Le BAL fête les 70 ans de l’agence Magnum

La célébrissime agence de photojournalisme Magnum fête ses 70 ans cette année. À cette occasion le BAL, espace d’exposition situé dans le 18ème arrondissement de Paris, a sorti de ses cartons une sélection de photographies prises entre 1947 et 1979 choisies parmi des milliers de tirages jusqu’alors inaccessibles.

 

© )Léonard Freem, Magnum Harlem fashion show, 1963

 

« Magnum Analog Recovery » est l’exposition incontournable pour les passionnés de photographie. Élaborée grâce aux archives de l’agence Magnum, elle est aussi l’occasion de revenir sur certains événements qui ont marqué le siècle dernier à travers des tirages souvent restés confidentiels et réalisés par les plus grands noms de la photographie du XXème siècle.

Créé en 2010 par Diane Dufour et Raymond Depardon, le BAL  est un espace d’exposition, d’édition, de réflexion et de pédagogie dédié à l’image contemporaine sous toutes ses formes : photographie, vidéo, cinéma ou nouveaux médias.

C’est tout naturellement que Diane Dufour a été choisie comme commissaire de l’exposition. À la tête de Magnum pendant sept ans, elle s’est replongée pendant des mois dans les archives de l’agence pour en tirer une rétrospective à la gloire du photojournalisme.

© Marc Riboud, Championnat du monde d’échecs, Moscou, 1960

L’exposition regroupe des dizaines de tirages, tous en noir et blanc. Du Chili à la Jamaïque, des États-Unis au Brésil, elle revient sur certains des grands moments qui ont fait l’histoire du XXème siècle, ou racontent un endroit, une époque. Aussi le visiteur pourra passer du célèbre débarquement d’Omaha Beach immortalisé par Robert Capa le 6 juin 1944, à une Marilyn Monroe bondissante sous l’objectif de Philippe Halsman, du saisissant compte rendu photographique de Philip Jones Griffiths sur la guerre du Vietnam au témoignage de Chris Steele-Perkins sur les « jeunes blousons noir » à Southend en Angleterre dans les années soixante-dix.

Chaque panneau rassemble une sélection de photos extraites d’un tirage, souvent accompagnées d’une citation. Les mots qui viennent illustrer les images sont uniquement ceux des photographes. Ils offrent ainsi une réflexion plus large sur le métier de photojournaliste, « témoin du transitoire » et souvent spectateur du pire.

De Philippe Halsman à Philip Jones Griffith en passant par Ernst Haas ou Erich Lessig, ce sont les clichés et les mots des plus grands noms du photojournalisme qui sont à l’honneur.

© Cornell Capa, John F. Kennedy saluant une foule de supporters, North Hollywood, Californie, septembre 1960 ©

Cette exposition est à découvrir jusqu’au 27 août au BAL, 6 impasse de la Défense à Paris.

 

Clothilde Bru

Eminem attaque en justice le parti au pouvoir en Nouvelle-Zélande

Lundi, le rappeur Eminem a entamé une procédure judiciaire contre le NZNP (parti national de Nouvelle-Zélande), parti de centre droit actuellement au pouvoir en Nouvelle Zélande, qu’il accuse d’avoir utilisé sans licence son tube « Lose Yourself » dans une campagne politique.

Les avocats de l’artiste américain ont assuré à la Haute Cour de Wellington qu’il n’avait pas autorisé le Parti National à utiliser sa chanson, présente dans le film 8 Mile, sorti en 2002.

De son côté, la formation de centre droit se défend en expliquant que le titre utilisé provenait d’une « banque de sons générique issue du fournisseur de musique Beatbox ».

 

Lose Yourself a été classé par le magazine Rolling Stone parmi les 500 plus grandes chansons de tous les temps, et récompensé de deux Grammys et d’un Academy Award.

Marie Lecoq.

La métamorphose du Bataclan : un second souffle, un an après les attentats

Presqu’un an jour pour jour après l’attentat du 13 novembre qui a fait 90 morts et des centaines de blessés, la mythique salle de concert va rouvrir ses portes. Le chanteur britannique Sting sera le premier à jouer dans le Bataclan, entièrement refait à neuf mais à l’identique, après huit mois de travaux.

