Laurent Gbagbo rentrera le 17 juin en Côte d’Ivoire

L’ancien président ivoirien a été acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale en mars. Il attendait le feu vert des autorités de son pays pour pouvoir rentrer, après une décennie de déboires avec la justice.

Laurent Gbagbo s’adressant à l’assemblée générale des Nations unies. © Unsplash

« Je vous annonce que le retour du président Laurent Gbagbo sur la terre de Côte d’Ivoire est prévu pour le 17 juin », a déclaré Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par Laurent Gbagbo, qui fut président de 2000 à 2010. Depuis son acquittement en mars par la Cour Pénale Internationale (CPI) de crimes contre l’humanité, le retour de l’ex-président était très attendu par ses partisans. En avril, l’actuel président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara avait affirmé que son rival pouvait rentrer quand il le souhaitait.

Fervent critique de la « Françafrique », Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara lors de l’élection présidentielle controversée de 2010. Avaient suivi des violences post-électorales ayant fait quelque 3 000 morts. C’est pour ces violences que Laurent Gbagbo a été inculpé puis acquitté par la justice internationale.

Une décennie de troubles

Arrêté en avril 2011, l’ex-président ivoirien a été détenu dans un premier temps au nord de la Côte d’Ivoire, avant d’être transféré dans une cellule de la CPI à La Haye. Son procès s’est finalement ouvert le 28 janvier 2016 aux Pays-Bas. Laurent Gbagbo était poursuivi pour l’existence d’un « plan commun » destiné à « conserver le pouvoir par tous les moyens, y compris par l’emploi de la force contre des civils ». Il a été  finalement acquitté le 15 janvier 2019, mais tenu de rester en Europe dans le cas d’un éventuel procès en appel.

Il a obtenu ’asile politique en Belgique, où habitait sa deuxième épouse, Nady Bamba. Il avait annoncé dès lors à plusieurs reprises son intention de rentrer « bientôt ». La Cour pénale internationale (CPI) a fini par confirmer l’acquittement de l’ex-président de la Côte d’Ivoire le 31 mars 2021.

L’ancien chef d’État reste néanmoins sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest pendant les violences post-électorales de 2010-2011. L’abandon de ces poursuites paraît toutefois presque certain après le feu vert du président Ouattara au retour de son prédécesseur.

Apaisement politique en Côte d’Ivoire

Des négociations sur les conditions de ce retour ont eu lieu ces dernières semaines, le gouvernement ivoirien voulant éviter tout débordement lors de l’accueil de Laurent Gbagbo par ses partisans, à Abidjan.

Ce retour est un signe fort de la décrispation de la vie politique ivoirienne depuis les dernières législatives de mars qui se sont déroulées dans le calme. Les grands partis d’opposition avaient décidé d’y participer, notamment le FPI, qui boycottait tous les scrutins depuis 10 ans.

Réélu pour un troisième mandat controversé au cours d’une élection elle boycottée par tous les partis d’opposition – qui jugeaient ce nouveau mandat inconstitutionnel – l’actuel président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara multiplie les gestes d’apaisement depuis. Plusieurs prisonniers arrêtés pendant cette dernière crise électorale ont été libérés et le pouvoir a autorisé le retour d’exilés partisans de Laurent Gbagbo. Fin avril, des cadres du FPI et la sœur cadette de l’ancien président, Jeannette Koudou, sont ainsi rentrés du Ghana en accord avec le gouvernement ivoirien au nom de la « réconciliation nationale ».

Mehdi LAGHRARI

Naomi Osaka quitte le tournoi de Roland-Garros

Naomi Osaka, la joueuse japonaise classée n°2, a annoncé sur les réseaux sociaux qu’elle se retirait du tournoi parisien actuellement en cours. Elle explique vouloir préserver sa santé mentale.

Naomi Osaka, victorieuse quatre fois en Grand Chelem, ne participe plus au tournoi parisien. © Unsplash

Après sa décision de ne plus rencontrer les journalistes, les organisateurs des tournois du Grand Chelem l’avaient rappelée à l’ordre dans un courrier. La joueuse de 23 ans Naomi Osaka a finalement décidé de se retirer du tournoi parisien. Elle évoque sa santé mentale, qui s’est souvent dégradée à cause de nombreuses contraintes d’organisation.

