Sans Julien Bayou, des militants se rassemblent en soutien à Sandrine Rousseau devant le tribunal de Paris

Une cinquantaine de militants écologistes et de la cause animale était présente ce mercredi à 13h pour accueillir Sandrine Rousseau à son arrivée sur le parvis du tribunal judiciaire de Paris. Assignée en justice par la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) pour avoir affirmé « qu’un féminicide sur quatre est lié à une arme de chasse »,  la députée écologiste devait assister à sa première audience, finalement dématérialisée.

Des militants accueillent Sandrine Rousseau sur le parvis du tribunal. ©Antoine Bouchet

Des militants d’Europe Ecologie-Les Verts, beaucoup de Jeunes Ecologistes, quelques membres du Parti Animaliste … mais pas de Julien Bayou. Comme pressenti, le désormais ex co-président du groupe parlementaire, mis en cause par son ancienne compagne pour son comportement supposé violent, n’a pas fait le déplacement pour soutenir l’élue. Lors de la déposition de la plainte par la FNC le 25 août dernier, Sandrine Rousseau s’était étonnée d’être la seule cible du syndicat. L’instance la somme de lui verser 98 879.40€, soit 10 centimes par détenteur d’un permis de chasse, pour « dénigrement » et « propos stigmatisants ». En effet Julien Bayou avait tenu un discours similaire à l’encontre de la chasse en février 2022, et fait part de sa volonté de venir soutenir sa collègue au tribunal. Il ne se sera finalement pas rendu sur place. Interrogée sur l’absence du député de la 5e circonscription de Paris, Sandrine Rousseau botte en touche. « L’identité des personnes venues me soutenir aujourd’hui importe peu. Ce qui compte, c’est de construire ensemble une société non-violente. Il est plus que jamais nécessaire de repenser notre rapport aux autres et au vivant » a déclaré l’ancienne présidente du conseil politique de Yannick Jadot durant la campagne présidentielle.

Soutien sans faille des militants

Au pied de la tour de verre de 160m de hauteur imaginée par Renzo Piano qui abrite le nouveau tribunal judiciaire de Paris depuis 2018, les militants font bloc derrière leur championne. Plusieurs brandissent des pancartes sur lesquelles on peut y lire un laconique « #LaChasseTue. 1 féminicide sur 4 provoqué par une arme de chasse ». Le 22 février dernier sur le plateau des 4 vérités de France 2, Sandrine Rousseau avait déclaré : « Ca n’est pas un loisir que d’aller tuer des animaux les week-ends avec des fusils. Et par ailleurs (…), le reste de la semaine, on peut aussi le braquer contre sa femme. On a vu qu’un féminicide sur quatre est lié à des armes de chasse ». Irène Godard, adhérente au Parti Animaliste, souscrit complètement aux propos de la députée écologiste. « Un fusil, c’est pratique pour buter les animaux et sa femme », assène-t-elle. A ses côtés, Christian, un badge Viande = meurtre épinglé sur la poitrine, abonde : « Il faut mieux réguler la chasse. Il y a trop d’accidents, ce n’est pas normal». En février 2022, Sandrine Rousseau s’était exprimée trois jours après la mort d’une randonneuse dans le Cantal, victime d’une balle perdue. Membre des Jeunes Ecologistes depuis 1 an, Simon loue la résistance de l’élue en qui il voit une infatigable porte-parole. « Elle se fait très souvent attaquer dans les médias alors qu’elle ne fait que souligner des faits ». Originaire des Pyrénées, le jeune homme connaît bien le milieu de la chasse dans lequel il a grandi. Pour lui, la régulation de cette pratique ne se limite pas à un clivage entre ruraux et urbains : « Des amis ont peur de se promener en forêt. On a perdu le contact avec l’animal, la chasse est presque devenue industrielle », déplore-t-il.

