22 départements placés en alerte orange

Carte de vigilance Météo-France, mardi 9 avril 16h00. Source: Météo France
Carte de vigilance Météo-France, mardi 9 avril 16h00. Source: Météo France

Vingt-sept départements sont actuellement placés en alerte orange pour vent, inondation ou vagues-submersion par Météo-France. L’épisode venteux et pluvieux se déplace progressivement vers l’Allemagne, où le centre du système dépressionnaire se situe actuellement.

Les départements du Nord Est et du Centre Est de la France sont concernés par ces alertes. Des rafales à plus de 100km/h ont été détectées à Troyes et à Metz. La Corse est également sous surveillance. Selon Météo France, les vents y seront particulièrement violents demain matin.

La côte atlantique et la Manche sont quant-à elle toujours en vigilance orange vagues-submersion, et ce jusqu’à mercredi matin, où la puissance et la hauteur des vagues devraient faiblir. A Saint-Jean-de-Luz, des vagues de 9 mètres de haut ont été enregistrées en début d’après-midi. « Le littoral de l’Ille-et-Vilaine et du Golfe de Gascogne reste particulièrement exposé », rappelle également  Météo France.

Attention en Charente-Maritime et en Gironde: les fleuves et leurs confluents pourraient bien déborder, occasionnant des inondations. Météo France prévoit un retour à la normal mercredi vers 20h00.

Lundi, des vents soufflant jusqu’à 140 km/h ont balayé le nord et l’ouest de la France, générant des vagues impressionnantes sur les côtes mais des dégâts matériels limités. Deux personnes ont été grièvement blessés à Paris par la chute d’un panneau publicitaire près de la porte Maillot. Son compagnon également touché, souffre d’une fracture du fémur. Le panneau était fixé sur des palissades de travaux et s’est détaché avec le vent, ont précisé les pompiers de Paris.

Dimanche déjà, un scout de 16 ans avait été grièvement blessé par la chute d’un rocher sur sa tente, provoquée par le vent, à Saint-Pierre-de-Chartreuse, en Isère.

En Haute-Loire, des vents violents ont provoqué lundi après-midi des dégradations au collège Joachim Barrande de Saugues, a indiqué l’établissement scolaire. Des plaques métalliques se sont envolées du toit avant de retomber dans la cour, sans faire de blessés. Les élèves ont été évacués.

Dans le reste de la France, en dépit des fortes rafales, les dégâts se limitaient à des coupures d’électricité et à deux blessés légers.

Un camion, dont la remorque était vide, frappé par une rafale, s’est couché sur le pont de Normandie, entraînant la coupure de la circulation dans les deux sens. Un autre camion s’est couché sur une départementale en Seine-Maritime et son chauffeur, légèrement blessé, a été hospitalisé.

– Des vagues de plus de 10 m de haut –

En milieu de matinée, un Rafale de la « police du ciel » de la base de Saint-Dizier (Haute-Marne) a été contraint d’atterrir en Lorraine sur la base 133 de Nancy-Ochey, où il est resté quelques minutes, à cause d’un « vent de travers violent » sur sa base d’origine.

A Arques, dans le Pas-de-Calais, le toit d’un gymnase a été arraché par une bourrasque et un automobiliste a été légèrement blessé par des débris.

Au Mont-Saint-Michel (Manche), la circulation était interdite sur le pont-passerelle en raison de l’avis de tempête, et les agents du Centre des monuments nationaux n’ont pu assurer l’ouverture de l’Abbaye du Mont, fermée jusqu’à mardi matin.

Plusieurs milliers de personnes ont été privées d’électricité à l’arrivée des vents, jusqu’à 9.000 en Normandie dans la matinée et 5.000 en Bretagne mais l’impact demeurait modéré par rapport à d’autres tempêtes. Plusieurs centaines d’agents d’ERDF étaient sur le terrain pour rétablir le courant.

Des rafales à 139 km/h ont été enregistrées à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), à Camaret (Finistère) et à Bernières-sur-Mer (Calvados).

