Camille Cancian, community manager sans pression

Sur Instagram, Camille Caucian partage des images de voyages et de cuisine, ses deux spécialités (capture d'écran)
Sur Instagram, Camille Caucian partage des images de voyages et de cuisine, ses deux spécialités (capture d’écran)

Elle vous fait découvrir la cuisine et les voyages depuis votre canapé. A 27 ans, Camille Cancian est community manager pour la petite entreprise niçoise de restauration Socca Chips. Elle anime sur internet la communauté de la société créée depuis deux ans.

Difficile de se lancer en Freelance

Diplômée d’un bachelor en business marketing, la jeune blonde énergique a eu différentes expériences professionnelles. En particulier celle de community manager indépendante, qu’elle exerce encore sur son temps libre. “J’avais envie de travailler pour moi et j’appréciais de pouvoir gérer ma journée comme je l’entendais, travailler sur la plage par exemple”, explique-t-elle. Mais la jeune femme peine à percer seule. Elle cherche un emploi à mi-temps pour assurer son salaire. A temps-plein chez Socca chips depuis juin dernier, Camille reste dans un univers culinaire et méditerranéen.

En indépendante ou au sein d’une entreprise, le métier reste le même.  »Il faut toujours être en alerte, avoir une présence sur les réseaux, et savoir s’adapter. » Une caractéristique appréciée par cette autodidacte :  »Sur Instagram, l’échange est très personnel, donc je signe facilement de mon nom. Sur Facebook c’est différent, je signe uniquement si on a eu un échange suivi. »

Le blog de Camille Cancian lui permet de travailler en tant qu'indépendante (capture d'écran)
Le blog de Camille Cancian lui permet de travailler en tant qu’indépendante (capture d’écran)

Qualités requises

Autre aspect primordial du métier : la créativité.  »On a une liberté d’expression totale”, s’enthousiasme Camille. “Certains clients savent précisément ce qu’ils veulent. Ce n’est pas très intéressant. A l’inverse, parfois, il est difficile de cerner leurs besoins, ils demandent de modifier le rendu en permanence. »

Le point faible de Camille a d’abord été le réseautage.  »C’est quelque chose de vital quand on n’a pas de carnet d’adresse, et j’ai négligé cette partie dès le début. » Désormais, elle se renseigne auprès de plateformes dédiées comme Malt. Indispensables, ces sites mettent en relation les différents métiers du digital et leur actualité.

Camille Cancian aime son métier. Pourtant, elle assure que les réseaux sociaux ne lui sont pas indispensables au quotidien.  »C’est un plaisir, pas une passion. J’ai besoin de souffler parfois.”‘ Alors que certains community manager sont toujours connectés et s’en plaignent, la jeune femme s’impose des horaires.  »Je vais voir mes publications le soir, et je réponds parfois, mais jamais trop tard. » Pour elle, les réseaux sociaux ne sont qu’un métier, elle ne les laisse pas dévorer sa vie.

Louise Boutard

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« Le CDI, c’est tellement pas fun ! »

 Julien Gault, 28 ans, est un touche-à-tout. Depuis la fin de ses études, il jongle avec les boulots. Pour lui, impossible de s’enfermer dans un CDI. Slasher est synonyme de liberté.

Il est intermittent du spectacle, youtubeur et avant tout, slasheur. Il alterne entre job alimentaire et « passion ». Le chemin de Julien Gault vers l’audiovisuel n’était pourtant pas tout tracé. En revanche, l’envie de ne pas « s’enfermer dans un CDI », elle, a toujours été présente. Un besoin constant de changer d’air pour « casser la routine du travail ». Etre « slasheur » est un terme que Julien Gault connaît depuis longtemps, c’est devenu son mantra.

