Dernière marche pour l’AS Monaco avant la finale de la Ligue des Champions

La dernière équipe jouant en Ligue 1 encore en lice pour la Ligue des Champions, l’AS Monaco, rencontre ce mercredi soir, en match aller, le club turinois de la Juventus. Il doit s’imposer pour espérer accéder à la victoire.

L’équipe la plus excitante d’Europe contre la plus pragmatique. C’est cette opposition de style que nous propose la deuxième demi-finale de Ligue des Champions ce mercredi soir. L’AS Monaco est l’une des équipes les plus plaisantes à voir jouer cette saison. Tout a déjà été dit, tout a été écrit sur le jeu de cette équipe. Des latéraux très offensifs, deux milieux défensifs autant récupérateurs qu’accélérateurs de jeu, deux créateurs sur les côtés et bien évidemment, le duo d’attaquants irrésistible. Tout cela pour former la deuxième meilleure attaque d’Europe sur le plan statistique (95 buts en Ligue 1 pour Monaco contre 105 buts en Liga pour Barcelone), derrière le FC Barcelone. À cela s’ajoute le petit bonus : la révélation Kylian Mbappé, probablement encore titulaire ce mercredi soir à Louis II. Bref, autant de raisons d’aimer cette équipe.

Kylian Mbappé, 18 ans, tentera de marquer un peu cette Ligue des Champions de son empreinte.
Kylian Mbappé, 18 ans, tentera de marquer un peu cette Ligue des Champions de son empreinte.

Mais, face à elle, se dresse un obstacle bien différent que ceux proposés jusque-là à la bande de jeunes. C’est la Juventus Turin et son armada … défensive. Quand Manchester City et Dortmund proposaient un jeu tourné vers l’avant qui les déséquilibrait et laissait des espaces aux attaquants monégasques, la Juve sera beaucoup plus pragmatique. Pas de ruée vers l’or mais une tactique stricte. Barcelone peut en parler : zéro but en deux matchs lors de la phase précédente. De plus, le club italien a de l’expérience. Aucun joueur de Monaco n’est arrivé à ce stade de la compétition, et pour beaucoup d’entre eux, le palmarès est encore vierge. Les Italiens, eux, sont arrivés en finale de la Ligue des Champions en 2015, où ils se sont inclinés face au FC Barcelone.

Enfin la moyenne d’âge de l’effectif de Monaco et de 25,28 ans contre 29,55 pour celui de la Juventus. L’opposition de style est complète.

 

Ryad Maouche

« Tunnel », un thriller haletant, dernier né du cinéma sud-coréen

Combien vaut la vie d’un seul homme ? C’est toute la question soulevée par Tunnel, dernier long-métrage du réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun, sorti ce mercredi en salles.

Tunnel

Après un passage remarqué au Festival de Cannes pour Hard day, en 2014 le réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun revient avec Tunnel, un film catastrophe spectaculaire, avec, en filigrane une critique acerbe de la société sud-coréenne.

Jung-soo (interprété par Ha Jung-woo aussi vu dans Mademoiselle) est un jeune cadre sud-coréen prospère. Alors qu’il s’apprête à rejoindre femme et enfant pour fêter un anniversaire, il se retrouve piégé six pieds sous terre suite à l’effondrement d’un tunnel, dans lequel il était a priori seul à rouler. Il comprend rapidement qu’il va falloir s’armer de patience avant que les sauveteurs ne parviennent à l’extirper de la montagne de décombres. Avec pour seul soutien un Smartphone au stock de batterie limité, Jung-soo devient un homme en sursis, pris au piège.

 

Véritable succès en Corée, le film a réuni plus de 7 millions de spectateurs, se plaçant directement à la deuxième place du box office, une preuve de plus que le cinéma sud-coréen a le vent en poupe. C’est en effet l’un des seuls à parvenir à concurrencer le cinéma américain sur son propre territoire.