Dans la nuit de lundi à mardi, des vagues d’une hauteur significative de 6 m sur la bouée située à l’ouest de Belle Ile et d’une hauteur maximale de 11,5 m, ont été observées.

En fond de golfe de Gascogne, également dans la nuit de lundi à mardi, une hauteur significative de vagues de 7,7 m a été observée à la bouée au large de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), la hauteur maximale atteignant 11,5 m.

V.H.M & L.B

O’Connell, l’Eire de son temps

Copyrith : Tom jenkins
Copyrith : Tom Jenkins

Victime d’une blessure musculaire au mollet, Paul O’Connell avait quitté le dernier Mondial sur une civière et avait mis fin à sa carrière internationale d’une façon qui ne correspondait pas à sa légende de guerrier. Il a définitivement raccroché les crampons ce mardi.

« C’est un gros coup dur de perdre un joueur de ce calibre. On voulait se reposer sur lui et finalement, c’est lui qui va se reposer. Malheureusement pour lui et pour nous. » Pour une fois Mourad Boudjellal, le président de Toulon est sur le registre de la litote. Le public de Mayol ne verra jamais Paul O’Connell en rouge et noir, victime d’une rupture de l’insertion du semi-membraneux et du biceps fémoral aux ischio-jambiers. Encore une mauvaise nouvelle pour le club varois décidément maudit cette saison côté blessures. Au delà de Toulon, c’est tout le monde du rugby qui voit sortir O’Connell par une porte bien trop petite pour sa stature de colosse.

« POC », (comme le bruit qu’il faisait en rentrant dans les côtes flottantes d’un fâcheux traînant au bord d’un ruck) était l’un des meilleurs seconde ligne du monde. D’un point de vue purement technique, O’Connell était un monstre physique, une sorte de tracteur vert qui ne reculait jamais. Une tour de contrôle en touche et un grand tacticien. Pour les Irlandais, il était plus qu’un bon joueur, il était le capitaine du XV du Trèfle. Il était LE combat, LA rigueur et L’exemplarité.

(Passez votre souris sur la photo pour découvrir qui était le monstre sacré des verts)

POC : un physique d’athlète, un palmarès impressionnant… et une santé fragile. Copyright : Laurence Griffith

O’Connell c’était l’incarnation terrifiante du fighting spirit irlandais. Un homme droit comme la justice et dur au mal. Le genre à vous ouvrir la tête comme un livre, tourner quelques pages puis vous embrasser comme un frère après.

Farewell Paul.

 

Antoine Etcheto

 

(Prolongation) : France Irlande, Tournoi des six Nations 2007, O’Connell suggère à ses coéquipiers de se comporter comme des « maniaques ».

Inscription de l’état d’urgence dans la Constitution: Ce qui va changer

L’Assemblée nationale aux trois-quarts vide a voté ce lundi 8 février vers 22h la constitutionnalisation de l’état d’urgence par 103 voix contre 26 et 7 abstentions. Le texte initial a notamment subi deux modifications: la fixation de la prorogation de l’état d’urgence à quatre mois maximum et l’impossibilité de dissoudre l’Assemblée nationale pendant cette période. Deux mesures qui ont fait des vagues au sein de l’Hémicycle. 

Hémicycle lors du vote du premier article de révision constitutionnelle / AFP / LIONEL BONAVENTURE
Hémicycle lors du vote du premier article de révision constitutionnelle / AFP / LIONEL BONAVENTURE

Le premier round du projet de révision constitutionnelle a été tranché à l’issue de plusieurs heures de débat et d’un vote fortement marqué par l’absentéisme. Il s’agit du premier article d’un projet de révision hautement symbolique qui inclue notamment la déchéance de nationalité. Pourquoi inscrire l’état d’urgence dans la loi des lois ? Ce qui va changer en 3 points.