De gauche à droite : Sandrine Rousseau, Annie Lahmer, Julie Laernoes et Marie-Charlotte Garin. ©Antoine Bouchet

Jean-Marie Hupel, militant écologiste, voit en cette audience une « procédure bâillon » visant à décrédibiliser le discours de Sandrine Rousseau. « Si la FNC conteste les chiffres qu’elle avance, il y a d’autres moyens de le faire savoir », observe-t-il. La députée de la 9e circonscription de Paris avait repris le comptage du collectif Féminicide par compagnon ou ex, selon lequel un fusil de chasse était employé dans un quart des féminicides en France en 2020 et 2021. L’homme, qui fait partie des organisateurs de l’événement, ne se formalise pas de l’absence de Julien Bayou. « C’est normal au vu de la situation depuis deux jours. Ce sont leurs affaires, déconnectées du combat que nous menons », juge-t-il. En interne, la cellule d’enquête et de sanction contre les violences sexuelles et sexistes continue de mener l’enquête. Aucune information judiciaire n’a encore été ouverte.

Le programme chahuté

Alors qu’ils attendaient patiemment la venue de l’assignée, les militants sont rappelés à l’ordre par un homme de la Préfecture de police. Habillé en civil, il somme les soutiens de Sandrine Rousseau de se déplacer de l’autre côté du tribunal. Motif : la manifestation n’a pas été déclarée sur le parvis mais à quelques centaines de mètres, le long du boulevard Berthier. L’évacuation se déroule dans le calme, sous le regard de trois agents de la paix. A son arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard, la militante est chaleureusement accueillie par Marie-Charlotte Garin et Julie Laernoes, elles aussi députées écologistes, et Annie Lahmer, conseillère régionale écologiste francilienne. « Merci d’être là ! », lance-t-elle en souriant à ses militants qui l’applaudissent en chœur.

Attablée à la terrasse d’une boulangerie, l’élue partage un moment de convivialité avec les militants malgré la dématérialisation de son audience. © Antoine Bouchet

Au moment de pénétrer l’édifice, Sandrine Rousseau apprend que son audience a été dématérialisée. Imperturbable, elle propose immédiatement à la petite assemblée de s’attabler avec elle à la terrasse d’un café. « On va faire un Zoom en buvant un coup », s’amuse-t-elle. Profitant du micro tendu par une chaîne de télévision sur le parvis du tribunal, Sandrine Rousseau réaffirme ses propos tenus à l’antenne en février, et confie prendre l’affaire au sérieux. « C’est un combat passionnant à mener», décoche-t-elle sans se départir de son sourire. T-shirt rentrée dans son chino, une main dans la poche et parée d’un k-way, rien ne semble décidément perturber l’élue, prête à braver toutes les intempéries.

Antoine Bouchet

Sobriété énergétique : les universités reverront-elles leurs copies comme Strasbourg ?

Lundi 19 septembre, Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg a annoncé une série de mesures pour réduire les coûts de la facture énergétique de l’établissement.  Parmi elles, la fermeture de l’université pendant deux semaines supplémentaires en hiver ou encore une température de 19°C maintenue dans les locaux. D’autres universités s’interrogent sur la stratégie à adopter. 

C’est dans une vidéo publiée sur le site internet de l’université de Strasbourg, lundi 19 septembre, que le président, Michel Deneken, a déclaré que l’établissement baisserait  sa consommation d’énergie de 10 %. De 13 millions d’euros pour l’année 2022, le budget de dépenses en gaz, énergie et chauffage pour 2023 pourrait atteindre 20 millions d’euros.

Bientôt des annonces du côté de Sorbonne Université

« Tous les établissements de l’enseignements supérieur sont confrontés à une augmentation de leur facture énergétique », déclare Cédric Herpson, vice-doyen de la faculté des Sciences et ingénierie de Sorbonne Université. Comme Strasbourg, l’établissement devrait procéder à une baisse de sa consommation d’énergie. « Les arbitrages devraient être arrêtés et communiqués dans les prochaines semaines », ajoute-t-il.

« Pas question de pénaliser les enseignements »

Parmi les différentes mesures annoncées par l’université de Strasbourg, la fermeture de l’établissement est celle qui interroge davantage parmi les syndicats étudiants, les universités et le gouvernement.

