Après une contre-attaque lancée mardi dans la région russe de Koursk, Moscou affirme avoir récupéré 10 localités qui étaient passées aux mains des forces ukrainiennes.
Volodymyr Zelensky a confirmé l’information ce jeudi : l’armée russe a lancé une contre-offensive dans la région russe de Koursk, à la frontière du nord est de l’Ukraine. Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé que les unités de la troupe « Nord » avait « libéré, en deux jours, 10 localités » dont les forces ukrainiennes s’étaient emparées.
Le 6 août dernier, environ 8000 soldats de l’armée ukrainienne avaient franchi la frontière russe pour mener une offensive qui avait permis à Kiev de prendre le contrôle d’une centaine de colonies russes et de 1.000 km2 de terrain, rapporte l’AFP.
Une offensive « conforme avec le plan ukrainien »
Le front dans cette région russe était en grande partie gelé ces deux dernières semaines, aucun des belligérants ne revendiquant d’avancées, contrairement à ce qui se passe sur le front dans l’est de l’Ukraine où les troupes russes, à l’offensive, ne se trouvent plus qu’à quelques kilomètres de la ville de Pokrovsk, un important noeud logistique.
Russians have launched counteroffensive actions in the Kursk region, everything is going according to our Ukrainian plan, – Zelensky
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelenzky a pris la parole ce jeudi pour assurer que cette contre-attaque lancée à Koursk par Moscou était « conforme avec le plan ukrainien », sans toutefois apporter plus de précisions. Il en également profité pour dénoncer le « retard » des Occidentaux sur une potentielle levée des restrictions de leurs armes qui serviraient à frapper en profondeur la Russie.
Il a bien évidemment été question d’avortement lors de la première (et dernière ?) joute verbale entre les deux candidats à l’élection présidentielle américaine, ce mardi 10 septembre sur ABC. Donald Trump n’a eu d’autres choix que le funambulisme sur la position « pro-life » voulue par sa base mais perdante électoralement.
« Il n’y a aucun État dans ce pays où tuer un bébé après sa naissance est légal. » Telle est la vérification qu’a dû apporter la journaliste Linsey Davis, qui animait le débat présidentiel entre Donald Trump et Kamala Harris sur ABC ce mardi 10 septembre, après une tirade de l’ancien président des États-Unis sur l’avortement. L’ancien président s’est montré hésitant sur ce sujet qui polarise la société américaine, tout en répétant le mensonge que les Démocrates souhaitent autoriser l’avortement jusqu’à après la naissance. La séquence, largement en sa défaveur, illustre le numéro d’équilibriste que joue Trump. Si ses militants prônent une interdiction totale de l’avortement, l’électorat reste favorable à un rétablissement de ce droit.
Ce premier débat présidentiel entre Donald Trump et Kamala Harris s’est, de l’avis des observateurs et des sondés, soldé par une victoire de l’actuelle vice-présidente. L’avortement n’y est pas pour rien. « Passer autant de temps, par égo, sur ce sujet est sûrement la pire erreur qu’il pouvait faire, confirme Lakshya Jain, analyste électoral et co-fondateur de Split-Ticket.org. Il s’agit de la position républicaine la plus impopulaire. Il ne peut pas, en tant qu’homme républicain, gagner un débat contre une femme démocrate sur ce terrain. » Selon un sondage instantané conduit par CNN, 63% des téléspectateurs estiment que Harris a livré une meilleure performance que Trump.
