Le journal Le Monde révèle aujourd’hui que le parquet de Paris a été saisi par la commission des infractions fiscales (CIF), qui a porté plainte contre l’ancien secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l’étranger, Thomas Thévenoud, ainsi que contre sa compagne, Sandra Thévenoud.
Nommé le 26 août 2014 secrétaire d’État, Thévenoud avait été contraint à la démission neuf jours plus tard, après que la Haute autorité sur la transparence de la vie publique (HATVP) a démontré qu’il ne payait pas ses impôts, et ce depuis plusieurs années.
Le « cluster » Paris-Saclay, géré depuis la loi de juin 2010 par l’établissement Public Paris Saclay (EPPS), regroupe un pôle universitaire en mutation et en plein développement, ainsi que des entreprises de pointe dans des secteurs variés comme la pharmaceutique, l’automobile ou l’aérospatiale. Sans le Grand Paris, et le développement de nouvelles infrastructures de transport permettant de désenclaver le lieu, ce projet vieux de plusieurs décennies aurait pu rester un rêve inachevé.
Tout existe pour que le projet décolle. Il ne manque plus que l’intégration de ce territoire à Paris par un réseau de transport adéquat. Patrick Cheene, le directeur du développement économique de l’EPPS est enthousiaste mais réaliste. « Les entreprises ne viendront pas s’installer si le lieu est situé à 1h30 du centre de Paris en heure de pointe. Avec la ligne 18 du métro qui sera opérationnelle à l’horizon 2023, l’intégration sera réellement effective, et ce pôle de recherche aura les moyens de devenir un véritable MIT (Massachusetts Institute of Technology) à la française. ». Et pour Patrick Cheene, c’est bien là l’apport principal du projet du Grand Paris, dont le développement des transports est géré par la Société du Grand Paris.
Le projet du cluster Paris-Saclay est défini comme une opération d’intérêt national (OIN).
Avec la loi de juin 2010 créant l’établissement public Paris-Saclay, l’Etat souhaitait offrir à ce pole technologique d’Île-de-France un nouvel élan.
Situé à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale, le plateau de Saclay, qui couvre un territoire à cheval entre les Yvelines et l’Essonne (voir infographie), bénéficie à partir de 2009 du plan campus qui vise à moderniser les structures universitaires afin de les rendre attractives à travers le monde. L’idée de faire de cette place forte du monde universitaire français, un véritable pôle d’attractivité pour les investissement français et internationaux a donc fait son chemin.
Patrick Cheene, a travaillé plus de 15 ans aux Etats-Unis sur les campus du MIT à Boston et de la Silicon Valley en Californie. « Ce qui fait la différence entre ces centres universitaires et les autres à travers le monde, c’est l’émulation permanente qui existe entre les étudiants et les startups les plus puissantes de leurs secteurs. C’est pour tenter de faire la même chose ici que je suis venu ! »
« Le potentiel du projet est fabuleux. » C’est avec un réel enthousiasme que Patrick Cheene évoque ce sujet. Le directeur du développement économique de l’EPPS a comme mission de développer l’assise économique du cluster. « Il existe déjà des communautés sectorielles sur l’ensemble du territoire. Ce qu’il faut, c’est renforcer celles qui existent et en attirer d’autres. »
« Sans le Starbuck local, Google n’aurait peut être jamais existé »
Comme dans la Silicon Valley, les entreprises présentes sur le territoire Paris-Saclay adoptent depuis deux ans le label « Paris-Saclay ». « Une preuve que tout le monde croit au développement du lieu. » selon Patrick Cheene. Des entreprises comme Sanofi, Air Liquide, ou Alcatel ont été les pionnières du lieu et toutes ont labellisé leurs centres locaux « Paris-Saclay ». La proximité avec le campus universitaire qui est en pleine mutation et comportera bientôt 19 écoles et universités de pointe offre un vivier exceptionnel d’ingénieurs, d’informaticiens ainsi que de chercheurs qualifiés et motivés.
Le symbole de cette émulation productive que cherche à créer Patrick Cheene est probablement le Proto 204 « Un lieu neutre ou les acteurs du cluster, étudiants, chercheurs ou professionnels, se rencontrent. Il ne faut pas sous estimer ces lieux de rencontre. En Californie par exemple, sans le Starbuck local, Google n’aurait peut être jamais existé.
