A la veille d’une réunion de travail sur le nucléaire à l’Elysée, plusieurs milliers de salariés d’Areva ont manifesté ce mardi 2 juin, à l’appel de l’intersyndical. Devant le siège du groupe à la Défense, comme dans six de ses sites, syndicats et salariés ont dénoncé le « plan de réduction des frais de personnel » proposé par la direction. En cause : 3 000 à 4 000 suppressions de postes en France d’ici à 2017.
Devant l’immense tour Areva à la Défense, Michel Toudret, 54 ans, donne de la voix. Ce syndicaliste CFDT crie « pour oublier la fatigue ». Avec plusieurs de ses collègues, ils ont pris la route très tôt ce matin de Cherbourg jusqu’à la Défense. Présent dans toutes les manifestations depuis le début de la gronde en mai, Michel Toudret est venu pour « sensibiliser les cadres et salariés de la Défense » qui ont, selon lui, « autant à perdre que les ouvriers de Marcoule, de Tricastin ou de la Hague ».
Depuis 9 heures, entre deux coups de fil à ses « camarade de la Hague», Michel Toudret distribue tracts, banderoles et sifflets, en vain. La plupart des salariés d’Areva, comme Mathieu Bertio, passent devant l’intersyndical sans même s’arrêter. « Pas le temps et pas concerné », explique ce jeune chef de section. « On espérait mobiliser au moins 1 000 personnes », confesse Michel Toudret, « ça va être compliqué ». A la Défense, seuls 200 salariés ont quitté leur bureau pour assister à une Assemblée générale « express » au pied de la tour.
José Montès, coordinateur Areva FO est le second à s’exprimer lors de l’AG. Comme ses collègues syndicalistes, son discours est bien rodé. « Areva est une grande entreprise viable qui continue de faire du bénéfice. il faut que l’Etat le comprenne et agisse mais il faut qu’on soit unis ». Pour lui, si le groupe a perdu 5 milliards d’euros en 2014, c’est principalement à cause d’une « vision stratégique inexistante et un actionnaire majoritaire fantôme ». L’Etat, qui détient 87% des parts du groupe, refuse de « recapitaliser » le groupe ou de réévaluer sa dette, « seule issue à la crise économique actuelle », explique José Montès.
Les salariés acquiescent. « Les bons problèmes sont pointés du doigt », explique Anthony Celerault, ingénieur mécanique. Pour lui comme pour sa collègue Elise, la mauvaise gestion d’Areva est la cause de bien des maux au sein du groupe. Quelques mètres plus loin, d’autres salariés hochent également de la tête. « Depuis quelques semaines, l’ambiance s’est détériorée, nous avons besoin de savoir ce qui nous attend. Beaucoup craignent pour leur avenir », précise Anthony Celerault.Les deux ingénieurs ne sont pas inquiets mais ont tenu à exprimer leur solidarité avec leurs collègues : « Nous sommes jeunes et diplômés, il sera facile de rebondir, contrairement à d’autres plus âgés ou peu qualifiés ».
Selon l’ONU, les Rohingyas forment le peuple le plus persécuté du monde. Mardi, Barack Obama a appelé la Birmanie à cesser cette discrimination. Le point sur cette ethnie méconnue.
Qui sont les Rohingyas ?
Il s’agit d’une minorité ethnique musulmane dont l’origine est controversée. Selon eux, ils sont les descendants de commerçants arabes, mongols, turcs ou encore perses et seraient arrivés en Birmanie dès le XV° siècle. Mais les historiens birmans jugent que rien ne prouve leur présence dans le pays avant 1950. Ils s’expriment dans une langue proche du Bengali.
Combien sont-ils ?
Au total, ils sont environ 1,3 million à vivre en Birmanie. Parmi eux, 800 000 vivent à la frontière du Bangladesh, dans l’Etat d’Arakan. D’autres ont fui la répression de la junte birmane au pouvoir de 1962 et 2011 et vivent à présent dans des camps de réfugiés au Bangladesh.
Pourquoi tant de discrimination ?
La Birmanie les considère comme des immigrants illégaux. Depuis 1982, et les réformes du dictateur Ne Win, ils ne font plus partie des 130 titre d’ethnies minoritaires répertoriées. Ils sont donc apatrides et privés de tout droit. Ils sont soumis au travail forcé, ne sont pas libres de leurs mouvements, leurs terres sont confisquées et ils n’ont aucune perspective d’avenir, n’ayant pas d’accès à l’éducation. Or, plus le nationalisme bouddhiste augmente, moins les hommes politiques n’osent s’aventurer à débattre sur leur cause, pas même Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix. Depuis le 19 mai, les autorités locales de l’Arakan ont le pouvoir d’évaluer si le nombre de migrants et le taux de natalité est trop important par rapport aux ressources disponibles et d’imposer aux femmes d’attendre au moins 36 mois après une naissance pour avoir un autre enfant.
Pourquoi parle t-on d’eux aujourd’hui ?
Les Rohingyas tentent de fuir leur condition birmane en migrant vers les pays voisins. Or, depuis quelques semaines, cet exode a pris une tournure catastrophique. Les drames se sont enchaînés : plus de 3500 migrants ont passé des semaines entassés dans des bateaux de fortune à la dérive en tentant de rejoindre la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande. Quelques jours plus tard, la police thaïlandaise a découvert des charniers dans des camps de transit de migrants dans la jungle, au sud du pays. Des fosses communes ont également aussi été découvertes dans le nord.
La semaine de la décroissance s’est ouverte le lundi premier juin. Cette idéologie semble toucher un nombre croissant, justement, de partisans. Et notamment les amateurs de circuits courts, ainsi que les fermiers, qui proposent des moyens de consommation, sans passer par le système de distribution classique. Rencontre avec les paysans et les clients parisiens de ce mode de consommation alternatif.