« Tous les petits boulots que j’ai faits m’ont aidé à avancer »

Le jeune homme de 28 ans se fait même l’ambassadeur des pluriactifs. « Julien Gault – “Le slasheur“ », c’est ainsi qu’il se qualifie sur sa page Facebook. « On m’a souvent dit “on ne peut pas faire plusieurs choses à la fois“ », raille-t-il d’une voix douce. Il a l’impression que la société cherche à faire entrer ses jeunes travailleurs dans un moule. « On nous apprend à rester 40 ans dans une même boite. Ce n’est pas pour moi. Les choses ont évolué. Tous les petits boulots que j’ai faits m’ont aidé à avancer. Il faut voir le slashing comme une porte vers de nouveaux horizons », théorise-t-il.

« Avoir un CDI ne correspond pas à mes attentes »

Des métiers, Julien Gault en a enchaînés. A 21 ans, après un parcours scolaire qu’il qualifie de « lambda », le jeune homme aux yeux noisette ne sait pas quelle direction prendre. Il retourne dans son ancien lycée de Charente-Maritime pour être assistant d’éducation. Quelques mois plus tard, changement de ville et de métier. Il devient vendeur chez Apple. « C’était mon rêve. Je suis un gros geek, j’adore tout ce qui touche aux nouvelles technologies », confie-t-il, des étoiles plein les yeux. Il passe deux ans dans la boutique de Montpellier mais l’ennui le rattrape. « A l’Apple store, mes tâches étaient diverses mais répétitives, ça allait de la vente à l’animation d’ateliers d’apprentissage. Avoir un CDI et faire carrière dans une seule branche, ça ne correspond pas à mes attentes professionnelles ».

Alors le jeune homme file aux Etats-Unis, où il est garçon au pair pendant un an et demi. C’est à San Francisco qu’il a l’idée de lancer sa chaîne Youtube. « J’y fais de l’animation. A mon retour en France, j’ai eu envie d’essayer de travailler pour la télé », explique ce touche-à-tout. Depuis, il gère en même temps son métier de casteur et sa chaîne Youtube. Il a créé une émission : Crazy Interviews, « le but est de casser le modèle classique et ennuyant des interviews, et de les faire dans des lieux insolites comme une salle de sport, ou un manège », explique-t-il.

Et si une envie de stabilité lui prenait un jour, abandonnerait-il le slash ? « C’est compliqué d’acheter un appartement quand on est slasheur, par exemple. Mais … le CDI, c’est tellement pas fun ! » s’amuse-t-il.

 

Ambre Lepoivre

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Google is watching you : un espion dans ma poche

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Entre illégalité et voyeurisme, Internet dispose, aujourd’hui, des ressources nécessaires pour surveiller un internaute, référencer ses recherches, optimiser ses achats selon ses envies et sa personnalité, ou encore connaître l’endroit exact où il se trouve. Le business des données personnelles sur Internet est en plein boom, mais les GAFA contrôlent 95 % du marché.

Google Chrome remplit les formulaires à la place de l’utilisateur, YouTube déniche les vidéos susceptibles de l’intéresser, les réseaux sociaux accèdent à son répertoire pour lui proposer de se faire de nouveaux amis. A chaque fois qu’un site web est consulté, Internet en sait plus sur l’utilisateur ; d’où il vient et où il va.

Les utilisateurs de smartphones installent en moyenne 26 applications, dont la plupart sont gratuites. Certaines d’entre elles traquent sans relâche et géolocalisent l’endroit exact où ils se trouvent. D’autres transmettent les informations personnelles de l’internaute, ses habitudes de consommation et ses centres d’intérêt à des compagnies publicitaires qui l’utilisent comme un cookie, ce petit fichier qui enregistre leurs activités sur la page internet, sur un navigateur pour lui envoyer des publicités ciblées.

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L’internaute visite un site internet, sans savoir que des plateformes tierces se greffent à la recherche et reçoivent une notification à chaque fois qu’il navigue sur la page. Certains d’entre eux sont des traqueurs, des sociétés de collecte de données qui comparent le site sur lequel l’utilisateur est actuellement en train de naviguer avec ceux déjà visités. En d’autres termes, le tracking est une industrie opaque qui génère des milliards avec ce qu’elle sait de chacun d’entre nous. Mais si nous n’avons rien à cacher, pourquoi s’inquiéter d’être surveillé ? Ce que l’utilisateur publie en ligne affecte tout le monde. Faire partie du système de collecte de données, c’est accepter de devenir un élément comparatif à d’autres personnes, et que ses propres données soient utilisées à cet escient. Plus une application connaît ses utilisateurs, mieux elle fonctionne.