On pourrait penser qu’elles sombrent face à l’avancée des multiplexes, et pourtant non. Les cinémas d’essai se portent plutôt bien. La preuve à travers cette enquête.
Des lustres historiques, des activités pour les enfants et bon nombre de festivals : un cocktail qui fait fonctionner le Studio 28, salle d’art et d’essai implantée à Montmartre depuis près de cent ans. A voir les touristes et autres curieux qui se pressent devant les portes, on peut voir que oui, le cinéma d’art et d’essai se porte bien, merci pour lui. En dix ans, la fréquentation a même augmenté de 0,2% lorsque le reste des salles généralistes a vu son public baisser de 0,1%. “Les cinémas d’art et d’essai se maintiennent bien face aux multiplexe” se félicite Dorothée Duval, chargée de mission pour le classement art et essai au CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). “Le nombre de salles labellisées reste constant d’année en année. C’est une très bonne chose.”
Mais ne crions pas victoire trop vite. Pour lutter contre le rouleau compresseur des grands groupes d’exploitations tels que UGC et Gaumont-Pathé, les salles indépendantes doivent redoubler d’efforts pour se réinventer au quotidien.
L’esthétique avant tout
Face aux grandes salles impersonnelles des multiplexes, un espace agréable à l’oeil fait toute la différence. C’est justement au Studio 28 que l’on peut admirer les lustres dessinés par Cocteau. Il disait d’ailleurs que c’était “la salle des chefs d’oeuvre et le chef d’oeuvre des salles.” De Capra à Brel, les plus grands se sont succédés dans ses murs. Candélabres et ciel étoilé sont suspendus au-dessus des têtes des spectateurs, aussi impressionnés par la décoration de la salle que par les films eux-mêmes.
Autres exemples tout aussi sublimes : les murs du cinéma Pagode, un ancien salon d’aristocrates. Insolite, il cache derrière ses murs une salle japonaise et son jardin assorti. Des lieux classés monument historique depuis les années 80. Construite en 1896, la Pagode ne s’ouvre au public que dans les années 30. Le salon est alors transformé en salle de projection et devient lieu de rendez-vous pour les cinéphiles du 7e arrondissement.
Le Balzac, lui, naît en 1935. Dans sa rue du même nom, il devient vite le cinéma à se pas râter aux Champs-Elysées. Pour les spectateurs, le confort est là : une immense salle ronde inspirée directement de l’art déco.
L’attrait esthétique est un aspect qu’espère développer Phillipe Coquillaud, directeur du cinéma le Méliès à Pau. “Nous voulons nous agrandir et repenser entièrement notre espace, pour l’instant austère. Le cinéma devrait être un lieu de rencontres où les gens viennent passer un moment agréable, pas simplement pour voir un film.”
L’ouvreuse du Studio 28 nous révèle ses secrets. Reportage Estelle Walton.
Des activités variées et enrichissantes
Mais si le cinéma de quartier persiste et perdure, ce n’est pas uniquement grâce à son décorum. Les gérants de salles multiplient animations et débats divers autour des films projetés. Michel Ferry, secrétaire général de l’AFCAE (Association française du cinéma d’art et essai), expliquait dans une interview donnée à France musique en janvier dernier : ”Il faut renouveler en permanence le public. Une salle art et essai, c’est 5-6 débats par semaine. »
Au coeur du quartier latin, le Reflet Médicis, organise différents événements qui rythment la vie du cinéma, comme le festival du film russe ou encore celui du film finlandais. Experts, réalisateurs et musiciens rejoignent les fauteuils rouges donner vie aux films.
Et pour plus de fun niveau animations, reportage ici au Studio Galande avec le Rocky Horror Picture Show.
L’animation est un critère que défend l’AFCAE depuis sa création en 1955. Elsa Piacentino, chargée de communication de l’association le confirme. “Pour recevoir le label art et essai, il faut que le lieu soit valorisé, il ne faut pas que ce soit uniquement un lieu de projection. L’idée : créer des animations, des débats, des activités jeune public.” C’est ce qu’a choisi de faire Nolwenn Turbin, animatrice du cinéma art et essai le Beaulieu à Nantes. “Diffuser un film en lien avec l’actualité, s’ouvrir aux faits de société et accompagner la séance d’un débat, ça dope la fréquentation.”