Elle avait annoncé il y a quelques jours qu’elle ne participerait à aucune conférence de presse, car cela l’empêchait de se concentrer sur son jeu. Dans un message partagé sur les réseaux sociaux, elle écrivait le 26 mai dernier : « Nous sommes assis là [en conférence de presse] et on nous pose des questions qu’on nous a déjà posées une multitude de fois ou des questions qui nous font douter de nous-mêmes et je ne veux juste pas m’exposer à des gens qui me font douter. »

Une amende de 15 000 $

Cette décision de ne pas rencontrer la presse avait soulevé une réaction des organisateurs de Roland-Garros mais également des trois autres tournois du Grand Chelem. Les référents de Wimbledon, l’US Open, Roland-Garros et l’Open d’Australie lui ont adressé un courrier lui rappelant les obligations médiatiques de son contrat. À Roland-Garros, une amende de 15 000 $ lui a été attribuée car elle ne s’est pas présentée en conférence de presse après le match du premier tour. Menacée d’expulsion si elle ne se présentait pas à nouveau en conférence, la jeune athlète a décidé de quitter le tournoi.

Trop de pression

La joueuse japonaise, qui a grandi aux États-Unis, ne gérait pas très bien d’être exposée sous les feux des projecteurs depuis sa première victoire en Grand Chelem à l’US Open en 2018. Elle a déjà évoqué ses difficultés à assumer son statut, trop rapidement passé de joueuse professionnelle à star internationale. La presse japonaise en particulier s’est acharnée sur sa personne, de nombreux débats, sur son métissage notamment, sont nés dans le pays.

La joueuse parle également des épisodes de dépression qu’elle vit depuis 2018 : « Tous ceux qui me connaissent savent que je suis introvertie, et ceux qui me voient aux tournois remarquent que je mets des écouteurs pour m’aider à atténuer mon anxiété sociale. »

Cette pression a eu une incidence sur ses performances. Blessée plusieurs fois, elle n’a pas su conserver son meilleur niveau ces derniers mois. Elle a par ailleurs déjà déclaré forfait à d’autres tournois en raison de sa santé mentale, comme celui de Stuttgart en avril dernier.

Le soutien de ses fans

Depuis son annonce lundi soir, ses fans se sont mobilisés et des personnalités l’ont soutenue sur Internet, comme la représentante au Congrès américain Alexandra Ocasio-Cortez qui déclare être « fière » de la joueuse.

Gilles Moretton, le président de la Fédération française de tennis (FFT), a déclaré dans un communiqué de presse que les membres de la FFT et les organisateurs du tournoi étaient « désolés et tristes pour Naomi Osaka »  et qu’ils restaient « très attentifs au bien-être des athlètes ».

La jeune sportive précise bien que c’est seulement son rapport avec la presse qui l’a convaincue de prendre cette décision et aucunement l’organisation du tournoi. Naomi Osaka est censée représenter le Japon aux Jeux de Tokyo mais elle a annoncé dans son message vouloir « prendre un peu de temps loin des courts ».

Lucile Trihan Coignard

Le maire de Grenoble Eric Piolle placé en garde à vue

Le maire de Grenoble (Isère) a été placé en garde à vue mardi 1er juin matin. Entendu par les enquêteurs de Valence (Drôme), Eric Piolle est soupçonné de favoritisme dans l’attribution d’un marché public.

Eric Piolle, le maire de Grenoble, est placé en garde à vue depuis ce mardi 1er juin 2021. Il est soupçonné de favoritisme dans l’attribution d’un marché public. © Mairie de Grenoble

Le maire Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Grenoble Eric Piolle est entendu par les enquêteurs de Valence (Drôme), depuis ce mardi 1er juin au matin. Placé en garde à vue, il est soupçonné d’avoir usé de favoritisme pour attribuer un marché public lors de la Fête des Tuiles.

