Alors que les cyber-attaques sont de plus en plus récurrentes, les préjudices psychologiques laissés aux victimes sont parfois plus importants que les préjudices financiers. Selon une étude Ipsos, une victime sur dix souffre de dépression, d’anxiété ou encore de perte de confiance en soi.
Les cyber-attaques sont-elles devenues le mal de ce nouveau siècle ? Les entreprises sont de plus en plus souvent victimes de « ransomware », ou rançongiciel, un logiciel espion qui crypte les données et demande une rançon pour les débloquer. Ces attaques, d’après le gouvernement, ont atteint un niveau record depuis quatre ans, tous publics confondus, en augmentant de 12%.
Mais les particuliers sont eux aussi touchés par les cyber-attaques en tout genre. C’est ce que confirme une étude réalisée par Ipsos pour cybermalveillance.gouv.fr, et publiée le 12 septembre. Cette étude révèle, entre autres, qu’une personne sur dix victime de cyber-attaque souffre, en plus, de séquelles psychologiques par la suite, notamment d’anxiété, de dépression ou de perte de confiance en soi. Des séquelles qui peuvent se ressentir à court, moyen ou long terme.
À lire aussi : La difficile équation pour les collectivités territoriales de conjuguer transition écologique et renflouement des caisses publiques
« Ça fait peur »
Un sentiment partagé par Corentin Reeb. Le jeune homme, âgé de 23 ans, a été victime d’une arnaque à la cryptomonnaie, à cause de laquelle il s’est endetté à hauteur de 5 000 euros il y a trois ans. Pour lui, et bien qu’il peine à l’avouer, l’impact psychologique de cette escroquerie est bien réel. « Ça fait peur, admet-il, tu ne sais pas qui tu as en face, il peut avoir mon adresse et venir à tout moment », se soucie celui qui a l’habitude de perdre de l’argent à cause des paris sportifs. « J’y pense encore trois ans après. Pour rembourser cette somme, il fallait que quelqu’un me prête des sous, sinon, j’étais interdit bancaire. C’est ma tante qui m’a avancé les frais. Aujourd’hui, j’ai encore mille euros à lui rembourser… », détaille le jeune homme.
Comme lui, en 2023, ils sont plus de 50 000 professionnels et particuliers à avoir cherché de l’aide au sujet du « phishing », ou hameçonnage, une méthode utilisée par les hackers pour récupérer des informations personnelles ou de l’argent. D’après le gouvernement, cette arnaque reste la principale menace en ligne pour toutes les catégories de personnes. Et chaque année, le chiffre progresse.
La peur, c’est aussi le sentiment qui a dominé Lucie Lapalme, jeune ostéopathe animalière de 23 ans, qui s’est fait usurper son identité à quatre reprises sur Instagram. « Se dire que quelqu’un peut avoir mes informations de l’intérieur, avec toutes mes discussions et tout ce qui m’appartient, ça a été un petit peu difficile », se souvient-elle. « Ça m’a vraiment angoissé de me dire que je pouvais potentiellement perdre toute cette partie de mon identité ». Cette angoisse, elle arrive désormais à mieux la gérer, alors qu’une nouvelle tentative d’usurpation peut ressurgir n’importe quand.
À lire aussi : L’avionneur Boeing dans les turbulences après la décision d’une grève massive
Un impact émotionnel systématique
D’après le gouvernement, en 2023, le piratage des comptes en ligne, qui peut amener, à terme, à « l’usurpation d’identité » et à un « préjudice financier », est une « menace majeure » ainsi que la deuxième cause de cyber-attaque en France.
Selon une étude menée par l’université de Cambridge, qui analyse l’impact émotionnel des arnaques financières sur les individus, « les participants ont systématiquement rapporté que l’impact émotionnel était plus grave que l’impact financier, quel que soit le type de fraude ».
Malgré les résultats de cette étude, l’état de la santé mentale des victimes, après ce type de préjudice, reste tout de même peu documenté et reste difficile à évaluer.
Romain Tible