Attiser la curiosité des nouvelles générations
Et avec les jeunes ? C’est parfois un public difficile. Pour René Salsa, directeur du Saint-Denis à Lyon, le public ne va pas en-dessous des 35 ans. Alors qu’au Chaplin Denfert, le directeur Eric Gozzi s’est relié à l’université de Nanterre pour y accueillir les jeunes investis dans le festival de court-métrages. Ce cinéma a justement établi un partenariat avec Enfance de l’art, une association qui sélectionne des films mettant en valeur la création cinématographique au-delà des dessins animés grand public diffusés dans les multiplexes.
Un point important pour Frédéric Gimello-Mesplomb, enseignant à l’université d’Avignon et spécialiste du cinéma art et essai. “Il existe beaucoup de dispositifs pédagogiques pour éduquer les enfants et les jeunes sur l’art et essai. Par exemple, des intervenants ou réalisateurs se rendent dans les établissements. Débats et rencontres sont organisés pour leur faire découvrir ce type de cinéma méconnu.” A Nantes, les salles favorisent la rencontre entre bambins et cinéma. Au Beaulieu, des séances sont proposés aux plus petits. Dès deux ans, ils peuvent participer aux goûters et ateliers artistiques qui accompagnent les projections.
Renouveler le public, un défi relevé pour le cinéma l’Ecran à Saint-Denis en région parisienne. Boris Spire, directeur du cinéma depuis 10 ans, pratique ce qu’il appelle “le festival permanent”: de l’événementiel et des séances dans les écoles pour attiser la curiosité des jeunes publics.
A Paris 8, les étudiants aussi mettent la main à la pâte. Dans le cadre de leur formation, le master Politiques et gestion de la culture en Europe participe chaque année au festival Cinéma du réel. Sélection, contact avec le réalisateur, programmation, gestion de la communication, ces jeunes s’occupent du processus de A à Z. Le résultat : un documentaire colombien, une salle bien remplie, et une discussion avec le réalisateur en prime. Pour Héloïse Proy, partie prenante du projet, cette expérience a été très formatrice: “Je n’aurais jamais pensé à m’intéresser au genre documentaire de cette manière. Être dans les coulisses, a complètement changé ma conception de la programmation. Quand on a vu la salle presque pleine, on était pas seulement heureux, on était fiers.” Pourtant, engouement d’un soir n’est pas toujours synonyme de public fidèle. “Peu d’étudiants viennent régulièrement” regrette le directeur de la salle. “Ils ne vivent pas sur le campus et ne restent pas sur place après les cours. Il est donc d’autant plus difficile de les fidéliser”.
Des films qu’on ne trouve pas (ou plus) ailleurs
Pour le cinéma le Mélies à Pau, c’est la clé du succès : des films éclectiques, de genres, programmés plus longtemps. “Un film reste facilement 5 à 6 semaines à l’affiche, nos habitués le savent. A terme, on peut faire plus d’entrées qu’un multiplexe”, explique Philippe Coquillaud, directeur de la salle.
A Paris, le Chaplin Denfert continue à diffuser les films qu’on ne peut plus trouver ailleurs. Eric Gozzi, directeur, explique : “Dans les grands cinémas, les films restent à l’affiche deux semaines maintenant ! Les spectateurs peuvent donc venir dans les salles de quartier pour voir les films qu’ils n’ont pas eu le temps de visionner.” Au CNC, la singularité de la programmation est un atout évident. « Dans les salles d’art et essai, c’est un autre style de films, bien différents des productions grand public diffusées en multiplexes. »
Revoir les films de patrimoine est aussi un point que les cinémas ont à coeur. A Nantes, les vieux films sont à l’honneur. Des bénévoles passionnés viennent avant la projection deux fois par mois pour présenter ces classiques à voir et à revoir.
Un contact humain essentiel
Le public est bien souvent constitué de fins connaisseurs. A la Filmothèque par exemple, cinéma d’art et d’essai du quartier latin, on s’adresse à un public ô combien savant, capable de pointer du doigt les erreurs de projection. “Quand on se trompe de format, ils gueulent. Ils voient tout de suite que le film n’est pas diffusé dans son format initial” explique Philippe Mazel, le chef de cabine.” Une stratégie développée pour un public précis :“Il faut pas se leurrer, la majorité de nos spectateurs sont des petits vieux soixante-huitards, nostalgiques de l’âge d’or des années soixante dix, et lecteurs de Télérama” rappelle le directeur de la salle de Saint Denis.
