F1 : Place à l’Azerbaïdjan !

La Formule 1 entame sa dernière partie de saison hors d’Europe, à Baku, ce week-end pour le dix-septième rendez-vous de la saison 2024. Le coup d’envoi de l’épreuve azerbaïdjanaise aura lieu ce vendredi avec les premiers essais libres.

Deux semaines après la fin de la saison européenne qui s’est achevée sur la victoire surprise de Charles Leclerc et Ferrari, la Formule 1 prend la direction des rues de Baku (Azerbaïdjan) pour la 7e fois de son histoire. Présente au calendrier depuis 2016, la course azerbaïdjanaise réserve toujours son lot de surprises en raison de son tracé sinueux long de 6,003km et ses faibles dégagements qui ne tolèrent aucune erreur.

Ce 17e rendez-vous de la saison est très attendu par l’écurie Red Bull Racing qui ne s’est plus imposée depuis le Grand-Prix d’Espagne, en juin dernier. L’équipe autrichienne détient le record de victoire sur ce tracé avec quatre succès. Contrairement aux années précédentes, la suprématie de Red Bull est désormais de plus en plus contestée par McLaren, deuxième au championnat constructeur avec 8 points de retard, et par Ferrari, troisième avec 36 points de retard seulement. Au classement des pilotes, Max Verstappen contrôle encore la situation avec 303 points au compteur, et une confortable avance de 62 points sur son dauphin, Lando Norris.

 

Perez sous surveillance

Baku, 12/09/2024 – Sergio Perez (Red Bull) marche dans le paddock du Grand-Prix d’Azerbaïdjan. Photo : James Sutton / Getty Images.

Reconduit pour la saison 2025 chez Red Bull, Sergio Perez, dernier vainqueur en date, sera très surveillé sur cette piste qui lui réussit plutôt bien avec deux succès et quatre podiums. Le coéquipier de Max Verstappen ne s’est plus imposé depuis 2023 et peine à retrouver le chemin des podiums. Pire encore, ces récentes contre-performances permettent à McLaren, Ferrari et Mercedes de revenir au championnat des constructeurs.

Ferrari sur sa lancée de Monza ?

 

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Fort d’une victoire surprise à domicile à Monza (Italie), la Scuderia Ferrari n’est toujours pas parvenue à s’imposer dans les rues de Baku alors qu’elle y a décroché les trois dernières pole position avec Charles Leclerc (2021, 2022, 2023) et comptabilise le record de pole position sur ce circuit. La récente bonne dynamique insufflée depuis le retour de la trêve estivale permettra-t-elle à l’équipe de Maranello de transformer la pole position en victoire cette saison ?

Magnussen suspendu, Ollie Bearman le remplace

A la suite d’un contact avec Pierre Gasly (Alpine) lors du Grand-Prix d’Italie, Kévin Magnussen (Haas F1 Team) s’est vu infliger une pénalité de 10 secondes pendant la course et retirer deux points sur sa licence. En sursis depuis le Grand-Prix de Miami, le Danois a perdu l’ensemble de ses 12 points sur sa licence, synonyme d’une course d’exclusion.

 

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Pour pallier cette exclusion, l’écurie américaine Haas F1 Team a fait appel à son pilote réserviste, Ollie Bearman, qui remplacera Kévin Magnussen la saison prochaine. A Baku, le pensionnaire du Prema Team en Formule 2 disputera son deuxième départ en F1, mais son premier week-end complet en catégorie reine.

Le Britannique âgé de 19 ans avait brillement remplacé au pied levé Carlos Sainz (Ferrari) en Arabie Saoudite, victime d’une crise d’appendicite. Il était parvenu à accrocher la 7e place à l’arrivée du Grand-Prix, devançant ses compatriotes expérimentés Lando Norris (8e) et Lewis Hamilton (9e). Si l’objectif de marquer des points s’annonce plus compliqué, ce sera l’occasion pour le pilote britannique d’engranger une première expérience en course avec Haas F1 Team en vue de la saison prochaine.

150e départ d’Esteban Ocon en F1, Viry-Châtillon toujours mobilisé

31/08/2024 – Monza (Italie) Esteban Ocon à l’attaque lors des qualifications du dernier Grand-Prix d’Italie à Monza. Photo Andrej Isakovic / AFP)

Le pilote français Esteban Ocon (Alpine) célèbrera son 150e départ en Grand-Prix ce week-end. Le pilote originaire de Normandie a hâte d’en découdre alors qu’il occupe actuellement la 18e place du championnat pilote : « Les dernières courses ont été difficiles pour notre côté du garage, donc nous sommes impatients de reprendre la piste et de tirer le maximum du week-end ».

