Claire Gibault, une femme à la baguette

Crédit photo: Elodie Grégoire
Crédit photo : Elodie Grégoire

Le monde de la musique classique a encore des progrès à faire en matière d’égalité des sexes. Car, si dans la fosse d’orchestre, les musiciennes sont désormais aussi nombreuses que les musiciens,  il n’en est pas de même pour les postes de direction.  Claire Gibault, chef d’orchestre au talent reconnu sur les plus grandes scènes du monde, a toujours dû batailler pour se faire une place dans un milieu rarement bienveillant à l’égard des femmes.

Dans l’auditorium de la mairie du 9e  arrondissement parisien, des archets s’activent, des doigts s’échauffent, un « la » se propage entre les pupitres de l’ensemble de cordes. Claire Gibault, face aux musiciens en demi-cercle, étale sa partition. Cette femme discrète et souriante fait partie des 4% de chef d’orchestre féminines en exercice en France.
Le petit groupe doit faire les derniers ajustements avant le concert de demain. De sa voix flûtée, la dirigeante annonce le début de la répétition. « Mesure 32. On met le vibrato seulement à partir de la mesure 40 ». Ses deux mains se lèvent, et s’arrêtent, comme suspendues. D’une inspiration, elle donne le départ. Ses épaules se soulèvent. Des cordes, s’élève une ligne mélodique ample, lente, méditative. L’oreille aux aguets, la nuque penchée en avant, la maestra dessine des hiéroglyphes du bout de ses doigts, cherchant le juste équilibre entre les silences et la mélopée. « Il faudrait plus de crescendo et de diminuendo. Avec un peu plus de vitesse d’archet » demande-t-elle, laissant ses mains caresser l’air au-dessus de son pupitre.

Cette gestuelle si travaillée vient de loin pour cette artiste : dès 12 ans, elle connaît sa première expérience de direction avec l’orchestre d’élèves de son conservatoire au Mans. La fillette a démarré le solfège à 4 ans, le piano à 5 et le violon à 7. Mais c’est la direction d’orchestre qui sonne déjà comme une évidence pour cette petite âme de leader. « J’avais envie de transmettre, comme si je me sentais une mission. Il fallait avoir une vraie passion : c’est un métier très dur et les places sont rares… »

Parcours de combattante

Au long de sa carrière, ce tempérament combatif est de nombreuses fois confronté au rejet de ses pairs masculins, héritiers d’un monde très conservateur. Il faut attendre le milieu du XXe siècle pour voir quelques pionnières émerger de l’orchestre, et gravir le marchepied du chef. Mais la parité semble encore bien loin, avec seulement 21 femmes pour 586 hommes chefs d’orchestres en 2016, d’après les chiffres de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. « Ce sont des postes où il y a du pouvoir, de la gloire, de l’argent… Ils sont tenus par des réseaux d’hommes qui se passent le témoin entre eux », analyse l’artiste. Une femme tenant la baguette continue d’en déranger plus d’un. « Les hommes tiennent à l’aspect viril de ce métier. Que nous y touchions les humilie profondément. »

De la queue de pie à la baguette, le métier ne manque pas d’évocations phalliques. Malgré cette emprise masculine, Claire Gibault se fait vite une réputation. Assistante du célèbre chef italien Claudio Abbado, première femme à diriger la Scala de Milan et la Philarmonie de Berlin, elle est reconnue dans le monde entier comme une grande chef d’orchestre. Mais malgré son CV éblouissant et ses succès à l’étranger, elle ne parvient pas à obtenir un poste de direction dans l’Hexagone. « J’avais posé ma candidature à deux ou trois orchestres français, on ne me répondait même pas ! » s’indigne-t-elle. « Les femmes ne sont tolérées que si elles sont des génies… Les nombreux hommes extrêmement moyens qui dirigent, ça ne choque personne. dénonce-t-elle. Les femmes qui y parviennent ont vraiment quelque chose ». De même, la musicienne qui vient de fêter ses 72 ans, sait que dans ce milieu, l’âge est bien plus lourd à porter pour les femmes que pour les hommes. « Une fois, un directeur d’orchestre m’a dit “vous savez, je n’ai rien contre les seniors mais…” Les hommes qui dirigent jusqu’à 90 ans, eux, sont de “grands interprètes” », ironise-t-elle.