Mardi 20 septembre, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, s’est exprimée sur Franceinfo. « Nous mènerons ce plan de sobriété avec les étudiants, jamais à leur détriment ! Il n’y aura pas de retour aux cours en distanciel. » Elle a également annoncée une aide pour les établissements, qui sera évaluée au cas par cas.

À l’instar de la Sorbonne, peu d’établissements se sont exprimés sur les décisions  qu’ils vont prendre pour l’hiver. Les universités de Bourgogne et de Saint-Etienne ont annoncées qu’elles ne fermeront pas leur établissement.

Keisha MOUGANI 

Les insectes vont-ils vraiment finir dans nos assiettes ?

Près de 2 milliards de personnes dans le monde consomment régulièrement plus de 2.000 espèces d’insectes différentes / Unsplash @Analuisa Gamboa

En France, les entreprises qui se lancent dans l’élevage d’insectes se multiplient et lèvent des millions d’euros. Pourtant, la demande des consommateurs reste très faible, les normes sont limitées et les arguments environnementaux sont remis en cause. Des conditions qui laissent penser que les insectes ne sont peut-être pas l’avenir de notre alimentation.

 

Depuis maintenant plusieurs années, les insectes sont prédits comme fondamentaux pour l’avenir de notre régime alimentaire. Meilleurs pour l’environnement, bons pour la santé et transformables à l’infini (poudre, steak, grillade), les insectes permettraient de nourrir en protéines les humains, toujours plus nombreux. Et cette hypothèse semble très convaincante puisque les start-ups qui se lancent dans l’élevage d’insectes se multiplient sur le marché français. Innovafeed, une foodtech française, vient justement de lever 250 millions d’euros pour développer son activité aux Etats-Unis et en France. 

Encore hors des habitudes de consommation

 

Côté Occident, ces petites bêtes sont exclues de nos habitudes alimentaires. Pourtant, manger des insectes est loin d’être absurde dans certains pays. En Asie ou en Afrique, on estime que 2 milliards de personnes pratiquent l’entomophagie (la consommation d’insectes par l’être humain). « En France, le niveau d’acceptabilité devant l’idée de manger des insectes est très bas » explique Tom Bry-Chevalier, doctorant en économie de l’environnement, spécialisé dans les protéines alternatives. Début 2022, une étude de l’Institut CSA démontre que 39% des personnes interrogées sont complètement opposées à goûter un insecte. Pour Tom Bry-Chevalier, « c’est un produit qui est vendu pour vivre une expérience sympa, lors d’un apéro entre copains, et pas pour une consommation régulière. » D’ailleurs, les denrées vendues par les marques phares du marché, comme Jimini’s ou Micronutris, se retrouvent souvent au rayon apéritif, et à des prix élevés. 

Au-delà de l’absence de demande, les normes imposées par l’Union Européenne ne facilitent pas le développement de ces sociétés spécialisées en insectes comestibles. En 2021, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a autorisé trois insectes à la consommation humaine : le ver de farine, le criquet et le grillon. Avant cela, il était interdit d’en consommer. Déjà limitées par cette restriction, les entreprises doivent aussi jongler avec les normes sanitaires très strictes. L’ANSES (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), pointe divers dangers notamment sur les allergènes, très présents dans les insectes, et réclament plus de recherches.

BADRU KATUMBA / AFP

Un élevage pas si respectueux de l’environnement

 

Le premier argument exposé lorsque l’on parle d’entomophagie reste l’argument environnemental. Un élevage d’insectes serait nettement moins impactant pour la planète qu’un élevage intensif classique. Pour Tom Bry-Chevalier, « c’est plus ou moins vrai, ça dépend de plusieurs facteurs. » Le spécialiste en protéines alternatives explique d’abord que la majorité des insectes d’élevage en France sont nourris avec des céréales : « Ces denrées pourraient servir à la consommation humaine ou animale, sans que nous ayons besoin de passer par les insectes ». Autre point négatif, les insectes ont besoin de chaleur pour se développer et produire des protéines. Les centres d’élevage doivent donc être chauffés lors des saisons froides.

