Les soldes d’hiver 2016 ne font pas recette

Attentats, crise économique, météo clémente : à Paris, le bilan des soldes d’hiver 2016 est décevant. Selon l’enquête menée par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, malgré les démarques souvent importantes, les commerçants assistent, impuissants, à une baisse des fréquentations.

Le bilan des soldes d'hiver 2016 est mauvais pour les commerces parisiens. AFP / MIGUEL MEDINA
Le bilan des soldes d’hiver 2016 est mauvais pour les commerces parisiens. AFP / MIGUEL MEDINA

C’est un revers pour les commerçants parisiens. Pour plus de la moitié des 400 commerces interrogés entre le 1er et le 5 février par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris, le résultat des soldes 2016 est moins bon que celui de 2015. « Sachant que le soldes d’hiver 2015 n’étaient déjà pas très bonnes compte tenu des attentats de Charlie Hebdo, le bilan de 2016 est particulièrement mauvais », explique Isabelle Savelli-Thiault, responsable de l’Observatoire économique régional (Crocis) de la CCI, à l’origine de l’enquête. Pire : pour 27% des commerces interrogés, la période des soldes n’a pas changé leur chiffre d’affaires habituel. Sur le graphique suivant, les résultats des soldes d’hiver 2016 par rapport aux soldes d’hiver 2015.

Les raisons sont multiples. 89% des commerçants interrogés estiment que les attentats du 13 novembre ont eu une répercussion importante voire très importante sur leur chiffre d’affaires. « Les Parisiens étaient plus réticents à faire les magasins et, dans le même temps, la clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat a fui Paris. Or, le tourisme, c’est ce qui permettait encore de sauver le commerce parisien », analyse Isabelle Savelli-Thiault.

D’autres facteurs expliquent cette absence de résultats. La crise économique est jugée responsable de la morosité ambiante par 79% des commerçants. « La conjoncture reste mauvaise, les gens sont très prudents dans leurs achats », relève l’étude. A cette crise s’ajoute une météo plutôt douce, source d’invendus. « Les doudounes, les pulls, les chaussures, ce sont des produits qui génèrent des bénéfices importants. En moyenne, ces achats représentent deux tiers du chiffre d’affaires des commerçants en hiver. Une saison douce comme celle que nous connaissons, c’est autant d’argent en moins », rappelle la responsable du Crocis.

Face à ce constat, les commerçants s’organisent. Des promotions anticipées sont mises en place : 55% des magasins ont effectué des ventes privées avant la période officielle des soldes. Certains commerces affichent même des rabais à -40% pour faire revenir la clientèle. Autre conséquence : une meilleure gestion du stock. « Les commerçants sont de plus en plus prudents dans leurs commandes. Ça leur permet parfois de compenser le manque de chiffres d’affaires », observe Isabelle Savelli-Thiault qui l’assure : « malgré ces résultats, la grande majorité des personnes interrogées restent confiantes pour la saison printemps/été 2016 ».

Enquête réalisée du 1er au 5 février 2016 par la société Actel par téléphone auprès de 300 commerçants parisiens et par entretien en face-à-face avec 100 commerçants de la rue de Rennes.

Léo Pierrard

 

Pour trouver du travail, mieux vaut chercher en centre-ville qu’en périphérie

Les zones où l’on cherche du travail ne sont pas toujours celles où l’on en propose le plus. C’est la conclusion d’une étude publiée par le think tank Terra Nova ce jeudi 11 février. Conséquence de la métropolisation de l’économie, la production de richesse s’est concentrée, entraînant de fortes disparités sur le territoire en matière d’offres d’emploi. Et les zones rurales ne sont pas les seules à en pâtir. Même au sein des métropoles, les écarts sont élevés entre centre-ville et aire urbaine.

Les offres d'emploi en centre-ville sont plus nombreuses et de meilleure qualité. (©Flickr Jean-Louis Zimmermann)
Les offres d’emploi en centre-ville sont plus nombreuses et de meilleure qualité. (©Flickr
Jean-Louis Zimmermann)

Ils se sont appuyés sur 6 000 annonces collectées dans les 15 principales agglomérations françaises. Le think tank Terra Nova s’est associé à l’entreprise spécialisée dans la recherche d’emplois en ligne Jobijoba pour analyser les offres d’emploi sur le territoire français. Verdict : au sein des métropoles, le centre-ville est nettement favorisé.