La musique va de nouveau résonner dans les murs du Bataclan. Le 12 novembre, à la veille des cérémonies de commémoration, le chanteur Sting sera le premier artiste à se produire dans ce « nouveau Bataclan », qui s’est débarrassé de tous ses anciens meubles et objets. Une métamorphose importante pour commencer un nouveau chapitre, après un an de fermeture à la suite des attentats du 13 novembre. « Du toit jusqu’au plancher, des peintures jusqu’aux carrelages. Nous avons même décidé de changer les sièges, alors qu’il n’y avait pas de sièges le soir du 13 novembre, car c’était un concert debout. On voulait être certain qu’il ne resterait rien de cette soirée », a expliqué Jérôme Langlet, le président de la salle.

Le Bataclan a été fermé pendant un an après l'attentat du 13 novembre. Huit mois de travaux ont été nécessaires pour rénover la salle entièrement.
Le Bataclan a été fermé pendant un an après l’attentat du 13 novembre. Huit mois de travaux ont été nécessaires pour rénover la salle entièrement. AFP PHOTOS/Archives

Il s’agit de « tout changer pour ne rien changer », car si le Bataclan se pare de nouveaux atours, son âme est restée la même. Les habitués de la salle de concert ne seront donc pas dépaysés par ce changement, à deux exceptions près : le hall qui était très sombre est maintenant plus lumineux, et les poteaux en plâtre sur les balcons ont été enlevés. Plus de 25 entreprises ont travaillé pour donner une nouvelle vie au Bataclan, soit plus de 100 ouvriers tous les jours. Peu de temps après le drame, plusieurs entreprises, des artisans et d’autres volontaires sont venus apporter leur aide pour la reconstruction. « Cela a été une petite lumière dans le processus. Cela a été incroyable, le nombre de personnes qui sont venues… Ça nous a beaucoup touchés », s’est ému Jérôme Langlet.

Ramener le Bataclan à la vie

A une semaine du concert, le mystère reste entier : hormis les travailleurs, personne n’a encore pu voir à quoi ressemblait le Bataclan, pas même la presse. Le directeur de la salle s’est d’ailleurs félicité qu’aucune image ne soit sortie avant l’heure. « J’ai envie qu’on voie le Bataclan vivre, avec du public, des artistes. Je ne veux pas que les premières images le montrent vide », a-t-il ajouté.

En attendant le 12 novembre prochain, il est seulement possible de voir la façade rénovée du Bataclan. / Martin BUREAU AFP PHOTOS
En attendant le 12 novembre prochain, il est seulement possible de voir la façade rénovée du Bataclan. / Martin BUREAU AFP PHOTOS

Au lendemain du concert de réouverture, une plaque commémorative sera apposée sur la façade du Bataclan. Les membres du groupe Eagles of Death Metal qui jouait le soir de l’attaque devraient être présents, ainsi que des rescapés de la tuerie. En revanche, la salle de concert sera fermée le jour anniversaire du drame. « Ce sera un moment de recueillement, nous ne ferons rien. Chacun se recueillera comme il le souhaite », a précisé Jérôme Langlet.

De son côté, le chanteur britannique Sting entend « commémorer et honorer ceux qui ont perdu la vie dans l’attaque de l’année dernière, et célébrer la musique et la vie que représente cette salle de spectacle mythique », lors de son concert le 12 novembre. L’artiste ne recevra pas de cachet pour sa prestation et les recettes seront versées aux associations « Life For Paris » et « 13 Novembre: Fraternité et Verité ».

De nombreux concerts ont déjà été programmés jusqu’au printemps avec, entre autres, Marianne Faithfull, Youssou Ndour, le groupe Tinariwen, Yael Naim ou encore FFF. De quoi redonner au Bataclan tout son dynamisme et inciter les amateurs de musique à revenir voir jouer leurs artistes préférés, comme avant.