Orchestre démocratique

Engagée au Parlement européen, où elle est députée entre 2004 et 2009, Claire Gibault découvre dans les statistiques que les femmes dirigeantes ont dû créer leur propre entreprise. Elle fonde en 2011 le Paris Mozart Orchestra. Avec cet ensemble, la chef peut régner à sa manière. « Je suis payée exactement comme mes musiciens. Ils sont prêts à tout me donner ». Sa méthode de direction, elle aussi, est éloignée des clichés de toute puissance associés au métier. « Je déteste le chef qui surjoue. Il y a une comédie du pouvoir chez certains », appuie-t-elle, le ton grave.

Inutile de chercher dans la posture de Claire Gibault de telles ambitions de grandeur. Pour elle, le chef d’orchestre « doit se faire oublier pour faire rentrer les gens dans son monde intérieur ». Quelques minutes de répétitions suffisent à s’en rendre compte. « Il faut qu’il y ait un suspense incroyable là-dedans », s’exclame-t-elle pour éclairer un passage de la pièce de Bartok qu’ils répètent. L’alto seul s’exécute, rejoint rapidement par le premier violon. « Et on diminue ». Au-dessus de leur partition, les musiciens échangent de rapides regards. Un vibrato inquiétant s’élève, comme un bourdonnement. Le poing serré et vibrant de la chef d’orchestre s’ouvre finalement, libérant dans la seconde une cascade déchaînée de notes.
Son enthousiasme presque enfantin est communicatif : « C’est archi passionnant comme écriture » s’exclame-t-elle, alors que l’ensemble se lance dans le troisième mouvement. « Là, c’est l’arrivée des trompettes sur la toundra… Là, tout petit » glisse-t-elle. Les directives sont distillées avec douceur, plus suggérées qu’imposées.
Lorsque la musique s’arrête, les remarques fusent, les conversations s’enchaînent sans transition, comme une suite logique à la partition. Claire Gibault, alors, s’efface pour laisser ses musiciens se mettre d’accord sur une question de rythme, d’intensité. « Ce qui est agréable avec Claire, c’est qu’elle est beaucoup à l’écoute de ce que l’on propose », apprécie Julien Decoin, violoncelliste au PMO. « Là, c’est un petit effectif, on se connaît depuis longtemps. Donc on peut s’arrêter, proposer quelque chose, on écoute, on voit si ça marche, ce n’est pas dogmatique comme c’est parfois le cas avec certains chefs d’orchestre, qui décident que ce sont eux qui ont les pleins pouvoirs et que personne n’a la parole. C’est une façon différente de faire de l’orchestre. D’ailleurs, je ne sais pas s’il y en a une mieux que l’autre.  Il y en a une où on s’éclate un peu plus effectivement », glisse-t-il avec un sourire.

« C’est ce que j’appelle l’autorité partagée. Les entreprises marchent bien quand il n’y a pas trop de hiérarchie », assure Claire Gibault. La musicienne espère voir venir des mesures fermes : elle note des avancées positives notamment pour les instrumentistes. « Maintenant les auditions se déroulent derrière des paravents. D’un coup, les hommes ont recruté plein de femmes sans le savoir, et à des postes de solistes ! » approuve-t-elle avec un sourire. Les chefs d’orchestres, eux, ne sont pas nommés sur audition. Claire Gibault prône donc l’instauration de quotas sur un temps déterminé. « Sinon, comment ouvrir la brèche ? Il faut forcer un peu », justifie-t-elle.

« Il ne faudrait pas que l’extravagance soit confondue avec le talent »

Mais faire la vie dure aux stéréotypes masculins gravitant autour de la fonction n’est pas le seul cheval de bataille de Claire Gibault. La chef d’orchestre se montre également sévère avec les représentations féminines trop ouvertement glamour. Elle se rappelle les tenues de ses débuts, larges et noire. Inimaginable pour elle d’être utilisée comme un objet sexuel. Aujourd’hui, elle observe que les femmes les plus invitées à diriger des orchestres « sont jeunes, blondes, ont les cheveux longs, dirigent bras nus ».

