Dimanche 8 avril 2018 avait lieu la 42 e édition du Marathon de Paris. 55.000 participant(e)s s’étaient donnés rendez-vous sur les Champs-Elysées. En 2h06’25s pour les plus rapides ou en plus de 5h pour les plus lents, cet événement est avant tout une grande fête pour les amoureux du dépassement de soi. Nous y étions.
Le Kényan Paul Lonyangata réédite l’exploit de l’an passé et s’impose en 2h06’25s. Chez les femmes, c’est sa compatriote Betsy Saina qui l’emporte en 2h22’56s. Sur les 55.000 participant(e)s, 75% étaient des hommes. Ce Marathon était aussi international avec 145 pays représentés, et une majorité de Français(e)s (68%).
La nouveauté de cette année : les femmes sont parties en avance de 16 minutes et 26 secondes par rapport aux hommes. Ce temps correspond au différentiel entre les meilleures performances masculine et féminine de l’édition 2017 de l’épreuve parisienne.
Emmanuel Macron donnera une interview dimanche soir sur BFMTV, RMC et Mediapart, selon un communiqué commun des trois médias. Lors d’une émission spéciale diffusée en direct à 20h35, le président de la République répondra aux questions de Jean-Jacques Bourdin pour BFMTV et RMC, et d’Edwy Plenel pour Médiapart. Moins d’un an après son entrée à l’Elysée, Emmanuel Macron voit ses réformes contestées par des mouvements sociaux de la part des cheminots et des étudiants.
Emmanuel Macron, Ministre de l’économie, au forum économique de Davos. January 22, 2016. Michele Limina
Les habitants de Montreuil défilent en mémoire de Mariama Kallo, morte le 29 décembre 2017.
La cité de l’Amitié, à Montreuil, est bouleversée. Une voisine a été retrouvée morte fin décembre. Outre le choc, c’est l’incompréhension qui règne. Les habitants dénoncent un « mépris » de la part de la police et de la mairie.
Ce n’est pas un samedi comme les autres à la cité de l’Amitié, au nord de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le corps d’une femme a été retrouvé inerte, une semaine plus tôt, au 118 de l’avenue du président Salvador Allende. Mariama Kallo, une Guinéenne de 32 ans, a été poignardée à 23 reprises puis défenestrée du quatrième étage. Avant ce drame, les habitants du quartier ne se parlaient pas. Ils se croisaient sans se voir, plus enclins à l’indifférence qu’à l’échange. Aujourd’hui pourtant, ils sont réunis dans la cour de la cité. Une question est sur toutes les lèvres : « Pourquoi la police n’est-elle pas intervenue plus tôt ? »
« J’ai dit au flic : “trop tard, il vient de la jeter par la fenêtre“ »
Regroupés au pied des tours, emmitouflés dans leurs écharpes, les habitants du quartier de l’Amitié s’indignent. « Dès qu’il s’agit de dealer du shit, la police rapplique. Mais quand un homme bat sa femme, c’est silence radio », entend-on. Mamadou Sy vit dans l’immeuble qui fait face à celui de la victime, au quatrième étage. La nuit du meurtre, il a tout vu, tout entendu. Les cris de la jeune femme l’ont réveillé vers 00 h 30. « Quand je suis allé à ma fenêtre, j’ai vu le mari de Mariama en train de la frapper. Mon épouse m’a dit : “Il va la tuer“ ». Le quadragénaire à la voix posée contacte immédiatement la police, mais ce n’est qu’au bout de son troisième appel que l’alerte est prise au sérieux, assure-t-il. Il est en ligne avec le commissariat quand, d’un coup, les cris cessent. « J’ai dit au flic : “trop tard, il vient de la jeter par la fenêtre“ ». Les forces de l’ordre arrivent sur les lieux quelques minutes après la mort de Mariama Kallo. Toutes les fenêtres de la cité sont éclairées. Certains habitants sont descendus, l’un d’entre eux a déposé un drap sur son cadavre.
« Du mépris » envers un quartier populaire
Une semaine plus tard, on se demande aussi pourquoi le corps de Mariama Kallo est resté dans la cour de la cité, à la vue de tous, de 1 heure à 10 heures du matin. « Les pompes funèbres ont été appelées sept fois dans la nuit. Elles avaient moins de personnel pendant la période des fêtes et ont été débordées », justifie Belaïde Bedreddine, adjoint au maire de Montreuil. Patrice Bessac, le maire de la ville, a depuis saisi le préfet de Seine-Saint-Denis pour qu’une enquête soit menée sur les conditions de levée du corps de Mariama Kallo. La préfecture a indiqué qu’une procédure judiciaire est en cours et précise que le service funéraire intervient sur réquisition d’un officier de police judiciaire.
L’explication ne convainc pas les habitants de la cité. Au-delà de leur exaspération, ils ont le sentiment d’être laissés pour compte. « Il n’y a que dans les quartiers populaires qu’on peut voir ça. C’est du mépris », assène Ismaël Boussaha. Lui, ne se joint pas au rassemblement dans la cour. Il préfère observer depuis le hall de son immeuble. Le même que celui de Mariama Kallo. Bien que trois étages séparent leurs appartements, les cris de la victime l’ont tiré de son sommeil la nuit du meurtre. Derrière son apparence robuste, Ismaël Boussaha cache difficilement le traumatisme qui le ronge. « J’ai tout de suite compris que le bruit venait du quatrième étage ». Car ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à la souffrance de sa voisine. « Un soir déjà, j’étais intervenu à cause des cris. L’homme m’avait ouvert la porte, les mains en sang. Mariama était derrière, le visage tuméfié », se souvient-il. Mariama Kallo avait d’ailleurs déposé une main courante avant d’être hospitalisée. « Mais les flics ont rien fait », crache l’homme en survêtement bleu. Quand Ismaël Boussaha descend, la nuit du 29 décembre, un voisin est déjà sur le palier : « Ca recommence ».