Un film de genres

Tunnel s’inscrit avant tout dans la catégorie du film catastrophe. L’effondrement du tunnel survient dès les premières minutes du film. Moins radical que Buried de Rodrigo Cortès, Tunnel reprend néanmoins le motif anxiogène de « l’enterré vivant. » Mais contrairement à Buried, le film de Seong-hun, n’est pas entièrement en huis clos. Le spectateur prend des bouffées d’air frais grâce aux séquences à la surface où le réalisateur met en scène l’hystérie des secours et des médias. C’est l’un des tours de force du film : proposer deux visions de l’événement. Le spectateur vit alors le drame tantôt du côté de la victime, tantôt du côté des secours.

Mais Tunnel ne s’en tient pas à son statut de film catastrophe. Mélanger avec brio les films de genres est d’ailleurs une grande spécialité du cinéma sud-coréen. Aussi, Kim Seong-hun parvient à faire cohabiter séquences irrespirables et passages frisant le burlesque.

Le réalisateur a également porté un soin tout particulier à la composition de ses personnages. Aussi, le spectateur s’identifie très vite à Jung-soo, homme ordinaire dont le véritable caractère se révèle au gré des coups du sort. Si c’est le personnage principal qui porte le film, Kim Seong-hun n’a pas pour autant négligé ses seconds rôles. La performance de l’acteur Oh Dal-Su en policier exemplaire est particulièrement convaincante, et vient renforcer le sentiment que les responsables politiques sont corrompus et négligents.

Une critique du gouvernement et des médias

Ce film vient faire écho à une successions de faits divers qui ont couté la vie à plus d’un millier de Coréens : effondrement d’un centre commercial, d’un pont ou plus récemment naufrage d’un ferry. Tunnel est aussi l’occasion pour le réalisateur de filmer l’engrenage d’un système défaillant pris dans une course effrénée à la rentabilité. L’accident est ici causé par la négligence des dirigeants politiques et des entreprises du bâtiment qui ont préféré faire des économies plutôt que de s’assurer de la solidité de la construction. Alors que le fait divers relaté par le film prend une ampleur nationale, les médias se révèlent également particulièrement perfides, prêts à tout pour une exclusivité.

Authenticité du décor, justesse des acteurs, rebondissements propices et effets spéciaux convaincants, le film parvient à tenir le spectateur en haleine pendant les deux heures de spectacle. Jung-soo verra-t-il finalement le bout du tunnel ?

 

Clothilde Bru

Liberté de la presse : où en est la France ?

A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, retour sur la situation de la France et sur les enjeux auxquels elle doit faire face.

A l’échelle internationale, le 3 mai est la journée mondiale de la liberté de la presse. Cette année, l’UNESCO (Organisation des Nations Unis pour l’éducation, la science et la culture) a décidé de célébrer cette journée à Jakarta en Indonésie. Une décision quelque peu contradictoire avec le classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters Sans Frontières (RSF), qui introduit l’Indonésie à la 124e place sur 180 pays.

La France, l’élève moyen

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Sorti le 26 avril, le classement de RSF place la France à la 39e position.

Ci-dessous, l’évolution de la position de la France et de la Norvège dans le classement mondial de Reporter Sans Frontières sur la liberté de la presse depuis le premier rapport, en 2002.
(NB : plus le chiffre sur l’axe des abscisses est faible, meilleure est la position du pays
exemple : quand la France est 11e en 2002, elle est moins bien classée que la Norvège qui est 1e)

Si la France a gagné six places par rapport à l’année dernière, c’est en raison du nombre décroissant de journalistes morts durant l’année. La chute au 45e rang dans le classement de 2016 était due aux attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015. Pour faire son évaluation, RSF prend en compte le nombre de journalistes tués. Mais aujourd’hui la place qu’occupe la France reste tout de même inférieure à sa moyenne qui se situe à la 34e place.

Cette mauvaise « note » s’explique par différents facteurs. Ce sont par exemple les manifestations contre la loi El Khomri qui s’étalèrent surtout entre mars et juin 2016, à travers toute la France. Une enquête de Streetpress revenant sur les difficultés d’exercer le métier de journaliste sous état d’urgence, met en évidence les violences policières dont ont été victimes certains journalistes, les pressions et intimidations qu’ils ont subies, ou encore les restrictions voire entraves auxquelles ils ont été confrontées lorsqu’ils couvraient ces manifestations.

