Coronavirus : les festivals d’été annulés et reportés jusqu’en septembre

Le premier ministre a annoncé, mardi 28 avril à l’Assemblée nationale, l’interdiction d’organiser des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu’en septembre. Tous les grands évènements en plein air prévus pour cet été sont donc annulés ou reportés, et les salles de spectacles resteront fermées.

Les festivals d’été annulés et reportés (Crédit : Flickr)

Un nouveau coup dur pour la saison des festivals 2020. La plupart des grands festivals du printemps et de l’été avaient déjà annoncé leur annulation, suite à l’allocution d’Emmanuel Macron le 13 avril. Mais, avec cette nouvelle déclaration du Premier ministre Edouard Philippe ce mardi, les organisateurs qui ne s’étaient jusqu’à présent pas encore prononcés peuvent désormais y voir plus clair. « Tous les événements rassemblant plus de 5 000 personnes, qui doivent être déclarés en préfecture et nécessitent beaucoup d’organisation, ne pourront se tenir avant le mois de septembre », a indiqué le chef du gouvernement.

Quelles décisions pour les festivals du mois d’août ?

Les deux grands festivals du mois d’août, l’Interceltique de Lorient et le Rock en Seine près de Paris étaient pour l’instant maintenus malgré l’épidémie de coronavirus. Mais, avec les nouvelles mesures annoncées, leur maintien cet été semblent également compromis.

Le conseil d’administration du festival Interceltique se réunit jeudi 30 avril pour discuter d’un éventuel report de l’édition 2020. Le festival, qui fête cette son 50e anniversaire, ne pourra pas être organisé comme prévu du 7 au 16 août 2020, mais Lisardo Lombardia, son directeur, annonce que la manifestation ne sera « pas annulée ».

Lundi 27 avril, les organisateurs du Festival Cabaret Vert de Charlevilles-Mézières qui devait se dérouler du 20 au 23 août, avaient annoncé l’annulation de sa 16e édition 2020 et son report en 2021.

Une majorité de festivals déjà annulés et reportés

La plupart des grands festivals ont déjà pris les devants. Le Festival d’Avignon, le Hellfest, les Vieilles Charrues, les Francofolies ou les Solidays se sont tous annulés les uns à la suite des autres.

Un autre rassemblement régulier de l’été, la Japan Expo, a également été annulé. L’évènement, qui accueille chaque année plusieurs centaines de milliers de fans du culture japonaise, devait se dérouler du 2 au 5 juillet. La 21e édition est donc reportée pour 2021.

Le Festival de Cannes devait, quant à lui, se tenir du 12 au 23 mai. Il est reporté mais aucune nouvelle date officielle n’a été communiquée. Une partie de la programmation sera diffusée sur Youtube lors du festival de cinéma virtuel We Are One: A Global Film Festival, du 29 mai au 7 juin. Les sections parallèles (Semaines de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs) ont, elles, annulé leur édition 2020.

Le Champs-Élysées Film Festival, consacré au cinéma indépendant américain, se tiendra complètement en ligne. Du 9 au 16 juin, tous les films en compétition seront accessibles gratuitement sur internet.

Les salles de spectacle, théâtres et cinémas resteront fermés pour une durée indéterminée. De nouvelles mesures doivent être annoncées par le gouvernement à la fin du mois de mai, notamment concernant les cafés et les restaurants.

Sarah Ziaï

Le confinement, un casse-tête pour les chaînes de télévision

Entre les tournages annulés et les monteurs en télétravail, les chaînes de télévision doivent redoubler d’inventivité pour combler les trous de leur programmation pendant le confinement, d’autant plus que de grosses audiences sont en jeu.

Les chaînes de télévision doivent compenser les tournages annulés à cause du confinement (Unsplash)

Avec le confinement, les Français passent plus de temps devant la télévision : d’après Médiamétrie, ils l’on regardée en moyenne cinq heures et dix minutes par jour pendant les deux premières semaines du confinement, au lieu de quatre heures en temps normal. Mais, les chaînes de télévision n’ont pas des réserves infinies d’émissions à diffuser, et les tournages annulés depuis le début du confinement laissent un vide à combler.

Les films comme alternative aux émissions inédites

Pour certaines chaînes, la solution pour continuer de divertir sans produire de nouvelles émissions est la diffusion de classiques du cinéma français. France 2 diffuse depuis le 23 mars un film patrimonial tous les jours à 14 heures. Le succès est au rendez-vous : le film Manon des sources, diffusé le mardi 24 mars, a par exemple attiré 2,5 millions de téléspectateurs.

Certaines chaînes ne renoncent cependant pas à diffuser des programmes inédits, et sont obligées de faire preuve d’inventivité pour tourner des émissions. La chaîne M6 diffuse tous les jours, depuis le 24 mars, une émission spécialement conçue pour les conditions du confinement : « Tous en cuisine », dans laquelle le chef Cyril Lignac cuisine en direct de chez lui.

