Procès de Rédoine Faïd : « Une affaire hors norme » rejugés aux Assises de Paris

Huit hommes dont le braqueur multirécidiviste, Redoine Faïd, sont rejugés jusqu’au 13 avril aux assises de Paris. Ce procès jugera les protagonistes présumés d’une attaque ratée de fourgon blindé au mois de mai 2010, attaque qui avait coûté la vie à Aurélie Fouquet, une policière municipale de 26 ans. Compte rendu du réquisitoire de l’avocat général de ce mardi.

Huit hommes, dont le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd comparaissaient ce mardi aux assises de Paris. Crédit CC
Huit hommes, dont le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd comparaissaient ce mardi aux assises de Paris. Crédits : CC

« Il s’agit d’une affaire hors norme, par l’équipe qui a commis les faits« , lance l’avocat général pour introduire son réquisitoire. Condamnés de un à trente ans de réclusion criminelle lors de leur premier procès en mars 2016, huit hommes dont Rédoine Faïd ont fait appel de leur condamnation. Jugés pour un braquage qui a coûté la vie à une policière municipale, Aurélie Fouquet, le 20 mai 2010, à Villiers-sur-Marne, ils comparaissaient aussi pour des faits d’«association de malfaiteurs en bande organisée » et de «détention d’armes».

Le verdict doit être rendu le 13 avril devant les assises de Paris. Rédoine Faïd, braqueur multirécidiviste, avait été condamné, en première instance, à 18 ans de réclusion criminelle et avait été reconnu comme le cerveau de l’opération, ce qu’il continue à nier malgré des preuves accablantes, notamment des traces d’ADN dans le véhicule utilisé pour le braquage avorté. « Pourquoi emmener ces armes de guerre, faites pour le combat, si on n’a jamais envisagé de s’en servir », interroge l’avocat général lors de l’audience de mardi après-midi, après avoir décrit l’ensemble du matériel qui a été expertisé pour l’enquête. Pour lui l’utilisation de telles armes nécessite des essais préalables pour s’assurer de leur bon fonctionnement : « Ils ont été assez intelligents pour les tester avant malgré ce qu’ils disent« .

Huit ans après, l’issue d’un procès-fleuve

Ce nouveau procès devant la cour d’Assises de Paris intervient ainsi huit ans après la mort d’Aurélie Fouquet. Les sept semaines du premier procès n’avaient pas permis de faire toute la lumière sur les faits, faute de preuves matérielles. « Aujourd’hui des expertises génétiques redonnent du souffle à cette enquête ainsi que l’exploitation de vidéos qui permettent de faure un certains nombre de constatations« , annonce l’avocat général, énumérant l’ensemble des traces ADN retrouvées sur le matériels utilisés pour la tentative de braquage. Et ajoute « concernant les témoignages recueillis, on a ce qu’on a, l’altération des souvenirs, huit ans après, est plus que possible, mais ces gens ont été soucieux de faire jaillir la vérité« .

Une course poursuite sanglante

Après avoir raté le braquage d’un fourgon blindé à Créteil, les huits hommes avaient pris la fuite sur l’autoroute l’A4 tout en tirant sur les policiers qui les pourchassaient, intrigués par des impacts sur le véhicule des malfaiteurs. C’est lors de leur sortie d’autoroute vers Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne) pour semer les policiers, qu’a eu lieu « l’ultime fusillade qui a causé la mort d’Aurélie Fouquet« . la fonctionnaire avait été touchée à la tête. Elle avait succombé à ses blessures dans l’heure. Le véhicule des policiers pris pour cible, avait essuyé pas moins de 25 tirs de Kalachnikov. Son binôme, Thierry Moreau, avait été blessé au niveau de l’épaule, mais avait survécu. « Il a vécu l’horreur, car on n’oublie pas l’odeur du sang », souligne l’avocat général lors de son réquisitoire, en évoquant la culpabilité avec laquelle son coéquipier doit vivre au quotidien : « il portera toujours le poids de la mort de la victime« . Quant à Rédoine Faïd, son interpellation ne se fera que le 28 juin 2011, alors qu’il est attablé à la terrasse d’un café à Villeneuve d’Ascq.

Procès de Rédoine Faïd en appel, huit ans après les faits
Procès de Rédoine Faïd en appel, huit ans après les faits

A l’époque, plusieurs milliers de policiers municipaux avaient défilé pour exprimer leur colère et réclamer des équipements plus efficace pour répondre à ce genre de situation. Aujourd’hui la famille de la victime attend toujours des réponses.

Nina Gambin

Malgré le véto de Moscou, les Occidentaux continuent leurs menaces contre Damas

Les Occidentaux maintiennent intacte leur détermination à riposter fermement à l’attaque chimique présumée imputée au régime de Bachar El Assad et faisaient toujours planer mercredi la menace de frappes militaires en Syrie malgré un veto russe à l’ONU.

Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump envisagent de frapper le régime de Damas. (© Number 10)
Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump envisagent de frapper le régime de Damas.  (© Number 10 – Licence)

La confrontation entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien s’est durcie : Moscou, soutien indéfectible de Damas, a posé mardi son veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution américain visant à créer un mécanisme d’enquête indépendant sur le recours aux armes chimiques en Syrie. L’ambassadeur de Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a justifié le 12e veto russe en sept années d’un conflit qui a fait plus de 350.000 morts, par la volonté de « ne pas entrainer le Conseil de sécurité dans des aventures ».

Mais en face, les Occidentaux, Etats-Unis et France en tête, ont redoublé de détermination après avoir déjà fait clairement planer la menace de représailles militaires. « La France mettra tout en oeuvre contre l’impunité chimique », a assuré l’ambassadeur français François Delattre. La France annoncera donc « dans les prochains jours » la « décision » sur sa riposte, en coordination avec les alliés américain et britannique, a précisé à Paris le président Emmanuel Macron.

S’inscrivant dans cette fièvre diplomatique, Donald Trump et la Première ministre britannique Theresa May sont aussi « tombés d’accord », lors d’une conversation téléphonique, « pour ne pas laisser l’usage d’armes chimiques se poursuivre », a rapporté la Maison Blanche. Le président américain, qui avait promis lundi une décision « très bientôt », a annulé un déplacement prévu en fin de semaine au Pérou afin de continuer à gérer le dossier syrien, renforçant le sentiment d’une action imminente.

La classe politique française divisée

La France doit-elle intervenir ? Le dilemme s’était déjà posé pour François Hollande, avec Barack Obama, en 2013, quand la Syrie avait franchi la fameuse « ligne rouge ». Peu suivie, la France avait laissé Damas agir. Invité du journal de 20 heures de France 2 mardi soir, François Hollande s’est aligné sur la position de l’exécutif, qui promet une réponse forte. « Ne rien faire serait une impunité et conduirait le régime de Bachar El Assad à continuer à massacrer son peuple. » Mais ces menaces sont loin de faire l’unanimité dans la classe politique française.

Interrogé par RFI, le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan rappelle l’intervention américaine en Irak en 2003. « Je regrette tellement Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Eux n’avaient pas fait la connerie du siècle d’intervenir en Irak. Et ils veulent nous refaire le coup des armes chimiques en Syrie ? C’est une honte. D’abord on vérifie« , a-t-il martelé. Une position partagée par la présidente du Front National, qui s’est dit étonnée de l’absence d’enquête approfondie sur le sujet.

Colin Gruel avec AFP

 

 

 

VIDEO – Expliquez-moi… le Béhourd, avec l’entraîneur de l’équipe Martel

Tout droit venue du Moyen-Age, cette discipline sportive est en plein essor en France. Rencontre avec Jérôme, l’entraîneur d’une des 21 équipes que composent la Fédération Française de Béhourd.

Le Béhourd était pratiqué au XIIIe siècle par les chevaliers hors temps de guerre. Cela leur permettait de continuer à pratiquer l’art du combat sans se blesser. Les règles sont simples : le Béhourd est un sport de combat full contact, c’est-à-dire que presque tous les coups sont permis. Évidemment, la discipline est extrêmement réglementée et encadrée par une fédération.

Sébastien Rouet

 

Procès Neyret : pas de retour en prison pour l’ex-commissaire

Mardi après-midi s’est tenu l’avant dernier jour du procès en appel de Michel Neyret, ex-numéro deux de la police lyonnaise condamné en première instance pour corruption. La peine requise est aggravée mais un retour en prison n’est pas prévu.

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Le procès en appel de Michel Neyret a lieu dans le cinquième chambre de la cour d’appel de Paris.

Mardi après-midi, après deux heures de plaidoirie étayant des faits « relevant d’une mécanique d’une gravité particulière », l’avocat général Jean-Christophe Muller requiert à l’endroit de Michel Neyret, ex-commissaire de Police judiciaire à Lyon quatre ans d’emprisonnement dont 18 mois de sursis. Cette peine principale, identique à la peine requise en première instance, a été adjointe de deux mesures supplémentaires : une amende de 15 000 euros et cinq ans d’interdiction des droits civils, civiques et familiaux. Le prévenu ayant déjà effectué huit mois de détention provisoire, il pourra bénéficier, si la cour suit le ministère public, d’un aménagement de peine qui lui évitera de retourner en prison.

Une corruption « industrialisée »

Au cours de l’audience, l’avocat général a notamment fait état des liens entre l’accusé et Stéphane Alzraa, entrepreneur franco-israélien détenu en maison d’arrêt en Israël depuis novembre 2016 pour une toute autre affaire. Au delà des versements d’argent (dont les écoutes téléphoniques font preuve) et des « interventions » listées par l’avocat général, l’homme a été à l’origine de l’« industrialisation » de la corruption du commissaire, « cheville ouvrière » de la création de la société panaméenne adossée à un compte à Dubaï destinée à recevoir des sommes d’argent.

Selon l’AFP, le représentant du ministère public a requis 3 ans de prison et 250.000 euros d’amende à l’encontre de Stéphane Alzraa, absent lors du procès.

Le procès se poursuit ce mercredi.

Caroline Baudry