Il frappe à la porte pendant plusieurs minutes, appelle la police. Puis, les cris cessent. « Alors, je suis remonté chez moi. Je me suis mis à ma fenêtre et là, j’ai aperçu un bras. Je ne voulais pas croire à ce que je voyais », confie-t-il, submergé par un sentiment de culpabilité. « Le plus dur, c’est de rentrer chez soi en sachant que le corps gît en-dessous de notre fenêtre ».
Un vent de solidarité dans la cité
Cette nuit-là, personne n’a pu se rendormir. « La fenêtre de ma chambre donne sur l’endroit où Mariama est morte, comment voulez-vous que je dorme ? », soupire une jeune fille près des fleurs déposées à l’endroit où le corps de la victime est tombé. Plus loin, un groupe de copines s’agace : « Maintenant, notre cité est connue parce qu’il y a eu un meurtre ». Au milieu des indignations et des pleurs, Mamadou Sy philosophe. L’homme de 44 ans a grandi ici, il connaît le quartier par cœur : « Depuis ce drame, la vie de la cité a changé. On prend le temps, on demande comment ça va. On reparle de cette nuit tragique aussi ».
Ce samedi, le rassemblement se prolonge dans un local à l’entrée de la cité. Chaque habitant apporte un plat cuisiné, des chips ou des sodas. Certains arborent des pancartes avec le nom de Mariama entouré d’un cœur. Personne ne connaissait vraiment la victime, arrivée dans la cité depuis un an à peine. Mais sa mort les a tous bouleversés et créé aujourd’hui du lien social. Comme une envie de prendre soin des autres pour que ça ne se reproduise pas. Quelques uns restent cependant sceptiques sur cette unité retrouvée. « En vérité, tout le monde s’en fout de tout le monde », lâche Bilel, un jeune du quartier. « Dans les cités, on a tous nos propres problèmes, alors on n’a pas le temps de s’occuper de ceux des autres ».
Quelques jours plus tard, pour la marche silencieuse en hommage à Mariama Kallo, la solidarité semble avoir tenu bon. Plus de 300 personnes sont présentes. Certains respectent le silence, d’autres décident d’élever leurs voix à l’unisson contre la municipalité. Leurs « pourquoi ? » ont besoin de réponses. La défiance est de mise envers la mairie qui « abandonne la cité de l’Amitié », entend-on dans la foule. Les élus bredouillent quelques mots en guise d’explication. Peu satisfaisant pour les habitants qui refusent d’entamer la marche avec eux. Les esprits s’échauffent jusqu’à une prise de parole qui apaise les tensions : « Le mot qui est dans la bouche de l’Amitié, ce n’est pas la violence, c’est la solidarité ».
Ambre Lepoivre
À Montreuil, l’hommage à #Mariama démarre difficilement. Certains habitants demandent des comptes aux élus. Pq le corps de la victime est-il resté 10h dehors, à la vue de tous ? Pq la police n’est-elle pas intervenue plus tôt ? #quartierdélaissépic.twitter.com/9R9tCVw88L
Le Hashtag #metoo utilisé par les femmes sur les réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement / Wikimedia Commons @CC
Une « appli » française, contre les agressions sexistes, dévoile un clip de promotion aux images et propos crus.
« Au début ça allait tu vois. C’était quelques regards. Ça draguait gentiment. Mais comme je les ai pas calculés, ça a dérapé ». Une vidéo, mise en ligne jeudi sur les réseaux sociaux, démarre sur les paroles d’une jeune femme et promet de choquer « un public non averti ». Elle a été réalisée par l’agence de communication TBWA pour l’application contre le harcèlement HandsAway. Le but, continuer de dénoncer le sexisme et les insultes dont sont victimes « une majorité de femmes par une minorité d’hommes », précise le spot.
A l’image, les visages de trois copains en soirée. Ils s’amusent. Mais rapidement la caméra descend, fixe leur entrejambe d’où s’échappent leurs pénis. « C’est vraiment leurs bites qui prennent le contrôle », décrit une seconde voix féminine. Le clip enchaîne. D’autres femmes se livrent. A l’écran, les scènes sont de plus en plus explicites. Les appendices masculines arpentent les rues de la ville. Ils sont en chasse… En rûte.
Libérer la parole des femmes
Le film a été réalisé à l’aide de vrais témoignages. Ceux recueillis par HandsAway auprès des utilisatrices de sa plateforme. L’une raconte, « c’est quand même ouf d’être traitée de salope parce que juste je portais une jupe ». La dernière voix off livre une expérience glaçante
Parfois ils te poursuivent et te traitent de sale chienne. C’est vraiment flippant.
Un rapport parlementaire, remis la semaine prochaine à Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, et Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, préconise de sanctionner à hauteur de 90 euros le harcèlement de rue, selon Le Parisien. Le document retient une définition large des attitudes masculines qui pourraient être incriminées : « lescomportement qui constituent une atteinte à la liberté de circulation des femmes dans les espaces publics et portent atteinte à l’estime de soi et au droit à la sécurité ». Une loi contre les violences sexistes et sexuelles est attendue en 2018.