 

Marie-Hélène Gallay avec AFP

Le Théâtre d’Aubervilliers : « nous n’allons pas pouvoir garder les migrants ici »

Le Théâtre de la Commune héberge entre vingt et quarante migrants sans-papiers depuis leur expulsion de leur squat, fin octobre. Mais la situation est provisoire. La directrice appelle les autres théâtres et les autorités à se mobiliser.

Les migrants sont une petite vingtaine à être regroupés derrière la directrice, dans le hall du Théâtre de la Commune à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Il est 11h30 en ce vendredi 4 novembre et la conférence de presse donnée pour faire le point sur leur situation commence juste.

Expulsés de leur squat le 26 octobre dernier, au 81 de l’avenue Victor Hugo, ils sont aujourd’hui entre 20 et 40 à dormir au Théâtre. Parmi eux, 21 sont dans l’attente de leurs papiers. « Pour l’instant, nous les hébergeons dans une petite salle, explique Marie-José Malis, la directrice du Théâtre. Cette situation est provisoire, mais nous avons senti qu’il était de notre devoir de les soutenir. Car nous les connaissons. Nous avons monté une pièce de théâtre avec eux l’année dernière. »

En mai 2015, le metteur en scène Olivier Coulon-Jablonka monte une pièce intitulée « 81 avenue Victor Hugo », en référence à la situation des 89 migrants du squat, alors réunis en collectif. Huit d’entre eux y participent en tant qu’acteurs. La pièce est créée au Théâtre de la Commune, puis programmée au Festival d’Avignon 2015 et au Festival d’Automne 2016 à Sartrouville dans les Yvelines (8 et 9 novembre) et à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne (15 novembre). Six des huit acteurs sont provisoirement hébergés au Parc de la Villette depuis l’expulsion.

« Je suis venue ici pour vous faire part de mon impuissance, déclare Marie-José Malis. Nous n’allons pas pouvoir garder les migrants ici. Nous allons devoir lancer un appel aux autres théâtres pour les inciter à les accueillir à leur tour. »

L’obsession des papiers

Les migrants écoutent la directrice, emmitouflés dans leurs manteaux et leurs bonnets, prêts à sortir une fois que la conférence sera finie. « Tous les jours, nous protestons à la mairie, sans succès, se désole Razak Guir-Abdou, un Ivoirien de 35 ans. Nous voulons nos papiers et un logement. »

Avant d’être remplacé en janvier 2016, le Préfet avait assuré que leur situation serait régularisée. Mais depuis l’arrivée de son successeur, elle s’est « dégradée ». La plupart des migrants, comme Ahmed Bouzouaelle, ont déposé leur dossier il y a treize mois. Ils sont depuis sans nouvelles. « On continue à travailler au noir pour notre liberté et notre dignité, explique Traoré Modibo, un Malien arrivé en France en 2009. Mais on n’a plus de force. »

La seule femme du groupe, enceinte de quatre mois, vient d’être transférée à l’hôpital, fatiguée de passer ses journées dans le froid, devant la mairie. Pour ces sans-papiers, obtenir un titre de séjour est une obsession.

« La nuit, personne n’arrive à dormir, confie Traoré Lamine, un autre Ivoirien, en France depuis 2013. Tout le monde pense aux papiers. On pense aussi à nos familles, restées au pays. J’ai une femme et un garçon en Afrique. Je reçois des nouvelles de temps en temps. »

Le Théâtre de la Commune sert d’interface entre les migrants et la préfecture. Il se veut un « point d’exemplarité », selon sa directrice. « Les autorités ont été émues par notre geste envers les clandestins. C’est grâce à cela que le ministère de la Culture a permis aux six acteurs d’être relogés. »

Les 21 dossiers déposés sont actuellement réexaminés à la préfecture. Parmi les migrants, certains ont reçu des promesses d’embauche, notamment de la part d’associations locales, d’entreprises locales et du Théâtre de la Commune. Tous espèrent être rapidement régularisés afin de pouvoir travailler de manière légale.

Charlotte Landru-Chandès