  • Il y a plus d’offres en centre-ville alors que la population y décroît

Selon les agglomérations, 50 à 60% des offres d’emploi se trouvent en centre-ville, alors que seulement un quart de la population y habite. Une concentration qui s’oppose à la périurbanisation de la société : depuis quelques années, la population s’éloigne du centre pour s’installer en banlieue. Aujourd’hui, les territoires attirant le plus la population sont les couronnes périurbaines. Par conséquent, le trajet moyen entre le domicile et le travail est de plus en plus long. Cette conclusion était l’une des hypothèses de départ de l’étude, mais Thomas Allaire, PDG de Jobijoba, ne s’attendait pas à de telles proportions : « On se doutait que ce chiffre serait élevé, mais pas au point de représenter 50 à 60% des offres d’emploi », a-t-il confié à France Inter.

  • Des emplois plus stables et mieux rémunérés

D’un point de vue qualitatif, les centres-villes sont également privilégiés. La part des emplois en CDI y est plus élevée que dans le reste de l’agglomération. Ainsi, sur la moyenne des 15 zones urbaines étudiées, les offres d’emploi sont des CDI une fois sur deux dans le centre contre deux fois sur cinq en banlieue. De même, le salaire moyen annuel brut y est supérieur, avec un écart moyen de 2 400 euros.

  • Des secteurs d’emploi différents

Cette différence en terme de type de contrat et de rémunération  provient principalement du fait que les principaux secteurs d’activité n’y sont pas les mêmes. En centre-ville, on note une forte présence des activités tertiaires avancées, de l’économie de la connaissance et de l’information ainsi que des fonctions sièges et support des entreprises. En banlieue, les secteurs comme l’industrie sont plus représentés, ainsi que l’économie résidentielle qui comprend notamment les services à la personne.

Laura Daniel

Les exportations d’alcool français se bonifient avec le temps

Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint en 2015 le seuil historique de 11,7 milliards d’euros. Malgré tout, la concurrence étrangère est de plus en plus rude.

A wine waiter displays bottles of famous Sauternes wine "Chateau Yquem" over 100-years old, in the wine cellar of the restaurant Villa Lalique in Wingen-sur-Moder, eastern France, on September 15, 2015. The famous luxury crystal glass-maker Lalique will open on September 18, 2015 this restaurant directed by French chef Jean-Georges Klein, former owner at L'Arnsbourg restaurant. AFP PHOTO / PATRICK HERTZOG / AFP / PATRICK HERTZOG
Source: AFP photo / Patrick Hertzog. Bouteilles centenaires de Chateau Yquem (Sauternes).

11,7 milliards d’euros, soit 126 Airbus. C’est le montant des exportations de vins et de spiritueux français en 2015, un chiffre record après deux ans de repli. Ce résultat en hausse de 8,7% par rapport à l’année précédente permet au secteur de retrouver sa place de deuxième poste à l’exportation derrière l’aéronautique, poste qu’il avait perdu en 2014. Cette hausse est due principalement au champagne, dont les ventes ont augmenté de 12% (soit 2,7 milliards d’euros) et au cognac, dont les ventes ont grimpé de 20%. Ces deux boissons totalisent à elles seules les deux tiers de la croissance des exportations en valeur.

Les Américains ont retrouvé leur place de premier consommateur de vin au monde avec une hausse des exportations françaises vers les Etats-Unis de 28% alors que les Chinois se remettent à en acheter après deux années en creux, avec une hausse des exportations françaises de 23%. Selon Claude Maratier, expert en vins et estimateur, contacté par le CelsaLab, « la plupart des exportations de vin dans les pays asiatiques ont baissé, surtout en Chine à cause de la décélération économique. De plus, il est désormais mal vu d’étaler ses richesses dans ce pays alors que c’était très bien perçu avant. Les achats des grands Bordeaux en ont particulièrement souffert. Malgré tout, la Chine reste un marché très important qui s’est ouvert à des vins moins chers« .

