Prendre rendez-vous sur internet : la galère des migrants pour régulariser leur situation en préfecture

Une cinquantaine de migrants dénoncent la dématérialisation en ligne du service des titres de séjour en préfecture et assignent l’Etat en justice. Des rassemblements auront lieu à Bobigny, Créteil, Nanterre et Évry à 15 heures.

La dématérialisation des services touche tous les secteurs : y compris celui de la police. Si cela est dans l’air du temps et peut sembler anecdotique, la prise de rendez-vous sur internet pour des ressortissants étrangers souhaitant régulariser leur situation transforme cette démarche administrative en véritable combat. Tous n’ont pas accès à internet et cela créé des files d’attentes « invisibles », comme le dénoncent les associations.

Des rassemblements sont prévus dans l’après-midi devant les préfectures de Bobigny, Créteil, Nanterre et Évry, à l’appel de plusieurs dizaines d’associations soutenant les migrants comme la Cimade, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) ou encore la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Si ces associations frappent du poing sur la table, c’est parce que prendre rendez-vous pour renouveler ou demander son titre de séjour devient impossible. Et les conséquences peuvent être désastreuses. Ces ressortissants étrangers peuvent se voir privés de leur emploi et de leurs droits sociaux. Selon les associations, cette situation mène à la « revente » de rendez-vous, allant jusqu’à 200 euros, que certains migrants, dans l’urgence, sont contraints de payer.

La situation avait déjà été dénoncée en janvier dernier. Les associations espèrent rétablir une prise de rendez-vous physique, à l’issue de cette journée de mobilisation.

Camille Kauffmann

 

 

La sélection du Prix Nobel de la Paix, une décision compliquée et souvent controversée

Vendredi le Comité du Prix Nobel de la Paix révélera le lauréat pour l’année 2019. Une annonce très attendue puisque Greta Thunberg, militante écologique, fait partie des favorites cette année. Mais face à l’état du monde actuel, comment décider quelle personnalité ou organisation doit être récompensée pour ses combats ? Antoine Jacob, journaliste et auteur du livre, Histoire du prix Nobel, explique que le choix n’est pas aussi simple que ça.

Tensions, démissions, … les membres du Comité souvent en désaccord.

Les jurés ont un peu plus de six mois pour faire leur choix. Cette année, plus de 300 candidatures ont été déposées. Avant l’été, les membres du jury devaient avoir fait le tri de ces candidatures et se retrouver avec 4 ou 5 candidats. Les candidatures peuvent parfois être farfelues et inimaginables. “Cette année déjà, on sait que ce ne sera pas Donald Trump ou Kim Jong Un”, même s’ils étaient présents dans la liste. Les cinq membres de la commission doivent se mettre d’accord sur une seule et même personne ou entité. Parfois, plusieurs personnes sont nominées, mais “on retrouve des personnes avec des causes communes.”

Pourtant, il est déjà arrivé que des membres démissionnent à la suite de conflit et de désaccord sur le choix du lauréat. En 1994, à la suite de la nomination du Palestinien Yasser Arafat et des Israéliens Yitzhak Rabin et Shimon Peres, Kaare Kristiansen, membre de la commission des Nobel décide de démissionner. Cet ancien chef du Parti chrétien populaire et cofondateur d’un groupe proche d’Israël, n’était pas “d’accord avec le choix de Yasser Arafat”. 

En 2012, le choix de l’Union Européenne n’a pas fait l’unanimité non plus. Même si deux demandes d’adhésions à l’Union Européenne ont été faites, le pays n’est toujours pas membre. Les norvégiens ont deux fois dit non à l’entrée dans l’UE par référendum.

Les discussions entre les deux parties sont toujours compliquées. Lorsque l’Union Européenne fait partie des finalistes pour le prix Nobel de la Paix, cela fait plusieurs années, qu’ils sont sur la liste. Les membres du jury qui souhaitaient en majorité récompenser l’institution, ont donc tout simplement attendu “que la juré qui était opposée à cette nomination tombe malade pour voter en faveur de l’UE”. 

Des choix consensuels pour faire accepter des choix plus controversés 

Pour Antoine Jacob, on peut voir en fonction des années que certains choix sont plus consensuels que d’autres. « On peut remettre un prix pour le travail accompli comme les Casques Bleus ou le Haut Commissariat pour les Réfugiés, ce sont des gens consensuels. Et l’année d’après on va retrouver des personnes un peu plus polémiques« .

Les choix du comité Nobel de la Paix ont souvent été critiqués. On se rappelle encore de la sélection de Barack Obama en 2009 alors président des Etats-Unis depuis moins d’un an. Cette décision avait fait beaucoup parler puisque les jurés avaient fait ce choix seulement pour les “beaux discours de Barack Obama sur l’armement ou le monde musulman”. Mais aucun acte concret n’avait encore été fait par le président américain. 

Le comité fait quand même en sorte de nominer des personnalités inconnues du grand public. Ce coup de projecteur peut être utile aux couronnés pour faire parler de leur combat mais aussi pour les protéger.

Shirin Ebadi, avocate et juge iranienne pour les Droits de l’Homme a été récompensée par le comité. Avec ce prix, elle est « devenue une personnalité publique dans le monde entier, ce qui peut donc lui éviter d’être persécutée ou exécutée« .

Le but du Prix Nobel de la Paix est avant tout de récompenser « la personne qui aura le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes et à la tenue et la promotion des conférences de paix ». Ce prix donne donc aux lauréats un coup de main et les aide à mettre en avant leur combat même si parfois, on peut critiquer le choix des jurés.

 

Les retraités réclament une augmentation de leurs pensions

Plusieurs centaines de personnes ont défilé à Paris, de Montparnasse aux Invalides, pour demander une augmentation des pensions et l’annulation totale de la hausse de la CSG pour tous les retraités.

« Augmentation des pensions, droit à la santé et aux loisirs ». C’est le message qu’on pouvait lire sur les pancartes des manifestants en début d’après-midi, dans le quartier Montparnasse à Paris. Sous une pluie battante, les retraités étaient dans la rue, parapluie à la main, pour faire entendre leurs revendications. A savoir : l’augmentation des pensions et la suppression de la hausse de la CSG. 

En milieu de cortège, Martine Soret fait part de ses inquiétudes. A 70 ans, cette ancienne secrétaire indique toucher 560 euros de retraite par mois. « Heureusement que mes deux enfants m’aident à payer les factures », témoigne cette adhérente à la CGT et au Parti communiste.

Si le montant de sa pension est faible, c’est parce que Martine Soret a cotisé pendant 20 ans, au lieu de 43 pour avoir une retraite à taux plein. Selon elle, le gouvernement devrait augmenter les retraites, gelées depuis plusieurs années.

Revaloriser les salaires

Casquette CGT sur la tête et banderoles à la main, Martine Soret n’a pas manqué une seule manifestation depuis 1968. Elle aimerait par ailleurs bénéficier d’une retraite minimale à 1000 euros par mois. Une option envisagée par Emmanuel Macron, mais seulement pour les carrières complètes.

Pour Didier Le Reste, conseiller PCF de Paris, il faut agir en revalorisant les salaires des actifs, car ce sont eux qui payent les cotisations sociales, et donc les pensions de retraite. Selon lui, le gouvernement doit abandonner le système à points, car « il va faire baisser le niveau des pensions ». Puis de conclure : « Il faut s’opposer à cette réforme, qui en réalité concerne tous les retraités ».

Alexandre Cool