Face aux règles strictes de l’Union Européenne, de nombreuses entreprises d’élevage produisent des insectes destinés à l’alimentation animale. Problème : « des études montrent que l’impact environnemental est moindre quand on nourrit les animaux avec des céréales qu’avec des insectes » explique Tom Bry-Chevalier. Innovafeed, société lancé en 2016 et qui prévoit d’atteindre une production de 100 000 tonnes d’insectes d’ici 2024, est dans ce cas. La mouche soldat noire, espèce choisie par l’entreprise, n’est pas dans la liste de l’Union Européenne. Innovafeed produit donc uniquement de l’alimentation pour les animaux d’élevage ou de compagnie. Mais cela pourrait changer prochainement, la foodtech a déposé un dossier de demande pour que sa mouche soit autorisée à la consommation humaine.

D’autres alternatives plus plausibles

 

Alors même si les entreprises ne cessent de capitaliser sur les insectes, il semblerait que ces derniers se retrouveront plus vite dans l’assiette de nos animaux que dans les nôtres. « À moins d’un énorme coup marketing, les consommateurs n’ont pas prévu d’intégrer les insectes dans leur quotidien » ironise Tom Bry-Chevalier. Pour lui, il vaut mieux se tourner vers d’autres alternatives pour remplacer la viande et ses exploitations polluantes, énergivores : « la protéine végétale est nettement moins impactante pour la planète que n’importe quel autre substitut » Pour le chercheur, il est essentiel de réduire notre consommation de viande, et cela n’est pas possible sans prendre en compte les goûts des Français. « C’est déjà un défi d’introduire ces protéines dans les habitudes de consommation, mais ça paraît plus facile de passer d’un steak bovin à un steak végétal, que de passer directement à un steak d’insectes », explique-t-il.

Alors la situation peut encore beaucoup évoluer, d’autant plus que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est récemment prononcée en faveur du développement de l’élevage d’insectes à grande échelle. Pour l’organisation, il s’agit d’une solution viable pour relever le défi de nourrir la planète en 2030. Le secteur de l’insecte comestible va continuer de grandir et faire parler de lui, jusqu’à peut-être convaincre les consommateurs les plus réticents.

Héloïse Bauchet

« Ça donne le bâton pour se faire battre » : Après le départ de Loïc Signor, la question de la porosité entre journalisme et politique

Le journaliste de la chaîne d’information CNews suivait Emmanuel Macron depuis la campagne de 2017 et se retrouve aujourd’hui porte-parole du groupe Renaissance. Un cas loin d’être isolé et qui pose question

Journalistes et politiques viennent immanquablement à se côtoyer de près, exposant fatalement à de potentielles conflits d’intérêts. Paris, juin 21, 2022 (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Si le terme « pantouflage » est le plus souvent associé aux aller-retours entre le secteur privé et public des personnalités politiques, celui-ci peut aussi s’employer à propos des départs des journalistes de leur rédaction pour s’engager en politique. C’est ainsi que Philippe Ballard rejoint le Rassemblement National en 2021, après 27 ans sur la chaîne LCI, ou que l’éditorialiste Bruno Roger-Petit a quitté le magazine Challenges pour devenir en 2017 porte-parole d’Emmanuel Macron, alors en pleine campagne. Dernière reconversion en date, celle de LoÏc Signor, révélée par le journal du Figaro. Chargé du suivi de l’Élysée depuis 2017 pour CNews, l’ex-journaliste a déclaré mardi rejoindre le parti de la majorité présidentielle Renaissance en tant que porte-parole.

Une reconversion comme une autre ? Difficile à concevoir pour un public plus que jamais défiant vis-à-vis des médias, qui pourrait facilement y voir un accord informel entre l’intéressé et le parti d’Emmanuel Macron. Ce qui est certain, c’est que la plume conciliante d’un journaliste, si toutefois elle est avérée bien-sûr, donnerait vraisemblablement du poids à sa candidature si jamais il décidait de postuler à un poste prestigieux au sein du parti concerné. Qu’il s’agisse de suspicions extravagantes ou de doutes raisonnables, le risque d’un conflit d’intérêt est réel et alimente le complotisme. Aucune loi n’existe néanmoins en la matière.

