MMA: Avec la sphère, le « show » proposé par l’UFC rentre dans une nouvelle dimension

Après avoir conquis les plus grandes salles du monde (NewYork, Paris, Abou Dhabi), l’Ultimate Fighting Championship s’attaque à la sphère de Las Vegas pour l’UFC 306 dans la nuit de samedi. L’occasion de proposer un divertissement unique pour cette entreprise qui adore faire le show. 

20 millions de dollars, c’est le montant déboursé par l’UFC (Ultimate Fighting Championship) pour organiser sa soirée dans la salle futuriste de la Sphère à Las Vegas. Une somme colossale, à la hauteur des ambitions de l’organisation qui espère changer à jamais l’histoire des sports de combat avec cet évènement.

Au programme, des beaux combats avec notamment le main Event entre Sean O’Malley et Merab Dvalishvili, mais surtout une véritable expérience dans cette arène à la pointe de la technologie avec la diffusion d’un film entre chaque combats, des jeux lumineux, et même la présence d’hologrammes ! Un spectacle à l’image du MMA et de l’UFC selon Alexandre Herbinet, journaliste sportif spécialisé dans les sports de combat chez RMC sport, « C’est dans l’ADN du MMA de faire du show, la sphère va bien sûr avec ça puisque tu vas proposer un spectacle qui est unique dans les sports de combat. Sur l’UFC 306, je pense que la sphère est un argument de vente, tout autant que le combat principal l’est. »

Toujours plus de show

Dès son arrivée sur le devant de la scène, le MMA s’est tout de suite construit comme un spectacle. Sur la trace des autres sports de combat comme la boxe ou le catch, l’UFC a rapidement misé sur le « show » et continue de tenter de produire des spectacles toujours plus impressionnants les uns des autres.

Pour cela, l’UFC n’a rien laissé au hasard. Des entrées impressionnantes, un speaker reconnaissable entre mille et surtout un storytelling de qualité.


Un sport aussi violent, aussi différent ne peut pas être raconté de la même manière qu’un autre sport. Alors on joue sur les rivalités, sur la haine comme lors du combat entre McGregor et Khabib Nurmagomedov, ou tout simplement sur les histoires singulières de ses combattants.

Affiche promotionnelle de l’UFC 229 avec comme Combat principal Conor McGregor vs Khabib Nurmagomedov.

Comme tout spectacle, l’UFC s’appuie surtout sur ses têtes d’affiche. Les combattants, au-delà de produire une performance sportive, sont surtout là pour divertir le public, à l’image des gladiateurs de l’époque. « Les sports de combat notamment la boxe, qui est le plus vieux et le plus connu, on appelle ça le Prize fighting, c’est-à-dire que tu ne prends pas les coups pour le plaisir, c’est pour vivre, donc c’est un business ». 

@iamfabrel Je tape les gens pour vivre #francisngannou #ufc #mma #237 #lecontinent #camerountiktok #videosdroles #pourtoi #afrique ♬ son original – Fabrel Origi


«  Le MMA ce n’est pas un sport, c’est un business adossé à un sport »

Du côté de l’UFC, on a compris que c’était le spectacle qui rapportait gros. Comme toute entreprise, l’UFC court après l’argent. « Moi, je dis souvent, le MMA, ce n’est pas un sport, c’est un business adossé à un sport, on est là pour faire de l’argent ». Une grande partie du business de l’entreprise est basée sur ce que l’on appelle les « Pay per view ». Contrairement aux sports traditionnels où l’on paye un abonnement à l’année, les sports de combat fonctionnent avec ce système et permettent aux fans d’acheter l’accès au show télévisé pour chaque événement. L’objectif est donc d’attirer le plus de clients sur chaque évènements. « C’est pour ça que ça demande du show, des sons, des lumières, des belles entrées, du spectacle ».

« Les gens payent leur Pay per View aux USA et il faut leur en donner pour leur argent ». 

Un business pour les combattants qui peuvent négocier des meilleurs contrats et sponsors en livrant un spectacle et en étant appréciés du public. « parfois, on va préférer un combattant qui est plus spectaculaire qu’un mec qui est mieux classé parce qu’on sait que ça fait des bons combats ».

Finalement, leur plus gros combat se situe sur le terrain de la notoriété, car c’est sur ce terrain qu’ils peuvent se démarquer. Car oui, en MMA, ce ne sont pas forcément les performances sportives qui font la paye ou la renommée du combattant. C’est un tout, une aura, une histoire, une carrure et surtout une capacité à faire le show. Conor Mc Gregor a révolutionné le sport en ce sens, il a compris que ce ne sont pas les combats qui allaient le rendre célèbre et riche, mais son image. 