Du haut de sa tour d’ivoire, la musique classique véhiculerait-elle les mêmes messages que la presse féminine ? « Quand une femme dirige en bottes de cuir à talons, en robe moulante et très décolletée, elle se met en scène. Tout d’un coup, c’est du showbiz », regrette Claire Gibault. Car l’habit, s’il ne fait pas le moine, dit forcément quelque chose . « On n’irait pas en manteau de fourrure dans un bidonville ! Quand on dirige un orchestre, on ne vient pas en tenue de séduction. Sinon, il ne faut pas s’étonner que les gens perdent un quart d’heure à vous détailler physiquement et ne vous traitent pas en premier lieu comme une interprète . La musicienne dénonce l’effet pervers de cette ambiguïté. « On ne va pas s’en sortir, nous les femmes, si on considère qu’il faut être dénudée pour se montrer. Certes, il y a des gens plus extravagants que d’autres, ça nous fait du bien aussi. Mais il ne faudrait pas que ce soit confondu avec le talent », conclut-elle. Reste donc quelques violons à accorder au pupitre central avant que la musique, dirigée par les femmes, n’adoucisse vraiment les mœurs…

Emilie Salabelle

Pour découvrir le Paris Mozart Orchestra, rendez-vous le 28 décembre 2017 à la Seine Musicale. Au programme : Sérénade Nocturne en Ré Majeur, œuvre de jeunesse de W.A. Mozart, et Les Inestimables chroniques du bon géant Gargantua, de Jean Françaix, avec la participation d’Eric Genovese, de la Comédie Française.   Plus d’information sur http://www.parismozartorchestra.com

Alexis, le sport et le deal (4/4)

Alexis passe le plus clair de son temps chez lui.
Alexis passe le plus clair de son temps chez lui.

Se sentant délaissés, certains jeunes tombent dans l’exercice d’une activité illégale, comme Alexis, 21 ans, originaire de la banlieue parisienne. 

Alexis T. sort de la salle de sport devant laquelle il a fixé le rendez-vous en plein milieu d’après-midi. Cette salle, il y va cinq à sept heures par semaine depuis plusieurs années. La musculation a transformé son corps, notamment ses bras, qui contrastent désormais avec sa petite taille. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus clairs lui donnent un air juvénile. Seul le collier de barbe qu’il arbore permet de lui attribuer son âge ; 21 ans. S’il est disponible à cette période de la journée, c’est parce que Alexis T. est un NEET. Il est sorti du système scolaire, et n’a pas non plus d’emploi.

Sur le trajet pour retourner chez lui, il croise plusieurs connaissances. Entre deux poignées de main, il explique les raisons de son décrochage scolaire. « Quand j’étais au lycée, mon frère battait ma mère. Je le battais pour la défendre, et cela avait un impact énorme sur ma scolarité. Je suis allé dans onze lycées différents, de l’internat privé catholique au lycée de ZEP ». Il arrête finalement les cours en début de première, à l’âge de seize ans. Il est ensuite placé en foyer, avant de prendre son envol, et son premier logement, au lendemain de son dix-huitième anniversaire.

Aujourd’hui, il habite dans un appartement en proche banlieue parisienne. Le loyer est payé par sa mère. C’est d’ailleurs le seul élément qui le lie encore à elle. « Si je ne dépendais pas financièrement d’elle pour avoir un logement, je ne prendrais plus aucune nouvelle », lance-t-il.

Dans son appartement, les vestiges de soirées antérieures sont encore présents sur la table. Le lit est défait, la vaisselle sale s’entasse. L’appartement est pourtant moderne et bien entretenu, à l’exception d’un mur, qui semble avoir été roué de coups. « C’est ce qui arrive quand je vais pas à la salle », commente Alexis. Les événements survenus à l’adolescence le poursuivent encore aujourd’hui. Il souffre d’un léger état de stress post-traumatique, qui le pousse à rester de plus en plus chez lui.

