Flop retentissant à sa sortie, le long-métrage de Ridley Scott est devenu un classique de la science-fiction. Avant-gardiste, il s’approprie certains codes du cinéma et les modernise, pour devenir lui-même une référence. Sa suite, Blade Runner 2049, trente-cinq ans plus tard, est sur les grands écrans.
« L’intelligence artificielle pourrait mettre fin à l’humanité« , avertissait l’astrophysicien Stephen Hawking en 2014. Quelques décennies plus tôt sortait Blade Runner, dans lequel des humanoïdes, les « répliquants », se rebellent contre leurs maitres.Tiré du livre Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, écrit par le pape de la science-fiction, Philip K. Dick, le film de Ridley Scott s’est imposé comme un classique du genre. Un des rares exemples où l’adaptation égale l’œuvre originale.
Blade Runner a connu le destin de nombreux films qui échouent au box office avant de devenir culte et a même donné lieu à une suite, Blade Runner 2049, réalisé par Denis Villeneuve. Dans l’original, Ridley Scott dépeint un monde sombre et construit un univers dystopique (une contre-utopie) directement inspiré de Metropolis de Fritz Lang, dans lequel la majorité des hommes sont cloîtrés et surveillés par une machine monstrueuse. La technologie n’est plus au service de l’humanité, elle l’asservit.
Cette idée novatrice en 1927, Ridley Scott la réactualise pour faire de Blade Runner un pionnier du cyberpunk, ce sous-genre de la science-fiction où les évolutions technologiques provoquent les bouleversements de la société. La ville de Blade Runner, imaginée par le designer Syd Mead, évoque un Los Angeles défiguré, plongé dans le noir et dans la fumée, sur lequel le jour ne se lève jamais. Une cité mille fois plus cauchemardesque que Gotham City.
L’invention du néo-noir
« Blade Runner a su insuffler quelque chose de nouveau dans l’imaginaire de la science-fiction, d’où le terme de ‘dark’ science-fiction qui fait appel à la dystopie« , explique Quentin Billet-Garin, étudiant en cinéma. Un genre qui va faire des émules. Minority Report de Steven Spielberg ou Le Cinquième Element de Luc Besson s’inspirent du monde inquiétant mis en image par le réalisateur britannique.
L’esthétique de Blade Runner est une pièce centrale de l’histoire. L’atmosphère froide, renvoyée par les éclairages artificiels, ainsi que les costumes créés par Jean-Paul Gaultier ont inspiré la mode des années 90. « Son style unique en fait un film culte, confirme Selim Derkaoui, étudiant. Il y a une ambiance crépusculaire, de longues scènes musicales contemplatives mais sans jamais en faire trop ».
L’univers futuriste enrobe une histoire inspirée du film noir hollywoodien des années 1940 et 1950. Il y a l’amour impossible entre un homme mi dur-mi tendre, l’inspecteur Deckard interprété par Harrison Ford, et une femme brune mystérieuse et vulnérable, Rachel, jouée par Mary Sean Young. Il y a des hors-la-lois (les répliquants rebelles) pourchassés par le héros… les éléments du registre du film noir sont présents et le tout accouche d’un nouveau genre : le néo-noir.
Anaïs Robert