Les jeux télévisés sont les premiers touchés

Ce sont sans doute les jeux télévisés qui donnent le plus de fil à retordre aux chaînes de télévision. Les émissions « Top Chef » de M6 et « Koh Lanta » de TF1 sont respectivement raccourcies d’une heure et d’une demi-heure depuis le début du mois d’avril. Pour M6, c’est une façon de s’accorder plus de temps pour le montage de l’émission, perturbé par le confinement. Pour TF1, l’idée est de faire durer l’émission en attendant de trouver une solution pour la finale, qui était censée se dérouler en direct en mai.

D’autres émissions n’ont pas eu la possibilité d’étaler leur programmation dans le temps et ont dû s’arrêter prématurément : l’émission « The Voice » de TF1 a ainsi dû repousser sa demi-finale et sa finale, qui étaient censées avoir lieu en mai et être diffusées en direct.

Certaines émissions espèrent pouvoir reprendre les tournages à temps pour ne pas interrompre leur diffusion. Arthur Ouvrard, candidat de l’émission « Le Grand Slam » de France 3, raconte que les émissions auxquelles il a participé ont été tournées au début du mois de mars, juste avant l’annonce du confinement. « Il y a encore quatre émissions inédites déjà tournées, donc je pense qu’ils ont de quoi aller jusqu’au 24 mai. » D’après lui, la chaîne compte reprendre les tournages immédiatement après le confinement :

« S’ils ne veulent pas faire de rediffusions, il va falloir qu’ils reprennent les tournages avant le 31 mai. C’est ce qu’ils ont prévu de faire, mais je suis sceptique. Je ne suis pas sûr que le public aura le droit de venir. »

Beaucoup d’émissions ont quant à elles déjà épuisé leurs stocks d’émissions enregistrées à l’avance. L’émission « N’oubliez pas les paroles » de France 2 a diffusé sa dernière émission inédite le 11 avril, et passe depuis des rediffusions.

Des perturbations jusqu’à l’été

Le casse-tête des chaînes de télévision risque de se prolonger même après le déconfinement. De nombreuses émissions sont habituellement enregistrées au printemps pour être diffusées pendant l’été. Par exemple, le tournage de l’émission « Fort Boyard » de France 2 devra être retardé d’au moins quinze jours, d’après sa productrice. Le tournage de l’émission de M6 « Le meilleur Pâtissier » a lui aussi été repoussé.

Ces émissions pourront sans doute tout de même être tournées et diffusées, même avec un planning bouleversé, mais ce ne sera pas le cas de toutes les émissions prévues pour cet été. L’émission « Ninja Warrior » de TF1 n’a pas pu être tournée en avril, et ne sera pas diffusée cet été. Si le tournage est reporté, ce sera pour l’automne 2020. Les chaînes auront donc toujours des trous à combler dans leurs programmes plusieurs mois après la fin du confinement.

Julie Bringer

Confinement : le e-cinéma, une vraie séance de cinéma chez vous

Depuis le début du confinement, il est devenu impossible de se rendre dans son cinéma de quartier pour y regarder des films. Pour continuer à faire vivre le 7e art et les petites salles, un nouveau type de vidéo à la demande est né, la plateforme de e-cinéma créée par « 25e heure ». 

Une femme fait son jogging devant le cinéma fermé de Bretagne à Paris, le 20 avril 2020, au trente-cinquième jour du confinement en France visant à freiner la propagation de la maladie COVID-19, causée par le nouveau coronavirus.
Philippe LOPEZ / AFP

Achetez vos tickets, prenez votre popcorn, et installez-vous bien confortablement : la séance va commencer. Avec la plateforme de e-cinema créée par la société de production et de distribution « 25e heure » vous pouvez continuer à vous rendre (virtuellement) dans l’un de vos cinémas de quartier.

Lancée depuis le 1er avril avec le film de Bastien Simon, Les grands voisins : la cité rêvée » , les séances de cinéma virtuelles ont déjà rassemblé 20 000 spectateurs. Le site regroupe 50 films pour 200 salles. Pour cela, les spectateurs sélectionnent un film et choisissent une séance dans le cinéma de leur choix (dans un périmètre de 5 à 50 kilomètres). Ils peuvent ensuite prendre un ticket sur la plateforme, en choisissant un horaire indexé sur les séances habituelles. Le prix de la séance est de 5€, et de 6€ si elle est suivie d’un débat avec des intervenants ou des associations. Chaque ticket fait l’objet du reversement d’une contribution carbone dont le montant est de 10 centimes.

Une offre complémentaire au cinéma

Contrairement aux plateformes de vidéo à la demande traditionnelles,  25eheure.com ne concurrence pas les cinémas. Le e-cinéma se veut être une offre complémentaire, qui vient compenser les pertes engendrées par les salles obscures pendant la période de confinement.

La programmation est choisie par les exploitants de cinéma.  À l’écran, les spectateurs auront le choix entre le documentaire « 16 levers de soleil » qui retrace l’aventure de l’astronaute Thomas Pesquet, le film césarisé « Papicha », et bien d’autres films dont la sortie au cinéma était prévue en cette période de printemps.

Les recettes sont partagées entre les distributeurs, les exploitants, et le site 25eheure.com hébergeant la salle virtuelle.