Il a parfaitement su tirer son épingle du jeu avec sa démarche spéciale, son assurance et son trash talk (injures et provocations envers son adversaire). « Quand Dana White donne les plus grands combattants de l’histoire de l’UFC, il cite Conor McGregor et Wanda Roussey, ce n’est pas forcément les plus grands sportivement, par contre au niveau de l’argent qu’ils ont généré, ils méritent cette place ». 

Avec une notoriété qui ne cesse d’augmenter, le MMA va continuer de se développer, tout comme son modèle économique. Le spectacle proposé par l’UFC devrait continuer dans les prochaines années, d’autant qu’avec l’arrivée massive de concurrents comme le PFL ou le KSW, il faudra faire toujours plus de show pour continuer d’attirer les foules. 

Mohamed Sadat 

Le documentaire « Russians at war » : liberté d’expression ou défenses des agresseurs ?

Le festival international du film de Toronto (TIFF) a suspendu le 12 septembre la projection du documentaire « Russians at War » suite à de préoccupations croissantes concernant la sécurité publique et les réactions négatives de la communauté ukrainienne. Alors que le film est perçu par certains comme une opportunité d’explorer la perspective russe, d’autres le considèrent comme une tentative de minimiser les souffrances du peuple ukrainien. Cette situation soulève des questions cruciales sur la liberté d’expression, la responsabilité artistique et la représentation des récits de guerre dans le cinéma contemporain.

Le documentaire controversé « Russians at War« , réalisé par Anastasia Trofimova, a suscité un vif débat depuis sa première au Festival de Venise. Alors que la réalisatrice russo-canadienne décrit son œuvre comme une tentative de comprendre son pays d’origine et les soldats russes, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme de la propagande du Kremlin.

Le Festival international du film de Toronto (TIFF) a annoncé le 12 septembre, la suspension des projections de « Russians at War » qui devait être présenté lors de l’événement. Cette décision fait suite à des préoccupations significatives concernant la sécurité publique et les menaces pesant sur les opérations du festival. Alors que le TIFF a initialement défendu le film, il a jugé nécessaire de protéger ses invités et son personnel face aux risques potentiels associés à cette projection. « Cela a été une décision incroyablement difficile », a-t-il déclaré dans le communiqué, en précisant, que lors de la sélection des films, le TIFF se laissent guider par sa mission, ses valeurs et principes. « Nous croyons que ce film mérite une place dans la programmation de notre festival, et nous sommes déterminés à le projeter lorsqu’on pourra assurer un environnement plus sûr« , a-t-il indiqué.

 

Réactions de la communauté ukrainienne

 

Le consulat général d’Ukraine à Toronto a exprimé son indignation et a demandé l’annulation de la projection du film, affirmant que « Russians at War » blanchit les soldats russes responsables de crimes de guerre. Le consul général, Oleh Nikolenko, a critiqué le soutien du gouvernement canadien au documentaire, y compris une subvention de 340 000 dollars du Fonds canadien des médias. Il a insisté sur le fait qu’Anastasia Trofimova, en collaborant avec une unité d’invasion russe pour réaliser son film, « viole gravement la législation ukrainienne« .

Le documentaire a suscité également des réactions négatives de la part du Congrès ukraino-canadien (UCC), qui soutient qu’il porte atteinte à la souveraineté ukrainienne et minimise la gravité de la guerre.« À partir de la description du film proposée sur le site du TIFF, il est clair que le film établit une équivalence entre le coupable et la victime, présentant la guerre d’agression génocidaire de la Russie contre l’Ukraine comme un jeu néfaste », a déclaré l’UCC. 

Le chef de l’Office du président de l’Ukraine, Andriï Ermak, a déclaré sur son canal Telegram qu’il est honteux qu’un film propagandiste ait été présenté au Festival de Venise, tout comme le fait que la réalisatrice Anastasia Trofimova et d’autres acteurs de la culture russe puissent travailler dans un monde civilisé, alors que leur pays tue des Ukrainiens tous les jours.

Le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine a été l’un des premiers à condamner la projection de ce documentaire, le qualifiant de « déformation de la réalité de l’agression russe » et le considérant comme un outil de propagande. Dans une lettre envoyée au président de la Biennale de Venise, Pierpaolo Buttarello, le 7 septembre 2024, l’ambassade d’Ukraine en Italie a souligné l’inadmissibilité de la projection d’un film prorusse alors que la Russie continue de mener une guerre violente contre l’Ukraine.