Une situation délicate marquée par des tensions internes au sein de l’écurie française, entre son département aérodynamique établi à Enstone (Angleterre) et son département moteur à Viry-Châtillon (France).

Les récentes rumeurs font état d’une fin de l’engagement du groupe Renault en tant que motoriste en Formule 1. Depuis, les salariés de Viry-Châtillon se mobilisent pour sauver le programme F1 en menant différentes actions à Monza lors du Grand-Prix d’Italie, et ce jeudi devant le siège historique de Renault à Boulogne-Billancourt.

Les horaires

Vendredi 13 septembre :

Essais Libres 1 : 11h30 – 12h30
Essais Libres 2 : 15h00 – 16h00

Samedi 14 septembre :

Essais Libres 3 : 10h30 – 11h30
Qualifications : 14h00 – 15h00

Dimanche 15 septembre

Course : 13h00

Photo de Une : Alex Pantling / Getty Images

Alexandre Delaitre

Présidentielle américaine 2024 : en difficulté lors du débat, Donald Trump maintient le flou sur l’avortement

L'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump s'exprime lors d'un débat présidentiel au National Constitution Center à Philadelphie, Pennsylvanie, le 10 septembre 2024. (Photo : Saul Leob / AFP)

Il a bien évidemment été question d’avortement lors de la première (et dernière ?) joute verbale entre les deux candidats à l’élection présidentielle américaine, ce mardi 10 septembre sur ABC. Donald Trump n’a eu d’autres choix que le funambulisme sur la position « pro-life » voulue par sa base mais perdante électoralement.

« Il n’y a aucun État dans ce pays où tuer un bébé après sa naissance est légal. » Telle est la vérification qu’a dû apporter la journaliste Linsey Davis, qui animait le débat présidentiel entre Donald Trump et Kamala Harris sur ABC ce mardi 10 septembre, après une tirade de l’ancien président des États-Unis sur l’avortement. L’ancien président s’est montré hésitant sur ce sujet qui polarise la société américaine, tout en répétant le mensonge que les Démocrates souhaitent autoriser l’avortement jusqu’à après la naissance. La séquence, largement en sa défaveur, illustre le numéro d’équilibriste que joue Trump. Si ses militants prônent une interdiction totale de l’avortement, l’électorat reste favorable à un rétablissement de ce droit.

Ce premier débat présidentiel entre Donald Trump et Kamala Harris s’est, de l’avis des observateurs et des sondés, soldé par une victoire de l’actuelle vice-présidente. L’avortement n’y est pas pour rien. « Passer autant de temps, par égo, sur ce sujet est sûrement la pire erreur qu’il pouvait faire, confirme Lakshya Jain, analyste électoral et co-fondateur de Split-Ticket.org. Il s’agit de la position républicaine la plus impopulaire. Il ne peut pas, en tant qu’homme républicain, gagner un débat contre une femme démocrate sur ce terrain. » Selon un sondage instantané conduit par CNN, 63% des téléspectateurs estiment que Harris a livré une meilleure performance que Trump.

Un flou cultivé de longue date

Le 45e président des États-Unis a ainsi tourné autour du pot sur une potentielle interdiction de l’avortement dans tout le pays. Jusqu’à désavouer son colistier J.D. Vance, lequel a déjà affirmé son soutien à une telle mesure : « Je ne lui ai pas parlé de ce sujet, pour être honnête, balbutie Donald Trump lorsque la journaliste Linsey Davis le pousse à répondre par oui ou par non. Qu’il ait ses propres opinions ne me dérange pas, mais je ne veux pas qu’il parle en mon nom. »

À la défense de J.D. Vance, il faut dire que la position de Donald Trump sur l’avortement n’est pas très lisible. Celui qui se surnomme « le président le plus pro-life de l’histoire » soutient historiquement le mouvement anti-avortement et les propositions de loi pour une interdiction fédérale. Mais rien que cette année, il a un temps suggéré une interdiction fédérale après la quinzième semaine de grossesse avant de revenir à l’idée de laisser la liberté à chaque État, comme c’est le cas actuellement. Il a même avancé, dans un message sur son réseau social Truth, que son mandat serait « formidable pour les femmes et les droits reproductifs ». Puis, il y a quelques semaines, en Floride, il a de nouveau créé la confusion en s’opposant puis en soutenant, à 24 heures d’intervalle, une interdiction de l’avortement après six semaines de grossesse.

