Dans une étude publiée ce jeudi 11 septembre à l’occasion d’un numéro spécial, l’organisme de défense des consommateurs pointe du doigt la présence massive de produits ultra-transformés dans les rayons des supermarchés destinés aux enfants. Un constat inquiétant pour la santé des plus jeunes.

Quatre-vingt pour cent. C’est la proportion d’aliments ultra-transfromés parmi les 43 produits analysés par le magazine 60 millions de consommateurs et commercialisés pour les enfants en grande surface. Ce chiffre rejoint celui de l’étude menée auprès de 20 enseignes françaises par le Club européen des diététiciens de l’enfance (88 %). «On a commencé par se demander à quel âge on commence à manger des produits ultra transformés » explique Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe au magazine 60 millions de consommateurs sur les motivations à l’origine du lancement de cette étude. « On s’est intéressé à des produits très basiques, que toutes les familles consomment au quotidien et que les enfants apprécient en général. On a eu la surprise de voir que parmi ces produits de consommation courante, énormément étaient ultra-transformés » constate-t-elle.
Pour rappel, les aliments ultra-transformés sont, selon la classification brésilienne NOVA, « des formulations industrielles élaborées, contenant au minimum 5 ingrédients tels que des graisses, du sucre, du sel et surtout des additifs non utilisés en cuisine domestique et destinés à imiter les propriétés naturelles des aliments bruts ou à masquer des saveurs non désirées. »
« En tant que parents, on culpabilise à cause de ce qu’on donne à manger à nos enfants. C’est inadmissible. On devrait pouvoir faire confiance à ce qu’on trouve en rayon sans regretter de les empoisonner», Thomas 41, père de famille.
Biscuits, compotes, viandes transformées, substituts de viande, desserts lactés et céréales : six catégories de produits ont été passées au crible. L’analyse englobe une analyse approfondie des compositions des étiquettes et des emballages. « On observe une dissonance entre les compositions et les packagings qui laissent souvent penser qu’il s’agit de produits très seins. Il y a des produits que tout le monde sait ultra-transformés mais il y en a d’autres plus trompeurs, qui mettent en avant des produits bons pour la santé, réduits en sucres ou avec des céréales complètes. En réalité, ils ne le sont pas. Quand on voit certains packagings, on ne se doute pas que ce sont des produits hautement transformés » relève Sophie Coins.
Pourtant, tous contiennent des marqueurs d’ultra-transformation élevés comme des colorants des conservateurs, du sirop de glucose ou des émulsifiants. Ce sont ces composants, absents des produits faits maison, qui semblent inquiéter la journaliste quant à leurs potentiels effets néfastes sur la santé. « On fait le constat de produits ultra-transformés très fréquents et d’une exposition très précoce à ces derniers (46% de la ration alimentaire des enfants est aujourd’hui composée de produits ultra-transformés). On tire la sonnette d’alarme sur le peu d’informations disponibles sur l’ultra-transformation. Mais au-delà, la question est surtout de savoir quel est l’impact alimentaire quand on est exposés à ces produits dès pout-petits » s’interroge la coordinatrice de l’étude.
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Des risques réels pour la santé
« J’essaie de faire attention à ce que je mets dans l’assiette de mes enfants, mais le fait-maison ça demande quand même une certaine organisation et du temps, c’est pas toujours facile » confie Marion, 35 ans mère de deux filles âgées de 7 et 3 ans. « Entre les goûters tout prêts, les céréales et les plats qu’on achète en dépannage, c’est difficile d’éviter les produits ultra-transformés même si je suis certaine qu’on ne mesure peut-être pas assez les conséquences sur leur santé » regrette cette parisienne.
« Quand on voit certains packagings, on ne se doute pas que ce sont des produits hautement transformés », Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe au magazine 60 millions de consommateurs.
Pour Thomas 41 ans, le problème est du côté des industriels. « Les grands groupes agroalimentaires nous vendent des produits “adaptés aux enfants » alors qu’ils sont bourrés d’additifs, de colorants et de sucre. En tant que parents, on culpabilise à cause de ce qu’on donne à manger à nos enfants. C’est inadmissible. On devrait pouvoir faire confiance à ce qu’on trouve en rayon sans regretter de les empoisonner » s’agace le père de famille qui s’inquiète des risques à long terme de ces aliments sur ces deux fils.
Une consommation régulière de ces produits exposent les enfants à des risques réels pour la santé. « Les ultras-transformés provoquent des modifications dans le mauvais sens des marqueurs sanguins des enfants pouvant provoquer une prise de poids qui peut conduire à une obésité »met en garde ce matin sur France Info Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm. « On sait très bien maintenant que ce qui se passe dans l’enfance a des conséquences à la vie adulte, sur le développement de maladies chroniques », insiste-t-elle. La chercheuse précise cependant que ces effets ne sont pas établis pour tous les additifs présents dans les ultra-transformés. Elle encourage par ailleurs, dans la mesure du possible, à privilégier le fait-maison.
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