De Mesmer à Milton Erickson : retour sur l’histoire de l’hypnose
L’hypnose semble avoir existé dès la Grèce antique, mais gagne sa célébrité au XVIIIe siècle. Dix ans avant la Révolution française, le médecin viennois Franz Anton Mesmer s’installe à Paris. En 1778, sa théorie du « magnétisme animal » se développe et investit les salons parisiens, connue également sous le nom de mesmérisme. Selon lui, l’univers est empli d’un fluide qui connecte les hommes, la terre et les animaux entre eux. Il peut être utilisé de manière thérapeutique quand il est canalisé et redistribué par un magnétiseur. A l’époque, cette conception fascine autant qu’elle inquiète. Dans la sphère médicale, l’hypnose est jugée contraire aux bonnes mœurs.
Au XIXe siècle, le professeur Charcot utilise l’hypnose pour étudier les symptômes de ce qui était appelé l’hystérie. Puis au début du XXème siècle, l’hypnose n’éveille plus le même intérêt. Cependant, elle est à nouveau beaucoup utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale car elle permet d’apaiser des soldats victimes de troubles post-traumatiques.
Les hypnothérapeutes sont aujourd’hui très influencés par les travaux de Milton Erickson au début du XXe siècle. Ce psychiatre américain étudie d’abord les méthodes classiques d’hypnose avant de créer sa propre technique, fondée sur le respect du sujet. Celui-ci n’est plus plongé dans un sommeil absolu mais est éveillé et actif. Il découvre également la technique de l’autohypnose, qui permet de se mettre soi-même en léger état de transe.
Nolwenn Autret et Aglaé Gautreau
Soigner soi-même ses addictions grâce à l’autohypnose
Trois questions à Alexandre Lockert, psychologue clinicien et psychothérapeute spécialisé en hypnothérapie.
Qu’est-ce que l’autohypnose ?
C’est le fait de se faire de l’hypnose à soi-même. L’hypnose, c’est rentrer à l’intérieur de soi, c’est-à-dire utiliser un état modifié de conscience pour accéder à son inconscient, notre structure psychologique, où se trouvent nos émotions, nos souvenirs, notre mémoire, nos expériences, … Ce serait apprendre à mettre de côté notre petit mental, notre logique, pour pouvoir accéder à tout ce monde d’émotions. Parfois, on essaye de changer mais on n’y arrive pas. Par exemple, j’ai envie d’arrêter de fumer mais je n’y arrive pas. Qu’est-ce qui fait que ça bloque ? C’est que ma structure psychologique tourne en boucle. Des schémas se répètent et je n’arrive pas à les changer. Il faut mettre de côté le mental, pour accéder à l’inconscient, pour ensuite travailler sur ces mécanismes et mettre en place des changements. Faire de l’autohypnose, ce serait se recentrer sur soi et retrouver ses émotions.
Comment peut-on s’autohypnotiser ?
D’abord, il faut apprendre ce que c’est l’autohypnose. Soit on suit une formation, soit on regarde dans des livres, soit on regarde des vidéos sur Internet. C’est de la pratique et de l’entraînement. C’est comme le vélo. Au début, généralement, on a les petites roues. Au bout d’un moment, on les enlève et on n’y arrive pas soi-même. Les premiers procédés sont les focalisations : se focaliser sur son corps, sur le souffle, sur quelque-chose que l’on peut observer devant soi. À force de me focaliser, je vais commencer à oublier tout ce qui se passe autour de moi.
Exercice d’autohypnose:
Pour quel type d’addiction l’autohypnose fonctionne-t-elle le mieux ?
Alors, ça marche très bien pour l’arrêt du tabac. Il y a eu un effet de mode il y a une petite dizaine d’années. Après ça fonctionne pour toutes les addictions. Mais certaines sont plus compliquées que d’autres. Par exemple, les addictions aux stupéfiants, notamment l’héroïne. Quand il y a une dépendance, il faut un suivi médical en plus du suivi psychologique, c’est important. L’autohypnose ne va pas forcément enlever tous les symptômes de manque.
Nolwenn Autret et Aglaé Gautreau
La mise sous curatelle, la solution pour les formes sévères d’oniomanie
Selon le site Service public, la curatelle est « une mesure judiciaire destinée à protéger un majeur qui, sans être hors d’état d’agir lui-même, a besoin d’être conseillé ou contrôlé dans certains actes de la vie civile ». Elle peut être demandée par la personne ou son médecin. Le juge des contentieux de la protection désigne un ou plusieurs curateurs. Jean-Pierre, acheteur compulsif, en a bénéficié lorsqu’il était au bord du surendettement. Comme lui, 83% des personnes addictes aux achats seraient endettées, selon une étude du docteur Aymeric Petit. Si la curatelle renforcée peut être levée ou prolongée tous les cinq ans, Jean-Pierre souhaite la renouveler une deuxième fois car, selon lui, « en sortir tout de suite serait prématuré » : « J’ai peur de retomber dans les travers qui m’ont poussé à demander la curatelle […] maintenant que ma situation financière s’est assainie, j’ai pu même reconstituer une épargne et réaliser des investissements qui auraient été impossibles sans la curatelle ».
Juliette Picard & Laura Pottier