Selon l’ONU, les Rohingyas forment le peuple le plus persécuté du monde. Mardi, Barack Obama a appelé la Birmanie à cesser cette discrimination. Le point sur cette ethnie méconnue.
- Qui sont les Rohingyas ?
Il s’agit d’une minorité ethnique musulmane dont l’origine est controversée. Selon eux, ils sont les descendants de commerçants arabes, mongols, turcs ou encore perses et seraient arrivés en Birmanie dès le XV° siècle. Mais les historiens birmans jugent que rien ne prouve leur présence dans le pays avant 1950. Ils s’expriment dans une langue proche du Bengali.
- Combien sont-ils ?
Au total, ils sont environ 1,3 million à vivre en Birmanie. Parmi eux, 800 000 vivent à la frontière du Bangladesh, dans l’Etat d’Arakan. D’autres ont fui la répression de la junte birmane au pouvoir de 1962 et 2011 et vivent à présent dans des camps de réfugiés au Bangladesh.
- Pourquoi tant de discrimination ?
La Birmanie les considère comme des immigrants illégaux. Depuis 1982, et les réformes du dictateur Ne Win, ils ne font plus partie des 130 titre d’ethnies minoritaires répertoriées. Ils sont donc apatrides et privés de tout droit. Ils sont soumis au travail forcé, ne sont pas libres de leurs mouvements, leurs terres sont confisquées et ils n’ont aucune perspective d’avenir, n’ayant pas d’accès à l’éducation. Or, plus le nationalisme bouddhiste augmente, moins les hommes politiques n’osent s’aventurer à débattre sur leur cause, pas même Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix. Depuis le 19 mai, les autorités locales de l’Arakan ont le pouvoir d’évaluer si le nombre de migrants et le taux de natalité est trop important par rapport aux ressources disponibles et d’imposer aux femmes d’attendre au moins 36 mois après une naissance pour avoir un autre enfant.
- Pourquoi parle t-on d’eux aujourd’hui ?
Les Rohingyas tentent de fuir leur condition birmane en migrant vers les pays voisins. Or, depuis quelques semaines, cet exode a pris une tournure catastrophique. Les drames se sont enchaînés : plus de 3500 migrants ont passé des semaines entassés dans des bateaux de fortune à la dérive en tentant de rejoindre la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande. Quelques jours plus tard, la police thaïlandaise a découvert des charniers dans des camps de transit de migrants dans la jungle, au sud du pays. Des fosses communes ont également aussi été découvertes dans le nord.
- Vers où fuient-ils ?
Cyrielle Cabot