Quatre mois renouvelables

C’est une question au moins aussi polémique que la déchéance de nationalité : l’état d’urgence doit-il être prolongé ? Par définition, cet état ne peut être que temporaire. Sa durée initiale est actuellement fixée à 12 jours. Mais le Parlement peut, comme il l’a fait à la suite des attentats du 13 novembre, décider de le prolonger. Le Sénat planche d’ailleurs ce mardi 9 février sur une reconduite d’une durée de trois mois à partir du 26 février prochain. Le premier article de la révision constitutionnelle voté ce lundi 8 février fixe un nouveau cadre pour cette prorogation. Désormais, elle ne pourra excéder une durée de quatre mois mais reste, en revanche, renouvelable après un vote du Parlement. C’est un amendement UDI, avec un avis favorable du gouvernement, qui est à l’origine de cette restriction. Pour justifier le choix des quatre mois, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde a établi un parallèle avec le délai qui préside aux interventions militaires de la France. De son côté, Manuel Valls, s’il estime que cet amendement « ne repose pas sur des éléments précis » a salué une durée « raisonnable » qui donne « suffisamment de temps pour faire face au menace ».

Une Assemblée nationale indissoluble

Mais c’est un autre amendement qui aura réussi à provoquer l’ire du Premier ministre. En marge du premier article de la révision constitutionnelle, les députés ont également voté en faveur de l’indissolubilité de l’Assemblée nationale pendant l’état d’urgence sur proposition socialiste. Une mesure fustigée par les députés LR présents lors du vote mais également par le gouvernement. Le député Les Républicains des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a ainsi immédiatement fustigé la mesure sur Twitter.

Manuel Valls, appuyant à demi-mots la position de Ciotti, a affirmé que la mesure ouvrait « trop de problématiques » et qu’il fallait s’en tenir « au cadre tel qu’il a été défini dans un souci d’unité et de rassemblement ». Le locataire de Matignon peut pousser un soupir de soulagement. Le cadre a été globalement respecté. Les parlementaires ont par exemple refusé qu’une loi organique, et non une simple loi ordinaire, fixe les mesures de police administrative autorisées. Un refus qui n’a pas été du goût des députés EELV. Face aux assauts répétés de Cécile Duflot en faveur d’un encadrement plus strict de l’état d’urgence, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a vivement réagi, non sans ironie : « comme si l’état d’urgence était le danger, pas le terrorisme ».

Un article liberticide ?

Et le locataire de Beauvau d’égrainer les chiffres de l’après-13 novembre. 83% des assignés à résidence et 61% des perquisitions ont concerné « des personnes de l’islamisme radical » qui étaient fichées, et le reste portait sur des « réseaux délinquants » pouvant être en lien, a-t-il affirmé. Des chiffres loin d’emporter l’adhésion des 26 députés qui ont voté contre le premier article du projet de révision constitutionnelle. Parmi eux, des écologistes, des socialistes « frondeurs » ainsi que des députés LR. Ils ont tour à tour condamné un article synonyme de « recul de nos libertés » selon les mots de Noël Mamère (groupe écologiste). Faux, répond le gouvernement par le biais de son nouveau garde des Sceaux. D’après Jean-Jacques Urvoas, avec le vote de cet article, « les libertés publiques ne pourront que mieux se porter ». Et le ministre de la Justice d’ajouter que « dans toutes les législations européennes, les états d’exception figurent dans la Constitution ». La France ne devrait donc plus faire office d’exception si cet article venait à être entériné par le Sénat puis par le Congrès. Et il a de bonnes chances de l’être. La réforme de l’état d’urgence n’avait pas été débattue depuis sa création en 1955, en pleine guerre d’Algérie.

Rania Berrada 

« L’épilepsie fait peur aux enseignants »

Si la loi de 2005 sur l’accessibilité oblige l’éducation nationale à accueillir tous les enfants handicapés, les parents dénoncent encore des enseignants trop réfractaires à l’arrivée d’un petit épileptique, voire des enfants carrément exclus. Une appréhension liée à une méconnaissance de la maladie. 

