Un missile russe a touché un cargo transportant du blé, selon Kiev

Un missile russe a touché en mer Noire un cargo transportant du blé à destination de l’Egypte, a annoncé ce jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui appelle la communauté internationale a condamné cette attaque.

« La Russie a lancé une frappe aujourd’hui contre un navire civil ordinaire en mer Noire, juste après qu’il eut quitté les eaux territoriales ukrainiennes », a accusé Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, précisant que l’attaque n’avait pas fait de victimes.

Les forces navales ukrainiennes ont déclaré pour leur part que la frappe avait eu lieu tard dans la soirée de mercredi touchant un cargo ayant quitté le port ukrainien de Tchornomorsk, dans la région d’Odessa, et avait « subi d’importants dommages ».

Le président Zelensky a appelé la communauté internationale à condamner cette attaque. « Le blé et la sécurité alimentaire ne devraient jamais être la cible de missiles », a affirmé, tout en diffusant des images du navire endommagé.

La mer Noire, zone clef de la guerre 

La mer Noire est une voie commerciale cruciale pour l’Ukraine, qui est l’un des plus gros producteurs et exportateurs de céréales du monde, mais elle est devenue un champ de bataille navale depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. 

Malgré les menaces de Moscou de tirs sur les bateaux en mer Noire, l’Ukraine a mis en place à l’été 2023 un couloir humanitaire dans la zone pour exporter ses produits agricoles. Un couloir emprunté par 5.000 navires depuis sa création, a indiqué mercredi le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov.  

Marie Scagni

Plusieurs condamnations internationales après un raid israélien ayant causé la mort d’humanitaires à Gaza

Les Nations unies et l’Union européenne ont condamné ce jeudi la mort de collaborateurs de l’ONU dans une frappe lancée par Israël contre une école abritant des déplacés dans la bande de Gaza, qui a tué 18 personnes.

Les condamnations internationales se multiplient ce jeudi après l’annonce de la mort de plusieurs humanitaires dans la bande de Gaza, dans une frappe israélienne sur l’école de Nuseirat, transformée en abri pour déplacés. La Défense civile de Gaza a fait état de 18 morts au total, dont six employés de l’ONU.

« Une école transformée en refuge pour 12.000 personnes a de nouveau été visée par des frappes israéliennes. Six de nos collègues de l’Unrwa (l’agence pour les réfugiés palestiniens) figurent parmi les morts. Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable », a dénoncé le patron de l’ONU Antonio Guterres. 

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est dit « scandalisé ». « Le mépris des principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier de la protection des civils, ne peut et ne doit pas être accepté par la communauté internationale », a-t-il affirmé.

L’armée israélienne affirme avoir visé des membres du Hamas

L’armée israélienne s’est défendu d’avoir délibérément visé les humanitaires et a affirmé dans un communiqué avoir « mené une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient dans un centre de commandement du Hamas » dans l’école. Ces derniers mois, Israël a frappé plusieurs écoles dans la bande de Gaza, accusant le Hamas d’y opérer.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a pour sa part appelé à protéger les travailleurs humanitaires, évoquant « une question [qu’ils continuent] à aborder avec Israël ». « Nous continuons à voir le Hamas se cacher dans ces sites », a-t-il aussi affirmé lors d’une visite en Pologne.

Marie Scagni

Mission Polaris Dawn : L’espace est-il vraiment plus occupé par le secteur privé qu’avant ?

Avec la sortie extravéhiculaire d’astronautes non-professionnels, effectuée jeudi 12 septembre 2024, dans le cadre de la mission Polaris Dawn, une première dans l’histoire, la place des entreprises privées dans le milieu spatial est souvent évoquée. Le milieu était pourtant déjà occupé par des organismes autres que le public lors de la course à l’espace entre les États-Unis et l’URSS. Explications avec Pierre-François Mouriaux, journaliste et spécialiste de la question.

Le monde du spatial se souviendra du jeudi 12 septembre 2024 comme la journée ayant vu les premiers astronautes non-professionnels réaliser une sortie extravéhiculaire, comprenez une sortie en dehors de leur capsule. Cette opération risquée, est menée dans le cadre de l’opération Polaris Dawn à bord d’une Falcon 9 de la société privée SpaceX du milliardaire Elon Musk. À son bord, deux chanceux parmi les quatre membres se sont aventurés à l’extérieur de la capsule Crew Dragon : le milliardaire Jared Isaacman, commandant de la mission qu’il finance en partie, ainsi que Sarah Gillis, une employée de SpaceX.

