A l’Opéra, une dernière danse à l’américaine

Mercredi 10 février, Stéphane Lissner, le directeur de l’Opéra de Paris a présenté, aux côtés de Benjamin Millepied, le programme de la saison 2016-2017. Côté danse, beaucoup de similitudes avec la saison précédente, avec la danse contemporaine en tête d’affiche.

« L’Opéra n’attend que vous ». Nouveau slogan pour une nouvelle saison à l’Opéra national de Paris. Stéphane Lissner, le directeur de l’institution dévoilait mercredi 10 février le programme de la saison 2016-2017. La semaine précédente, le directeur de la danse, Benjamin Millepied provoquait l’étonnement en annonçant sa démission. Les treize spectacles à l’affiche seront la dernière contribution de l’Américain en tant que directeur de la danse.

Cette année, c’est le néo-classique qui est mis à l’honneur. Sur scène, ce sera des danseurs, toujours pointes aux pieds, mais exécutant une chorégraphie contemporaine. La nouvelle saison se veut être celle de la nouveauté. Le public va pouvoir découvrir quinze oeuvres inédites : neuf créations et six oeuvres jamais dansées jusqu’alors à l’opéra. Ormis celle de Millepied lui-même, ces nouvelles créations seront signées quatre jeunes talents prometteurs : Sébastien Bertaud, Bruno Bouché, Nicolas Paul et Simon Valastro.

Les chorégraphes américains à l’honneur

Mais en parallèle, la saison a un goût de déjà-vu. On retrouve les chorégraphes fétiches de Benjamin Millepied, comme Georges Balanchine ou William Forsythe, déjà mis en avant en 2015-2016, en donnant à la programmation un air très américain. « L’année dernière, Millepied avait promis un ballet de Ratmansky racontant une histoire. Finalement, il n’y est pas mais on a cinq Balanchine » explique Amélie Bertrand, chroniqueuse du site Danse avec la plume, dédié à la danse. « On a l’impression qu’il fait ce qu’il veut sans se soucier de la compagnie qu’il a entre les mains. Il avait fait la même chose pour la saison précédente, mais on l’excusait en disant qu’il ne connaissait pas encore bien l’institution ! » reprend-elle.

« Cette saison est un portrait de Millepied. On a ses maîtres, Balanchine, la compagnie qu’il préfère, l’American ballet theater et les chorégraphes qu’il aime », résume Laura Darrieussecq, membre de l’AROP, l’association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris. « Très peu d’audace finalement. On retrouve tout ce qui passe dans les théâtres anglo-saxons mais il n’ose intégrer aucun chorégraphe européen » ajoute t-elle.

L’un des moments phares de la saison : Le Songe d’une nuit d’été de Georges Balanchine, avec des décors signés Christian Lacroix. Mais la compagnie invitée du Semperoper Ballette Dresden sera aussi très attendue avec sa reprise d’une célèbre chorégraphie de William Forsythe, Impressing the Czar. « Ce ne sont pas des nouvelles créations, mais elles promettent d’être très intéressantes. Ils font sans aucun doute partie des incontournables » reprend Amélie.

 

Peu de grands classiques

Les passionnés qui veulent voir leurs étoiles préférées briller dans les grands ballets du répertoire seront décus. Pour les fêtes de fin d’années, ils pourront, certes, admirer le célèbre Lac des Cygnes, avec la chorégraphie de Rudolf Noureev mais le ballet était déjà au programme en 2014. « Benjamin Millepied n’aime pas Noureev, il ne comprend pas sa musicalité. Donc il décide de n’en mettre qu’un. Cela faisait bien longtemps que ce n’était pas arrivé ! » reprend Laura Darrieussecq. Et le second ballet sera aussi pour les fans de tutus blancs. C’est en effet la Syphide de Pierre Lacotte qui investira la scène. Encore une histoire d’amour donc : James s’éprend de la sylphide, une créature magique de la forêt. Mais son mariage est déjà prévue avec une autre, une femme en chair et en os…

Benjamin Millepied impose ainsi à l’Opéra sa vision américaine de la danse classique. Pour le public français, un ballet classique est en trois actes avec tutus comme Le Lac des Cygnes ou Giselle. « Pour un Américain, il suffit que les danseurs est des pointes aux pieds ! Le classique c’est aussi le néo-classique » explique Amélie. Autre habitude américaine : le « three bills », autrement dit, ces soirées où on présente trois courtes oeuvres plutôt qu’une longue. La prochaine saison compte six programmes de ce genre où plusieurs artistes se partagent les mêmes soirées. « Finalement, ce qu’il se produit c’est que les néophytes connaissent peu les chorégraphes proposés. Et les habitués aimeront beaucoup d’oeuvres mais ont un sentiment de déséquilibre globalement. » conclue Amélie.

Aurélie Dupont, ancienne danseuse étoile, remplacera Benjamin Millepied pour gérer ce nouveau programme. Lors de sa nomination, elle avait promis davantage de grands ballets pour permettre aux quelques 150 danseurs de la compagnie de se produire. Pas de doute, la saison qu’elle signera en 2017-2018, verra les grands ballets, à la française, remonter sur les planches de l’Opéra de Paris.

