Alors que le mouvement « bloquons tout » démarre en France, Pavel Durov, fondateur du réseau social Telegram, se félicite de l’utilisation de cette messagerie dans l’organisation des protestations.
« Fier que Telegram soit un outil de protestation en France contre les politiques ratées de Macron », s’est exprimé ce midi le président-directeur général de Telegram, Pavel Durov, sur X.
L’homme d’affaires russe apporte donc, même indirectement, son soutien au mouvement de protestation « bloquons tout » actuellement en cours dans le pays. « Après huit ans de négligence, les gens en ont assez des coups de com’ et des postures vides », dénonce-t-il, en référence aux huit années de mandat d’Emmanuel Macron.
Ce message symbolise les relations de plus en plus tendues entre la France et cet homme né en Russie et aux multiples nationalités.
Proud that Telegram is a tool for protests in France against Macron’s failed policies. After 8 years of neglect, people are done with empty PR and posturing – and they’re striking back.
— Pavel Durov (@durov) September 9, 2025
Fondé en 2013, Telegram se distingue des autres réseaux sociaux par un principe de messagerie cryptée dont les conversations sont conservées uniquement dans des serveurs appartenant à l’entreprise. Cela complique donc la traçabilité des auteurs des messages.
En août 2024, Pavel Durov avait été placé en examen par la justice française pour infractions liées à des crimes organisés à cause de la teneur de certains messages échangés sur la plateforme.
Un an après l’ouverture de l’enquête, en août dernier, il critiquait le manque d’avancée de l’enquête sur son réseau social. « Arrêter le fondateur et dirigeant d’une grande plateforme pour les agissements de ses utilisateurs n’était pas seulement inédit, c’était juridiquement et logiquement absurde », écrivait-il.
À cette occasion, il avait tenu à préciser que ses « pratiques de modération sont conformes aux normes du secteur, et Telegram a toujours répondu à toutes les demandes juridiquement contraignantes de la France ».
Des rassemblements facilités
C’est ce qui explique notamment que Telegram soit régulièrement choisi lors des manifestations d’envergure telles que celle du 10 septembre 2025. Cela avait déjà été le cas lors du mouvement des Gilets jaunes ou encore lors des rassemblements contre la réforme des retraites.
À l’époque, Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d’interdire l’accès à certaines fonctionnalités des réseaux sociaux lors des manifestations. Selon le porte-parole du gouvernement de l’époque, Olivier Véran, ces outils servent à « l’organisation de la haine dans l’espace public ».
Au printemps 2025, le mouvement « bloquons tout » avait émergé sur ces plateformes en réaction à la situation politique et sociale instable en France. La date du 10 septembre avait alors été retenue pour organiser des blocages et des rassemblements.
Le jour J, à 13 heures, le ministère de l’Intérieur dénombrait 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages, réunissant un total de 29 000 participants. Parallèlement, 295 personnes ont été interpellées à la mi-journée.
Domitille Lefebvre