Cependant, pour Christophe Navarre, président de la Fédération des exportateurs (FEVS), « ce beau résultat ne doit pas masquer la dégradation constante de nos parts de marché.« 

Plus agressifs et moins chers

La concurrence étrangère se fait plus grande chaque année. Selon Claude Maratier, « Espagne, Italie, Afrique du Sud et Californie sont nos principaux concurrents. Surtout l’Espagne et l’Italie en Europe, qui produisent des vins remarquables. » Une adversité de plus en plus compétitive, selon Christophe Navarre, qui demande « plus de vins et davantage d’entrée de gamme pour résister à l’Espagne, au Chili ou à l’Australie » car « on augmente nos ventes, mais moins que nos concurrents. » Selon lui, il faudrait peut-être « passer de petites productions de qualité à 50 hl/hectare qu’on vend cher, à des productions de 150 hl/ha qu’on exporte« 

Une baisse des volumes

Malgré des achats qui augmentent, le champagne, le cognac, le Bordeaux et le Bourgogne réalisent à eux quatre 64% des exportations mais seulement 28% des volumes. C’est la faiblesse endémique de la production française qui inquiète le plus les professionnels. Pour la troisième année consécutive, les volumes des vins expédiés à l’étranger sont en recul : moins 16 millions de caisses en 3 ans. En 2015, ce sont 138 millions de caisses qui ont été expédiées. Un véritable cercle vicieux pour le vin français qui devient plus cher et donc moins compétitif. Au Japon par exemple, la France a perdu sa première place d’exportateur au profit du Chili, faute de vins à petit prix.

Anne-Charlotte Dancourt

Prix du tabac, contrats de générations… Les préconisations de la Cour des comptes

AFP PHOTO / THOMAS SAMSON
AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Dans son rapport 2016, la Cour des comptes épingle les mauvaises gestions des deniers publics. Lutte contre le tabac, fraude dans les transports ou contrats de génération, tour d’horizon des recommandations des Sages.

  • Objectif de réduction de déficit jugé « incertain »

Une fois de plus, la Cour des comptes doute de la capacité du gouvernement à tenir son objectif de réduction du déficit public de 0,5 point en 2016. « Sa réalisation est incertaine car il repose sur une prévision de croissance des recettes qui pourrait être surévaluée de 0,1 à 0,2 point de PIB » estiment les magistrats financiers. Si la dette reste élevée – 96,4% du PIB -, le déficit public s’était stabilisé à 3,8%.

  • Hausse du prix des cigarettes

Une fois n’est pas coutume, les magistrats saluent le « volontarisme » du plan Cancer III, le dernier plan en vigueur pour lutter contre la maladie. Cependant ils soulignent aussi qu’il va être difficile de parvenir à 1,34 million de fumeurs en moins d’ici à 2019, et 3,9 millions en moins d’ici à 2024, sans augmenter le prix du paquet. Inclure la lutte anti-tabac dans la rémunération des médecins est une piste également évoquée.

  • Le flop des contrats de génération

C’était une mesure phare du candidat Hollande, les contrats de génération devaient permettre de lutter contre le chômage. Le président avait fixé l’objectif de 500 000 contrats de génération d’ici à 2017. Seuls 40 300 avaient été signés fin juillet 2015. Le dispositif, qui associe l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans avec le maintien d’un emploi d’un senior de plus de 57 ans, est jugé « complexe et peu lisible par les entreprises ».

  • La douche froide pour Science  Po

En 2012, la Cour des comptes avait jeté un pavé dans le mare de Science Po Paris en accusant l’institution de dilapider l’argent public (en rémunération, primes, décharge et logement de fonction). Dans son nouveau rapport, la Cour se félicite d’une remise en ordre « bien engagée » et d’ »irrégularités de gestion corrigées ». Cependant les magistrats soulignent une persistance du manque de clarté dans la rémunération des cadres dirigeants. L’école est encore trop endettée et dépend des fond publiques. Ils enjoignent Sciences Po à « revoir » ses implantations en région jugées trop coûteuses. Ils réclament aussi des scénarios financiers plus prudents que ceux présentés.

  • Lutte contre la fraude dans les transports franciliens

La Cour des comptes juge « préoccupant » le développement de ce phénomène dans les transports franciliens, l’un des plus importants en Europe. Le taux de fraude est particulièrement important dans les bus et les trams. En 2013, cela représentait 123 millions de voyages fraudés pour les bus, 84 millions pour le métro, 23 millions pour les trams et 14 millions pour le RER.

  • Cher nucléaire

Le parc nucléaire français vieillit et demande de plus en plus d’investissement pour maintenir sa productivité ou simplement répondre au normes de sécurité. De 1 milliard d’euros en 2007, ces dépenses ont atteint 4,4 milliards en 2014. La Cour estime que nos centrales vont nous coûter 100 milliards d’euros, d’ici à 2030.

 

Antoine Etcheto