Réelle incertitude ou brouillage de piste ? Le flou de Donald Trump sur l’avortement s’explique par les résultats électoraux catastrophiques de la position « pro-life » depuis que la Cour suprême a signé la fin du caractère constitutionnel du droit à l’avortement en juin 2022. Dans les urnes comme dans les sondages, les candidats démocrates qui se battent pour protéger ou rétablir ce droit surperforment face aux républicains anti-avortement. Même son de cloche du côté des référendums, dont certains se tiendront dans des États-clefs en même temps que l’élection présidentielle le 5 novembre prochain.

Pour Trump, l’arrêt de la Cour suprême est un accomplissement

Mais Donald Trump reste fier d’avoir marqué le cours de l’histoire en tant que véhicule législatif et judiciaire de la droite religieuse. Renverser la jurisprudence Roe contre Wade, qui consacrait depuis 1973 le droit à l’avortement dans la Constitution au nom de la vie privée, constituait une mesure prioritaire de sa campagne en 2016. Une condition sine qua non pour que les mouvements évangélistes chrétiens, dont c’est l’objectif assumé de longue date, accordent leur confiance à une personnalité aussi sulfureuse. Durant son mandat, Trump a nommé plus de 200 juges conservateurs au niveau fédéral, dont 3 des 6 juges de la Cour suprême qui ont renversé Roe contre Wade.

 

Derrière l’aboutissement de ce combat judiciaire s’étalant sur trois décennies, une lecture « originaliste » de la Constitution. Elle plaide pour une interprétation du texte suprême qui s’appuie sur les supposées pensées de ses rédacteurs originels. Cela permet de simplement débattre sur ce qu’autorise la Constitution et d’éviter le fond du sujet, alors que l’on devine l’avortement assez éloigné des préoccupations de Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et James Madison.

Quant à l’attachement aux « droits des États », c’est une pièce dans la machine à séduction des anciens bastions du Sud confédéré. Les conservateurs y ont toujours revendiqué cette indépendance envers l’État fédéral pour protéger leur droit à l’esclavage puis à la ségrégation. La fracture mesure aujourd’hui la polarisation autour de l’avortement. Depuis 2022, 22 États ont rendu l’avortement illégal quand 21 autres en ont renforcé l’accès.

Matthias Troude

Crédit photo : Saul Leob / AFP

En Allemagne, le cordon sanitaire plie mais ne rompt pas

Sahra Wagenknecht, fondatrice du BSW, donne une conférence de presse à Berlin le 2 septembre 2024, le lendemain des élections régionales de Thuringe et de Saxe. (Photo : John Macdougall / AFP)

L’extrême droite a gagné des élections régionales allemandes pour la première fois depuis la fin du IIIe Reich, mais reste privée de gouvernement. En face, la coalition dite de « la mûre » tente de marier des partis que presque tout oppose au nom du cordon sanitaire.

Le feu tricolore, le Kenya, et désormais la mûre. La baie pourrait donner son nom à la toute nouvelle coalition dont les contours s’imaginent en Allemagne, dans les Länder de Thuringe et de Saxe, après les élections du 1er septembre qui ont vu l’Alternative für Deutschland (AfD) atteindre un score historique. Cette coalition « mûre », car noire, violette et rouge, regrouperait l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre droit, l’inclassable nouvelle Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), et le Parti social-démocrate (SPD) de centre gauche, qui mettraient de côté leurs différends pour empêcher l’extrême droite de gouverner. Le même schéma pourrait se répéter dans le Brandebourg, autre Land d’ex-Allemagne de l’Est, le 22 septembre prochain. Une coalition contre nature qui met le cordon sanitaire à rude épreuve.

C’est le BSW qui attire tous les regards, ayant obtenu le deuxième total de sièges le plus important parmi les partis prétendants à la coalition. La nouvelle alliance, fondée par l’éponyme Sahra Wagenknecht, est issue d’une scission fin 2023 des marxistes de Die Linke, qui reprochent au parti une approche de la gauche trop citadine. « Son idéologie est difficilement classable », analyse Nathalie Le Bouëdec, professeure de civilisation allemande à l’Université de Bourgogne. Alors que le BSW a conservé la plupart du parti économique de Die Linke, il prend une ligne « conservatrice notamment sur l’immigration, sujet très central en Allemagne, mais aussi sur la famille et la transidentité ». Assez pour plaire à la CDU, plus droitière dans l’est du pays ?

