EDF: une éventuelle restructuration de l’entreprise demandée par Emmanuel Macron

EDF perd des abonnés à un rythme rapide : 456.000 clients supplémentaires sont passés en offre de marché sur le quatrième trimestre, selon la CRE. © Flickr Alexander Stielau

Le président Emmanuel Macron a demandé une éventuelle restructuration de l’entreprise, détenue à près de 84% par l’Etat. Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, devrait proposer jeudi une série de propositions afin d’achever le chantier de l’EPR de Flamanville et stopper l’hémorragie de clients. Cette réorganisation devrait permettre à EDF de continuer d’investir dans le nucléaire malgré son lourd endettement, tout en poursuivant sa diversification dans les énergies renouvelables.

Jean-Bernard Lévy a récemment assuré devant les sénateurs : « Nous allons rester une entreprise intégrée », « avec son pacte social« . Les syndicats et politiques s’inquiètent d’un possible démantèlement.

Jeanne Seignol 

 

 

Air France va supprimer 465 postes en France

Un plan de 465 départs volontaires a été présenté, s’accompagnant de la suppression de liaisons domestiques au profit de la filiale low cost Transavia. Air France subit la concurrence du TGV et des compagnies low cost sur les courts courriers.
Face à la concurrence des compagnies low cost, Air France va supprimer 465 postes et fermer certaines liaisons. / Crédit : gmathio – Flickr

La perte de 330 millions d’euros du groupe pour le premier trimestre 2019 laissait augurer l’annonce. Lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire ce lundi, la direction d’Air France-KLM a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 465 équivalents temps plein.

Ce sont les personnels au sol de l’activité domestique, les « courts courriers », qui vont être concernés par les suppressions de postes, sur un total de 3200 personnes employées par la compagnie. Il s’agit d’employés affectés à la vente des billets et à l’enregistrement. Les sites les plus touchés seraient Bastia, Ajaccio et Marseille, avec une cinquantaine de suppressions.

Ce plan social s’accompagne d’une réduction d’environ 15% du plan de vol sur trois ans. Une dizaine d’escales domestiques vont être concernées par ces réductions : Orly, Marseille, Ajaccio, Bastia, Nice, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Toulon, Mulhouse, Nantes, Montpellier… Certaines lignes peu fréquentées vont elles être complètement supprimées, comme le Orly-Quimper, Orly-Agen, Orly-Lorient, Nantes-Montpellier ou encore Strasbourg-Lille.

Face aux concurrents, Transavia va remplacer Air France

Depuis plusieurs années, Air France subit la concurrence des compagnies low cost et du TGV, comme par exemple sur des destinations telles Strasbourg ou Bordeaux. La compagnie Ryanair a d’ailleurs installé sa seconde base à Bordeaux en avril. Easyjet aussi est en expansion en France. La compagnie passe de cinq lignes en 2017 à treize en 2019, avec huit avions basés en France.

Pour faire face dans la compétition, la compagnie française va être remplacée par les services de sa filiale low cost Transavia. L’extension de Transavia, limitée à quarante avions en France, est sensible en interne car ses employés exigent les mêmes conditions d’emploi que ceux d’Air France. Mais une consultation menée par le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) indiquerait que les pilotes seraient en majorité favorables au développement de Transavia. Selon l’ancien président du SNPL Philippe Evain, « Transavia France aurait les moyens de concurrencer les low cost en province ».

Le plan présenté par la direction sera discuté avec le SNPL avant l’été. Il s’agit de la première réforme que lance Benjamin Smith, le nouveau patron canadien de la compagnie française. Après la démission de son prédécesseur Jean-Marc Janaillac suite au rejet de son plan par les salariés, Ben Smith a su apaiser les relations au sein d’Air France. En février, les pilotes ont approuvé l’augmentation de 4,3% en moyenne de leur rémunération, en plus des 4% accordés à l’ensemble des salariés.

Vincent Jaouen

L’entrée en bourse à demi-teinte d’Uber

L’entrée en bourse d’Uber vendredi s’annonçait historique, elle est finalement décevante.  Dara Khosrowshahi, à la tête du géant du VTC, prévoyait de faire ses premiers pas à Wall Street avec une valeur boursière de 100 milliards de dollars. Celle-ci ne valait plus que 64 milliards ce lundi matin. Uber n’est pas la seule entreprise à connaître des difficultés. Le marché financier étant actuellement secoué par les tensions commerciales entre Pékin et Washington, c’est l’ensemble de la bourse qui se retrouve plombé.