Le 45e président des États-Unis a ainsi tourné autour du pot sur une potentielle interdiction de l’avortement dans tout le pays. Jusqu’à désavouer son colistier J.D. Vance, lequel a déjà affirmé son soutien à une telle mesure : « Je ne lui ai pas parlé de ce sujet, pour être honnête, balbutie Donald Trump lorsque la journaliste Linsey Davis le pousse à répondre par oui ou par non. Qu’il ait ses propres opinions ne me dérange pas, mais je ne veux pas qu’il parle en mon nom. »
Trump unable to answer yes or no if he would veto a national abortion ban… throws JD Vance under the bus pic.twitter.com/d3xED6KUwC
À la défense de J.D. Vance, il faut dire que la position de Donald Trump sur l’avortement n’est pas très lisible. Celui qui se surnomme « le président le plus pro-life de l’histoire » soutient historiquement le mouvement anti-avortement et les propositions de loi pour une interdiction fédérale. Mais rien que cette année, il a un temps suggéré une interdiction fédérale après la quinzième semaine de grossesse avant de revenir à l’idée de laisser la liberté à chaque État, comme c’est le cas actuellement. Il a même avancé, dans un message sur son réseau social Truth, que son mandat serait « formidable pour les femmes et les droits reproductifs ». Puis, il y a quelques semaines, en Floride, il a de nouveau créé la confusion en s’opposant puis en soutenant, à 24 heures d’intervalle, une interdiction de l’avortement après six semaines de grossesse.
Réelle incertitude ou brouillage de piste ? Le flou de Donald Trump sur l’avortement s’explique par les résultats électoraux catastrophiques de la position « pro-life » depuis que la Cour suprême a signé la fin du caractère constitutionnel du droit à l’avortement en juin 2022. Dans les urnes comme dans les sondages, les candidats démocrates qui se battent pour protéger ou rétablir ce droit surperforment face aux républicains anti-avortement. Même son de cloche du côté des référendums, dont certains se tiendront dans des États-clefs en même temps que l’élection présidentielle le 5 novembre prochain.
Pour Trump, l’arrêt de la Cour suprême est un accomplissement
Mais Donald Trump reste fier d’avoir marqué le cours de l’histoire en tant que véhicule législatif et judiciaire de la droite religieuse. Renverser la jurisprudence Roe contre Wade, qui consacrait depuis 1973 le droit à l’avortement dans la Constitution au nom de la vie privée, constituait une mesure prioritaire de sa campagne en 2016. Une condition sine qua non pour que les mouvements évangélistes chrétiens, dont c’est l’objectif assumé de longue date, accordent leur confiance à une personnalité aussi sulfureuse. Durant son mandat, Trump a nommé plus de 200 juges conservateurs au niveau fédéral, dont 3 des 6 juges de la Cour suprême qui ont renversé Roe contre Wade.
Derrière l’aboutissement de ce combat judiciaire s’étalant sur trois décennies, une lecture « originaliste » de la Constitution. Elle plaide pour une interprétation du texte suprême qui s’appuie sur les supposées pensées de ses rédacteurs originels. Cela permet de simplement débattre sur ce qu’autorise la Constitution et d’éviter le fond du sujet, alors que l’on devine l’avortement assez éloigné des préoccupations de Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et James Madison.
Quant à l’attachement aux « droits des États », c’est une pièce dans la machine à séduction des anciens bastions du Sud confédéré. Les conservateurs y ont toujours revendiqué cette indépendance envers l’État fédéral pour protéger leur droit à l’esclavage puis à la ségrégation. La fracture mesure aujourd’hui la polarisation autour de l’avortement. Depuis 2022, 22 États ont rendu l’avortement illégal quand 21 autres en ont renforcé l’accès.
L’extrême droite a gagné des élections régionales allemandes pour la première fois depuis la fin du IIIe Reich, mais reste privée de gouvernement. En face, la coalition dite de « la mûre » tente de marier des partis que presque tout oppose au nom du cordon sanitaire.
Le feu tricolore, le Kenya, et désormais la mûre. La baie pourrait donner son nom à la toute nouvelle coalition dont les contours s’imaginent en Allemagne, dans les Länder de Thuringe et de Saxe, après les élections du 1er septembre qui ont vu l’Alternative für Deutschland (AfD) atteindre un score historique. Cette coalition « mûre », car noire, violette et rouge, regrouperait l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre droit, l’inclassable nouvelle Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), et le Parti social-démocrate (SPD) de centre gauche, qui mettraient de côté leurs différends pour empêcher l’extrême droite de gouverner. Le même schéma pourrait se répéter dans le Brandebourg, autre Land d’ex-Allemagne de l’Est, le 22 septembre prochain. Une coalition contre nature qui met le cordon sanitaire à rude épreuve.