Cyrielle Cabot

 

Cinéma: L’amour lesbien en dix affiches

Free love sort ce mercredi 10 février dans les salles. Signé Peter Sollett, il raconte l’histoire de Laurel,  atteinte d’un cancer en phase terminale, qui se bat pour que sa compagne, Stacie, hérite de la maison à sa mort. Elle entame alors un combat féroce contre la très conservatrice administration du comté d’Ocean, dans le New Jersey.

Film militant basé sur une histoire vraie, Free Love est loin d’être le premier film à parler de l’amour au féminin. Qu’ils soient militants, caricaturaux, dans la suggestion, ou la provocation, les films sur l’amour lesbien se multiplient ces dernières années. Le premier film qui aborde cette thématique, c’est Coeurs brisés, qui date de 1930, avec la sublime Marlène Dietrich.

Le Celsalab vous a donc préparé un petit récapitulatif des 10 films cultes à connaître.

Art contemporain : où sont les femmes ?

A partir d’aujourd’hui, le Jeu de Paume à Paris expose la photographe portugaise Helena Almeida, grande figure contemporaine de notre siècle. Si l’histoire de l’art en général laisse peu de place aux femmes artistes, l’art contemporain ne fait pas mieux. Malgré une amélioration de la situation ces dernières années, c’est un monde très masculin où les femmes ont peu de visibilité, et de reconnaissance artistique. Comment expliquer aujourd’hui cette inégalité persistante ?

"The Visitor" by Marlene Dumas is on display during a media preview April 1, 2009 of a exhibition on loan to Sotheby's New York entitled "Women." The collection on loan from Steven and Alexandra Cohen which runs from April 2-14 depicts female subjects. AFP PHOTO/ TIMOTHY A. CLARY / AFP / TIMOTHY A. CLARY

« The Visitor » de Marlene Dumas. AFP PHOTO/ TIMOTHY A. CLARY

Le premier coup de gueule éclate en 1985, à New-York. Le groupe d’artistes féministes Guerrilla Girls se réveille et dénonce avec des moyens artistiques (peintures, photographies, affiches) la présence quasi inexistante des femmes artistes dans le monde contemporain du moment. Leur slogan est tapageur : « Faut-il que les femmes soient nues pour entrer au Metropolitan Museum ? » Selon une étude sortie quelques années plutôt, en 1980, moins de 5% des artistes exposés dans les sections d’art moderne étaient des femmes, alors qu’elles faisaient l’objet de 85% des nus. Problème de sexualisation de la femme, de sexisme, de condition féminine ? Aujourd’hui, la situation a changé – la condition de la femme en général s’étant améliorée – mais reste peu glorieuse. Le sexe et le genre continuent d’influencer la carrière des hommes et des femmes dans l’art contemporain. En 2009, le centre Pompidou prend position et consacre une exposition 100% féminine dédiée aux femmes artistes : « Elles@centrepompidou » sur « elles, et seulement elles ». Deux ans plus tôt, en 2007, sortaient des chiffres pour le moins dérangeants : la part des femmes chez les artistes contemporains les plus chers n’était estimé qu’à … 6%.

Peu d’artistes, beaucoup de directrices

Si les femmes souffrent encore aujourd’hui d’un manque de reconnaissance et de représentation au niveau artistique, elles sont cependant beaucoup plus présentes sur le pôle institutionnel, en tout cas en France. Selon des statistiques du Ministère de la Culture et de la Communication, au 1er janvier 2015, il y avait 31% de femmes à la tête d’un établissement de type « musée » et 41% à la tête d’un musée national, tandis que dans les conseils d’administrations de musée et d’établissement de type « patrimoine » ont 50% de femmes. Enfin, au 1er janvier 2015, il y a 61% de femmes directrices de centres d’art en France. A l’international, les femmes puissantes dans le monde de l’art contemporain sont assez reconnues, et occupent des postes importants, même si elles sont encore largement moins présentes que les hommes. Kathy Halbreich est directrice adjointe du MoMa (Museum Of Modern Art) à New-York depuis 2008, Jennifer Flay est la nouvelle directrice de la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) depuis 2003.

Reprendre l’art pour dénoncer

Rares sont les musées qui consacrent une exposition entière au travail d’une femme, et surtout d’une seule. Le Jeu de Paume a tenté le pari avec Helena Almeida, en choisissant une artiste dont la thématique artistique tourne autour du corps, d’où le nom de l’exposition « corpus ». Le schéma traditionnel et connu de tous se rapporte souvent au corps de la femme qui pose, la femme muse et « passive ». Mais aujourd’hui, une mise en abyme se construit : c’est justement avec l’art contemporain que la plupart des femmes artistes reconnues dénoncent la condition féminine, le conditionnement, le rapport au corps et à la sexualité. La franco-américaine Nikki de Saint-Phalle se positionne à travers ses sculptures et ses peintures pour le droit à l’avortement, tandis que la plasticienne taïwanaise Hsia-Fei Chang illustre dans ses oeuvres et ses performances l’hypersexualisation des petites filles. Aujourd’hui, Marlène Dumas est la femme artiste la plus chère au monde. Son tableau La maîtresse, d’après une photo de classe, s’est vendu 3,3 millions de dollars en 2005 chez Christie’s à Londres. Ses toiles coûtent entre 2 et 6 millions de dollars.