Camille Kauffmann

Trois questions pour comprendre l’état de la fraude fiscale en France

Le procès des époux Balkany, poursuivis pour fraude fiscale et blanchiment, s’ouvre ce lundi 13 mai. L’occasion de faire le point sur l’état de la fraude fiscale en France et d’analyser les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre ce phénomène.
Les pertes liées à l’évasion fiscale en France se comptent en milliards d’euros. / Crédit : Gerd Altmann – Pixabay.
  • À combien s’élève le montant de la fraude fiscale en France en 2019 ?

Difficile d’avoir un chiffre précis, tant les différentes données varient selon les sources. Un récent rapport de la députée Bénédicte Peyrol (LREM) évoquait une perte allant de 2 à… 80 milliards d’euros. La Cour des comptes estime que les pertes de recettes provoquées par l’évasion fiscale s’élèvent à 25 milliards d’euros par an. De son côté, le syndicat Solidaires Finances publiques a calculé dans son dernier rapport publié en septembre que la fraude fiscale en France s’élevait à 100 milliards d’euros. Ce rapport est cependant sujet à de nombreux débats, car il mélange souvent la fraude et l’optimisation fiscale, une pratique pointée du doigt mais généralement légale.

« Le chiffrage de la fraude et de l’optimisation fiscale est très compliqué à faire », indiquait la députée (LREM) Émilie Cariou, spécialiste des questions fiscales, sur Europe 1 en janvier dernier. « L’optimisation, nous pouvons la chiffrer, mais pour la fraude, c’est plus difficile, puisque par définition, elle est dissimulée ».

L’URSSAF, qui a mené en 2018 des contrôles sur des échantillons représentatifs d’entreprises, a établi la fraude réelle à 7 milliards d’euros. Une chose est sûre :  les pertes liées à l’évasion fiscale se chiffrent en milliards d’euros.

  • Fraude fiscale, évasion fiscale, optimisation fiscale, blanchiment… quelles différences ?

La fraude fiscale est la pratique qui vise à contourner illégalement l’impôt de manière consciente et délibérée. Les contrevenants, particuliers ou entreprises, s’exposent à des poursuites judiciaires.

L’optimisation fiscale consiste à éviter l’impôt en restant dans la légalité, en contournant la législation fiscale d’un pays ou en exploitant ses failles, comme les niches fiscales, par exemple. Elle n’est pas illégale en soi, mais peut le devenir, dans certains cas précis.

L’évasion fiscale relève à la fois de l’optimisation et de la fraude. Les entreprises ou les particuliers qui cherchent à réduire le montant de leurs impôts déplacent leur patrimoine ou leurs activités dans des pays où la législation est moins stricte, voire avantageuse : les « paradis fiscaux ».

Le blanchiment de fraude fiscale consiste, selon l’article 324-1 du code pénal, à réintroduire le produit d’une fraude fiscale dans l’économie légale pour en dissimuler l’origine. Elle découle du délit de fraude fiscale.

  • Quelles sont les mesures mises en place par l’Etat pour lutter contre la fraude et l’optimisation fiscale ?

C’est « une priorité politique depuis le début du quinquennat », indique Bercy. En septembre dernier, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, avait évoqué la création d’un Observatoire de la fraude fiscale en France, afin d’évaluer l’ampleur des pertes en France et permettre au gouvernement d’annoncer un chiffre précis à la rentrée 2019. Pourtant, cet observatoire n’a toujours pas vu le jour, plusieurs économistes et spécialistes des questions fiscales ayant refusé de le présider.

Cependant, le gouvernement a fait adopter en octobre 2018 une loi anti-fraude, permettant à l’Etat de traquer plus facilement les fraudeurs pour mieux les sanctionner. Cette loi prévoit la mise en place d’une « police fiscale » à partir du 1er juillet 2019. Il s’agit d’une structure interne aux ministères des Finances, comptant une cinquantaine d’agents et placée sous l’autorité d’un magistrat. Cette « police » peut être saisie par le Parquet National Financier (PNF), dans des affaires nécessitant des expertises fiscales techniques. Il s’agit d’un forme de « fisc judiciaire », selon Les Echos. En outre, le projet de loi prévoit aussi la possibilité de rendre public le nom des fraudeurs (la pratique du name & shame), afin de les dissuader de se soustraire au fisc. Le gouvernement prévoit aussi de mieux encadrer les plateformes de réservation en ligne, comme Airbnb, pour garder un œil sur leurs flux financiers.

Auguste Canier