Recréer un rendez-vous

La plateforme proposée par la 25eheure n’est pas un site de vidéo à la demande classique. Elle permet de recréer un rendez-vous convivial autour d’une séance de cinéma virtuelle. « On avait eu l’idée depuis plusieurs mois de fonder une salle de cinéma virtuelle », raconte le fondateur de la 25eheure, Pierre-Emmanuel Le Goff . De base, le site permettait aux petits cinémas d’organiser des vidéo-conférences à distance pour rencontrer les réalisateurs après les séances. « Cette plateforme permet également à des publics qui habitent loin de leurs salles d’art et d’essai de continuer à être fidèles à leurs cinémas ». 

Sur le site, l’équipe de la 25eheure explique que « les séances peuvent être suivies d’une rencontre avec un membre de l’équipe du film ou des intervenants en lien avec sa thématique ». À l’issue de la séance, la plateforme permet aux spectateurs de pouvoir poser leurs questions à un intervenant grâce au dispositif de tchat vidéo intégré. Les intervenants ont accès aux questions qui leurs sont posées et la rencontre peut durer jusqu’à une heure et demie.

L’idée de Pierre-Emmanuel Le Goff est également de proposer cette solution aux cinémas pour la phase de transition pour permettre « l’accès aux personnes en Ephad, malades, ou fragile d’accéder aux séances des cinémas indépendants, d’art et d’essais« . 

Léa Sirot

Coronavirus : les librairies indépendantes organisent le « drive » du livre

Alors que le géant Amazon enregistre des ventes de livres records depuis le début du confinement, les librairies indépendantes s’organisent elles aussi pour faire face à cette concurrence. Elles sont de plus en plus nombreuses à proposer un retrait des commandes pour atténuer les effets du confinement.

Les librairies organisent le retraits des commandes effectuées sur leur site web. (Crédit : Flickr)

Pouvoir ouvrir afin d’assurer le retrait des commandes : voilà ce que réclamaient depuis plusieurs semaines les libraires indépendants français pour faire face à la fermeture mise en place avec le confinement le 17 mars dernier. C’est chose faite depuis le 16 avril, où le ministre de la culture, Franck Riester a annoncé la possibilité pour les librairies de mettre en place ce système. Une solution rapidement adoptée dans de nombreuses librairies.

Des retraits de commandes sur internet

Le concept est très simple. Comme avec le « drive » des magasins de grande distribution, les clients commandent les livres qu’ils désirent via le site internet de la librairie ou par téléphone. Mais attention, seuls les livres déjà en stock dans la librairie peuvent être commandés, les livraisons des maisons d’édition n’étant pas assurées avec le confinement. Les acheteurs payent en ligne ou à la libraire et un créneau leur est attribué afin qu’ils puissent récupérer leurs commandes.

C’est le cas de la Librairie Antoine, à Versailles qui propose ce service tous les jeudis. Les clients peuvent ainsi retirer les commandes effectuées par le biais du « click and collect » et profiter de leurs nouvelles lectures.


Et certains libraires ont même poussé la démarche encore plus loin en proposant à leurs clients un système de livraison à domicile.

Parmi les clients des libraires, on trouve autant les habitués que de nouveaux arrivants. « Grâce à ce dispositif presque 150 personnes qui n’avaient jamais fréquenté la librairie ou qui n’avaient pas l’habitude d’y commander des livres m’ont contacté« , explique Antoine Michon, gérant de la Librairie Antoine.

Le livre, produit de première nécessité

Le libraire est convaincu du caractère essentiel du livre : « Nous, libraires, nous avons autant besoin économiquement de vendre des livres que les lecteurs ont besoin de s’évader et de trouver un équilibre dans la lecture. Pour certains de mes clients, le premier réflexe pour rompre l’isolement d’un proche en EPHAD, ça a été d’envoyer un livre« , raconte le libraire.

Les libraires n’en oublient pas pour autant leur rôle de conseil et adaptent leurs recommandations à cette période de confinement.  » Bien sûr que mon devoir de conseil a pu jouer, raconte Antoine Michon. On prend beaucoup le temps de discuter, de répondre et de reconseiller les clients si besoin. On conseille des choses plus légères pour les gens qui veulent s’évader« .

De nombreuses librairies ont également mis en ligne sur leurs sites des « sélections spéciales confinement » avec des livres choisis avec soin, pour s’évader ou au contraire réfléchir davantage à la situation.

Un moyen de survivre

Mais pour beaucoup de libraires, rouvrir les portes de leur magasin est indispensable pour assurer la survie de leur boutique. « Ça va mal. Nous avons fait 20% du chiffre d’affaires d’un mois d’avril normal. Malgré tout je préfère rester optimiste et penser qu’Amazon ne peut pas tout faire« , confie Antoine Michon. Même si le succès est donc au rendez-vous, l’avenir de nombreuses librairies indépendantes est menacé.

Pour soutenir les librairies proches de chez vous, vous pouvez vous rendre sur le site qui regroupe les initiatives en faveur des librairies,  qu’il s’agisse de livraisons, de bon d’achats à faire valoir au moment du déconfinement ou encore de cagnottes.

Pauline Paillassa