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L’économie de la surveillance

Le web d’aujourd’hui est construit de manière à ce que l’internaute publie, commente, aime, achète davantage. Les traces laissées derrière soi sur le Net sont devenues une industrie extrêmement lucrative. Les datacenters, ces immenses centres de traitement de données, fleurissent un peu partout dans le monde. Facebook a dépensé plus de 1 milliard de dollars en infrastructures en 2011, dont une large partie pour financer ces gigantesques réservoirs à données, situés dans l’Oregon, en Caroline du Nord, en Virginie, en Californie… Il en va de même pour Google. Selon IBM, 90% des données hébergées par les disques durs et les serveurs ont été collectées au cours de ces deux dernières années. Les GAFA représentent, à eux seuls, 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, soit plus de 800 milliards cumulés en Bourse. L’innovation n’a plus de limite, et les quatre géants du Web entendent faire de nos données personnelles une arme efficace pour accroître leur business. Mais parfois, la tendance s’inverse. Criteo en est l’un des parfaits exemples. Le géant français spécialisé dans le ciblage publicitaire sur internet s’est effondré à Wall Street, le 14 décembre dernier. L’impact d’une nouvelle fonctionnalité déployée par Apple, l’ITP pour Intelligent Tracking Prevention. Cette nouvelle version du système d’exploitation iOS 11.2 empêche le suivi publicitaire, au coeur de la technologie de Criteo, pour suivre les utilisateurs du navigateur Safari. Ironie du sort ? En 2018, le chiffre d’affaires de Criteo devrait être coupé de 22 %. Comme le rappellent les professionnels du marketing, « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».

Marie Lecoq


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Le numérique : portrait d’un usager moderne

Vivre à l'heure des nouvelles technologies ( campus de l'Ecole polytechnique)
Le 12 août 1981, le géant américain IBM lançait son premier ordinateur personnel. Dix ans plus tard, le premier site web était créé dans un laboratoire. Aujourd’hui, les trois quarts de la population française se connectent quotidiennement à Internet. Comment fonctionne l’internaute moderne ? Tour d’horizon.

Le numérique change nos modes de consommation, nos interactions avec les autres et peut même provoquer des addictions. 73% des Français sont équipés d’un Smartphone, 59% sont utilisateurs des réseaux sociaux. Les géants du web GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) pèsent aujourd’hui des milliards de dollars. La vie dans l’ère du numérique n’a rien à voir avec celle d’avant.


Source : CREDOC, Enquêtes sur les “Conditions de vie et les Aspirations”

Il participe à l’économie collaborative

L’avènement du numérique a permis, depuis quelques années, le développement d’un tout nouveau secteur de l’économie : l’économie collaborative. Il s’agit des plateformes d’échange de biens et de services entre particuliers. L’usager du numérique moderne peut aujourd’hui réserver un appartement pour ses vacances via une application, trouver un covoiturage sur un site web ou réaliser un projet grâce aux fonds récoltés sur les plateformes de financement participatif. L’application collaborative ayant connu le plus grand succès jusqu’ici : Airbnb. Fondée en 2008, elle met en relation les propriétaires de biens immobiliers et les particuliers pour des locations à court terme. Mais la belle idée de « séjourner chez l’habitant » a vite dégénéré. Dans la capitale française par exemple, nombreux propriétaires louent leurs appartements uniquement via la plateforme et, en quête de profits plus importants, refusent des contrats à long terme, contribuant à la hausse de prix de location des biens. La ville de Paris essaie de lutter contre ces pratiques. Lundi dernier, elle a mis en demeure cinq sites, dont Airbnb, proposant des locations de meublés touristiques. Ces plateformes sont obligées de retirer les annonces ne possédant pas de numéro d’enregistrement, désormais requis par la ville de Paris.