Un mariage forcé qui fait débat

L’échelle de gouvernement, ici régionale, facilite les négociations. Car si le BSW prône principalement l’abandon de l’aide à l’Ukraine et un rapprochement avec Vladimir Poutine – ce qui est hors de question pour la CDU et le SPD –, cette revendication ne trouve que peu de résonance dans un parlement régional. Du reste, la CDU, partenaire se gratifiant du plus de sièges, navigue en eaux troubles. Le programme du BSW présente des non-dits importants qui rendent les accords difficiles. Paradoxalement, le flou idéologique, tout comme l’absence d’historique entre BSW et CDU, peut aussi rendre une alliance plus facile à justifier auprès des militants de cette dernière.

Mais à la CDU, « la coalition reste très contestée en interne », tempère Nathalie Le Bouëdec. La partie économique du programme de Die Linke, que l’on retrouve donc dans celui de BSW, fait partie des raisons pour lesquelles « la CDU n’a jamais voulu avoir quoi que ce soit à faire avec Die Linke ». La coalition « mûre » est donc encore loin d’être conclue. « On vante souvent la capacité des Allemands à faire des compromis, mais là, on atteint les limites de la cohérence politique », observe la professeure.

La CDU, le BSW et le SPD peuvent néanmoins converger sur quelques points. Les trois partis veulent tirer les leçons du Covid-19 pour revoir leur politique sanitaire. Tous veulent aussi mieux pourvoir les zones rurales en services publics. Puis, la CDU comme le BSW veulent mettre fin à l’immigration – et le SPD d’Olaf Scholz vient de durcir sa ligne à l’échelle nationale.

Un cordon qui s’effrite sur le fond ?

Ce revirement de la coalition gouvernementale de centre-gauche sur l’immigration illustre justement la pression grandissante qui pèse sur le cordon sanitaire. Les alliances contre nature « peuvent aussi faire débat chez les électeurs, ajoute Nathalie Le Bouëdec. Pour l’instant, il tient […] car il s’agissait des sections de l’AfD les plus radicales avec un néo-nazi à la tête de la liste en Thuringe, mais la pression s’accroît. »

C’est cette pression, accentuée par le récent attentat de Solingen, l’abyssale popularité d’Olaf Scholz et les résultats électoraux catastrophiques des partis gouvernementaux en ex-République démocratique d’Allemagne, qui a poussé les Verts et le SPD à adopter des politiques plus sévères sur l’immigration à un an des élections fédérales. Premier test le 22 septembre dans le Brandebourg. Si le SPD devrait pouvoir compter sur la banlieue de Berlin pour freiner l’hémorragie, l’AfD reste favorite des sondages.

Matthias Troude

Crédit photo : John Macdougall / AFP

Tim Burton : une esthétique blanche qui noircit l’écran

C’est le grand retour de Tim Burton au cinéma. Beetlejuice beetlejuice est sorti en salle le 11 septembre et si le retour d’un de ses personnages les plus emblématique a su ravir les fans, sur Internet, les réactions face au casting se sont faites nombreuses. C’est la fameuse « esthétique » blanche du réalisateur qui dérange. Pourquoi Tim Burton refuse la diversité ?

Winona Ryder, Monica Bellucci, Michael Keaton : à première vue, rien à reprocher. Seulement voilà, c’est sans compter les dernières polémiques qui ont bousculé le travail du maître de l’esthétique gothique et sombre. Lors de la sortie de la série Mercredi, avec Jenna Ortega en tête d’affiche, les communautés racisées ont tenu à pointer du doigt la rareté des personnages de couleurs porté à l’écran par Tim Burton. Et de fait, en 31 ans de carrière, on dénombre très peu de personnages noirs. Un seul dans Miss Peregrine et les enfants particuliers, avec Samuel L. Jackson qui incarne le vilain de l’histoire et plus tard dans Mercredi avec Joy Sunday et Iman Marson, des « méchants ». Alors à l’annonce du nouveau film, des premières réactions sur Tik Tok n’ont pas tardé à pleuvoir et les accusations de racisme à l’encontre de Tim Burton ont refait surface.