C’est le BSW qui attire tous les regards, ayant obtenu le deuxième total de sièges le plus important parmi les partis prétendants à la coalition. La nouvelle alliance, fondée par l’éponyme Sahra Wagenknecht, est issue d’une scission fin 2023 des marxistes de Die Linke, qui reprochent au parti une approche de la gauche trop citadine. « Son idéologie est difficilement classable », analyse Nathalie Le Bouëdec, professeure de civilisation allemande à l’Université de Bourgogne. Alors que le BSW a conservé la plupart du parti économique de Die Linke, il prend une ligne « conservatrice notamment sur l’immigration, sujet très central en Allemagne, mais aussi sur la famille et la transidentité ». Assez pour plaire à la CDU, plus droitière dans l’est du pays ?
Un mariage forcé qui fait débat
L’échelle de gouvernement, ici régionale, facilite les négociations. Car si le BSW prône principalement l’abandon de l’aide à l’Ukraine et un rapprochement avec Vladimir Poutine – ce qui est hors de question pour la CDU et le SPD –, cette revendication ne trouve que peu de résonance dans un parlement régional. Du reste, la CDU, partenaire se gratifiant du plus de sièges, navigue en eaux troubles. Le programme du BSW présente des non-dits importants qui rendent les accords difficiles. Paradoxalement, le flou idéologique, tout comme l’absence d’historique entre BSW et CDU, peut aussi rendre une alliance plus facile à justifier auprès des militants de cette dernière.
Mais à la CDU, « la coalition reste très contestée en interne », tempère Nathalie Le Bouëdec. La partie économique du programme de Die Linke, que l’on retrouve donc dans celui de BSW, fait partie des raisons pour lesquelles « la CDU n’a jamais voulu avoir quoi que ce soit à faire avec Die Linke ». La coalition « mûre » est donc encore loin d’être conclue. « On vante souvent la capacité des Allemands à faire des compromis, mais là, on atteint les limites de la cohérence politique », observe la professeure.
La CDU, le BSW et le SPD peuvent néanmoins converger sur quelques points. Les trois partis veulent tirer les leçons du Covid-19 pour revoir leur politique sanitaire. Tous veulent aussi mieux pourvoir les zones rurales en services publics. Puis, la CDU comme le BSW veulent mettre fin à l’immigration – et le SPD d’Olaf Scholz vient de durcir sa ligne à l’échelle nationale.
Un cordon qui s’effrite sur le fond ?
Ce revirement de la coalition gouvernementale de centre-gauche sur l’immigration illustre justement la pression grandissante qui pèse sur le cordon sanitaire. Les alliances contre nature « peuvent aussi faire débat chez les électeurs, ajoute Nathalie Le Bouëdec. Pour l’instant, il tient […] car il s’agissait des sections de l’AfD les plus radicales avec un néo-nazi à la tête de la liste en Thuringe, mais la pression s’accroît. »
C’est cette pression, accentuée par le récent attentat de Solingen, l’abyssale popularité d’Olaf Scholz et les résultats électoraux catastrophiques des partis gouvernementaux en ex-République démocratique d’Allemagne, qui a poussé les Verts et le SPD à adopter des politiques plus sévères sur l’immigration à un an des élections fédérales. Premier test le 22 septembre dans le Brandebourg. Si le SPD devrait pouvoir compter sur la banlieue de Berlin pour freiner l’hémorragie, l’AfD reste favorite des sondages.
C’est une grande première ! Deux astronautes ont réalisé ce jeudi la première sortie extravéhiculaire privée de l’histoire. L’objectif de la mission : tester la résistance des combinaisons de SpaceX et de la capsule au vide spatiale. Mais difficulté : l’ensemble de la capsule ainsi que son équipage ont été soumis à ce vide et ses dangers. Quelques heures après la sortie, le Celsalab a pu interroger plusieurs spécialistes sur les premières leçons à en tirer.