“Quand vous allez au Pathé ou au Gaumont, vous êtes totalement anonyme” note René Salsa, directeur du Saint-Denis à Lyon. “Ici, on discute avec les gens au guichet et quand il y a la queue, on attend que tout le monde ait payé sa place avant de lancer le film.”
“Techniquement, il n’y a pas de public propre aux salles d’art et essai.” explique Frédéric Gimello-Mesplomp. “Ce n’est pas parce que les gens vont dans les cinémas art et essai qu’ils ne se rendent pas dans les multiplexes. Par contre la salle va construire son public, elle va proposer une programmation plus pointue. C’est le public qui conditionne la salle et pas l’inverse.”
Faire face aux menaces
Malgré tous leurs efforts, les salles d’art et essai subissent les effets du XXIe siècle. Les multiplexes toujours plus grands et confortables, attirent un public de plus en plus large grâce à une programmation très diversifiée. Avec ses 37 films simultanés à l’affiche et sa VO quasi systématique, l’UGC ciné cité des Halles à Paris fait de l’ombre aux salles intimistes. “Entre des salles vieillottes et bruyantes et des écrans flambants neufs et des sièges tout confort, mon choix est vite fait.” Explique Hubert Prolongeau, journaliste et cinéphile depuis son plus jeune âge. “L’idée d’opposer le cinéma d’art et essai aux salles commerciales ne veut plus dire grand chose.”
Cette menace, l’Utopia Saint Siméon à Bordeaux la vit au premier plan. Installée dans une ancienne église, cette salle entièrement indépendante est ancrée dans les habitudes bordelaises. Mais pour Stephan Bolato, programmateur dans la salle d’art et d’essai depuis 10 ans, cet attachement ne suffit plus: “Notre fréquentation est en baisse constante. Nous avons perdu 14,5% d’entrées depuis le début de l’année.” Pourtant, le cinéma redouble d’efforts pour attirer le public: soirées débats, festivals, programmation éclectique, magazine à l’édition léchée, même un bar restaurant est installé dans le hall pour créer une ambiance chaleureuse à la sortie d’une projection. “l’UGC est à 5 minutes à pied et nous vole notre clientèle. Eux, ils ne dépendent pas des entrées, ils ont les pubs et le Pop Corn, sur lesquels ils font des marges colossales. ” Un nouveau complexe de 13 salles est prévu, un nouveau coup de bâton pour la salle indépendante. Malgré nos multiples relances, le groupe UGC-MK2 n’a pas donné suite aux appels téléphoniques.
Pour certains cinémas, le numérique a été synonyme de diversité et de flexibilité accrue. Pierre Magne, Assistant de Programmation pour le réseau du Parvis installé dans les Hautes Pyrénées ne peut plus s’en passer : “on a plus à se déplacer pour faire passer les bandes à nos cinémas en personne, ça nous a changé la vie. Notre programmation s’en trouve enrichie.” Mais pour son homologue bordelais, l’investissement est bien trop lourd. Cette remise à neuf, vécue comme imposée par les boites de distribution et le CNC a été faite sans consultations des salles indépendantes et n’est pas adaptée à leur usage: “ Une nouvelle cabine de projection coûte entre 50 000 et 70 000 euros, et est optimisée pour des écrans de 15 m. Nos écrans sont bien plus petits. C’est une dépense inutile, et c’est mettre le doigt dans l’engrenage de l’obsolescence programmée. Un projecteur argentique pouvait durer 30 ans, qui sait combien d’années dureront les nouveaux avant de devenir obsolètes à leur tour?”
Les multiples initiatives qui permettent aux salles d’art et essai de vivre ne seraient pas possible sans le soutien financier du CNC. « Nous attribuons une subvention qui va de 2000 à 99 000€ par an, selon les salles » explique Dorothée Duval. Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer. A Saint-Denis, ils financent 60% du budget de l’Ecran. “Sans leur soutien, il serait plus difficile de faire le lien avec les écoles et l’Université.”