Depuis des décennies, le milieu est composé d’acteurs étatiques comme la NASA (agence gouvernementale américaine), Roscosmos (pour les Soviétiques, puis les Russes), mais aussi d’entreprises privées (SpaceX, Virgin ou Blue Origin) comme l’explique Pierre-François Mouriaux, spécialiste de l’espace : « Le spatial a toujours été occupé par le public et le privé. Tout est question de communication ».

La course à l’espace

Vers la fin des années 60, c’est le début des avancées technologiques dans le domaine spatial. Innovations poussées par la guerre froide entre bloc de l’ouest et bloc de l’est. « Les Etats-Unis ont toujours sous-traité lors de la construction de leurs lanceurs, explique-t-il. Lors du programme Gemini, démarré en 1961, le constructeur était McDonnell. » Pour le spécialiste, ces relations ont toujours existé, mais étaient moins visibles : « La différence par rapport à avant, c’est la question des fonds propres. Lorsque la Nasa est allée sur la Lune, elle a fait appel à des sociétés comme Boeing pour construire le lanceur lunaire Saturn V, développe le journaliste. Maintenant, le privé investi plus avec un développement financé en partie par le public, les contrats sont juteux… » À l’époque, la communication était moindre comparée à l’époque actuelle.

Lire aussi : Tourisme spatial : quelles leçons retenir de la première sortie extravéhiculaire ?

La communication des start-ups

Dès le début des années 2000, de nouveaux acteurs privés s’intéressent au milieu. C’est le début des start-ups, fondées par des milliardaires comme Elon Musk ou Jeff Bezos. L’objectif pour eux ? Développer l’aérospatial, nouveau terreau fertile pour y développer une économie, notamment le tourisme pour les ultra-riches (vols paraboliques dans la New Shepard de Blue Origin, vol aux limites de l’atmosphère dans le VSS Unity de Virgin Galactic jusqu’aux missions chez SpaceX comme la dernière en date, Polaris Dawn, ce jeudi). « On est à l’ère de la com. Aujourd’hui, Elon Musk dispose d’une grande aura et d’une base de fans qui fait caisse de résonance. Le privé est très médiatisé », précise Pierre-François Mouriaux.

Depuis plus de 20 ans et pour le futur, la Nasa continue ses appels d’offres vers ces nouvelles start-ups qui ne le sont plus vraiment, « SpaceX possède maintenant des milliers d’employés ». Contrairement à avant, certains de ces organismes privés possèdent leurs véhicules. Les appareils permettant d’aller sur la Lune étaient détenus par la Nasa. Maintenant, l’entreprise d’Elon Musk possède par exemple ses lanceurs comme la Falcon 9.

Lire aussi : Comment SpaceX va récupérer les astronautes d’une mission de Boeing «bloqués» dans l’ISS

Un tourisme spatial innovant ?

Avec cet essor du tourisme spatial qui reste cependant très restreint, de l’ordre de « 3 vols privés par an actuellement », Pierre-François Mouriaux reste sceptique quant aux avancés technologiques que cette économie peut développer : « Est-ce que la mission Polaris Dawn avec Jared Isaacman va vraiment servir à quelque chose de concret ? Est-ce que la science a vraiment besoin de ça ? Ce sont des questions qui méritent d’être posées. »

Déjà commandant lors de la mission Inspiration4, lancée en 2021 par SpaceX (premier vol spatial où les gens à bord ne provenaient pas d’une agence gouvernementale), le milliardaire Jared Isaacman ne compte pas s’arrêter là. L’homme d’affaires a, en effet, prévu deux retours dans l’espace, toujours dans le cadre de la mission Polaris qu’il organise en partie.

Yan DANIEL

Alberto Fujimori laisse derrière lui un souvenir controversé de sa politique au Pérou

Ce mercredi 11 septembre, l’ex-président du Pérou (1990-2000), Alberto Fujimori, est décédé à la suite d’un cancer à l’âge de 86 ans. Une mort à fort impact pour le pays andin qui réveille chez les Péruviens de vieux traumatismes. Retour sur la politique autoritaire de celui que l’on surnommait « El Chino ».