Il est 12h15 ce jeudi 12 septembre lorsque l’Américain Jared Isaacman ouvre la trappe de la capsule spatiale Dragon. Un geste apparemment anodin suivi par plus de 2 millions de téléspectateurs sur le site de l’entreprise SpaceX. Mais en réalité, ce geste de la mission Polaris Dawn est lourd de records et de nouveautés. Les premiers astronautes non-professionnels sont sortis dans l’espace ! Petit plus : ils sont équipés des combinaisons SpaceX. Le tout, à plus de 1 400 kilomètres de la Terre, ce qui en fait la sortie la plus éloignée de la Terre depuis que l’Homme a été sur la Lune. Une nouvelle étape franchie sur la route de la conquête de Mars. Un défi fixé par Elon Musk en 2002 avec la création de son entreprise SpaceX.
Derrière cet objectif ambitieux, cette sortie extravéhiculaire vient définitivement sacrer l’entreprise américaine comme un acteur à part entière de la conquête spatiale. « Ils veulent prouver à la Nasa qu’ils maitrisent la sortie extravéhiculaire, analyse Bernard Comet, médecin en physiologie spatiale et ingénieur aérospatial. La Nasa a toujours eu la mainmise sur les sorties humaines dans l’espace. » Un transfert des capacités spatiales de la Nasa vers le privé soutenu par l’administration américaine.
Mais pour l’ancien médecin des astronautes européens jusqu’en 2013, la réussite du jour ne doit pas se résumer à une simple validation technique. « La capsule de SpaceX n’a pas de sas. Donc en ouvrant la trappe, c’est tout le véhicule et ses occupants qui sont plongés dans le vide spatial. » Dans la station spatiale internationale par exemple, les astronautes passent dans un sas de décompression pour faire la transition entre l’intérieur du vaisseau et l’espace. Mais ici, rien de cela. Une seule porte sépare les astronautes dans la cabine du vide spatial. En ouvrant la trappe, Jared Isaacman met aussi bien l’équipage des quatre astronautes que le matériel à rudes épreuves. Froid atteignant – 272°C, dépressurisation, … les risques étaient multiples.
« En une seule sortie extravéhiculaire de 15 minutes, les astronautes ne prennent pas de risques inconsidérés. Ils sortent puis rentrent dans la capsule. Le principal point de vigilance concerne les membres de l’équipage restés à l’intérieur et le matériel. » Bernard Comet a particulièrement surveillé la résistance des outils techniques embarqués par les astronautes privés. « La sortie a pu se dérouler comme prévu, c’est bon signe. Mais il faut attendre le retour sur Terre pour exploiter les données », souligne-t-il.
« Les scaphandres SpaceX sont plus maniables que ceux de la Nasa »
L’un des autres intérêts de cette mission était de tester les combinaisons de SpaceX. Blanches, avec leur look futuriste, elles ont beaucoup fait parler avant même le décollage. Mais les spécialistes attendaient avec impatience de les voir dans l’espace. « Le scaphandre de la Nasa est rigide, SpaceX vient apporter un peu plus de maniabilité », observe le médecin. Cependant, la courte sortie ne va pas permettre de récolter assez de données sur le comportement du corps des deux astronautes sortis. « En 15 minutes, ils auront à peine le temps de transpirer », fait constater Bernard Comet avec amusement.
« SpaceX veut faire avancer la technologie pour que l’humanité progresse. Avec les scaphandres, ils y sont parvenus », se réjouit Olivier Sanguy, spécialiste de l’astronautique à la Cité de l’espace à Toulouse. Le principal défi, en plus de protéger l’astronaute, est de lui donner une mobilité suffisante pour réaliser des manipulations. Elle est composée de quatorze couches pour protéger des variations de températures et des rayonnements techniques. « Serrer son poing, c’est comme essayer d’écraser une balle de tennis », nous illustre l’expert. « Sur les images vidéos, on a pu voir Jared Isaacman agiter son bras. C’est un moyen de dire que les scaphandres SpaceX sont plus maniables que ceux de la Nasa », ajoute-t-il. Mais les deux experts contactés attendent le retour de l’équipage pour récupérer de plus larges données d’analyses.
La mission Polaris Dawn inaugure le programme Polaris de SpaceX, qui doit comporter trois missions mais sans calendrier annoncé. Après une deuxième similaire à celle qui s’est déroulée le 12 septembre, la troisième mission doit être le premier vol habité de la méga-fusée Starship, destinée à amener des astronautes jusqu’à Mars.