal aimé d’Hergé, prend des couleurs

  • Un personnage international

Si Tintin est belge, ses albums, eux, ont été traduits dans plus de 100 langues et ont dépassé les frontières. Ce qui fait de cette bande-dessiné, un des plus gros succès du XXème siècle. Rien que ça !

  • Un retour au cinéma très bientôt 

Ce sont les fans qui vont être ravis. Tintin va faire son come-back au cinéma. Alors qu’il a été mis de côté depuis plus de trois ans, le projet d’un nouveau film, après Le Secret de La Licorne en 2011, est envisagé. En effet, le duo Jackson-Spielberg prépare la suite des aventures du célèbre journaliste.

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Elections présidentielle en RDC : alternance historique, résultats contestés ( Farah)

Les résultats de  l’élection présidentielle congolaise du 30 décembre 2018 sont annoncées jeudi 10 janvier. L’opposant Félix Tshisekedi sort vainqueur.


Félix Tshisekedi lors d’un point de presse le 24/04/2017 à Kinshasa au siège de son parti UDPS. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré aux premières heures de jeudi 10 janvier, Felix Tshisekedi, 55 ans, vainqueur de la présidentielle. Digne héritier de son père Etienne Tshisekedi opposant aux régimes de Mobutu puis de Kabila, Il obtient 38,57% des voix, devant l’autre candidat de l’opposition divisée, Martin Fayulu (34,8%) selon des résultats provisoires.C’est la première fois depuis son indépendance en 1960 que le pays connaît une transition démocratique.

Liesse des partisans

Des partisans de Félix Tshisekedi ont exprimé leur joie dés l’annonce des résultats.

Vidéo Euronews

« Putsch électoral » pour Faylu, « résultats non-conformes » pour Le Drian

« C’est un véritable putsch électoral, c’est incompréhensible », a déclaré son adversaire Martin Fayulu, arrivé en deuxième position. Dans une interview à RFI, il assure que « ces résultats n’ont rien à voir avec la vérité des urnes ». 

Le ministre français des Affaires étrangères a estimé quant à lui, que les résultats de cette élection présidentielle n’étaient « pas conformes » aux attentes et que l’opposant Martin Fayulu en était « a priori » le vainqueur.

L’Église réagit
Le président de la Cenco, l’archevêque Marcel Utembi, et le secrétaire général de la Cenco, Donatien Nshole, le 30 décembre 2016 à Kinshasa en République démocratique du Congo. © AFP/JUNIOR D.KANNAH

Lors d’une conférence de presse jeudi, l’abbé Donatien Nshole, porte-parole des évêques de la conférence épiscopale nationale du Congo  la « Cenco », a estimé  que « les résultats tels que publiés par la CENI ne correspondent pas aux données collectées par notre mission d’observation à partir des bureaux de vote et de dépouillement »« Nous prenons acte de la publication des résultats  de l’élection présidentielle qui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, ouvre la voie à l’alternance au sommet de l’Etat », a néanmoins estimé la Cenco, qui affirme avoir déployé 40 000 observateurs mais n’a pas donné le nom du candidat qu’elle estime vainqueur.

Le recours était possible jusqu’à samedi 12 janvier en matinée. La Cour constitutionnelle publiera les résultats définitifs avant le 15 janvier, selon le calendrier électoral.

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RDC: Joie et constations après les résultats de l’élection présidentielle

La France met en doute les résultats