 

Les voix du cinéma s’élèvent

 

Darya Bassel, productrice de « Songs of Slow Burning Earth« , a également exprimé son indignation sur Facebook. Elle a noté que la réalisatrice commence par exprimer sa surprise face à l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, tout en ignorant les nombreuses guerres et conflits dans lesquels la Russie a été impliquée au cours des dernières décennies. « La réalisatrice (Anastasia Trofimova) déclare que son pays n’a pas participé à des guerres depuis de nombreuses années et qu’elle n’a lu sur les guerres que dans des livres« , a-t-elle écrit. Finalement, Darya Bassel conclut que le film présente les soldats russes comme des victimes manipulées par des jeux politiques, tout en négligeant la souffrance des Ukrainiens.

 

Dans une déclaration sur les réseaux sociaux, Anastasia Trofimova a tenté de justifier sa démarche, expliquant qu’elle avait passé sept mois avec un bataillon russe en Ukraine pour réaliser son film. « Mon espoir est que leurs histoires contribuent à une compréhension plus profonde de cette guerre insensée et traumatisante« , a-t-elle déclaré. En même temps, ses propos n’ont pas apaisé les critiques. Les ambassadeurs d’Ukraine ont exprimé leur profond mécontentement face à la présentation du film, qualifiant cette initiative de « manipulation orwellienne de la vérité« .

 

La réalisatrice Anastasia Trofimova (à droite) et sa mère assistent au photocall du film « Russians at War » présenté hors compétition lors de la 81e édition du Festival international du film de Venise au Lido de Venise, le 5 septembre 2024. @Alberto PIZZOLI / AFP

Liberté d’expression et la responsabilité artistique

 

La suspension de la projection de « Russians at War » au TIFF soulève des sujets plus globaux sur la liberté d’expression et le rôle des festivals de cinéma dans la promotion de films controversés. La controverse qu’il suscite aborde des questions cruciales sur la représentation de la réalité, la responsabilité des artistes et la manière dont les récits de guerre sont construits. La question qui se pose est de savoir si la compréhension et l’empathie peuvent émerger d’un récit qui fait preuve de complaisance envers l’agresseur en négligeant les souffrances des victimes. Dans un monde où les histoires de guerre sont souvent racontées à travers des prismes divergents, il est important de se rappeler que la vérité doit être défendue, même dans l’art.





 



 

Vendredi 13: bénédiction ou malédiction ?

La tradition chrétienne a donné une mauvaise réputation au vendredi 13. La croyance s’est largement répandue au point de faire disparaître le chiffre 13 de certains avions, rues et hôtels. Mais le jour maudit est peu à peu devenu un jour de chance… Pour comprendre l’histoire de cette superstition, le Celsalab a interrogé un sociologue et une numérologue.

Croisez un chat noir en passant sous une échelle aujourd’hui et vous serez au comble de la poisse ! Si l’on en croit les superstitieux, le vendredi 13 est synonyme de mauvais présages. Selon un sondage réalisé par la Française des jeux, la superstition touche 34% des Français. Cette croyance a de vraies conséquences : des compagnies aériennes comme AirFrance n’ont pas de rangées “13” dans leurs avions, et optent pour une rangée “12 bis” ou “14a” et “14b”. Certains pilotes refuseraient aussi de voler un vendredi 13. De nombreux hôtels ne comptent pas d’étages ni de chambres portant le chiffre 13 par crainte de la superstition des clients. La World Trade Center contenait 13 étages…Mais d’où vient donc cette peur du chiffre 13 ?

« La croyance naît dans un contexte d’angoisse »

Pour Dominique Desjeux, sociologue des croyances et des rites, « c’est très compliqué d’expliquer comment une croyance naît », mais il existe quand même une structure propre à celles-ci. « La croyance naît dans un contexte d’angoisse, ses fondements sont l’inquiétude et la peur. Dans ce climat, les hommes ‘inventent’ une histoire pour expliquer, justifier les malheurs », explique l’expert. « La croyance autour du vendredi 13 a des origines chrétiennes » : il faut remonter au passage de la Cène, dans la Bible, où Judas arrive en treizième au dernier repas du Christ. Le 13 est associé au disciple qui trahit Jésus, en le livrant aux Romains. Quant au vendredi, il est associé au jour de la crucifixion de Jésus. « C’est pour cela qu’aujourd’hui, personne n’invite treize convives à déjeuner », explique l’expert.