Il faut dire que le réalisateur aux citrouilles et à l’humour noir a plusieurs fois justifié ses castings entièrement composés de personnes blanches avec une maladresse qui n’est pas passée. En 2016, alors qu’on lui reprochait le manque de diversité dans Miss Peregrine et les enfants particuliers, il avait répondu : « Je me souviens que, lorsque j’étais enfant, je regardais l’émission The Brady Bunch et qu’ils commençaient à devenir politiquement corrects. Par exemple, on peut avoir un enfant asiatique et un enfant noir. Ça m’offusquait plus que… J’ai grandi en regardant des films de blaxploitation. Et j’ai dit, c’est super. Je ne me disais pas qu’il devrait y avoir plus de blancs dans ces films ». D’ailleurs, lorsqu’on lui demande pourquoi ses castings sont très peu diversifiés, sa réponse est souvent la même : les personnes noires ne collent pas avec son « esthétique ». Car cette fameuse esthétique correspond surtout à des tons pâles, une peau diaphane, des joues creusées et de grands yeux cernés.

Burton reste Burton

Avec le nouveau Beetlejuice beetlejuice, nombreuses se font les réactions. Pour montrer que les personnes racisées peuvent jouer dans des ambiances burtoniennes, l’on voit sur les réseaux la communauté noire se filmer avec un filtre aux traits caractéristiques des personnages des Noces funèbres et déjà les réactions pleuvent.

@yourlocdgirlfriend U tell me #fypシ #foryou #timburton #locs ♬ Tears to Shed – Tim Burton’s Corpse Bride Soundtrack-Helena Bonham Carter, Jane Horrocks And Enn Reitel


Car la seule scène de Beetlejuice beetlejuice à montrer des personnes racisées à l’écran est une scène de danse sur du jive où tous les clichés du disco sont réunis.

@boymommylife2 This was some mess frfr#fyp #beetlejuixebeetlejuicebeetlejuice #beetlejuice #likemyvideos🥺❤4kشكراا #timburtonracist #jive ♬ original sound – Boymommylife2

Sous cette vidéo, parmi les commentaires on retrouve : "Tout ce que l'on sait faire c'est danser le jive".

Pour Fleur Hopkins-Loféron, directrice du Labo des histoires à Paris, historienne des images et auteur du livre Mercredi Addams. Icône gothique, il ne faut pas s’emparer des réactions de Tim Burton par le biais du racisme.  Il s’agit plutôt de se demander si Tim Burton est « une icône ou un cliché ». « L’esthétique de Tim Burton, c’est d’abord une manière de revisiter les contes de fée » avec un soupçon d’horreur car Tim aime faire peur. « Mais après, il se pastiche, il joue Tim Burton. Lorsque l’on regarde le clip Predictable de Good Charlotte, on reconnait les décors d’Eward aux mains d’argent, les chanteurs se déplacent toujours dans les mêmes environnements. » En fait, plutôt que de voir dans les choix de Tim Burton un racisme assumé, force est de constater que le réalisateur « a beaucoup de mal à renouveler son univers ». Quand on est face à du Burton, on le sait.

Racisme ou passéisme ?

Ce qui reste néanmoins incompréhensible pour Fleur Hopkins-Loféron c’est que Tim Burton arrive à sans cesse à « réinvestir ses propres clichés : une esthétique éthérée, longiligne, de grands yeux chez les femmes et des hommes qui rappellent le romantisme allemand, une fragilité » mais il semble incapable de réinventer ses personnages en donnant des rôles à des personnes racisées. « C’est étrange qu’il ne se saisissent pas de manière contemporaine de cette diversité. Burton nous montre qu’il n’a rien appris de J. K. Rowling et pourtant les créateurs ont un devoir d’exemplarité. Pour Tim Burton, c’est plutôt qu’il ne se sent pas concerné par le fait de représenter la diversité ».

Si les films de Disney travaillent largement sur la diversité des représentations, Tim Burton « a un temps de retard » affirme Fleur Hopkins-Loféron. Bien sûr, l’on retrouve la culture latino dans la série Mercredi, mais non seulement celle-ci n’est pas vraiment revendiquée et en plus elle est très stéréotypée. « Le personnage de Mercredi est certes latino mais présenté selon un point de vue américain. Les musiques qu’elle écoute sont hyper clichées. » Pourtant, dans cette culture latino, on retrouve des personnages d’envergure qui pourraient largement inspirer Tim Burton. En citant Blade (1998) ou La reine des damnés (2002), Fleur Hopkins-Loféron fait référence à ce mouvement de l’horreur féminin latino : le latinx horror, qui a des ingrédients burtonniens. L’historienne des images le résume la drôle de position du réalisateur en une phrase. Finalement « Tim Burton tombe dans une vision passéiste d’il y a dix ans ».

Eléonore Claude