La presse locale particulièrement à risque

« C’est le droit de tout citoyen de s’engager en politique. Mais ce type de transfert a un impact sur l’opinion que se font les gens des médias et la proximité entre journalistes et politiques. Ça donne le bâton pour se faire battre. », remarque Yann Guegan, vice-président du Conseil de Déontologie des Journalistes et de Médiation (CDJM). L’instance de régulation, fondée en 2019, émet des avis sur les productions journalistiques sans toutefois disposer d’un pouvoir de sanction. Si elle ne peut se prononcer sur le cas de Loïc Signor du moment qu’il a cessé ses activités de journaliste, son vice-président concède que ce type de reconversion pose souvent question.

« Ce genre de chose est plus fréquent au niveau local, remarque le journaliste à Contexte. Si vous êtes par exemple journaliste politique, que vous vous présentez aux municipales et que vous perdez, la question de l’après peut se poser, car ça veut dire que vous devez écrire sur la personne qui vous a battu, or il peut y avoir de la rancœur. Comme les mandats municipaux ne sont pas à plein temps, il arrive que des gens élus continuent leurs activités journalistiques en parallèle, ce qui peut poser problème. » En mars 2021, le CDJM a ainsi rendu ses conclusions après une saisie à propos de l’hebdomadaire Faucigny (Haute-Savoie), confirmant que celui-ci n’avait « pas tenu compte des règles déontologiques concernant les journalistes en situation de conflit d’intérêts ». En cause, un article rédigé par un élu municipal sur l’abandon d’un projet de liaison routière entre deux communes.

« L’autre dernier exemple flagrant en date, ça a été Anna Cabana, la femme de Jean-Michelle Blanquer (ancien ministre de l’Éducation nationale, ndlr), qui a animé sur I24News en janvier dernier un débat sur son mari après une polémique. Je pense qu’elle aurait dû se déporter, ou à minima préciser sa position aux téléspectateurs. » Rien de comparable dans le cas de Loïc Signor, qui a quitté ses fonctions chez CNews.

« Base de la liberté d’expression »

« Certes, cela alimente le complotisme, reconnaît Yann Guegan. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que pour pouvoir bien traiter un sujet, il faut en être proche. Être dans le contact et la distance, c’est là toute l’ambiguïté du métier de journaliste. »

Une instance devrait-elle pour autant être créée pour statuer sur ce genre de question ? « Ce n’est pas souhaitable selon moi, confie-t-il, car le journalisme est censé être une profession ouverte, et non réglementée à la manière celle des avocats. C’est une base de la liberté d’expression. Interdire à un journaliste de changer sa carrière, ça me parait compliqué en termes de droit. Il faudrait déterminer qui est journaliste et qui ne l’est pas. Or, le journalisme peut être exercé par tout citoyen s’intéressant à l’information. » Particularité du domaine, il n’est pas nécessaire de posséder une carte de presse professionnelle ou d’avoir fait une école de journalisme pour s’en réclamer.

Une instance existe à contrario pour les personnalités politiques souhaitant rejoindre le secteur privé : la Haute Autorité pour la Transparence à la Vie Politique (HATVP). Celle-ci a à ce titre recalé le 24 mai dernier un projet de reconversion de l’ancien ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebarri, au sein de la société de transport maritime CMA-CGM, dont-il avait rencontré à huit reprises des responsables au cours de son mandat. « Pour la suite d’une carrière politique, l’existence d’une telle instance se comprend, car les concernés ont eu accès à des informations importantes, voire sensibles. Ça les place dans une position de conflit d’intérêt quand ils rejoignent un groupe privé, c’est pourquoi il est au moins préférable de laisser passer un certain temps avant de prendre ses nouvelles fonctions. Mais un journaliste n’exerce pas le pouvoir, il le raconte », conclut le vice-président du CDJM.

Naryjenkoff Dorian