D‘autres raisons non religieuses pourraient expliquer le désamour pour la date fatidique. Pour certains, le chiffre 13 souffrirait du fait de succéder au chiffre 12, le plus “parfait” dans l’Antiquité, où le système duodécimal régnait. Le vendredi était aussi le jour des exécutions au Moyen Âge en Angleterre. L’arrestation des Templiers par le roi Philippe IV le Bel, le vendredi 13 octobre 1307, participerait à la mauvaise réputation de la date. Le monarque décide ce jour-là d’arrêter plusieurs milliers de moines soldats sous l’inculpation d’hérésie, marquant ainsi la fin de l’Ordre qui était né deux siècles plus tôt en Terre Sainte.

« Peur déraisonnée »

Pour la numérologue Evelyne Lehnoff, le vendredi 13 est un “cocktail de superstition, de traditions et de croyances”, et peut donc être « un jour de chance ou de malchance selon ce qu’on décide de retenir ». Les personnes qui voient en cette date un jour de malheur le font par “peur déraisonnée”’ selon elle. “Ils retiennent les mauvaises dates du passé”.  

Le vendredi 13 est en effet teinté de malchance si l’on retient les dates tragiques dont il est l’anniversaire : le crash du vol 571 de la Fuerza Aérea Uruguaya dans les Andes – poussant les survivants à des actes de cannibalisme – a eu lieu un vendredi 13. L’assassinat du rappeur Tupac Shakur et le naufrage du navire de croisière Costa Concordia au large de la Toscane, qui a causé 13 morts, ont aussi eu lieu à cette date. Et plus récemment, les attentats du vendredi 13 novembre 2015.

Comme évoqué plus haut, les croyances ont de vrais effets dans la vie réelle. Et varient selon les cultures et les pays. « Par exemple en Chine, la prononciation du chiffre quatre est similaire à celle du mot mort. Vous ne trouverez aucun ascenseur avec un étage 4 ou un étage 14 », explique le sociologue. Est-ce de la superstition ? « On appelle superstition la croyance de l’autre », précise Dominique Desjeux.

Un jour de chance ?

Mais, curieusement, le vendredi 13 est devenu un jour de chance. Dominique Desjeux l’explique par un « rituel d’inversion », effectué à des fins marketings par la Française des jeux selon lui. Au lieu de s’ancrer dans l’angoisse, cette « croyance symétrique » vient apporter la sécurité et rassurer les personnes. Même si elle n’est « pas plus vraie que la première croyance », elle a du succès car fait croire à un dénouement positif. Ainsi, cette année, comme tous les vendredis 13, la FDJ propose un Super Loto de 13 millions d’euros. Et elle y gagne : 80 % des personnes interrogées déclarent jouer à un jeu de tirage à l’occasion d’un vendredi 13 – soit le même succès que le grand loto de Noël- selon une étude réalisée par le groupe. « On attend une hausse de près de tiers de participation un vendredi 13 que pour un tirage Loto classique », détaillait un responsable de la société de lotos et de paris sportifs ce matin au micro de Franceinfo.

Même la numérologue Evelyne Lehnoff ne considère pas le vendredi 13 comme une mauvaise date. « Le 13 est une décomposition du 1 et du 3, or 1+3=4, et le 4 représente la vigueur et le travail acharné, c’est donc plutôt positif”. Même chose pour le chiffre 13, qui “annonce une transformation, une renaissance, l’occasion de faire des changements”. Aujourd’hui serait même une « journée 3 », ce qui signifie que « les bonnes énergies rendent le moment propice à postuler à un emploi ou de tenter sa chance à un jeu” pour la consultante en « arts divinatoires ». Elle n’a cependant pas constaté une évolution notoire de sa fréquentation aujourd’hui.

Le deuxième et dernier vendredi 13 aura lieu en décembre cette année. L’unique vendredi 13 de 2025 aura lieu en juin.

Domitille Robert

Présidentielle américaine 2024 : le soutien de Taylor Swift à Kamala Harris peut-t-il être décisif ?

Taylor Swift a soutenu la candidate démocrate sur Instagram, à l’issue de son débat face à Donald Trump. La star, qui a déjà pris position en faveur des démocrates par le passé, pourrait faire pencher la balance lors du scrutin présidentiel de novembre.

