En Espagne, 5 coalitions possibles pour sortir de l’impasse

Chargé par le roi Felipe VI de former un nouveau gouvernement, Pedro Sanchez, le leader du parti socialiste espagnol, consulte depuis le début de la semaine les différents partis afin de constituer un gouvernement de coalition. Sans succès pour l’instant. Tour d’horizon des différents scénarios possibles.

Spanish Socialist Party (PSOE) leader Pedro Sanchez (C) arrives to give a press conference at the Spanish Parliament in Madrid on February 3, 2016. Spain's king gave Socialist party chief Pedro Sanchez the tough task of forming a government yesterday in a bid to end a potentially damaging political deadlock more than six weeks after inconclusive elections. AFP PHOTO / GERARD JULIEN / AFP / GERARD JULIEN
Pedro Sanchez, leader du parti socialiste espagnol, aux Cortes. (Crédit photo: AFP)

Depuis le 20 décembre dernier, date des élections générales, l’Espagne est dans l’impasse. Aucun parti ne détient de majorité capable de former un gouvernement. Sorti vainqueur du scrutin, le PP ne dispose que de 123 sièges sur les 173 nécessaires pour pouvoir gouverner seul. Le Parti socialiste, lui, accuse le coup : avec 90 sièges, il obtient le plus mauvais score de son histoire. Le parti anti capitaliste issu du mouvement des indignés, Podemos, fait lui, une percée remarquable. Il entre pour la première fois au parlement avec 69 députés. Autre belle performance, celle du parti de centre droit Ciudadanos qui arrache 40 sièges. Face à un parlement aussi fragmenté 5 scénarios sont possibles :

  • La coalition de la stabilité

Première coalition envisagée, une alliance entre le parti populaire, Ciudadanos et le Parti socialiste. Qualifiée par les milieux d’affaires de « coalition de la raison », cette grande alliance « à l’allemande » serait la coalition idéale car elle exclurait le parti Podemos jugé trop radical. Si une telle coalition permettrait de sortir de l’impasse, elle n’est pourtant pas à l’ordre du jour. Le leader du parti socialiste, Pedro Sanchez, refuse catégoriquement toute alliance avec le parti populaire. En cause, notamment les scandales de corruption qui ont émaillé le mandat de Mariano Rajoy mais aussi la politique économique jugée trop austère par les barons socialistes. Contacté par le CelsaLab, Georges Edouard, spécialiste de l’histoire contemporaine espagnole, est catégorique : « Le parti socialiste n’a aucun intérêt à s’allier avec le Parti populaire. Pire, son électorat ne le lui pardonnerait pas car ce dernier est idéologiquement plus proche de Podemos que du PP. »

  • Le front anti PP

Seconde coalition possible, un front anti Parti populaire. Cette coalition serait à l’image de sa voisine portugaise. Vainqueur des élections, le Parti conservateur n’a pas pu former de gouvernement, faute de majorité. Ce sont finalement les socialistes alliés aux communistes qui ont réussi à former un gouvernement. En Espagne, la coalition anti PP comprendrait le Parti socialiste, Ciudadanos, Podemos et le parti d’extrême gauche, Izquierda unida (IU). Là encore, une coalition de ce type n’est pas réalisable. Podemos comme Ciudadadanos refusent de s’allier. « Pour Pablo Iglesias, leader de Podemos, le parti d’Albert Rivera est idéologiquement plus proche du PP que du parti socialiste. Du côté de Ciudadadanos, on refuse catégoriquement de s’allier à Podemos qualifié de parti « extrémiste » proche du régime de Nicolas Maduro, » avance Georges Edouard.

  • L’alliance des droites

Troisième coalition possible : Une alliance entre le parti populaire et Ciudadanos. Si pendant sa campagne, Albert Rivera avait catégoriquement écarté l’idée d’une alliance avec le PP, aujourd’hui l’idée est sur la table. Mais là encore cette coalition aurait du mal à exister car elle n’obtiendrait pas le nombre de voix suffisant. A eux deux, ils obtiendraient 163 sièges quand la majorité est de 173 sièges.

  • Le Cartel des gauches

Quatrième coalition envisagée : celle d’une alliance entre les différents partis de gauche. Cette coalition est ardemment défendue par Pablo Iglesias, le leader de Podemos. Elle inclurait le Parti socialiste, Podemos, Izquierda unida, mais également trois partis indépendantistes : le Catalan, Esquerra Republicana et les deux partis basques, Bildu et le PNV. Cette idée a néanmoins dû être abandonnée  car Pablo Iglesias s’est vu posé une fin de non recevoir par Pedro Sanchez, dont l’appareil politique refuse catégoriquement de s’allier aux partis indépendantistes qui “mettent à mal la souveraineté de l’Etat Espagnol”.