Un signalement avait été effectué en 2018 par la Chambre régionale des comptes qui avait conclu à « plusieurs irrégularités importantes » dans l’attribution de marchés publics. Cette Fête des Tuiles est l’occasion, depuis 2014, pour tous les Grenoblois, de « partir à la découverte des initiatives qui font vivre leur ville », selon la mairie.

« Un règlement de comptes politique » ?

En mai 2019, deux Grenobloises proches de l’ancien ministre Alain Carignon (Les Républicains), le principal opposant au maire de Grenoble, avaient déposé une première plainte, puis une autre contre X en septembre de la même année, indique l’AFP. Eric Piolle avait alors expliqué qu’il avait « respecté la procédure et qu’il était victime d’un règlement de comptes politique ».

Eric Piolle, figure du parti Europe-Ecologie-Les Verts, envisage une candidature à l’élection présidentielle de 2022.

Marine Ledoux

Biden à Tulsa, théâtre d’un massacre d’Afro-américains longtemps oublié

Joe Biden est attendu ce mardi 1er juin à Tulsa, en Oklahoma, pour commémorer les 100 ans d’un des plus grands massacres de l’histoire américaine, longtemps passé sous silence. Les survivants et les descendants d’Afro-américains assassinés ou forcés à fuir demandent aujourd’hui réparation.

Joe Biden Tulsa massacre
Les Afro-américains ont joué un rôle clef dans l’élection de Joe Biden. © CC

« Je veux juste qu’il ressente notre douleur », exprime Kristi Williams, activiste et descendante d’une des 300 victimes du massacre de Tulsa, survenu dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1921. Elle souhaite que Joe Biden « rende justice » aux victimes de ce drame, par une reconnaissance financière et mémorielle.

Le massacre de Tulsa est resté longtemps tabou. Le 31 mai 1921, le quartier de Greenwood, surnommé le « Black Wall Street » est une des communautés noires les plus riches du pays. On y trouve notamment deux cinémas, un hôpital et deux sièges de journaux. Le lendemain, tout le quartier est rayé de la carte.

Un lynchage pour une fausse accusation

Au départ, un incident entre Dick Rowland, un cireur de chaussures noir, et Sarah Page, une liftière blanche, dans l’ascenseur d’un immeuble du centre-ville. Celle-ci accuse Rowland de l’avoir agressée. Plus tard, elle écrira une lettre l’exonérant.

Pendant le procès, une foule blanche se rassemble à l’extérieur du tribunal. Des vétérans afro-américains de la Première Guerre mondiale se rendent sur place pour empêcher son lynchage. Un coup de feu est tiré. La foule, armée et vindicative, décide alors de marcher en direction de Greenwood.

« Ils essayaient de tuer tous les noirs qu’ils voyaient »

Un déchaînement de violence frappe alors « Black Wall Street ». Les historiens s’accordent sur les chiffres de 300 morts et 10 000 habitants devenus sans-abri. « Ils essayaient de tuer tous les Noirs qu’ils voyaient », explique George Monroe, survivant du massacre, dans un documentaire de 1999. Il avait 5 ans ce soir-là.

Les maisons sont pillées et brûlées. Des avions lâchent des bombes de kérosène et de térébenthine. Le lendemain, le quartier n’est plus qu’une ruine. Nul n’est tenu responsable à l’époque. Les demandes de remboursement sont refusées par les assurances. Après le massacre, un silence s’installe sur la nuit du 31 mai.

Un procès intenté contre la ville de Tulsa

« J’ai vécu au travers du massacre tous les jours ». Viola Fletcher, l’une des dernières survivantes, âgée aujourd’hui de 107 ans, témoignait la semaine dernière devant la Chambre des représentants américaine.

Les survivants intentent actuellement un procès contre la ville de Tulsa. Ils accusent notamment la police de la ville d’avoir missionné et armé les habitants blancs de Tulsa afin de piller et brûler le quartier de Greenwood, et d’assassiner ses occupants.

Des fouilles sont actuellement entreprises pour trouver les fosses communes où ont été enterrées les victimes noires du massacre. Le travail de mémoire se poursuit, pour la reconnaissance des dommages causés.

Jean Cittone