Là-bas, comme dans de nombreuses communes, la municipalité met gratuitement à disposition les locaux aux cinémas. Mais sans aide de la ville, les choses peuvent rapidement se compliquer. A Bordeaux, le Stéphan Bolato regrette ce manque de soutien “Nous sommes un cinéma complètement indépendant qui tire la majorité de ses revenus par la vente de tickets. C’est un choix, mais la ville ne nous aide en aucun cas, il nous handicapent.” Le directeur de salle d’art et d’essai s’inquiète de la création prochaine du nouveau multiplexe dans l’agglomération. “La ville est déjà saturée en écrans, et l’on va devoir se battre d’autant plus récupérer des copies de films. Notre seul recours, c’est de continuer à nous diversifier.”
La charge salariale est un poids pour beaucoup de salles. Pour l’Utopia, c’est même la majorité du budget de fonctionnement. “On ne paye pas nos salariés au lance pierre, ça fait partie de nos valeurs. Du coup, c’est un poids considérable sur notre budget.” Mais à Lyon, le Saint-Denis a trouvé un modèle différent : géré par une équipe de bénévoles, le cinéma n’a pas à payer de salaires à la fin du mois et, grâce aux bénéfices engendrés, peut mettre à jour les équipements numériques pour une meilleure projection.
La clé sous la porte, une peur inévitable
Le tableau n’est donc pas si noir pour les salles d’art et d’essai. Et pourtant le Melville n’a pas résisté. Ce cinéma de Rouan a fermé le 23 septembre, après trois mois de discussion intense. Le cinéma vivait des jours difficiles depuis 2013. Une situation financière irrattrapable qui n’a cessé de se dégrader. Les loyers étaient impayés, les salaires non reversés. Placé en redressement judiciaire en juillet 2014, les salariés croyaient encore au plan de sauvegarde mais c’était peine perdue. Aujourd’hui l’’avenir du bâtiment semble s’orienter vers l’installation d’une nouvelle salle de spectacle.
Le cas du Melville reste emblématique et montre que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les salles d’art et essai. Malgré de nombreux exemples flamboyants, la survie des cinémas indépendants n’est pas évidente pour tous. A Saint-Denis, Boris Spire résume la situation en une phrase : “De toute façon, être directeur d’une salle d’art et d’essai, nous oblige à être optimiste, autrement il faut changer de métier.”
Quelle évolution constatez-vous sur les prix de l’immobilier à Paris et dans sa périphérie ?
« Le marché locatif n’a pas tellement évolué sur ces dernières années. Les prix sont toujours beaucoup plus élevés à Paris intramuros qu’aux abords de la capitale. Pour vous donner un exemple, un deux pièces de 51 mètres carrés à Aubervilliers coûte 832 euros par mois quand un 43 mètres carrés à Levallois-Perret est à 1300 euros. Les deux appartements sont dans un immeuble de standing, mais vous conviendrez que ce n’est pas le même environnement et que la distance joue également. »
Comment des personnes à faibles revenus peuvent-elles accéder à un logement ?
« Si la personne ou le couple ne gagne pas trois voire quatre fois le montant du loyer, on demandera une caution solidaire équivalente à deux ans de loyer pour les baux meublés, six ans pour les baux vides. Une personne de leur choix, pas forcément de la famille, devra signer un document dans lequel elle s’engage en tant que garant. Dans le cas d’un couple dont l’une des personnes n’a pas de revenus réguliers (intermittent, intérimaire par exemple), leurs revenus seront étudiés mais la plupart du temps une caution sera exigée. »
Que pensez-vous de la réglementation récente sur les loyers, notamment de la loi ALUR ?
« Avec cette loi, on ne peut plus augmenter les loyers. La seule augmentation possible, c’est de suivre l’indice de référence des loyers (IRL) publié par l’INSEE. Mais le problème selon moi, c’est que le système en vigueur défend trop les locataires. A force de les protéger, c’est lui qui les empêche d’accéder au logement. Les locataires sous-estiment les nombreuses petites dépenses à côté du loyer, c’est pourquoi en tant qu’agence on ne peut pas se permettre de ne demander que deux fois le loyer lors du dépôt du dossier. Il y a eu plusieurs cas d’impayés lorsque l’on avait essayé d’abaisser le seuil de revenus minimum, il a donc fallu qu’on le révise à la hausse. »