Le mois d’octobre a été, quant à lui, rythmé par la grève d’i-Télé. Les journalistes sont entrés en conflit avec la direction, incarnée par Vincent Bolloré, quand ce dernier a décidé d’embaucher Jean-Marc Morandini, alors mis en examen pour corruption de mineur. Un problème d’éthique qui révèle un conflit bien plus profond au sein de la rédaction. Les principales raisons de cette grève sont les suppressions de postes, le manque de ligne éditoriale claire et précise ainsi que les doutes concernant l’indépendance des journalistes par rapport aux intérêts économiques du Groupe Bolloré. Cette grève s’était soldée par la démission de plus de la moitié des journalistes. Un conflit révélateur d’un problème croissant en France : la concentration des médias par des multinationales, pouvant porter atteinte à leur indépendance.

La concentration des médias analysée par le Monde Diplomatique
La concentration des médias analysée par le Monde Diplomatique

Les enjeux d’aujourd’hui

Si la liberté de la presse est menacée par son appartenance à de grandes entreprises, cette situation est aussi la cause d’une défiance croissante envers ceux-ci. Les « fake news » se multiplient sur les réseaux sociaux et il devient de plus en plus difficiles de distinguer le vrai du faux. Dans ces conditions Le Monde a développé Décodex, un moteur de recherche, qui permet de vérifier si le site d’où provient l’information est fiable ou non. Les sites de « fact-checking » politiques se multiplient également, à l’instar de Politifact, qui a fait de la vérification des propos de Donald Trump l’une de ses principales missions.

Trump et les « fake news »

Les vidéos explicatives comme« Désintox » diffusé sur Arte et réalisé en collaboration avec Libération…

…Ou encore « Data Gueule » qui s’appuie sur des données pour décrypter un phénomène et l’expliquer, permettent ainsi de mieux comprendre dans quelle mesure les déclarations faites sont bien souvent incomplètes.

Plus encore, 37 médias français sont réunis pour créer CrossCheck, une plateforme « pour traiter avec précision les affirmations fausses, trompeuses ou prêtant à confusion qui circulent en ligne ».

Ces différentes initiatives portées par les médias traditionnels ont pour objectif de retrouver une crédibilité, notamment face aux théories du complot qui se propagent sur la toile, en espérant que leur statut de « médias traditionnels » ne les alimente davantage.

Sarafina Spautz et Maëlle Lafond

L’Etat condamné suite au viol et à l’assassinat d’une adolescente

L’Etat a été condamné pour « faute lourde » dans l’affaire Agnès Marin, adolescente violée et assassinée en 2011 en Haute-Loire par un de ses camarades, scolarisé au lycée Cévenol après avoir été remis en liberté dans une affaire de viol, a-t-on appris ce mercredi de source judiciaire.

Dans un jugement rendu le 24 avril, le tribunal de grande instance de Paris a estimé que des « fautes » ont été « commises lors de la mise en liberté » du jeune homme. L’Etat a été condamné à verser 185.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Aux assises, le jeune homme, prénommé Matthieu, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en première instance comme en appel. Une peine rarissime pour un accusé mineur au moment des faits.

Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d’Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), avait été retrouvé dans une forêt alentour sur les indications de Matthieu, placé en garde à vue la veille. Outre des violences sexuelles, l’autopsie avait révélé 17 coups de couteau. Âgé alors de 17 ans, le jeune homme avait intégré le collège, qui a depuis fermé ses portes, dans le cadre d’un contrôle judiciaire strict, après quatre mois de détention provisoire pour le viol, sous la menace d’une arme, d’une camarade de 15 ans dans le Gard. La famille d’Agnès Marin avait engagé des poursuites contre l’Etat, reprochant au juge d’instruction d’avoir précipitamment ordonné la remise en liberté du jeune homme, sans attendre les conclusions de l’enquête socio-éducative, ni celle de l’expertise psychiatrique.

Alice Pattyn