Assis sur son canapé, une cigarette à la main, il explique comment il subvient à ses besoins financiers mensuels. Sa mère lui paye son loyer, certes, mais aucun frais annexe. Et cela ne le dérange pas. « Qu’est ce qu’on appelle vivre ? T’as besoin de manger, dormir, et de faire quelque chose qui te rend heureux. Moi c’est la salle de sport ». Au moment d’emménager seul, il a calculé que ces dépenses s’élevaient à 250 euros par mois. Une somme facile à avoir selon lui, en témoignent les sachets de drogue qui jonchent la table basse. « Moi j’ai jamais touché à ces merdes là. À l’inverse, j’aide les gens qui les cherchent. Je les rapproche les gens qui font des grosses ventes, et eux ça les dérange pas de me passer cent balles en échange ».

Comme d’autres NEET, Alexis T. a choisi le deal, parfois plus simple d’accès que le marché du travail qu’il ne veut pas intégrer, faute de valeurs morales selon lui. “Humainement, le travail c’est pas fait pour moi. J’ai vu des personnes se faire détruire à cause de conneries comme le racisme ou autre. Les inégalités seront toujours là, et on peut rien y changer”, précise-t-il. Travailler au sein d’une association, aider les autres, lui plairait, mais il calque le modèle associatif au monde du travail, et considère que son travail serait vain.

Une chose est pourtant certaine, Alexis T. veut quitter Paris sur le long terme, mais à part cela, il n’a “aucune perspective d’avenir” et ne se voit nulle part dans dix ans.

L’ensemble du dossier à retrouver ici :

Les NEET, une catégorie sociale qui inquiètent les pouvoirs publics (1/4)

À Bagneux, donner une seconde chance aux NEET (2/4)

Le risque pour les NEET : basculer dans la pauvreté et l’exclusion (3/4)

Aline BOTTIN

Les NEET, une catégorie sociale qui inquiète les pouvoirs publics (1/4)

Jeune homme ivre sans-abri. CC0 Domaine public Gratuit pour usage personnel et commercial
En France, près de 30 000 jeunes NEET vivraient à la rue. Image libre de droit

Des jeunes perdus, exclus, à l’avenir incertain. Ils seraient très nombreux en France, près de deux millions. Mais leurs situations commencent seulement à être connues et leur détresse, prise en compte.  

En France, ils seraient près de 1,8 million à être hors-système. On les appelle les NEET (de l’anglais, Not in Employement, Education nor Training). Ils ne sont plus scolarisés, ni en éducation et pas non plus en emploi. Cette catégorie statistique, créée après la crise de 2008, représente 17% des jeunes de 15 à 29 ans en France.

D’après un rapport de France Stratégie datant de janvier 2017, les NEET sont généralement majeurs et plutôt issus de zone rurale. 24,4 % des 18-24 ans y vivent, contre 20,8 % en zone urbaine. Si 3% des 15-17 ans sont des NEET, la proportion monte à 16% pour les 18-24 ans et 20% pour les 25-29 ans. Parfois peu aidés de leurs parents, selon ce même rapport, ils seraient 190.000 à passer sous les radars institutionnels et privés de tout soutien familial. 30.000 d’entre eux vivraient même à la rue.

Il est cependant très difficile de cerner la variété des situations. “S’ils partagent des difficultés spécifiques, comme une plus grande exposition aux fluctuations économiques, les jeunes sont loin de former un groupe homogène”, précise le rapport.

Être NEET a de grave conséquences sur l’individu, la société, et l’économie

Dans un rapport de 2012, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) pointe du doigt l’effet d’une telle situation sur les jeunes européens. L’étude révèle qu’être NEET a de grave conséquences sur l’individu, la société, et l’économie. Sont notamment mentionnés “ une plus grande distance avec le système de protection sociale (beaucoup fondé en France sur le statut de travailleur), une relégation future dans des emplois précaires, la délinquance, ou encore des troubles physiques ou mentaux”. Le rapport européen signale aussi les NEET sont plus exposés au risque “d’aliénation politique (tentation des extrêmes) ou sociale (assistanat)”.

Depuis 2014, les Etats-membres de l’Union européenne ont lancé la Priorité jeunesse en Europe, qui vise à encourager l’emploi des jeunes. Sur la période 2014-2020, le Fond social européen (FSE) s’est d’ailleurs engagé à investir au moins 6,3 milliards € pour soutenir l’intégration des jeunes dans le marché du travail.