Il fait son shopping et ses démarches administratives chez soi

Le numérique a chamboulé nos modes de consommation. Le commerce en ligne permet aujourd’hui aux internautes de faire tous leurs achats à partir de chez eux. De la réservation des billets de train ou d’avion, en passant par l’achat des vêtements et en terminant par l’alimentation, tout peut s’acquérir en deux clics via les sites web spécialisés. La Fédération du e-commerce et de la vente à distance estime qu’en 2017, les Français auront dépensé 80 milliards d’euros pour leurs achats en ligne.

Source : CREDOC, Enquêtes sur les “Conditions de vie et les Aspirations”

En plus des courses, l’internaute moderne fait ses démarches administratives sur le web. Déclarer ses revenus, payer une amende, s’inscrire à l’université ou demander son acte de naissance… Les services en ligne permettent aujourd’hui de remplir toutes ces tâches administratives contraignantes sans sortir de chez soi et 67% des Français en ont déjà profité. Depuis le 6 novembre, les cartes grises, par exemple, ne s’obtiennent plus qu’en ligne. Mais ce glissement vers le numérique peut être pénalisant pour certains, notamment pour les seniors, peu à l’aise dans ces nouveaux modes de fonctionnement et ceux qui vivent en “zones blanches”: les endroits où Internet à haut débit ne passe pas.

Il est actif sur les réseaux sociaux…

Avec les réseaux sociaux les relations humaines évoluent. Aujourd’hui, rester en contact avec des personnes vivant à l’autre bout du monde est devenu une évidence. En juin dernier, l’un des grands GAFA, Facebook, a passé la barre des deux milliards d’utilisateurs actifs par mois. La plateforme est aujourd’hui un outil indispensable dans le quotidien de 33 millions de Français. Désormais, ils se tournent vers Facebook pour prendre des nouvelles de leurs proches, organiser des événements, exprimer leurs opinions politiques et même se signaler en sécurité lors des catastrophes naturelles ou des attentats.

graph internet graph internet2Mais Facebook inquiète aussi. En encourageant la communication, le site web facilite également des nouvelles formes de violence: 40% des élèves français disent avoir déjà subi le cyber-harcèlement.

La plateforme est gratuite car elle produit chaque jour des données personnelles: les mentions “j’aime”, les photos… Elle les collecte et analyse afin de vendre de la publicité et se monétiser. Les réseaux sociaux sont aussi accusés de créer chez ses utilisateurs une dépendance. Les “likes” et les commentaires que reçoivent les internautes “créent des boucles fonctionnant sur la dopamine”, a constaté lors d’un débat à la Stanford Graduate School of Business Chamath Palihapitiya, ancien vice-président en charge de la croissance de l’audience de Facebook.

…et il profite d’un droit à l’oubli qui n’est pas encore clair.

Grâce à Google, il est possible de trouver toutes sortes d’informations, même celles qui pourraient être sensibles pour certains. Le droit à l’oubli, appelé autrement “déréférencement” (la suppression de certains résultats) se trouve actuellement au coeur des débats entre la Commission nationale de l’informatique et des libertés et Google. Aujourd’hui, dans l’Union Européenne, les internautes peuvent exiger la suppression des informations nominatives s’ils sont en mesure de démontrer qu’elle sont inadéquates, excessives ou inexactes. Mais le droit à l’oubli, tel qu’il existe aujourd’hui en France, pose un problème: comment appliquer le déréférencement sur Google au niveau mondial, alors qu’il s’agit d’une mesure européenne ? Aujourd’hui, si le moteur de recherche a été forcé par une décision de justice de supprimer des liens URL concernant une personne, c’est seulement sur l’extension française de Google.fr qu’ils ne sont plus trouvables. Sur Google.com ou sur d’autres extensions, le contenu sera toujours référencé.

L’usager moderne du numérique est hyper-connecté. C’est sur les réseaux sociaux qu’il échange avec ses proches, c’est par mail qu’il communique avec son travail, c’est en ligne qu’il fait son shopping. Le numérique, l’utilisateur moderne l’a adopté totalement, en oubliant parfois ses côtés obscurs.

Malgo Nieziolek


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