« Après une longue bataille contre le cancer, notre père, Alberto Fujimori, vient de partir à la rencontre du Seigneur. » C’est de cette manière que nous avons appris la mort de l’ex-président du Pérou, Alberto Fujimori, ce mercredi 11 septembre. Sa fille, Keiko Fujimori, aussi connue pour présider le parti de droite Fuerza popular, a communiqué la nouvelle par un post sur X (anciennement Twitter). Elle termine son message par : « Nous demandons à tous ceux qui l’on aimé de nous accompagner par une prière  pour le repos éternel de son âme. Merci pour tout papa! »

Le décès de cet ex-président est loin d’être anecdotique puisqu’Alberto Fujimori est la personnalité politique la plus controversée dans l’histoire du Pérou. Il est autant haï qu’adoré. Sa mort fait justement l’objet d’un deuil national de trois jours à la demande, par décret, de l’actuelle cheffe d’Etat, Dina Boluarte.

Une victoire inattendue

 

Alberto Fujimori n’était pas destiné à gouverner un pays. Professeur de mathématiques et ingénieur agronome de formation, il se présente aux élections présidentielles de 1990. Soutenu par un parti de droite, il se positionne tout de même aux côtés de la classe pauvre du pays. Sans aucune expérience politique, et à la surprise générale, il remporte ces élections face à l’écrivain Mario Vargas Llosa.

De la même manière que le Chili dans les années 1980, Alberto Fujimori calque sa politique aux théories de l’ultralibéralisme. En clair, il privatise tout. De cette manière, il séduit ses électeurs en remettant sur pied le Pérou qui traversait une grande crise et en créant une croissance économique plutôt stable. « Au même titre que Fujimori, Pinochet au Chili était un dictateur mais qui a été vu comme un homme qui restaurait l’économie », avance la Professeure d’études latinoaméricaine à l’Université de Cergy, Lissell Quiroz.

Une politique qui devient rapidement autoritaire

Si une partie de la population se souvient d’Alberto Fujimori pour le redressement économique du pays, d’autres restent traumatisés de son passage au pouvoir qui a tout de même duré dix ans. Au delà d’avoir une politique économique ultralibérale, le président s’est donné pour objectif de combattre sans relâche le parti communiste péruvien appelé « Sentier lumineux ».

Déjà combattu par les anciens présidents du Pérou, le Sentier lumineux est d’autant plus menacé à l’arrivée d’Alberto Fujimori au pouvoir puisqu’en 1991, seulement un an après son élection, ce dernier commandite  un massacre chez des partisans communistes lors d’une fête de quartier à Lima. Les assaillants sont des membres d’un escadron de la mort que le président employait. « Il combattait des groupes que l’on considérait à l’époque comme étant terroristes comme le Sentier lumineux et il a réussi à les réprimer. Donc pour les Péruviens plus âgés de cette époque c’est un évènement très positif », raconte Lissell Quiroz.

« El Chino » s’offre le plein pouvoir

Alberto Fujimori, que l’on surnommait « El Chino » (Le Chinois) pour ses origines asiatiques bien qu’en réalité il soit d’origine japonaise, ne s’arrête pas là. En 1992, le Parlement péruvien majoritairement composé d’élus d’opposition, se voit être dissout par le président. Dans le même temps, ce dernier instaure un gouvernement d’urgence lui permettant même d’interdire certains partis d’opposition et d’emprisonner de nombreux journalistes et personnalités politiques.

Pour toutes ces raisons, il est condamné à 25 ans de prison en 2009. Au vu de son état de santé très dégradé il sera gracié en 2023 et ne fera que 16 ans de prison. Encore aujourd’hui, les Péruviens se divisent concernant sa politique.

Si la Cheffe d’Etat actuelle a imposé au pays trois jours de deuil national en mémoire à cet ex-président, cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de la population civile comme l’explique Lissell Quiroz : « C’est clivant ce choix car même s’il a été président c’est un homme qui purgeait une peine de 25 ans. Je pense que ces jours de deuil national vont participer au fait que l’on oublie cette partie sombre de la personne de Fujimori. Le gouvernement de Dina Boluarte est connu pour avoir fortement réprimé les mobilisations donc je pense que les Péruviens qui ne sont pas en accords avec ce deuil national hésiteront à contester. »

Noa Perret

 

Alberto Fujimori en 5 dates 

1938 : Il nait au Pérou à Lima de parents originaires du Japon

1990 : Il est élu président de la République 

1992 : Il est à l’origine d’une crise politique et ordonne le massacre de plus d’une centaine de militants maoïstes. 

2009 : Il est condamné à 25 ans de prison pour violation des droits de l’Homme pendant sa présidence et détournement de fonds. 

2023 : Il est touché par de nombreux problèmes de santé, la Cour Constitutionnelle ordonne sa libération « immédiate ».