Les employés de Renault F1 en grève devant l’usine historique de Renault, à Boulogne-Billancourt

Alors que le groupe Renault, qui fournit les moteurs à l’écurie Alpine, souhaite abandonner la Formule 1 en 2026, les employés installés à Viry-Châtillon se sont mobilisés devant l’usine historique du groupe, jeudi 12 septembre. Ils luttent pour le maintien du groupe en F1, alors que le futur moteur a déjà passé les premiers tests avec succès.

Pour Alpine, la course contre la montre se joue sur la piste – en Azerbaïdjan ce week-end -, mais aussi en dehors. La direction du groupe Renault, avec à sa tête son PDG, Luca De Meo, souhaite arrêter la collaboration de la marque française avec Alpine, son entité sportive qui roule en Formule 1 et à qui elle fournit le moteur.

Jeudi 12 septembre, plus d’une centaine de salariés d’Alpine F1, installés à Viry-Châtillon, se sont donnés rendez-vous, à 11 heures, devant l’usine historique de Renault, à Boulogne-Billancourt. L’ambiance est calme, la musique accompagne les discussions et le message sur les banderoles est clair : « Non à l’abandon du moteur F1 Renault. Oui au maintien d’Alpine F1 à Viry-Châtillon ».

Tous les salariés sont d’ailleurs vêtus du même t-shirt blanc, tagué du hashtag #Viryontrack, qu’ils arborent depuis plusieurs semaines déjà – des salariés se sont notamment rendus au Grand Prix d’Italie, à Monza, avec ce t-shirt. Ils comptent une nouvelle fois faire entendre leur voix et faire changer d’avis les décisionnaires du groupe Renault, qui envisagent d’équiper les voitures Alpine avec un moteur Mercedes en 2026.

Les employés de l’usine Renault de Viry-Châtillon sont vêtus d’un t-shirt avec le #Viryontrack. © Romain Tible

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« La Formule 1, c’est la raison d’être de Viry-Châtillon »

« La Formule 1, c’est la raison d’être de Viry-Châtillon », affirme fièrement Clément Gamberoni, chef du département turbo et porte-parole du Conseil social et économique d’Alpine à Viry-Châtillon, le regard grave,mais déterminé, comme tous ses collègues présents. Pour l’illustrer, il met notamment en avant le nouveau pôle livré en 2021 et qui regroupe tous les équipements nécessaires pour la confection d’un moteur de Formule 1, alors que de nombreuses pièces étaient pensées à l’extérieur auparavant.

Clément Gamberoni, chef du département turbo et porte-parole du Conseil social et économique d’Alpine à Viry-Châtillon. ©Romain Tible

Selon l’ingénieur, le nouveau moteur a d’ailleurs été testé avec succès au mois de juin. « Nous sommes en train de remettre un autre {moteur} en banc, avec des items nouveaux. Et nous voyons déjà les gains qui arrivent », souffle celui qui travaille, comme tous les autres employés présents, depuis plusieurs années sur ce projet. L’abandonner revient donc à anéantir tout le travail et renoncer à tous les investissements effectués jusqu’alors. « Audi et Red Bull investissent un milliard d’euros pour concevoir leur moteur en Formule 1. Nous, nous sommes au même niveau d’investissement. Il nous reste quelques centaines de millions à investir pour avoir ce moteur », explique Clément Gamberoni.

Le projet Renault F1, c’est aussi plus de 300 emplois qui font la renommée de Viry-Châtillon et qui seront chamboulés à court terme. Pour le maire de la commune, Jean-Marie Vilain (divers droite), « c’est le berceau de la Formule 1 française. Et donc nous n’arrivons pas à comprendre que l’on puisse se priver d’ingénieurs », s’offusque-t-il, visiblement ému. « C’est du gâchis », regrette pour sa part Claire Lejeune (LFI), députée de la septième circonscription de l’Essonne. « Il y a de l’argent privé mais aussi de l’argent public qui a été mis du côté du groupe Renault, pour développer ce moteur pour la saison 2026. Donc quoi, on prend tout ça et on le met à la poubelle maintenant ? », s’est-elle interrogée, ironiquement. 

Accueillir les projets « haute technologie » d’Alpine

Les raisons de la fin de cette relation entre la Formule 1 et Renault, elle qui a pourtant été si fructueuse, en glanant notamment douze titres de champion du monde (dix fois en tant que motoriste et 2 fois en tant que constructeur), sont floues. S’explique-t-elle par le manque de performance de Renault depuis dix ans ? Peut-être. L’écurie Alpine est d’ailleurs très critiquée depuis le début de la saison, alors que les performances en piste ne cessent de se détériorer (l’écurie française se trouve actuellement à la huitième place du championnat constructeur).

Mais selon Clément Gamberoni, Renault souhaite restructurer l’usine de Viry-Châtillon pour accueillir « les projets de haute technologie » d’Alpine. Une transformation pour laquelle les employés sont favorables « mais uniquement avec la F1 », insiste l’ingénieur.

 

Romain Tible

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