« À Paris, les enfants croient que les fraises poussent dans les arbres« , affirme Céline Ponce. Cette mère de deux enfants n’est pas la seule à penser ainsi parmi les personnes qui consomment via les circuits courts. Il est vrai que la région parisienne n’est pas renommée pour ses espaces verts, ses jardins, ou ses champs. Si les marchés n’y sont pas peu nombreux, le réflexe des franciliens pour faire leurs courses réside plutôt dans des enseignes de grande distribution, avec, au premier chef, Monoprix ou Franprix, par exemple. Pourtant, certains petits producteurs, ainsi que de nombreuses associations ont décidé de raccourcir les circuits de distribution. Ils proposent des produits agricoles, directement du producteur au consommateur, supprimant ainsi les intermédiaires classiques de la chaîne de production agro-alimentaire, ainsi que leur impact sur l’environnement. En moyenne, un aliment parcourt 2 000 kilomètres avant de parvenir dans notre assiette, et c’est contre cela que les promoteurs des circuits courts s’inscrivent.
Selon le ministère de l’Agriculture, environ un quart des agriculteurs fonctionnent en circuits courts. Soit environ 110 000 exploitants sur l’ensemble du territoire. Les producteurs de miel et de légumes sont les plus nombreux. Environ 50% d’entre-eux ne passent pas par des intermédiaires agro-alimentaires. Pour beaucoup, ce mode de consommation agricole, est en expansion. C’est notamment le cas de Jacques, qui a voulu garder son nom de famille pour lui par « pudeur ». Il travaille au sein d’un système de vente en ligne de produits locaux, en région parisienne, la Ruche qui dit oui : « La fréquentation de nos points de vente est en constante augmentation. C’est bien, tout le monde s’y retrouve. Le producteur, qui fixe librement ses prix, sans tenir compte des intermédiaires, puisqu’ils disparaissent, et le consommateur, qui sait d’où vient ce qui se trouve dans son assiette ». Il poursuit : « Les circuits-courts, ce n’est pas seulement un autre mode de consommation, c’est aussi un état d’esprit. Les clients rencontrent parfois les producteurs. Ils échangent, ils gardent parfois contact. Il y a toujours une belle ambiance. Lorsque les clients viennent retirer leur commande, ils prennent leur temps, ce n’est pas comme dans un supermarché, où c’est la course, c’est le cas de le dire … ». La Ruche qui dit oui propose 125 lieux de retraits des commandes, préalablement effectuées sur Internet, en Île de France. Ce système de commande en ligne fait florès, et surfe sur la vague du « consommer autrement ». Une vingtaine de structures existent, à ce jour.
Se rapprocher du terroir …
L’une des autres composantes qui sont au fondement des circuits courts réside dans les Amap, les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Née il y a une quinzaine d’années, elles ont été fondées dans le soucis de lutter contre une mondialisation qui était perçue comme destructrice des emplois paysans locaux. « Il nous fallait trouver une solution pour que ceux qui donnent à manger aux Français, puissent, eux aussi, avoir de quoi se nourrir, et la vente directe aux particuliers était sûrement la meilleure, explique Eric Chatelet, paysan dans l’Essonne, et administrateur dans le réseau des Amap d’Île de France. Les paysans, c’est un terme qui veut dire quelque chose. Cela ramène au pays, à la terre. Et si les habitants peuvent consommer des produits de leur région, c’est l’idéal pour tout le monde ».
Sur l’ensemble de la région parisienne, ce sont environ 200 Amap, qui couvrent le territoire. La plupart proposent, dans des villes ou des arrondissements, des points de ventes ponctuels, directement du producteurs aux « consomm’acteurs », selon le terme utilisés par les Amapiens. Car, pour eux aussi, consommer autrement, c’est agir pour un modèle de société différent. C’est le cas de Loïc Chaigneau, étudiant en naturopathie de 21 ans, qui se rend hebdomadairement dans un point de vente d’une Amap, à Asnières sur Seine.
… Mais aussi s’intégrer dans la ville
Si les circuits courts souhaitent revitaliser la campagne, ce système tend aussi à s’intégrer au mode de vie citadin. Pour une approche qui se veut globale des modes de consommation. À Paris et dans sa banlieue, un groupe de magasins est en construction. Il s’agit d’Au bout du champ, qui possède deux points de vente à Paris et à Levallois-Perret. Le mode de consommation est double. Soit l’on effectue une commande sur Internet, que l’on retire dans l’un des points de vente, soit l’on se rend dans un local où des produits sont proposés. Ils sont disposés dans des casiers, sur le mode du distributeur de café. Le client compose le code correspondant au casier de son choix, et introduit l’argent dans une machine, qui déverrouille le casier.
L’inconvénient de ce système est que le client n’a pas forcément toujours le choix de ce que contient le casier. Ceux-ci sont remplis par des membres de l’association, tous les jours, de façon assez aléatoire. « Je viens ici deux fois par semaine, car je sais que les produits sont frais. Ce qui me plaît, c’est d’abord d’encourager des producteur locaux » affirme Simone Eckes, la soixantaine, en sortant du local de Levallois-Perret. Céline Ponce, moins habituée, va dans le même sens : « Je reviens de chez Franprix, quand je vois la tête des tomates … Du coup, je viens ici, car je sais que les produits sont frais. C’est gagnant pour tout le monde. Je préfère acheter moins mais mieux ».
Moins mais mieux, c’est un peu le mot d’ordre des partisans des circuits courts, mais pas sûr que cela plaise à la grande distribution …