 

li>La coalition du changement 

Enfin, une dernière coalition est envisagée par  Pedro Sanchez. Cette fois elle réunirait le parti socialiste, Podemos et Ciudadanos. Mais là encore, une telle coalition s’annonce plus qu’improbable du fait des réticences des deux « nouveaux partis » à gouverner ensemble. A cette heure donc et selon Georges Edouard, « la seule solution possible est la tenue d’une nouvelle élection. »

Alexandra del Peral

Primaires américaines : les candidats anti-establishment ont la cote

Donald Trump et Bernie Sanders se sont largement imposés dans les primaires républicaine et démocrate dans le New Hampshire. Jewel Samad / AFP
Donald Trump et Bernie Sanders se sont largement imposés dans les primaires républicaine et démocrate dans le New Hampshire. Jewel Samad / AFP

A priori, tout oppose les deux vainqueurs des primaires républicaine et démocrate dans le New Hampshire. Pourtant, Donald Trump comme Bernie Sanders sont l’incarnation d’une révolte populaire contre l’establishment américain.

Une vague a submergé les candidats républicains et démocrates de l’establishment. Cette vague, c’est celle de la révolte populaire. Lassés par la classe politique américaine, les électeurs du New Hampshire ont choisi d’accorder leur confiance à des candidats anti système. Donald Trump a remporté, lundi, la primaire républicaine dans le New Hampshire, reléguant son poursuivant à plus de 18 points. Le magnat de l’immobilier a su séduire grâce à un discours sécuritaire et anti-immigration. De son côté, Bernie Sanders, socialiste revendiqué, a écrasé l’ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Hilary Clinton, en obtenant 60% des voix contre 39% pour sa concurrente. Dans un pays où le terme « socialiste » est souvent considéré comme une injure, l’exploit est de taille.

Les deux hommes, pourtant si éloignés politiquement, défendent une même idée : faire tomber un système politique corrompu par le lobbying. Dans un article du Monde, Laurence Nardon, politologue, et responsable de l’Institut français des relations internationales, souligne que ces «derniers mois ont porté au premier rang des candidats inattendus, qui remettent profondément en cause la manière de faire des deux grands partis». Un contexte qui profite aux deux candidats.

Des programmes économiques loin de la réalité

Pendant longtemps « les deux candidats ont été sous-estimés par l’establishment des deux partis » soutient Laurence Nardon. Au fil des sorties provocatrices du candidat républicain, les spécialistes misaient sur son explosion en vol. Manifestement, leurs prophéties ne se sont pas réalisées. Crédité de 38% des intentions de vote, Donald Trump fait figure de favori dans la course à l’investiture républicaine et continue de surfer sur la vague de la provocation et de la démagogie. Défenseur du rêve américain, il mise sur un programme économique jugé caduque, en promettant une suppression de l’impôt sur les sociétés et les successions et prône le gel du SMIC local. Dans les faits, même s’il est élu, les promesses du milliardaire se verront contrées par un Congrès peu convaincu par la viabilité de ces réformes.

Même constat pour le sénateur démocrate du Vermont. Si les intentions du candidat démocrate sont à l’opposé de Trump, Bernie Sanders risque d’être bien seul à les défendre face au Congrès. Le socialiste a fait de la lutte contre les inégalités son cheval de bataille. Pour ce faire, il mise sur une couverture de santé universelle. Compte tenu des difficultés rencontrées par le président sortant, Barack Obama, pour faire adopter l’Obamacare, on peut douter de la faisabilité d’une telle réforme. Pour Laurence Nardon, « il ne faut pas oublier qu’aux États-Unis, le président ne peut presque rien faire sans l’accord du Congrès, qui ne voterait ni les décisions sociales d’un Sanders, ni les décisions xénophobes d’un Trump. » Pour elle, malgré les très bons résultats des deux hommes, il n’y a aucune chance qu’ils atteignent la plus haute marche du pouvoir. « Ils pourraient peut-être remporter les primaires, mais certainement pas l’élection finale, car l’électorat national dans son entier les rejettera. On est dans la même dynamique que celle du FN en France. »

Un ennemi commun: la finance

Si Donald Trump et Bernie Sanders ont deux visions à des années lumières l’une de l’autre, ils ont un ennemi en commun: le monde de la finance. « Ce sont des types qui jouent avec du papier et qui ont de la chance […] Ils gagnent des fortunes et ne paient pas d’impôts, c’est ridicule. Je veux sauver la classe moyenne », avait expliqué « The Donald » dans une interview à CNN. De son côté, Bernie Sanders ne cache pas son envie d’en finir avec les avantages octroyés aux cols blancs. Tous deux veulent augmenter de manière significative les impôts pour les plus riches. Une proposition qui a le mérite de convaincre. « On peut donc voir dans la campagne de 2016 la fin d’une époque de la politique américaine, celle de l’argent-roi – car l’électeur, in fine, refuse de jouer le jeu. En délaissant les candidats ‘mainstream’, dont les programmes privilégient les élites contre les classes moyennes, il montre que l’argent des donateurs ne peut acheter une élection » explique Laurence Nardon.