Julien PERCHERON

L’ensemble du dossier à retrouver ici :

À Bagneux, donner une seconde chance aux NEET (2/4)

Le risque pour les NEET : basculer dans la pauvreté et l’exclusion (3/4)

Alexis, le sport et le deal (4/4)

Loi antiterroriste : ce qui change pour les citoyens

Panorama de l'hémicycle de l'Assemblée nationale réalisé avec des photos prises en septembre 2009. Richard Ying et Tangui Morlier
Panorama de l’hémicycle de l’Assemblée nationale réalisé avec des photos prises en septembre 2009. Richard Ying et Tangui Morlier

À partir du 1er novembre prochain, la loi antiterroriste prend le relais de l’état d’urgence. Adoptée ce mercredi par l’Assemblée nationale, on peut retenir cinq nouveaux points.

C’est la fin de l’état d’urgence. Cet état d’exception, instauré au lendemain des attentats du 13 novembre, est remplacé par une loi antiterroriste, portée par Gérard Collomb et soutenue par Emmanuel Macron au cours de sa campagne présidentielle. Le texte a été approuvé par 415 voix contre 127 pour 19 abstentions. La majorité, hormis 4 abstentions chez LREM, les « Constructifs » ainsi qu’une bonne partie de la droite ont voté pour, comme une large majorité de la Nouvelle Gauche (PS). Les Insoumis et communistes ont voté contre, comme la grande majorité des LR (84 contre, 9 abstentions et 5 pour) et le Front National.

Du côté des associations, Dominique Nogueres, vice-présidente de La Ligue des Droits de l’Homme, s’inquiète  » d’un texte qui met la société sous surveillance car cela pérennise les pratiques de l’état d’urgence, qui n’est pas le chemin pour lutter contre le terrorisme. Même si cela ne semble pas alarmer nos citoyens.« 

Une loi qui « n’est pas plus sévère que celle sur l’état d’urgence, tempère Emmanuel Daoud, avocat du barreau de Paris, puisqu’elle en reprend d’ailleurs les principales dispositions, comme les assignations à résidence ou la perquisition administrative. Par contre, elle fait entrer dans le droit commun la possibilité pour une autorité administrative, en dehors de tout contrôle préalable et a fortiori exercé par une autorité judiciaire, de décider d’une mesure restrictive de liberté » complète-t-il. Emmanuel Daoud reste toutefois sceptique car  » la sortie d’un régime d’exception pour en faire un régime de droit commun semble particulièrement problématique et annonce, à terme, un durcissement de ce dispositif par l’adoption de nouvelles dispositions. »

Celsalab fait le point sur les principales mesures qui change dans cette loi

Les assignations à résidence et les perquisitions, mesures phares de l’état d’urgence, ont été conservées dans la nouvelle loi, d’autres mesures sont également inscrites. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • L’instauration de périmètres de sécurité et de protection

Lors d’événements (intérieurs ou extérieurs) sur des lieux exposés au risque terroriste, le préfet peut ordonner la mise en place de ces périmètres pour effectuer des fouilles et des contrôles d’identité avec le renfort de sécurité privée ou de policiers municipaux.

  • Un nouveau périmètre de l’assignation à résidence

Le périmètre des assignations s’étendra au minimum au territoire de la commune, au lieu du seul domicile sous état d’urgence. L’assigné doit pouvoir continuer à travailler et voir sa famille. La personne visée devra se présenter à la police une fois par jour, au lieu de trois fois auparavant. Les personnes ciblées devront « fournir tous leurs numéros de téléphone et identifiants de communication électronique ». La durée totale d’assignation est d’un an sauf en cas de présentation d’éléments nouveaux justifiant une prolongation de cette assignation.

  • La fermeture des lieux de cultes

Si ces derniers appellent à commettre de actes terroristes ou en font l’apologie. La loi retient « les propos tenus et les écrits » ainsi que les « idées et théories » qui seraient diffusées en soutien au terrorisme.

  • La durée des contrôles des zones transfrontalières

Dans une zone de 20 km autour des frontières, ainsi que dans les ports, aéroports et gares ouvertes au trafic international. Le texte élargit le temps de contrôles d’identité dans ces zones, passant de six à douze heures.

  • Radicalisation des fonctionnaires

Les fonctionnaires exerçant un métier en lien avec la sécurité pourront être mutés ou radiés en cas de radicalisation.

 

Julien Percheron