La publication a récolté plus d’un million de mentions « J’aime » en seulement 15 minutes. Hier soir, un post Instagram de la chanteuse Taylor Swift a presque éclipsé le débat entre la candidate démocrate Kamala Harris et son adversaire républicain Donald Trump. La superstar américaine a apporté son soutien longuement espéré à la vice-présidente de Joe Biden. A quelques mois de l’élection présidentielle américaine, cette prise de position ravive le camp démocrate dans sa campagne face au candidat trumpiste, qui ne le voit pas du meilleur oeil.

« Elle se bat pour les causes et les droits auxquels je crois », a ainsi loué l’interprète de « Shake it off », n’appelant pas n’ont plus explicitement les « swifties » le surnom donné à ses fans, à voter Kamala Harris. L’effet de ce message adressé à ses 283 millions de followers pourrait être considérable. En septembre 2023, la chanteuse avait déjà appelé ses fans à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Ce jour-là, la plateforme Vote.org a recensé plus de 35 000 nouvelles inscriptions, soit un bond de 23% par rapport à la même journée un an plus tôt.

« C’est une victoire significative pour Kamala Harris« , analyse Morgane Giuliani, journaliste et autrice de « Taylor Alison Swift : la rebelle devenue icône ». « Elle est quelqu’un qui arrive à mobiliser les jeunes pour s’inscrire sur les listes électorales, notamment les primo-votants, alors que cette frange des électeurs a tendance à être abstentionniste », observe la journaliste.

Populaire auprès des jeunes électeurs

Ce n’est ainsi pas la première fois que l’artiste aux 95 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify prend position à l’approche d’une élection. En 2018, elle avait apporté son soutien à un candidat démocrate lors des élections de mi-mandat dans son Etat natal du Tennessee, mais cela n’avait pas suffi pour lui assurer la victoire. Elle s’était par la suite prononcée en faveur de Joe Biden en 2020.

Quatre ans plus tard, sa popularité n’a fait que s’accroître, en partie grâce au « Eras Tour », cette tournée musicale reconnue comme la plus lucrative de l’histoire. Les jeunes américains ne sont pas insensibles à son influence. D’après un sondage du cabinet d’étude Redfield and Wilton Strategies de janvier 2024, 18% des électeurs interrogés ont répondu qu’ils seraient plus susceptibles de voter pour un candidat soutenu par Taylor Swift pour la course à la Maison Blanche. Une partie de la communauté de la chanteuse a même lancé en août un mouvement en ligne « Swifties for Kamala », revendiquant avoir collecté plus de 114.000 dollars sur les réseaux sociaux.

La « Taylor Swift Mania » gagne la campagne démocrate

Les équipes de campagne de la candidate démocrate ne sont pas passées à côté de cet engouement. A l’issue du meeting de Kamala Harris tenu après le débat, la célèbre chanson « The Man » de la chanteuse a été diffusée, « ce qui veut dire qu’ils ont dû obtenir les droits auprès d’elle », souligne Morgane Giuliani. Ce n’est pas anodin, la superstar étant très protectrice de ses droits musicaux. « Les démocrates ont aussi mis en vente des goodies qui reprennent l’idée des bracelets de l’amitié sur leur site », ajoute l’autrice de « Taylor Alison Swift : la rebelle devenue icône », faisant allusion à cette tendance lancée par Taylor Swift parmi ses fans pendant sa tournée mondiale.

Cette nouvelle n’est pas sans susciter les craintes du camp républicain. Donald Trump s’est empressé de réagir au cours d’une interview sur Fox News, assurant que Taylor Swift allait « en payer le prix » sur le plan des ventes. L’apparition à l’US Open de l’interprète de « Dear John » auprès d’une supportrice connue de Donald Trump, connaissance du joueur de football américain et petit-ami de la star Travis Kelce, avait également fait réagir sur X (anciennement Twitter). « On se demandait si elle allait soutenir Kamala Harris publiquement car elle est régulièrement la cible de menaces et d’insultes de la part des républicains. C’est vraiment un camouflet pour Trump », estime ainsi Morgane Giuliani.

Il faut tout de même prendre en configuration « l’imprévisibilité » de l’électorat américain, prévient la journaliste. « Les Etats-Unis restent encore très marqués par la victoire de Donald Trump en 2016. Hillary Clinton a fait une campagne autour de la pop culture, avait toutes les stars derrière elle, et a quand même perdu », rappelle l’autrice. La prise de position de Taylor Swift n’assure donc pas la victoire à Kamala Harris, mais « lui donne un coup d’accélérateur », estime tout de même Morgane Giuliani, le scrutin de novembre s’annonçant très serré.

Emma Launé-Téreygeol