Victoire Haffreingue-Moulart

Conseil des prud’hommes : pourquoi les délais sont si longs

Crédit : ActuaLitté sur Flickr
Crédit : ActuaLitté sur Flickr

Plus de 200 salariés attaquent l’Etat pour déni de justice ce mercredi 10 février, en raison des délais de procédures trop longs au conseil des prud’hommes. Une situation difficilement supportable pour les plaignants concernés, qui s’explique par un manque de moyens.

Sarah* commence à être une habituée. Depuis trois ans, l’agente de service en hôtellerie se rend régulièrement au conseil des prud’hommes de Paris. Accompagnée de quatre de ses anciennes collègues, elle se bat pour faire reconnaître les heures de travail non payées par leur ancien prestataire. « L’affaire est toujours renvoyée« , explique-t-elle simplement. Une situation loin d’être exceptionnelle, sur laquelle la justice se penche ce mercredi.

Plus de 200 salariés attaquent l’Etat français pour « des délais d’attente trop longs au conseil des prud’hommes ». Le tribunal de grande instance de Paris examine une première série d’assignations, déposées pour dénoncer des procédures qui peuvent durer trois, cinq, parfois six ans en cas d’appel. Une situation que reconnaissent les avocats et face à laquelle ils sont impuissants.

Pas de temps, pas d’argent

Xavier Matignon, avocat depuis 18 ans, pointe l’inflation des affaires :

La conjoncture économique, le taux de chômage et les relations employeur-salarié de plus en plus tendues ont mené à une explosion des contentieux. Aussi, les gens sont plus au courant de leurs droits, grâce à internet.

Marie X*, l’une de ses consœurs, évoque également un manque de moyens, financiers et humains :

Il n’y a pas assez de greffes, et pas assez d’avocats pour traiter toutes les affaires. Les calendriers procéduraux ne peuvent pas être respectés et souvent, quand les affaires sont renvoyées, c’est parce que les avocats des parties ne sont pas prêts à défendre l’affaire.

Le ras-le-bol des plaignants

Pascal Beni, salarié d’une entreprise informatique de 33 ans, est l’un des nombreux plaignants qui pâtissent de la situation. Il se rend aujourd’hui à son audience de conciliation, après qu’elle a été renvoyée parce que l’avocat de la parti adverse ne s’était pas présenté… début 2014 :

J’ai dépensé 4 000 € jusqu’à présent. Ma vie de famille en pâtit. On m’a dit que ça pouvait durer encore deux ans, plus deux ans en cas d’appel, et encore deux si on va en cours de cassation. En gros, j’en aurai fini en 2022, si je suis encore vivant.

Une amélioration incertaine

Ce n’est pas la première fois que l’Etat se retrouve confronté aux dysfonctionnements du système judiciaire. Il y a cinq ans, il avait été condamné à 400 000 € d’amende pour des faits similaires. Entre temps, le vote de la loi Macron, en août 2015, devait simplifier les procédures prud’homales pour réduire les délais. Des mesures difficilement applicables selon Marie X*, par manque de moyens.

Benjamin Pierret

*Ces noms ont été changés

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, il retrouve son amour de jeunesse 70 ans après

Norwood Thomas, 93 ans, et Joyce Morris, 88 ans, se sont retrouvés grâce à Internet 70 ans après s’être connus. Ils s’étaient rencontrés à Londres, quelques mois avant le Débarquement.

Norwood et Joyce ont repris contact par Skype après s'être perdus de vue pendant 70 ans. Crédit : capture d'écran Military Watch
Norwood et Joyce ont repris contact par Skype après s’être perdus de vue pendant 70 ans. Crédit : capture d’écran Channel 10

Soixante-dix ans plus tard, les voilà à nouveau réunis. Norwood Thomas, 93 ans, a retrouvé son amour de jeunesse, Joyce Morris, 88 ans. Ils se rencontrent à Londres, pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur histoire commence comme n’importe quelle romance d’adolescent. Norwood est en service en Angleterre, et, très vite, il tombe sous le charme d’une jolie Londonienne de 17 ans : Joyce. Malgré un coup de foudre sur les bords de la Tamise, Norwood doit repartir aux États-Unis à la fin de la guerre. Ils entretiennent une correspondance régulière mais Joyce met fin à leurs échanges, sur un malentendu, pensant que Norwood est marié.

Réunis pour la Saint-Valentin

Elle n’oubliera jamais son amour de jeunesse. L’an dernier, elle demande à son fils de l’aider à retrouver Norwood sur Internet. Il tombe rapidement sur un article publié dans un journal en Virginie (États-Unis) mentionnant le vétéran. Par l’intermédiaire du journaliste, le fils de Joyce parvient à remonter jusqu’à Norwood. Ils reprennent alors contact par Skype. Leur histoire d’amour est devenue rapidement publique. Des centaines de personnes se sont cotisées sur Internet pour payer un billet d’avion à Norwood direction l’Australie, où vit désormais son ancien amour. Juste à temps pour la Saint-Valentin.

Constance Maria