«J’ai une fille dont personne ne veut », déplore Raphaëlle Thonnat, maman de Caroline, 12 ans. Pourtant quand on la voit, Caroline est une petite fille « normale ». Sauf qu’elle souffre d’épilepsie. Depuis 10 ans, Raphaëlle a arrêté de travailler, pour pouvoir assurer les trajets entre école le matin, rendez-vous chez l’orthophoniste, le pédopsychiatre ou autre spécialiste l’après-midi. Mais aujourd’hui cette mère divorcée est à bout.

Tabassée par les camarades dans la cour d’école

Caroline a d’abord était scolarisée dans le public, mais c’était « trop dur », se souvient Raphaëlle. « Les enseignants ne faisaient pas l’effort de comprendre ses moments d’absence», regrette-t-elle. Dans la cour de récréation, elle se faisait tabasser par les autres enfants, qui la traitaient de feignasse car elle n’était présente que le matin*, et était traitée de débile à cause de ses absences. Alors Caroline a intégré l’école privée catholique Thérèse Chappuis. « Le corps enseignant avait à l’époque un beau discours. Mais hier, la directrice m’a envoyé un mail m’expliquant que ma fille ne satisfaisait pas les exigences du collège et que je ferais mieux de me renseigner pour un autre établissement», dit-elle désespérée.

A entendre Delphine Dannecker, le cas de Caroline semble banal. «  Il y a un grand nombre d’enfants refusés à l’école, en crèche, ou en club sportif », explique cette mère d’un petit garçon épileptique et par ailleurs responsable communication de l’association Epilepsie France.

Les associations demandent une directive nationale pour une meilleure formation des professeurs à l’épilepsie

Pourtant, en France, la loi de 2005 impose à toutes les écoles publique de recevoir tous les enfants », rappelle Christine Cordiolani, médecin conseiller technique de l’académie de Versailles. « Bien souvent à l’arrivée au collège, les élèves épileptiques ne veulent pas parler de leur maladie. Certains menacent même de se suicider si les parents en parlent à l’infirmière ou au directeur d’établissement », explique cet ancien médecin scolaire. « Or ce défaut d’information, c’est le pire. Il faut dédramatiser et surtout faire en sorte que le professeur sache réagir. »

Justement, en octobre, la fondation française pour la recherche sur l’épilepsie a demandé à Najat Vallaud-Belkacem une directive nationale à ce sujet. La requête : « que les futurs professeurs soient formé aux gestes à adopter face à une crise d’épilepsie et soient capables d’informer leurs élèves à ce sujet », résume Emmanuelle Allonneau-Rouberti, présidente de la fondation.

Dans les faits, aucune réglementations n’empêche la venue d’associations dans les classes. Reste que les enseignants sont parfois réfractaires. Le professeur Rima Nabbout, spécialiste de l’épilepsie a essayé à plusieurs reprises de se rendre dans les classes d’élèves épileptiques pour sensibiliser à la maladie et répondre aux questions des autres élèves. Elle a enregistré refus sur refus.

Une maladie qui fait peur

« On ne peut que constater une méconnaissance incroyable autour de ces maladies dans les écoles et dans la société en général alors qu’elle concerne 1% de la population », note Stéphane Auvin, neuropédiatre spécialiste de l’épilepsie. « L’image de l’épilepsie a toujours été extrêmement négative, souvent rapprochée à la possession du diable… L’image de quelqu’un en crise d’épilepsie est très chargée émotionnellement, car on est face à un sentiment de mort imminente. Alors la maladie fait peur », analyse le docteur.

Cette méconnaissance est à relier au nombre de spécialistes apte à la prise en charge de cette maladie : en France on compte 250 neuropédiatres et environ 500 neurologues pour environ 500 000 malades.  « Nous sommes beaucoup trop peu », déplore le docteur Derambure, epileptologue et directeur de la ligue contre l’épilepsie.

 

Marine Brossard

 

*Caroline bénéficie d’horaires adaptées