Mathilde Pujol

La planète Mars entre mythes et réalités

Mars est à l’honneur de la dernière exposition du Palais de la découverte, à Paris. Une planète à l’origine de nombreux mythes et fantasmes, qui attise la curiosité des hommes depuis plusieurs siècles.

La planète Mars vue par un rover, lors de l'exposition du Palais de la découverte.
La planète Mars vue par un rover, lors de l’exposition du Palais de la découverte.

Un sol aride, couleur ocre, des étendues vides à perte de vue. À l’aide d’un parcours sensoriel et interactif, la nouvelle exposition du Palais de la découverte offre un voyage à quelque 60 millions de kilomètres de la Terre, sur la planète Mars. Le visiteur, plongé dans une ambiance obscure agrémentée de bruitages digne des meilleures épopées intergalactiques, réalise ainsi un rêve que caresse l’homme depuis des siècles. « Cette planète a toujours été visible à l’œil nu. Depuis que nous avons levé les yeux et regardé le ciel, nous sommes fascinés par Mars », raconte Nora Redani, commissaire de l’exposition.

Jusqu’en 1965, on estimait qu’une vie similaire à celle existant sur Terre pouvait s’y être développée. Un fantasme qui s’est traduit à de nombreuses reprises dans l’art, et en particulier dans la science-fiction. La fameuse intervention radiophonique d’Orson Wells annonçant une invasion martienne et la panique qui en a suivi témoignent de la puissance de cette légende des petits hommes verts.

Un monde hostile et mort

Depuis, Mars a révélé quelques-uns de ses nombreux secrets. Et la réalité est pour le moins éloignée de la fiction : les premières découvertes scientifiques ont fait état d’un monde hostile et mort. Les villes artificielles imaginées par Ray Bradbury dans ses Chroniques martiennes semblent alors bien loin. Les premières photographies envoyées par les sondes Mariner témoigneront d’un sol constellé de cratères et, surtout, d’une absence d’eau à l’état liquide en surface, contrairement à ce que présageait jusque-là la communauté scientifique.

La curiosité qu’attise la planète rouge n’a pas faibli. « C’est vraiment incroyable. L’exploration spatiale, c’est quelque chose qui me fait rêver » confie Michèle, une retraitée venue visiter l’exposition. Arrivé sur son sol en mars 2012, le rover Curiosity passionne le Net et de nombreux internautes ont suivi en direct son atterrissage. Ses premières conclusions ont même permis d’envisager à nouveau une vie extraterrestre. En effet, les données envoyées ont permis de conclure que Mars a été habitable il y a quatre milliards d’années grâce à la présence d’eau sous forme de lac et de rivières, depuis disparus. Autre facteur de vie potentiel, de l’azote a été retrouvé ainsi que du méthane, une molécule organique notamment produite par des êtres vivants. Fin septembre, la Nasa a annoncé avoir des preuves confirmant la présence actuelle d’eau liquide. Hier, elle a publié une vidéo prise par Curiosity permettant pour la première fois de découvrir la planète en réalité virtuelle.

Coloniser Mars ?

Ces découvertes ont tenu en haleine le grand public au fil des années. Ce mardi 9 février, les visiteurs sont nombreux en ce jour d’ouverture de l’exposition Explorez Mars. Et chacun a son avis sur la question : « Moi, je suis sûre qu’il y a de l’eau sur Mars. Ce n’est pas juste une légende urbaine ! » affirme une mère à sa fille au cours de la visite. Céline, venue avec ses deux enfants, ne regrette pas le déplacement : « C’est très ludique pour les enfants et, même moi, j’ai appris plein de choses. On se pose toujours beaucoup de questions sur Mars. Qu’est-ce qu’il y a vraiment ? Est-ce qu’on pourra y aller un jour ? ».

Une interrogation qui est sur toutes les lèvres. La proximité spatiale de cette planète considérée comme la cousine de la Terre a depuis longtemps poussé les scientifiques à y envisager une colonie humaine. C’est même le pari du projet Mars One, qui ambitionne d’y emmener des hommes en 2025. Pour Nora Redani, la commissaire de l’exposition, ce jour n’est pourtant pas encore arrivé. « Cela ne se fera pas de notre vivant, ni de celui de nos enfants. Pour l’instant, c’est impensable. L’homme n’est pas encore prêt à faire un voyage de huit mois dans l’espace. » Pour s’en rapprocher d’un peu plus près, il faudra donc, en attendant, se contenter de cette expédition virtuelle.

Laura Daniel

[DIAPORAMA PHOTO] Visitez l’exposition Explorez Mars :